World Cup DH 2024 #1 | Fort William : Höll sur le fil, Bruni au-dessus de la mêlée
Par Adrien Protano -
Destination mythique du circuit international de descente, Fort William ouvrait le bal pour cette saison 2024 de coupe du monde DH. Sur cette piste exigeante et piégeuse, Vali Höll et Loïc Bruni ont confirmé leur domination après leur victoire lors de la séance des qualifications. Récits, images et résultats complets :
Après avoir été le théâtre des championnats du monde l’été dernier, Fort William accueillait cette fois la manche d’ouverture de la saison 2024 de coupe du monde de descente. Coincée entre montagnes et lacs des Highlands, la station de Fort William est une de ces destinations mythiques du VTT qu’il ne faut même plus présenter.
Avec des qualifications et des demi-finales non retransmises sur les plateformes de diffusion, la séance des finales était attendue par le public pour pouvoir observer ses pilotes favoris sur cet exigeant tracé de Fort William.
Avec quelques changements de tracé et un important travail d’entretien, la piste desservie par la télécabine du Nevis Range s’annonçait encore plus rapide qu’auparavant, avec une vitesse moyenne aux alentours des 40 km/h. Quoi qu’il en soit, cette piste écossaise conservait sa particularité première : être (très) physique de par sa longueur – 4min26s747 en finale des Mondiaux 2023 – mais également par son exigence pour le matériel, pour le corps et pour le mental avec ses nombreux obstacles et lignes à retenir et en constante évolution.
Avec un nouvel agencement de week-end de course pour cette année, le programme du samedi était particulièrement chargé pour les pilotes Élites à la veille de la manche finale, enchaînant la manche de qualifications (14h) et les demi-finales directement dans la foulée (16h). Une organisation qui laisse peu de marge aux pilotes et à leurs mécaniciens pour travailler sur le vélo, mais également pour tout le travail de débriefing avec le reste de l’équipe, etc. Pour rappel, les qualifications réduisent le nombre de pilotes prenant le départ des demi-finales à 60, tandis que les demi-finales portent ce nombre à 30 pilotes pour les Hommes et 10 chez les Femmes.
C’est ainsi Loïc Bruni et Tahnée Seagrave qui s’étaient imposés lors de la manche de qualifications, tandis que les demi-finales avaient été remportées par Troy Brosnan devant Finn Iles et Loïc Bruni chez les Hommes, Vali Höll avait quant à elle signé le meilleur temps devant Tahnée Seagrave et Camille Balanche chez les Femmes. Les paris pour cette manche finale sont ouverts !
Femmes : Höll un cheveu devant Hoffmann
C’est la Britannique Phoebe Gale qui va établir le premier temps à battre (4:52.709), soit environ 2,5 secondes de mieux que le chrono victorieux de Vali Höll en demi-finale.
Spécialiste de l’enduro, Gloria Scarsi va venir améliorer ce temps de référence de quatre secondes et s’installer sur le hot-seat. C’est ensuite Mille Johnset qui prend place dans la cabane de départ. Un peu en retard sur les deux premiers intermédiaires, la Norvégienne perd la trajectoire à l’entrée de la fameuse section de sauts baptisée « motorway » et sort de la piste. Demi-tour obligatoire pour reprendre le circuit là où elle l’a quitté, les secondes de retard s’accumulent rapidement.
Place à la Française Marine Cabirou. 9e lors de la séance de qualifications, la pilote du Scott Downhill Factory échoue à 3 secondes du meileur temps à ce stade de la course, avec seulement 5 pilotes restantes à s’élancer.
Abonnée aux deuxièmes places derrière Vali Höll lors de la saison dernière, Nina Hoffmann compte 5.920 secondes d’avance sur Gloria Scarsi après le 2e secteur.
Et voilà la pilote allemande du Santa Cruz Syndicate qui termine avec 6,666 secondes d’avance, quel run d’enfer ! Victorieuse ici même en 2022, Nina Hoffmann va-t-elle réitérer l’exploit ?
Sans pouvoir rivaliser sur les premières sections avec Nina Hoffmann, Camille Balanche prend la deuxième place provisoire, tout en sachant que Tahnée Seagrave et Vali Höll sont prêtes à s’élancer. Un run encourageant pour le retour à la compétition de la Suissesse, pour qui la saison dernière s’était arrêtée à Pal Arinsal suite à une chute.
Très attendue sur cette piste de Fort William, la Britannique Tahnée Seagrave ne peut rien faire face au très bon run de Nina Hoffmann et doit se contenter de la 2e place provisoire, avec une seconde et 21 centièmes de retard.
Championne du monde en titre sur cette piste, auteure du temps le plus rapide lors des demi-finales, Vali Höll s’élance avec le statut de favorite, à l’assaut de son éventuel premier succès sous ses nouvelles couleurs du YT Mob. Avec le deuxième temps intermédiaire sur l’ensemble des secteurs, Vali Höll donne le tempo sans se précipiter, la bonne stratégie face à cette exigeante et longue piste ?
Petit clin d’œil à la fourche de la championne du monde en titre, à savoir une Rockshox Boxxer équipée du système de gestion électronique Flight Attendant de la marque.
56 centièmes de seconde, voilà à quoi s’est jouée la victoire entre les deux femmes de têtes aujourd’hui ! Vali Höll s’octroie sa 9e victoire en coupe du monde et débute cette saison 2024 sur les chapeaux de roue.
Et voici le podium au complet pour entourer Vali Höll, avec dans l’ordre Nina Hoffmann (2e), Tahnée Seagrave (3e), Camille Balanche (4e) et Gloria Scarsi (5e). Marine Cabirou échoue au pied de celui-ci en 6e position.
Hommes : Loïc Bruni, la concrétisation
En avance d’une seconde dans le premier secteur, Greg Minnaar voit ses chances de victoire s’envoler en même temps qu’un très gros crash (pas visible dans le direct) dans les rochers, puis un autre un peu plus loin. Plus de peur que de mal, le GOAT (Comprenez là Greatest of all the Time) remontera sur son vélo pour terminer son run.
L’exigeante et piégeuse piste écossaise surprendra également Henry Kerr, qui part à la faute juste après avoir signé un rapide premier secteur. Le pilote du Canyon CLLCTV Pirelli se relèvera lui aussi rapidement pour terminer son run, sans pouvoir encore toutefois prétendre à la victoire.
Pour son retour à la compétition après une longue période de convalescence (cf. Fracture de la vertèbre C5 pour Amaury Pierron, forfait à Leogang), Amaury Pierron va s’offrir un passage sur le hot-seat avec une descente en 4:11:725. Il se classera finalement à la 15e position à la fin de la journée.
C'est ensuite à une véritable fête des locaux (ou presque) à laquelle on va assister !
C’est ensuite à une véritable fête des locaux (ou presque) à laquelle on va assister : Matt Walker est l’auteur du run le plus rapide à ce stade (4:11:117) suivi respectivement de Ronan Dunne, Jordan Williams, Danny Hart et Bernard Kerr.
Véritable ascenseur émotionnel, le run de Loris Vergier aura fait passer les supporters du pilote français par toutes les émotions : son bon départ est suivi d’une erreur qui manque de lui coûter la chute, avant qu’il ne finisse par allumer l’ensemble des temps intermédiaires suivants au vert. Au passage de la ligne, le pilote du Trek Factory Racing est le premier à passer en dessous des 4 minutes et 10 secondes !
Mais la fête va être de courte durée. Avec un run caractéristique du pilote américain oscillant entre trajectoires soignées et choix de lignes inattendus, Dakotah Norton détrône Loris Vergier en portant le temps de référence en dessous des 4 minutes et 8 secondes (4:07:353). Serait-ce un run victorieux ?
Le secret d’un tel pilotage se cacherait-il dans le choix du rise de son poste de pilotage ? Pas sûr… (cf. Coupez votre cintre, vous nous remercierez !)
Malgré un premier intermédiaire en vert, Benoit Coulanges compte 2,064 secondes de retard à la fin de la seconde section… avant que le pilote français ne parvienne à revenir à la deuxième place provisoire à force de pédalage et de pilotage physique. Jolie remontée dans ces deux dernières sections ! Il termine finalement à la 6e position.
Malgré quelques secondes de retard à chaque temps intermédiaire, Luca Shaw est régulier tout du long et parvient à arracher la deuxième place provisoire à Benoit Coulanges.
Vainqueur du classement général la saison dernière, Loïc Bruni semble survoler cette piste de Fort William et affiche une seconde d’avance au premier split. Le pilote français va-t-il parvenir à réaliser l’exploit après s’être imposé sur les qualifications ?
Mention spéciale pour ces « couvre-disques » installés sur le vélo prototype du Français. Quels peuvent bien être leurs fonction ? Avec la pluie caractéristique de la région, pas impossible que cela soit lié à une protection en cas d’averses.
Construisant son avance au fur et à mesure de son run final, Loïc Bruni vient mettre fin à tout suspense en améliorant le chrono de plus de 3 secondes – qui ne sera pas battu par les deux pilotes encore au départ – et décroche sa 9e victoire en coupe du monde de sa carrière !
« Je n’ai jamais réussi à être très bon ici. J’étais un peu en difficulté avec les portions mouillées lors des derniers jours, mais aujourd’hui je me sentais bien. C’est un vrai accomplissement cette course. Je suis super heureux. La partie mentale de cette piste est si dure à gérer, mais aujourd’hui j’ai eu l’impression de survoler les rochers. J’ai tout donné et ça s’est bien passé. Finn Iles termine 3e, notre vélo fonctionne bien, on est là avec le team Specialized Gravity cette saison ! » confie le vainqueur du jour dans la raquette d’arrivée.
Victorieux ici même il y a 10 ans, Troy Brosnan n’a plus gagné depuis 2021 (à Leogang) et a à coeur de remettre le couvert cette saison… surtout lorsqu’on se rappelle que le pilote australien a réalisé le 4e meilleur temps des qualifications et a été le plus rapide des demi-finales. Sans parvenir à aller chercher les temps intermédiaires réalisés par Loïc Bruni, le pilote du Canyon CLLCTV Factory Team doit se contenter de la médaille d’argent pour cette manche écossaise.
Un petit coup d’oeil au curieux Canyon Sender, au cadre différent du modèle actuel de série, et équipé de suspensions Rockshox disposant de la gestion électronique Flight Attendant.
Avec un run mesuré et sans artifice, Finn Iles complète le podium en montant sur la troisième marche de la grosse boîte, tandis que Dakotah Norton et Luca Shaw terminent respectivement 4e et 5e.
Remarquons également que 4 des 5 pilotes sur le podium en cette première manche était équipé de suspensions à gestion électronique… ou à tout le moins à ce qui s’y apparente !
Le top 10 est complété par Benoit Coulanges (6e), Greg Williamson (7e), Loris Vergier (9e), Andreas Kolb (9e) et Matt Walker (10e). Du côté des autres pilotes français, Rémy Thirion est 18e, Nathan Pontvianne 25e, Simon Chatelet 28e.
Au guidon d’un prototype DH de chez Orbea aux allures de Wild, modèle e-bike enduro de la marque, Martin Maes décroche une jolie 21e place ! « Je suis super content d’être parvenu à me qualifier pour la finale, et plus encore pour le team et pour Orbea que pour moi-même ! C’est une belle récompense pour ce défi un peu fou et on a pris beaucoup de plaisir. Je suis un peu comme un pilote des 24h du Mans qui vient faire une course de F1, c’est un peu surréaliste mais c’est ça qui est beau », expliquait le pilote belge.
Merci Fort William, à la prochaine !