XCM World Cup 2023 | Finale Ligure : un marathon avec de vrais morceaux d’enduro dedans
Par Christophe Bortels -
La célèbre région de Finale Ligure accueillait ce dimanche la 2e manche de la nouvelle coupe du monde de marathon. Nous y étions, et comme attendu ce fut grandiose… Reportage :
Quand on a appris que Finale Ligure allait accueillir une étape de la toute nouvelle coupe du monde de marathon, c’est peu dire que nous étions enthousiastes et que nous n’aurions manqué ça pour rien au monde. Le résultat ? Il était bien au-delà de nos espérances ! Les concurrents ont en effet eu droit à des paysages magiques, évidemment, à du gros dénivelé, forcément, mais aussi à des véritables portions enduro… De quoi faire voler en éclat tous les clichés sur le marathon VTT. On reprend le fil de cette journée hors normes, véritable vitrine de la région de Finale Ligure :
Voir le bourg de Finalborgo investi par des petits vélos de XC avec des plaques numérotées, voilà qui n’est pas chose courante dans cette région mondialement réputée pour son offre en matière d’enduro et qui accueille une manche du circuit mondial depuis 10 ans maintenant. Il y a bien les célèbres 24h de Finale, disputées sur le plateau du Manie un peu plus loin (on vous en parlait dans cet article sur les origines de la destination), mais là il s’agit ni plus ni moins que de la coupe du monde de marathon !
Alors forcément, il y a du beau monde sur la ligne de départ. On retrouve notamment l’Italien Fabian Rabensteiner, vainqueur de la 1ère manche à Nove Mesto, le Belge Wout Alleman qui menait la course en République Tchèque avant d’abandonner suite à une chute, le Français Hugo Drechou, qui avait remporté le Roc Marathon en 2022, et bien d’autres marathoniens bien connus comme Samuele Porro, Martin Stosek, Hector Paez Leon, etc. L’ancien champion du monde Andreas Seewald devait aussi s’aligner, mais malade, il a dû renoncer à prendre le départ.
Le parcours s’annonce redoutable tant physiquement que techniquement, avec pas moins de 100 km en une seule boucle, 3760m de dénivelé positif et six grosses ascensions répertoriées qui attendent les concurrents. Tout est donc bon pour pouvoir emmener un maximum de matériel de réparation et de nourriture avec soi, de la sacoche de cadre façon bikepacking à la multitude de gels collés sur le tube supérieur. Les ravitaillements et l’assistance technique – pour ceux qui en ont une – seront essentiels…
A 8h, la course homme est lancée !
Les premiers kilomètres, en faux-plat montant sur route, sont neutralisés. Mais ça ne va pas tarder ensuite à monter longtemps, très longtemps…
8h05 : ce sont les femmes qui s’élancent. Elles ne sont qu’une petite quarantaine de concurrentes au départ, et parmi elles, la Bosniaque Lejla Njemcevic, victorieuse de la première manche à Nove Mesto, la Lituanienne Katazina Sosna, la Suissesse Janina Wust, l’Italienne Eva Lechner ou encore les Françaises Margot Moschetti et Estelle Morel.
52 minutes plus tard, 17 kilomètres plus loin et 900 mètres plus haut, la tête de course hommes émerge de l’interminable première ascension de la journée.
Ils sont huit à s’être détachés : Wout Alleman, Andreas Miltiadis, Hector Paez Leon, Diego Arias Cuervo, David Gysling, Daniel Geismayr, Martin Stosek et Lorenzo Samparisi.
Un énorme groupe de poursuivants, très étiré, pointe à une vingtaine de secondes. On y retrouve deux des candidats à la victoire : Fabian Rabensteiner et Hugo Drechou.
Quelques centaines de mètres de route seulement et les concurrents plongent dans un magnifique singletrack de plusieurs kilomètres.
Le cadre est somptueux, mais qu’on ne s’y trompe pas…
Ça reste toujours très exigeant physiquement, et ce n’est que le début ! En ce début de matinée et en altitude, la température est parfaite avec une quinzaine de degrés, mais le mercure montera jusqu’à 25 et même pas loin de 30° plus tard dans la journée.
Au kilomètre 20, la première zone de ravitaillement et d’assistance marque la fin du singletrack et le début d’une longue section sur chemin large, d’abord descendante puis à nouveau (très) montante.
Huit kilomètres plus loin, on atteint le point culminant du parcours (1000m d’altitude) : la fameuse base de l’OTAN désormais à l’abandon et d’où partent de nombreuses traces enduro.
A ce stade de l’épreuve, au kilomètre 29, c’est toujours Wout Alleman qui emmène le groupe de tête, alors que Fabian Rabensteiner est doucement en train de recoller.
Hugo Drechou, lui, accuse pratiquement une minute de retard sur les premiers alors que le tiers de la course approche doucement.
A la sortie de la base, les marathoniens entament la première des portions enduro qu’ils devront affronter ce dimanche. Pour ceux qui connaissent le coin, il s’agit de Crestino, Cravarezza et le début de Supergroppo, dont ils emprunteront la fin en deuxième partie d’épreuve.
Avant de laisser tout ce beau monde partir sur une longue boucle en pleine nature difficile d’accès et de les retrouver bien plus loin sur le parcours, on se pose un moment pour attraper la tête de la course femme. La configuration est bien différente des hommes puisque l’Allemande Adelheid Morath s’est isolée seule aux avant-postes.
Un duo composé de Lejla Njemcevic et Estelle Morel est en poursuite, mais elles accusent déjà plus de deux minutes de retard.
Les sommets et les forêts, c’est bien, mais Finale se devait aussi de proposer sont lot de superbes vues sur la mer. C’est chose faite dans la seconde moitié de course !
Et tant qu’à faire, autant que ce soit une spéciale d’enduro en même temps, en l’occurrence Mao Crest, que l’on retrouvait au programme d’une manche d’Enduro World Series il y a quelques années…
Nous sommes au kilomètre 70, et la cinquième ascension répertoriée du jour vient de faire des dégâts puisque c’est un homme seul que l’on voit débouler au loin.
Il s’agit de Martin Stosek. Le Tchèque s’est forgé une avance d’une trentaine de secondes alors qu’il reste 30 kilomètres à parcourir.
Mais il ne va pas tarder à être rejoint par le Colombien Diego Arias Cuervo.
Alors quatrième, Fabian Rabensteiner va quant à lui dépasser son co-équipier Wout Alleman et se lancer seul dans la poursuite du duo de tête.
Kilomètre 90 : les concurrents en terminent avec la sixième et dernière grosse ascension répertoriée, sur route celle-ci. Allez, plus que 10 kilomètres globalement descendants, avec juste une belle petite bosse à affronter.
Seulement voilà, juste après les attend une nouvelle portion technique empruntée à une trace enduro… Une formalité pour les uns malgré la fatigue, une épreuve pour d’autres.
On en prend à nouveau plein les yeux quelques centaines de mètres plus loin !
La dernière petite bosse est passée, un regard sur la droite et on aperçoit Finalborgo en contrebas. Deux bons kilomètres et c’est fini…
Il n’y aura pas de sprint comme à Nove Mesto, c’est Diego Arias Cuervo qui se présente seul sur la ligne d’arrivée et a tout le temps de lever les bras et de savourer sa victoire.
Le Colombien s’impose en 4h44 et est le seul à passer la barre des 21 km/h de moyenne sur cette coupe du monde de Finale Ligure. « La course était vraiment difficile. J’ai souffert parce qu’il y avait beaucoup de montées et elles étaient vraiment dures. J’ai augmenté le rythme vers le 60e kilomètre et j’ai grappillé des places dans la grosses côte juste après. Ensuite j’ai réussi à distancer les autres et à augmenter l’écart, ce qui m’a permis de remporter la course. C’est la 2e victoire la plus importante de ma carrière après mon titre de vice-champion du monde à l’Île d’Elbe en 2021 ! »
Deuxième, Martin Stosek termine à un peu plus d’une minute.
Belle image : Samuele Porro et Fabian Rabensteiner, compatriotes et co-équipiers chez Wilier-Pirelli, passent la ligne en même temps. Mais le leader du général après sa victoire à Nove Mesto avait semble-t-il un pneu d’avance puisqu’il est crédité du 3e temps et complète donc le podium. Il conserve sa 1ère place au classement général après les deux premières manches de coupe du monde.
A la 5e place, on retrouve encore un Italien, Diego Rosa.
Wout Alleman, lui, espérait sans doute gommer sa désillusion de Nove Mesto, mais le Belge doit se contenter de la 6e place. Ce qui reste quand même un fameux résultat après sa saison blanche pour cause de mononucléose !
Derrière le Suisse Casey South, 7e, l’ordre des places restantes dans le top 10 se joue au sprint ! C’est finalement l’Allemand Jakob Hartmann (à gauche) qui se montre le plus efficace au jeter de vélo et qui prend la 8e position, suivi du Tchèque Marek Rauchfuss et du Suisse Marc Stutzmann.
Hugo Drechou, plutôt dans le coup en début de course mais qui n’est jamais parvenu à recoller à la tête de course, termine finalement 15e et premier Français devant Axel Roudil Cortinat, 25e.
Le podium hommes : Martin Stosek (2e), Diego Arias Cuervo (1er) et Fabian Rabensteiner, (3e).
Du côté des femmes, l’Allemande Adelheid Morath a mené la course quasi de bout en bout et s’impose en 5h55. « Je pense que c’était la course la plus difficile de ma carrière, c’était super dur. C’était un terrain très technique, si pentu et si fuyant, mais magnifique. J’ai essayé de faire un écart dans la première montée et je me suis sentie bien, donc après environ 10 km j’avais mon avance et je l’ai gardée jusqu’à la fin, c’était incroyable. Cela signifie énormément pour moi que nous ayons désormais une coupe du monde en marathon, c’est un grand pas y compris pour les compétitions femmes, donc je suis très émue de gagner. Je vais me souvenir de ce jour toute ma vie ! »
Vainqueur à Nove Mesto, la Bosniaque Lejla Njemcevic prend la 2e place à un peu moins de 4 minutes, et conserve son maillot de leader du classement général de la coupe du monde après deux des quatre manches de la saison.
La bataille a par contre fait rage jusqu’au bout pour la 3e place ! La Française Estelle Morel (ici en photo) comptait encore une minute d’avance à quelques kilomètres de la fin de la course, mais la Namibienne Vera Looser l’a rejointe et finalement devancée au terme d’un sprint très serré : l’écart sur la ligne est d’un centième de seconde seulement…
La Mauricienne Kimberley Le Court de Billot complète le top 5, tandis que Margot Moschetti, l’une des deux autres Françaises engagées, termine 12e. Morgane Hervé n’a pas terminé la course.
Le podium femmes : Lejla Njemcevic (2e), Adelheid Morath (1ère) et Vera Looser (3e).
Italie oblige, les finishers étaient conviés à une pasta party dans le cloître du couvent de Finalborgo pour reprendre des forces. Buon appetito !
Résultats complets :
Hommes :
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Femmes :
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