World Cup XC 2023 #6 – Les Gets | XCO : le doublé pour Koretzky, Mitterwallner avec la manière

Par Adrien Protano -

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World Cup XC 2023 #6 – Les Gets | XCO : le doublé pour Koretzky, Mitterwallner avec la manière

Après une journée (et une soirée) marquée par la victoire de Benoît Coulanges et Marine Cabirou sur l’épreuve de DH, les Gets étaient ce dimanche le théâtre des courses de cross-country olympique. Dans la foulée de la victoire à domicile d’Adrien Boichis en Espoirs dans la matinée, c’est Victor Koretzky qui s’est imposé et signe le week-end parfait après sa victoire sur le XCC du vendredi. Chez les femmes, Mona Mitterwallner a décroché une nouvelle victoire tandis que Pauline Ferrand-Prévot monte sur la troisième marche du podium. Avant de découvrir notre grand portfolio, retour en images sur ces deux courses : 

Femmes :

Après les Espoirs, place aux Élites ! Le public est venu en masse assister à cette manche de coupe du monde en France, avec la possibilité de voir la Française et championne du monde, Pauline Ferrand-Prévot, en action ! Si la pilote Ineos Grenadier avait été contrainte au forfait sur l’épreuve courte du vendredi, la Française est bien au départ de cette épreuve olympique.

Leader de la coupe du monde, Puck Pieterse signe un départ turbo. Elle est accompagnée de près par Loana Lecomte, qui va rapidement prendre la tête de la course. Pauline Ferrand-Prévot a également pris un bon départ malgré son placement en milieu de grille, conséquence de son forfait sur l’épreuve courte.

Début de course plus compliqué pour Jolanda Neff par contre qui pointe en 47e position au deuxième intermédiaire de ce premier tour alors que la Suissesse affichait une 15e place au premier chrono. Un incident mécanique ? Une chute ?

Durant ce premier tour, un groupe de 10 pilotes se détache déjà du reste du peloton sous l’impulsion de Loana Lecomte qui durcit le rythme de course, mais également de Puck Pieterse. Derrière, une partie du peloton subit les embouteillages de début de course, forçant les pilotes à passer à pied les sections boisées.

Fin du premier tour, ça a roulé vite, tout le monde se ravitaille et c’est exactement le moment que Puck Pieterse choisit pour attaquer ! La réponse est immédiate, l’ensemble du groupe de tête suit le mouvement de la pilote néerlandaise. En chasse patate derrière, Kate Courtney fait l’effort pour revenir sur ce groupe d’échappées.

Puck Pieterse remet une couche en haut de l’ascension et provoque l’étirement de ce groupe. Un trio se dessine avec Haley Batten et Mona Mitterwallner tandis que Loana Lecomte est en poursuite. Pauline Ferrand-Prévot pointe à 13 secondes de la leader en 7e position.

C’est seule que la championne du monde en titre va recoller le groupe de tête au prix d’un effort conséquent dans une des ascensions du parcours des Gets. À l’image de Loana Lecomte, la pilote Ineos Grenadier a choisi d’opter pour le semi-rigide pour ce week-end. Au-delà d’un simple choix vis-à-vis de ce rapide circuit, c’est également en résonance avec le projet JO 2024 que les deux Françaises ont choisi le hardtail.

À la mi-course, quatre pilotes sont en tête – à savoir Haley Batten, Puck Pieterse, Mona Mitterwallner et Pauline Ferrand-Prévot – tandis qu’un groupe de poursuivantes, à 45 secondes, s’est constitué derrière, dans lequel on retrouve Martina Berta, Loana Lecomte, Rebecca Henderson ou encore Savilia Blunk.

Pieterse va filer en tête, avec 10 secondes d’avance, suite à une erreur technique de Mona Mitterwallner

Pieterse va filer en tête, avec 10 secondes d’avance, suite à une erreur technique de Mona Mitterwallner qui pose le pied dans une des ascensions techniques du circuit, suivie juste après d’une glissage de Pauline Ferrand-Prévot. Les attaques à répétition de la Néerlandaise semblent avoir eu l’effet escompté : pousser ses adversaires à la faute en les poussant physiquement dans le rouge.

En l’espace de quelques secondes, l’écart que s’était ménagé Puck Pieterse se voit réduit à néant, le duo Mitterwallner/Ferrand-Prévot est revenu sur la leader. Il reste moins de deux tours et tout est encore possible pour ces 3 athlètes. Qui parviendra à sortir son épingle du jeu ?

C’est au tour de la championne nationale d’Autriche, en confiance après sa victoire il y a deux semaines à Vallnord, de mettre la pression sur le groupe de tête. Ce changement de rythme va pousser Pauline Ferrand-Prévot à commettre une nouvelle faute dans cette zone technique où la pilote française s’est cassé les dents le tour précédent.

La jeunesse au pouvoir puisque les deux femmes en tête sont des pilotes de moins de 23 ans surclassés en Élites

La jeunesse au pouvoir puisque les deux femmes en tête sont des pilotes de moins de 23 ans surclassées afin de concourir avec les Élites, tandis que la championne du monde pointe à 6 secondes de retard.

C’est finalement Mona Mitterwallner qui mettra Puck Pieterse dans les cordes. Sixième sur le XCC de vendredi, la pilote autrichienne expliquait que le format olympique lui convenait bien mieux et qu’elle préférait les efforts longs. À l’entame du dernier tour, celle-ci affiche une avance de 15 secondes sur la leader de la coupe du monde, qui ne semble pas encore avoir dit son dernier mot !

Véritable course dans la course, Haley Batten est revenu sur Pauline Ferrand-Prévot en 3e position et passe juste devant la Française à l’entame de la première ascension de ce dernier tour. Qui montera sur la troisième marche de la boîte ?

Dans la montée technique qui a pu lui poser problème dans les tours précédents, Pauline Ferrand-Prévot fait la différence et file en 3e position.

Avec 35 secondes d’avance sur sa rivale du jour, Mona Mitterwallner s’impose au terme d’une course stratégique et physique, quelle performance !

Les mots de la gagnante à l’arrivée  : « Je n’ai même pas de mots pour exprimer à quel point je suis heureuse. Je ne me suis pas sentie très bien après le Short Track, j’ai eu des maux d’estomac et j’étais fatiguée. Mais aujourd’hui, ma tête a été plus forte que mon corps. On a ralenti un peu sur le tour 5 et le tour d’après, j’ai décidé de tout donner. J’ai voulu contrer Puck Pieterse. Maintenant, la prochaine étape c’est de célébrer avec mon équipe, et puis on repart sur un gros bloc d’entraînement pour la dernière partie de saison. »

Puck Pieterse décroche la médaille de bronze, après sa victoire sur l’épreuve courte du vendredi. La leader de la coupe du monde revient sur sa course : « C’était une course difficile aujourd’hui. On est parties super fort dès le premier tour. Je suis contente de finir deuxième, car j’ai tout donné. La bataille avec les autres filles était super. Ce duel avec Mona me ramène dans les courses Juniors, c’est différent, mais c’est cool de se battre contre elle sur une manche de coupe du monde désormais. »

C’était aussi une manière de remercier le public pour l’énergie qu’ils m’ont donnée l’année dernière

La foule s’exclame, c’est Pauline Ferrand-Prévot qui se présente sur la ligne d’arrivée en 3e position ! « J’ai vraiment fait la course à mon rythme, j’ai même pas écouté ce qu’on me disait, j’avais mis des bouchons d’oreille et je me suis dit « tu fais vraiment la course comme tu as envie de la faire ». Je sais que si je me donne à 100 % même si je ne suis pas au mieux de ma forme ça peut faire un bon résultat. »

« Sincèrement je ne pensais pas faire 3e, [Haley] est revenue assez vite et ça m’a mis un petit coup au moral, j’ai essayé de récupérer dans la roue et je savais qu’elle avait aussi fait un gros effort pour revenir. C’est des situations que j’arrive bien à gérer maintenant donc je suis plutôt contente de moi-même. J’ai bien fait de me reposer vendredi, je n’étais pas en mesure de concourir. Mais je voulais vraiment rouler ici, en France, devant le public français. C’était aussi une manière de remercier le public, c’est vrai qu’ils m’ont porté l’année dernière et prendre le départ aujourd’hui avec le maillot de championne du monde en France c’est assez incroyable. En compétition comme ça on n’a pas forcément le temps de s’arrêter pour faire des photos mais c’était une manière de dire un grand merci à tout le monde, et de leur donner rendez-vous l’année prochaine lors des Jeux Olympiques », expliquait la pilote Ineos-Grenadier.

Haley Batten termine au pied du podium juste devant sa compatriote Savilia Blunk qui signe son meilleur résultat en coupe du monde Élites. «Je suis super contente. C‘était une piste très physique. J’étais en bonne forme en arrivant, mais on ne sait jamais à quoi s’attendre. La bataille était super dure. J’y ai cru et je suis heureuse de décrocher mon premier podium ici », expliquait la pilote du team Rockrider Ford Racing team.

« Je me sens très bien. Ça faisait 3 mois que je n’avais pas pu rouler depuis ma chute, donc d’être de retour ici en coupe du monde ça me rend très fière Je repars de l’avant, bien décidée à faire mieux dans les semaines à venir. Je suis de retour ! J’ai de bons souvenirs ici, j’adore l’énergie de ce lieu et je suis contente d’avoir pu profiter de tout cela cette semaine. La prochaine course est aux US, il y a toujours quelque chose de spécial avec le public en étant à domicile, même si ce n’est pas toujours proche de la maison », confiait Haley Batten juste avant de monter sur le podium.

Le top 10 est complété par Martina Berta (6e), Loana Lecomte (7e), Rebecca Henderson (8e), Nicole Koller (9e) et Laura Stigger (10e).

Il s’agit là de la première fois depuis mai 2019 que Loana Lecomte ne termine pas sur le podium d’une manche de coupe du monde au format olympique, preuve de sa régularité depuis son passage chez les Élites. « Merci à la foule française. Je pense que sans eux, j’aurais fini très loin, peut-être même en queue de peloton. Ça a été une course horrible, j’ai vraiment subi cette journée noire. Je pense que c’est bien pour la suite de ma carrière que j’ai réussi à m’accrocher. Désormais, je me concentre sur les deux dernières manches de coupe du monde pour lesquelles il faut garder un peu d’énergie », confiait la pilote du Canyon CLLCTV sur la ligne d’arrivée.

Du côté des autres pilotes françaises, Léna Gérault termine en 26e position, Isaure Medde est 47e après une chute au départ qui l’a fait repartir dans les dernières positions, Line Burquier 52e et Noémie Médina 55e. On notera par contre l’abandon de Lucie Urruty, sans savoir précisément s’il s’agit là d’un souci mécanique ou d’une chute.

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Hommes :

Après une course femmes riche en rebondissements, ce sont les hommes qui s’élancent sur ce parcours des Gets ! À l’image de Pauline Ferrand-Prévot chez les femmes, la superstar Nino Schurter marquait son retour devant le public français, après son absence sur l’épreuve courte du vendredi.

Et le décuple champion du monde, parti en milieu de grille, ne va pas attendre longtemps avant de retrouver sa place de prédilection, la tête de course ! Dès la première ascension, le pilote suisse est aux commandes des opérations. Il est accompagné de plusieurs têtes connues, dont Victor Koretzky et Jordan Sarrou, respectivement premier et deuxième du XCC de vendredi.

Par contre, à l’arrière, le départ a été plus compliqué ! Une chute aux 2/3 du peloton met plusieurs pilotes au sol, nuage de poussière et embouteillage au programme.

D’entrée de jeu, Nino Schurter étire le groupe de tête avec un rythme d’enfer. Quatre pilotes sont dans sa roue – Lucas Schwarzbauer, Jordan Sarrou, Victor Koretzky et Vlad Dascalu – alors que le groupe de chasse, derrière, affiche déjà un retard de quelques secondes.

Lucas Schwarzbauer va finir par passer en tête durant ce second tour et effectue un gros travail aux avant-postes. C’est dans un mouchoir de poche, les 24 premiers pilotes se tenant à moins de 22 secondes !

On notera également la bonne première partie de course des autres pilotes belges et français : Joshua Dubau est 6e, Jens Schuermans est 13e et Thomas Griot est 14e à ce stade de la course.

Dans le troisième tour, Victor Koretzky tape du poing sur la table et hausse le rythme. Seuls quatre pilotes sont en mesure de tenir la cadence, à savoir les deux autres Français en tête ainsi que Nino Schurter et le champion d’Europe en titre, Vlad Dascalu.

Avant la mi-course, c’est une réelle course à élimination qui s’enclenche. Joshua Dubau prend le relais et donne le tempo, ce qui contraindra Jordan Sarrou à laisser filer les trois hommes de tête. Le groupe de contre est pointé à 15 secondes.

Et voilà que Victor Koretzky s’envole en tête de la course et affiche rapidement une quinzaine de secondes d’avance sur ses rivaux du jour ! Les drapeaux français s’agitent encore plus sur le bord de la piste, et les supporters donnent de la voix au passage du pilote du Specialized Factory Racing.

Surprise au passage de la ligne pour entamer ce 6e tour, Nino Schurter pointe son pneu arrière du doigt et file vers la zone technique. Son équipe est prête, le changement de roue est rapide et le Suisse ressort juste à l’avant du groupe de chasse. Joshua Dubau est désormais seul à faire le lien entre la tête de course occupée par Victor Koretzky et le groupe de poursuivants désormais emmené par Nino Schurter et dans lequel on peut apercevoir le Belge Jens Schuermans.

À l’entame du dernier tour, Victor Koretzky affiche 28 secondes d’avance sur Joshua Dubau… mais la vraie surprise se trouve un cran derrière : Nino Schurter a bouché 15 secondes en l’espace d’une remontée et est revenu sur le pilote français. Le pilote du Rockrider Ford Racing team va finir par perdre contact avec le Suisse, qui a réussi à remonter en deuxième position malgré sa crevaison !

Et Victor Koretzky signe le doublé en s’imposant sur ce XCO, après sa victoire sur l’épreuve courte du vendredi, ici à domicile après quasi une heure et trente minutes de course dans une poussière étouffante !

« C’est complètement dingue ! Mon but n’était pas d’être seul en tête devant, mais j’étais en bonne forme. C’était plus facile pour gérer mon tempo une fois seul devant, j’ai essayé de rester aussi régulier que possible. J’ai réussi à gérer l’écart avec les groupes de derrière, même si au début je n’y croyais pas trop. Je n’oublierai jamais ce week-end de ma vie, merci à tout le monde, à mon staff, mais également sur les bords du circuit. C’était une semaine de rêve, je n’arrive pas à y croire. J’ai galéré un peu en début de saison, et là ça fait plaisir que la pression se relâche un peu », confiait avec énormément d’émotions le pilote français sur la ligne d’arrivée.

Fort de son retour, Nino Schurter décroche la médaille d’argent, en signant ici aux Gets son 71e podium de coupe du monde ! Le décuple champion du monde revient sur sa course et notamment sur sa crevaison : « C’était une course dure. J’étais super content au départ, car j’ai réussi à remonter rapidement en début de course malgré mon départ en 4e ligne. J’ai eu une crevaison, ça arrive et mon équipe a réparé ça super vite donc bon, ça fait partie du jeu. Je ne me sentais pas si bien aujourd’hui, j’avais un peu de mal à respirer suite à mes petits problèmes de santé de ce début de semaine. »

 

Surprise par contre derrière : après le retour de Nino Schurter, Joshua Dubau a vu revenir Vlad Dascalu (3e) et Marcel Guerrini (4e), sans pouvoir lutter en cette fin de course. Le pilote du Rockrider Ford Racing Team monte ainsi sur la 5e marche du podium.

« C’était une belle course pour moi. J’ai fait quelques erreurs, j’ai perdu des positions, mais je savais que la forme était là. J’ai toujours voulu y croire durant la course. À partir du premier tour, j’a décidé de rester calme et de la jouer comme d’habitude. Les deux derniers tours, j’ai accéléré, car il m’en restait un peu sous le pied. C’est la première fois que je monte sur le podium après Val di Sole, c’est cool ! », expliquait Vlad Dascalu.

« C’est comme ça, c’est la course ! Le dernier tour était de trop pour moi, j’ai tout donné, mais ça n’a pas été suffisant », Joshua Dubau. 

« C’était difficile pour moi dans la fin de la course. Avec la crevaison de Nino, je me suis retrouvé tout seul, et finalement il a ramené tout le groupe sur moi dans le dernier tour », détaille Joshua Dubau. « C’est comme ça, c’est la course ! Le dernier tour était de trop pour moi, j’ai tout donné, mais ça n’a pas été suffisant. Je suis content de monter sur ce podium, et quelle ambiance avec ce public, c’était génial ! », continue-t-il.

Le top 10 est complété par Jens Schuermans (6e), Thomas Griot (7e), Ondrej Cink (8e), Mathias Flückiger (9e) et Joel Roth (10e).

Jordan Sarrou, qui finit en 34e position, nous explique plus en détail sa course : « Je suis bien parti et puis au bout de deux tours, j’ai senti que j’avais pris un coup de chaud. Je n’avais plus de jus, ça a été long, j’ai compté les tours… Je ne pouvais pas abandonner, pas ici à la maison ! J’ai donc tenu à aller jusqu’au bout. Je prends quand même quelques petits points pour le général. Je suis évidemment déçu de ma course, mais bravo aux Français qui ont fait une belle course devant. Maintenant, je vais prendre les courses les unes après les autres. »

Du côté des autres pilotes français et belges, Antoine Philipp est 21e, Titouan Carod est 26e, Maxime Marotte est 36e, Mathis Azzaro est 41e juste devant le champion de Belgique Pierre de Froidmont.

Contre-performance par contre pour Lars Forster, vainqueur à Leogang, qui termine en 40e position. On notera également l’abandon du Belge Arne Janssens, sans avoir davantage d’informations à l’heure actuelle.

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ParAdrien Protano