World Cup XC 2025 #1 et #2 | Portfolio : 6 faits marquants d’Araxá

Par Adrien Protano -

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World Cup XC 2025 #1 et #2 | Portfolio : 6 faits marquants d’Araxá

La Coupe du monde de VTT 2025 a démarré tambour battant au Brésil, avec deux manches coup sur coup à Araxá. Un circuit exigeant, de la chaleur, des rebondissements… et déjà quelques enseignements à retenir avant de filer vers l’Europe. Entre confirmations, retours au sommet et belles révélations, voici ce qu’il fallait retenir de ces deux premiers rendez-vous !

Installée dans l’état du Minas Gerais, au cœur du Brésil, Araxá est bien plus qu’une simple étape de Coupe du monde : c’est une véritable terre de VTT, un rendez-vous historique du calendrier sud-américain. Déjà hôte de nombreuses manches du circuit panaméricain et national, le site a intégré en 2024 le calendrier Coupe du monde UCI Mountain Bike Series. Sa réputation s’est construite au fil des années grâce à son ambiance survoltée, ses supporters passionnés et ses parcours exigeants.

Un circuit technique donnant lieu à de spectaculaires courses

Le tracé d’Araxá est taillé pour le spectacle et la nervosité. Long de 3,69 km, il alterne sections physiques et passages techniques. Les pilotes doivent y affronter des montées courtes mais particulièrement raides, où les relances violentes imposent un rythme soutenu et où la moindre erreur coûte de précieuses secondes. Le parcours plonge ensuite dans des zones boisées techniques, truffées de racines, de dévers et de changements de rythme incessants.

Sans oublier le final et son enchaînement de bosses, de compressions et de virages relevés, situé juste devant le public massé autour de la ligne d’arrivée.

Ajoutez à cela une chaleur sèche dépassant régulièrement les 23°C et vous obtenez un circuit où la puissance pure doit obligatoirement s’accompagner d’une excellente gestion de l’effort, du placement et de la prise de risque. Araxá est un terrain exigeant, où les écarts se creusent vite et où les dépassements sont rares, d’où l’importance cruciale de bien se placer dès les premiers tours.

Le collectif Specialized, au-delà des podiums

Impossible d’être passé à côté du Specialized Factory Racing en ce début de saison 2025, le nom de l’équipe est sur toutes les lèvres !

Le nom qui revient le plus souvent depuis quinze jours, c’est celui de Christopher Blevins. L’Américain a survolé la compétition, en signant 3 succès en 4 courses à Araxa, et repart du Brésil en tête du classement général, tant en XCC qu’en XCO !

Plus impressionnant encore que les performances de Blevins, c’est la démonstration et la main-mise effectuées par l’équipe Specialized Factory Racing sur le podium masculin qui forcent le respect. En quatre podium, les hommes du collectif Specialized ont occupé 10 des 12 places disponibles ! Autre observation, la seule fois où Christopher Blevins n’est pas monté sur la plus haute marche du podium, c’est son coéquipier Victor Koretzky qui l’a occupée… Domination collective on a dit !

Cette puissance collective, elle se traduit en course par une véritable tactique : un verrouillage stratégique des positions en tête de la course afin de la contrôler, des relais bien exécutés entre coéquipiers et une véritable gestion de rythme du début à la fin… On en devinerait presque des influences de stratégies d’équipe de cyclisme sur route.

Les femmes du Specialized Factory Racing ont également défendu leurs couleurs avec vigueur, avec au moins toujours une pilote dans le top 10 sur ces deux premières manches (tant en XCC qu’en XCO), et notamment une jolie 4e place pour Laura Stigger lors du second XCC.

Samara Maxwell, pour une première

C’était peut-être LA surprise du premier week-end de course brésilien : la victoire de Samara Maxwell sur le format olympique !

Encore peu connue du public européen, la Néo-Zélandaise affiche pourtant un palmarès déjà bien garni… Championne nationale de XCC, XCO et XCM, championne d’Océanie, championne du monde XCO U23 (en 2023), la jeune pilote n’en est pas à son coup d’essai !

Mais cette victoire a une saveur toute particulière, car elle est bien plus qu’un simple succès individuel. Pour Samara Maxwell, c’est avant tout le premier podium de sa carrière en Coupe du monde élites… et avec la manière ! À seulement 23 ans, la Néo-Zélandaise frappe un grand coup et inscrit son nom parmi les révélations marquantes de cette saison.

Crédit Photo : Decathlon Ford Racing Team

Mais cette performance est donc aussi historique pour son équipe. C’est en effet la toute première victoire pour le Decathlon Ford Racing Team depuis sa création, un succès fondateur, qui vient valider ses choix et ses orientations sportives.

Voilà qui résonne particulièrement avec tout ce que nous avait confié Sam Rocès, le fondateur et manager général du Decathlon Ford Racing Team, il y a quelques semaines lors de notre podcast. Il nous parlait alors de l’ambition du projet, de la volonté de faire émerger de jeunes talents et de prouver qu’une structure nouvelle, portée par une marque populaire et des partenaires engagés, pouvait venir bousculer l’ordre établi au plus haut niveau mondial. Cette première victoire de Samara Maxwell, aussi inattendue qu’éclatante, vient donner un relief tout particulier à ses propos.

On vous invite d’ailleurs à (re)découvrir cet échange passionnant ici : Lunch Ride | Samuel Roces : Manager général Decathlon Ford Racing Team

Le retour royal de Jenny Rissveds

Cela faisait longtemps qu’on n’avait plus vu Jenny Rissveds aussi souveraine. La championne olympique de Rio 2016 a connu des saisons en dents de scie depuis son sacre, entre blessures, pauses sportives et un retour progressif vers le plus haut niveau. Mais ce week-end à Araxá, la Suédoise a rappelé à tout le paddock qu’elle restait l’une des techniciennes les plus fines et l’une des tacticiennes les plus redoutables du circuit mondial.

Ce retour au sommet n’est pas anodin, et il arrive à un moment clé. Un an après les Jeux de Paris, où elle n’avait pas pu rivaliser pour la victoire (elle décroche la médaille de bronze), ce succès vient marquer le début d’un nouveau cycle olympique, qui se fait sous de nouvelles couleurs pour la Suédoise, fraichement arrivée au sein du Canyon CLLCTV XCO.

Ce succès à Araxá rappelle aussi que la Suédoise a toujours su briller sur les circuits exigeants, où la lecture de course et la gestion des trajectoires sont aussi importantes que la puissance pure. Elle s’offre ici une victoire aussi maîtrisée que celles qu’elle avait signées à Lenzerheide en 2019, mais aussi à Rio en 2016, ou Araxá la saison dernière… Le Brésil semble sourire à Jenny Rissveds !

Des jeunes qui montent très vite et bousculent l’ordre établi

Ce début de saison brésilienne ne fait que confirmer ce que beaucoup pressentaient depuis quelques mois : la nouvelle génération est bien là, et elle ne vient pas pour attendre son tour. Exit le complexe des premières années en élite, ces jeunes pilotes débarquent directement dans le grand bain, prêts à jouer aux avant-postes face aux références du circuit mondial.

Chez les femmes, on en a déjà parlé, Samara Maxwell est évidemment le visage le plus marquant de cette tendance. La Néo-Zélandaise de 21 ans affiche une maturité tactique et une capacité à gérer la pression qui rappellent certaines des meilleures pilotes Élites.

Derrière, Tamara Wiedmann et Nina Graf ont également marqué les esprits en réalisant des entrées remarquées dans le top 10 à Araxá. La première, Autrichienne de 23 ans, est en train de franchir un cap important. Déjà régulière sur le circuit U23, elle semble parfaitement digérer le passage en Élite, enchaînant les courses pleines de maîtrise et se montrant à l’aise sur des parcours techniques comme celui d’Araxá. Quant à Nina Graf, l’Allemande de 21 ans, elle aussi issue du circuit U23, confirme les belles choses entrevues l’an dernier sur les manches européennes.

Chez les hommes, c’est Adrien Boichis qui tire son épingle du jeu. À seulement 22 ans, le Haut-Savoyard s’offre déjà un premier podium élite en Coupe du monde, au nez et à la barbe de certains des meilleurs spécialistes mondiaux.

Sa montée en puissance est impressionnante, et sa façon de gérer ses courses avec autant de sang-froid et d’intelligence stratégique rappelle celle de Victor Koretzky ou Jordan Sarrou à leurs débuts. Boichis a clairement passé un cap cet hiver, et ses performances au Brésil laissent entrevoir de belles choses pour les prochaines manches.

Ces jolies prestations illustrent surtout l’effervescence actuelle du plateau international. Longtemps dominé par un cercle assez restreint de favoris, le peloton est désormais plus ouvert et dynamique que jamais, avec des jeunes qui non seulement intègrent le top 10 mais viennent aussi bousculer les leaders en place. C’est un phénomène qu’on avait déjà commencé à observer la saison dernière avec Mona Mitterwallner, Charlie Aldridge ou Simone Avondetto, et qui s’accélère en ce début de saison 2025.

Le peloton mondial entre dans une phase de transition passionnante, où l’expérience des plus anciens doit désormais composer avec la fougue et l’insolence d’une nouvelle génération parfaitement formée, techniquement affûtée et déjà très à l’aise avec les exigences du haut niveau.

Des absents et des déceptions, vicieux circuit ?

Si cette tournée brésilienne a été riche, elle s’est faite en l’absence aux avant-postes de quelques grands noms… Il faut dire que le revers de la médaille de cet amusant et spectaculaire circuit se trouve dans sa difficulté à le rouler à une allure de course et/ou en groupe, avec son risque de chute, de casse mécanique et sa difficulté à dépasser. Là où Araxá a pris des tournures de rêves pour certains, d’autres y ont laissé des plumes : déconvenues, chutes, soucis mécaniques ou abandons

C’est notamment le cas du Belge Jens Schuermans. Régulier depuis deux saisons, il a vécu un début de campagne catastrophique : une chute dès la première manche XCO l’a repoussé à la 23ᵉ place, avant qu’une nouvelle lourde chute lors du second XCO ne l’oblige à abandonner, mettant ainsi un terme prématuré à son week-end brésilien.

Son compatriote Pierre de Froidmont, lui aussi attendu parmi les outsiders, a également connu la loi cruelle du circuit brésilien. Une crevaison dès le XCC et une roue cassée suite à un crash dans le premier tour du XCO lors du premier week-end de course ont ruiné ses espoirs de résultat. Frustré, mais combatif, le Belge aura à cœur de se relancer sur les manches européennes.

Autre grosse déception côté français : Mathis Azzaro. Auteur d’une magnifique 3ᵉ place sur le premier XCC de la saison, le pilote Origine Racing Division a ensuite enchaîné les galères. Un crash sur le XCO, suivi d’une nouvelle chute sur le deuxième Short Track l’ont contraint à renoncer pour le XCO du dimanche. Fort heureusement, plus de peur que de mal pour Azzaro, qui a rassuré tout le monde en fin de week-end et a déjà les yeux tournés vers la prochaine manche.

Une série d’autres pilotes n’ont pas vécu de chutes ou de problèmes mécaniques, mais n’ont simplement pas réussi à trouver le rythme en terre brésilienne. C’est le cas de Kate Courtney, reléguée à la 22e puis 31e place lors des XCO (un top 10 par contre sur le premier XCC, et une 18e place sur le second), loin des ambitions de la championne du monde 2018. Constat en demi-teinte pour Jolanda Neff, avec une 11e place lors du premier week-end et une 24e place lors du suivant.

Ces premières manches brésiliennes nous offrent déjà un aperçu prometteur de ce que sera la saison 2025. Entre confirmations des valeurs sûres, émergence de jeunes talents et un circuit qui ne laisse rien au hasard, les prochaines étapes s’annoncent passionnantes ! Cap désormais sur Nove Mesto, où les meilleurs vont devoir s’adapter à un tout autre type de terrain, contrastant avec le tracé brésilien… Rendez-vous en Europe fin mai !

Pour retrouver nos articles détaillées sur chacune des courses, c’est par ici !

XCC #1 : World Cup XCC 2025 #1 : Araxa : Richards et Blevins inaugurent !

XCO #1 : World Cup XCO 2025 #1 : Araxá : Maxwell pour une première, Koretzky en habitué

XCC #2 : World Cup XCC 2025 #2 : Araxa : Richards et Blevins doublent la mise

XCO #2 : World Cup XCO 2025 #2 – Araxa : Rissveds en patronne, la mafia Specialized chez les Hommes

Par  Adrien Protano