Par Olivier Béart -
La France faisait figure de véritable épouvantail de ces championnats du Monde avec des gars du calibre de Victor Koretzky, qui cartonne chez les Elites, ou encore de Titouan Carod, vainqueur de la Coupe du Monde 2015 et de la manche de La Bresse. Sans oublier les outsiders de luxe comme Romain Seigle ou Antoine Bouqueret. Mais c’était sans compter sur un Sam Gaze, que certains appellent « le Kulhavy Néo-Zélandais » et qui est parfaitement dans son élément sur le circuit Tchèque. Retour en images et en réactions sur la course Espoir hommes.
Hélas pour le pilote Focus, une crevaison va rapidement ruiner ses espoirs et son mental. Il termine 22e, alors qu’il pouvait légitimement rêver d’un top5. Voire mieux.
Devant, un groupe de 4 hommes se détache dès le premier tour complet. Titouan Carod est dans le coup et il semble avoir de bonnes jambes. Il est suivi comme son ombre par Sam Gaze et Marcel Guerrini, ainsi que par le jeune Danois Simon Andreassen qui va finir par craquer en fin d’épreuve et qui terminera 16e. Mais rappelons qu’il est néophyte dans la catégorie.
Par contre, pas de nouvelles de Victor Koretzky ! Le pilote du team BH, qui roulait sur le prototype en carbone du nouveau BH Lynx Race, s’est laissé enfermer au départ. Il nous explique : « Les courses Espoir sont plus nerveuses qu’en Elite. Au départ, j’ai manqué de la petite étincelle pour me positionner devant directement. J’ai dû faire pas mal d’efforts pour rentrer. »
Doucement, pendant que Sam Gaze imprime son tempo devant…
… Koretzky revient au contact dans le 2e tour.
Face au rythme imprimé par le quatuor de tête, Andreassen lâche prise et les écarts se creusent.
Dans la troisième boucle, tout le monde s’observe. Sam Gaze teste un peu ses adversaires, mais rien de bien sérieux et les écarts ne se creusent guère.
C’est dans l’avant-dernier tour que Sam Gaze place ce que Victor Koretzky appelle une « attaque de l’espace ». Il continue le fil de sa pensée : « Tout à coup, dans la longue côte, il s’est envolé. Il a fait comme Kulhavy avec Schurter l’an dernier. C’est un gros gabarit, il a beaucoup de puissance et il semble collé au sol quand il met les Watts, pas comme Titouan ou moi qui rebondissons. C’était impressionnant. »
Le Néo-Zélandais se retourne. Il voit que Carod tente un contre…
Alors, avec un petit rictus qui en dit long, il en remet une couche pour crucifier ses opposants. « J’avais plus ou moins planifié ce scénario. Tout s’est mis en place exactement comme je l’espérais, raconte Gaze. Je m’étais beaucoup entraîné pour ce genre de sprint en côte. Je suis resté calme jusque là, puis j’ai attaqué et ça a marché ».
Victor Koretzky ne s’avoue pas vaincu. Dans les zones techniques, il met à profit sa science du pilotage pour essayer de recoller. Mais le pilote Specialized est déjà trop loin. Il parvient par contre à lâcher ses compagnons d’infortune.
C’est aussi le moment que choisit Marcel Guerrini, très discret jusque là, pour accélérer. Dans sa roue, Titouan Carod souffre et s’essouffle.
Le Suisse place sa banderille et s’envole vers la médaille de bronze.
Alors qu’il avait tenu la dragée haute à tous ses concurrents en début d’épreuve, Carod a sougainement les jambes coupées et sombre dans le dernier tour où il signe le 54e chrono.
Pendant ce temps, Samuel Gaze savoure sa victoire. Après Anton Cooper l’an dernier, le maillot arc-en-ciel reste une année de plus en Nouvelle-Zélande. Et on le verra sur les manches de Coupe du Monde en 2017 puisque le gaillard a encore une année à passer dans l’antichambre de l’Elite.
Pour la deuxième année consécutive, Victor Koretzky est vice-champion du Monde. « Oui, je suis déçu. Je venais ici pour l’or et rien d’autre. D’un côté c’est bien de finir 2e dans un mauvais jour, mais dans l’absolu, ce n’est pas ce que je voulais. Je suis tombé sur plus fort que moi. Je ne suis pas vraiment fatigué, mais je me rends compte que les courses Elite sont vraiment différentes. »
Je ne pourrai pas faire Lenzerheide et les France en dedans. On se laisse toujours prendre au jeu !
Et demain, fera-t-il la Coupe du Monde de Lenzerheide à fond, comme les championnats de France, ou va-t-il se concentrer sur les Jeux ? « C’est impossible de faire ces course en dedans. On se prend d’office au jeu. Par contre, je vais mettre beaucoup l’accent sur la récup entre chaque date afin d’arriver au top aux JO. » Avec quel objectif ? « Je rêve d’une médaille, clairement. Il faut avoir des rêves dans la vie, et tout faire pour les concrétiser ».
Titouan Carod franchit la ligne à la 6e place et s’effondre sur son vélo à l’arrivée, plein de regrets. Voilà le genre de moment où on laisse le pilote seul en évitant de lui demander ses réactions à chaud…
La course des Français :
Outre Victor Koretzky et Titouan Carod, qui ont été de grands animateurs de la course, un autre Bleu qui s’est mis en évidence à Nove Mesto, c’est Antoine Bouqueret. Pourtant, il est parti très loin, de la 7e ligne.
« Je ne me suis pas démonté ni énervé. J’ai pris un bon départ, sans me mettre dans le rouge complètement. Mais ce n’était pas évident de rouler dans le peloton comme cela. Sur un circuit comme celui-ci, le risque d’accrochage est permanent. » Sa stratégie s’est avérée payante, puisqu’il a réussi à remonter jusqu’à la 11e place finale.
« L’an dernier, j’avais terminé avec 18 points de suture au genou, c’est une belle revanche. Je montre aussi que j’ai mérité ma sélection. Et surtout, je peux envisager de bien meilleurs résultats en Coupe du Monde pour la suite de la saison, puisqu’à Lenzerheide, je partirai en 2e ligne. Je pourrai alors viser le top 5.
Grosse poisse par contre pour Romain Seigle, dont nous avons parlé en début d’article. Dans le bon coup au départ, il a été retardé par une crevaison en tout début de course. Il termine 22e.
Regrets aussi pour Raphaël Gay qui, à l’arrivée, ne se cherchait pas d’excuses : « Je ne sais pas trop ce qui s’est passé. Un jour sans, tout simplement. » Il occupe la 50e place.
Panhuyzen : la confirmation, enfin !
Dans le clan belge, d’énormes espoirs reposaient sur Kevin Panhuyzen. Gaillard pétri de talent, il a régulièrement été bloqué par plusieurs pépins physiques la saison dernière (notamment une chute aux entraînements ici même en 2015, qui l’avait empêché de prendre le départ), ainsi que par une bonne dose de malchance.
« Enfin, c’est passé », se réjouit-il en nous voyant dans la raquette d’arrivée ! « J’avais des jambes de folie. J’ai essayé de faire encore mieux mais je voyais que dès que je rentrais dans les 10, après je payais mes efforts et je me faisais remonter. Je me suis fait un peu peur mais, dans le dernier tour j’ai tout donné et j’ai repassé pas mal de gars pour accrocher ce fameux top 10. »
A l’arrivée, il a pu célébrer ce résultats avec sa famille et le coach des jeunes, Filip Meirhaghe, sous le regard de la Junior Emeline Detilleux, venue féliciter son coéquipier.
Sur les bords du sentier, on trouve de drôle de reliques, qui témoignent de la difficulté du parcours de Nove Mesto. Rendez-vous ce dimanche pour d’autres émotions en direct de République Tchèque !
Résultats : www.vojomag.com/news/worlds-xc-2016-u23-resultats