Worlds 2024 | XCO Hommes : le titre pour Hatherly, Koretzky 2e

Par Léo Kervran -

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Worlds 2024 | XCO Hommes : le titre pour Hatherly, Koretzky 2e

On prend les mêmes et on recommence ! Si vous avez suivi les JO de Paris cet été, le podium des championnats du monde peut avoir des airs de déjà-vu : ce sont les trois mêmes pilotes… mais pas dans le même ordre car une fois n’est pas coutume, Tom Pidcock a été battu ! Résumé, photos et résultats :

Peu importe qu’on parle d’une coupe du monde ou de championnats du monde, il y a des choses qui ne changent pas. Les départs de Luca Schwarzbauer par exemple. Comme d’habitude, l’Allemand est sorti en tête au premier virage et c’est lui qui emmène la meute à l’assaut des sentiers, pour 6 tours de course (un de moins que prévu initialement) sous la menace de l’orage qui a chamboulé tout le programme de la journée.

Dans sa roue, tous ceux qu’on attend sont là : Filippo Colombo, Victor Koretzky, Alan Hatherly, Charlie Aldridge, Luca Braidot, Jordan Sarrou, Nino Schurter, Mathias Flückiger (qui a du se faire opérer de l’appendicite dimanche dernier !)… Seul Tom Pidcock manque a l’appel, mais on sait désormais que le Britannique peut prendre son temps au départ et que ça ne l’empêche pas de s’imposer à la fin.

Sous l’impulsion de Schwarzbauer et Koretzky, le groupe de tête va très vite se réduire et à la fin du premier tour, ils ne sont plus que six aux avant-postes : Alan Hatherly, Charlie Aldridge, Luca Braidot et Filippo Colombo accompagnent l’Allemand et le Français.

Les 6 deviennent 5 dans le deuxième tour lorsque Filippo Colombo ne parvient pas à suivre le rythme. Non sélectionné pour les JO et très déçu de ce choix, on s’attendait à le voir arriver le couteau entre les dents pour ces championnats du monde mais visiblement, quelque chose n’a pas fonctionné : il terminera la course en 32e position. Derrière en revanche, Tom Pidcock a mis la machine en route et reprend ses adversaires par poignées entières. Avec un Mathis Azzaro solidement accroché à sa roue arrière, il passe de la 20e à la 9e place en l’espace d’un seul tour.

Une fois lancée, la fusée ne s’arrête plus : dans le troisième tour, les deux hommes reprennent puis distancent un à un Filippo Colombo, Mathias Flückiger, Jordan Sarrou et Luca Schwarzbauer et pointent désormais à moins de 10 s du groupe de tête. Devant, justement, on a eu l’information et c’est Charlie Aldridge qui décide d’accélérer en fin de parcours, sacrifiant Luca Braidot au passage, pour essayer de repousser le retour du duo.

Enfin, duo… Le retour de Tom Pidcock avec Mathis Azzaro sur le porte-bagage serait plus juste. Pour ses premiers championnats du monde Elites, le jeune Français réalise pour l’instant une superbe performance et on a bien compris sa stratégie : s’accrocher le plus longtemps possible à Tom Pidcock et voir où ça le mène !

Il faut cependant attendre le début du 4e tour pour voir les deux hommes revenir au contact du trio de tête, qui n’est plus composé que d’Aldridge, Koretzky et Hatherly. Il reste un peu moins de trois tours et une nouvelle course commence ! Comme à son habitude, Tom Pidcock tente de prendre aussitôt les commandes mais cette fois, ses adversaires ne le laissent pas faire : Alan Hatherly repasse devant juste avant l’entrée dans une section plus étroite, forçant le Britannique à rester derrière lui.

Le Sud-Africain a visiblement quelque chose en tête, puisqu’il profite de cette portion du parcours pour hausser le rythme. Dans le groupe, tout le monde est surpris et on met quelques instants à réagir, mais Victor Koretzky se lance finalement à sa poursuite, suivi par Tom Pidcock, Mathis Azzaro et Charlie Aldridge.

Dans le mur, la célèbre et terrible montée raide sur piste de Vallnord, le vice-champion olympique revient facilement sur le pilote Cannondale mais derrière, c’est plus compliqué. Tom Pidcock n’a pas le « jump » de Koretzky, ni l’aide d’Azzaro et Aldridge qui sont déjà bien trop contents d’être encore là dans sa roue, et ne parvient pas à revenir. En haut, une accélération lui permet de se débarrasser enfin du Français qui lui collait aux basques depuis le départ mais il n’est pas tranquille pour autant puisque son compatriote a réussi à s’accrocher.

Après cette séquence intense, tout le monde a besoin de souffler et il ne va pas se passer grand-chose jusqu’à l’entame du dernier tour. Pidcock et Aldridge puisent alors dans leurs dernières forces pour tenter de recoller sur Hatherly et Koretzky, qui n’ont que quelques secondes d’avance mais ça ne suffit pas. Aldridge craque pour de bon mais cette fois, Tom Pidcock devra se contenter d’une 3e place. La victoire est devant !

Victor Koretzky entame la dernière ascension du mur à fond mais Hatherly tient bien, trop bien même. Lorsque le Français se rassoit en haut du passage, là où la pente redevient plus supportable mais où il reste encore quelques mètres à faire avant de rejoindre la descente, le Sud-Africain porte son attaque. C’est aussi tranchant que ça peut l’être après plus d’une heure de course éprouvante à 2000 m d’altitude, mais ça suffit : il prend quelques longueurs d’avance avant de basculer et dans l’attitude, le Français semble vaincu.

L’écart grandit même dans la descente et porté par la perspective d’un premier titre mondial, Alan Hatherly s’envole vers la ligne d’arrivée. Quelques instants plus tard, le voici champion du monde ! Le Sud-Africain conclu ainsi un été en fanfare, commencé avec sa première victoire en coupe du monde Elites de XCO aux Gets début juillet et poursuivi avec une médaille de bronze aux JO de Paris il y a un mois.

Ce sacre, c’est aussi celui de la régularité. Que ce soit en XCC ou en XCO, il est devenu depuis son arrivé chez Cannondale en 2021 un habitué des podiums mondiaux. Rarement récompensé jusque-là, il pourrait bien être entré dans une nouvelle dynamique avec ses performances de l’été. On sera curieux de voir ce que cela donnera sur les dernières coupes du monde de l’année, mais encore plus l’année prochaine…

Après son titre en XCC, Victor Koretzky repart donc avec une nouvelle 2e place sur un grand rendez-vous mais cette fois, le Français n’a aucun regret à avoir : il est tout simplement tombé sur plus fort que lui. Désormais bien installé comme l’un des chefs de file du XC mondial, il sera très attendu à chaque course dans les prochaines années.

Tom Pidcock battu, ça n’arrive pas souvent. Et pourtant, le Britannique connaît bien Andorre puisque c’est là où il vit et s’entraîne quand il n’est pas autour du monde pour des compétitions de VTT ou de cyclisme sur route. Moins tranchant qu’à son habitude, il paye certainement un été très chargé fait d’une moitié de Tour de France, de JO en VTT et en route et poursuivi avec ces championnats du monde. On le savait particulièrement attaché à ce maillot arc-en ciel, le voir le perdre est peut-être la meilleure chose qui pouvait arriver aujourd’hui : ça donnera l’occasion de le revoir au départ de courses de VTT, à la fois de coupes du monde pour obtenir un bon classement et des championnats du monde pour repartir à la conquête du titre !

Au pied du podium, on trouve deux athlètes qui terminent leur première saison dans la catégorie Elites : Charlie Aldridge, 4e, et Mathis Azzaro, 5e. De telles performances sont rares chez les hommes, encore plus sur des championnats du monde. De bon augure pour les saisons à venir !

Le top 10 est complété, dans l’ordre, par Luca Braidot, Luca Schwarzbauer, Mathias Flückiger, Jordan Sarrou et David List. Nino Schurter se classe 13e et s’il n’a toujours rien annoncé quant à son avenir, des rumeurs évoquent une prolongation de contrat d’un an. L’année prochaine, les championnats du monde seront en Suisse, dans le Valais. Raccrocher à domicile pour une dernière grande fête, c’est sûr que c’est tentant…

En ce qui concerne les autres Français engagés, Joshua Dubau (qui vient de prolonger jusqu’en 2026 avec Decathlon-Ford) est 15e pour son retour sur le circuit mondial, et ce malgré une chute à mi-course. Antoine Philipp finit quant à lui 35e. Côté Belges, on espérait certainement mieux qu’une 23e place pour Pierre de Froidmont et une 30e position pour Jens Schuermans mais il faudra faire avec. Il reste deux coupes du monde avant de terminer la saison, autant de chances à saisir pour retrouver le sourire !

Résultats complets : Championnats du monde 2024 – Résultats XCO Elites Hommes

ParLéo Kervran