World Cup DH 2023 #6 – Les Gets | Le grand portfolio
Par Léo Kervran -
Les Gets 2023, c’était bien et c’était beau ! Sur une piste largement retravaillée et sous une météo enfin clémente après deux manches perturbées, la descente a offert au public un superbe spectacle tout au long de la semaine. Et en point d’orgue, deux victoires françaises avec Marine Cabirou et Benoît Coulanges ! Depuis les entraînements jusqu’aux finales Elites, voici nos plus belles images de cette année :
Le petit et pittoresque télésiège deux places, les Alpes et le massif du Mont Blanc en toile de fond : pas de doute, on est bien aux Gets ! Dès mercredi, la station s’éveille au rythme des reconnaissances à pied puis des premiers entraînements.
Dans les paddocks aussi, on s’éveille tranquillement. Lorsque deux coupes du monde s’enchaînent d’une semaine sur l’autre comme ici avec Loudenvielle et Les Gets, les mécanos ont du travail ! Le vélo doit retrouver son meilleur niveau de performance au plus vite et il n’y a pas beaucoup de temps avant les premiers roulages.
Forcément, quand on parle des Gets tout le monde a dans un coin de la tête l’historique triplé réalisé par Loïc Bruni, Amaury Pierron et Loris Vergier l’année dernière. Refaire la même chose cette année sera impossible puisqu’Amaury Pierron est forfait, blessé, mais le triplé reste largement possible avec d’autres pilotes… Benoît Coulanges par exemple ?
Toutefois, les résultats de 2022 ne sont plus d’une grande aide une fois qu’on a découvert la piste : elle n’a (presque) plus rien à voir. On passe aux mêmes endroits sur la carte et le rythme général est similaire mais l’équipe des trail builders a bien travaillé et les trajectoires ne sont plus du tout les mêmes. Rubalises décalées de 10 m à droite ici, de 5 m à gauche là, un saut pour aller chercher une nouvelle section au lieu d’un virage relevé… Il va falloir tout réapprendre et tant mieux pour le suspense !
Suivez le guide, on va vous montrer ! Ici Tahnée Seagrave en action dans le premier virage de la piste. On démarre avec un enchaînement de trois virages relevés et c’est ici, entre le deuxième et le troisième appui et après dix secondes de course à peine, que Vali Höll s’effondrera en finale.
Un autre angle avec Gracey Hemstreet, à la sortie de ce fameux troisième virage. Toujours dans le top 10 depuis le début de la saison, la Canadienne s’arrêtera cette fois en demi-finale (12e).
C’est déjà très poussiéreux dès les entraînements du jeudi matin et ça ne va pas aller en s’arrangeant… La piste n’a pas vu une goutte d’eau de la semaine. Sacré changement après les perturbations à Vallnord et Loudenvielle !
Après une prise de vitesse dans un pré, une des rares zones exposées au vent de la piste, les pilotes avalent un premier road gap. Exemple avec Brendan Fairclough, qui participait ici à sa dernière coupe du monde.
Mais à vitesse réelle, ça donne plutôt ça !
Une courte traversée et les pilotes arrivent dans un nouvel enchaînement. Fini la cassure piégeuse ou le virage juste avant le road gap, cette fois on a un « pif-paf » pour casser la vitesse puis le temps de se réaligner avant de passer par-dessus de la route. La plupart des pilotes passaient dans l’appui lors des entraînements mais il y a de la place pour tenter d’autre choses… à l’image de Danny Hart ci-dessus, à l’intérieur et pied sorti !
Ce deuxième road gap, le voici ! C’est le premier passage impressionnant de la piste, qui avait coûté très cher à Marine Cabirou en 2021 (nombreuses contusions et fracture de la rotule). La réception, déjà élargie l’année dernière, paraît encore plus grande et l’énorme virage relevé qui accueillait les pilotes ou les catapultait en cas d’erreur a disparu. A la place, un long virage en léger dévers moins dangereux mais qui pourrait aussi offrir son lot de glissades…
Vu de côté, on se rend mieux compte du dénivelé.
Comme souvent en coupe du monde, le début est très rapide et ouvert. Si c’est sec on ne le voit pas passer mais s’il pleut, le sol ramolli devient lent et cela peut devenir beaucoup plus exigeant.
Juste après le road gap, on entre dans le bois et les choix de lignes commencent pour de bon. En souplesse comme Thomas Estaque ou aérien comme Jackson Goldstone ?
Souvent placé et un temps en tête de la coupe du monde, Finn Iles n’a pas encore gagné cette saison. Il n’a jamais vraiment brillé aux Gets mais on imagine qu’il aura à cœur d’effacer la déception de Loudenvielle, où une petite erreur de pilotage au mauvais moment l’a envoyé hors parcours et conduit à la disqualification.
Chez Giant, un Rémi peut en cache un autre… Ce n’est pas Rémi Thirion que vous voyez ci-dessus mais son coéquipier Remy Meier-Smith ! Le vélo est équipé d’un système d’acquisition de données, un outil incontournable chez beaucoup d’équipes aujourd’hui. La plupart d’entre elles ne le montent que lors des entraînements mais sur d’autres pistes, on a déjà vu des pilotes rouler avec en qualifications.
Même endroit avec Kade Edwards. Le Britannique n’est pas allé plus loin que les qualifications aux Gets mais il ne s’arrête jamais de faire le spectacle et c’est pour ça qu’on l’aime !
Le show Kade Edwards, épisode 2 dans le dernier passage raide de la piste avant quitter la forêt pour de bon et avec une facilité insolente : petit table top sur la souche et rebelote en bien plus gros à la sortie du virage relevé.
Côté spectacle, Jackson Goldstone n’est pas en reste. Ici sur le saut qui suit le passage de Kade Edwards, un gros gap par-dessus un ruisseau. Pour l’anecdote, Loïc Bruni déclarait en début de semaine lors de la conférence officielle que certains pilotes de cette nouvelle génération (Williams, Goldstone…) « font des trucs que je ne saurais jamais faire, heureusement qu’ils manquent un peu de professionnalisme sinon on serait cuits » !
Allez, retour dans le bois avec Loïc Bruni justement et Loris Vergier. Le premier est en forme et plus motivé que jamais après sa victoire à Loudenvielle, le second plus dans le doute et n’a pas encore gagné cette année. Pourtant, avant la finale, c’est bien le pilote Trek qui a l’avantage : 2e des qualifications et 2e de la demi-finale, contre 5e et 11e pour le pilote Specialized.
Si les plus grosses équipes roulent logiquement sur des grandes marques, on trouve aussi des vélos plus exotiques sur les coupes du monde. Ci-dessus, le Contra d’Abby Hoggie, l’une des deux pilotes du Beyond Racing. Assurément l’un des plus beaux vélos du circuit, vous pouvez trouver plus de détails dans notre visite des paddocks : Dans les paddocks DH de Val di Sole 2023.
Dans ces conditions très sèches, la piste travaille énormément, et ce d’autant plus qu’elle n’a jamais été roulée avant. Le sol est très meuble, les trajectoires changent à chaque passage et les vélos sont mis à rude épreuve.
Ce n’est pas encore la grande forme pour Tahnée Seagrave. Victorieuse ici en 2021, la Britannique n’a jamais trouvé le rythme de cette piste et se classe 7e, comme à Loudenvielle. Victime d’une sérieuse commotion cérébrale il y a deux ans, elle s’est débattue avec des symptômes tout au long de 2022 et n’a fait son vrai retour en compétition que cette année. Il lui faudra encore du temps pour retrouver son meilleur niveau… si c’est ce qu’elle souhaite.
Cette fois, c’est bien lui ! Rémi Thirion en action dans l’une des innombrables taches de lumières du bois. Sur le podium à Loudenvielle dans les conditions difficiles qui lui réussissent si bien, le pilote Giant n’a pas réussi à faire parler sa magie aux Gets mais il s’est tout de même hissé en finale.
Même passage avec Loïc Bruni. Saura-t-on un jour ce qui se trame sous ce cache ?
Les Elites sont pas les seuls à raser les arbres pour tenir la meilleure trajectoire, comme nous l’illustre le Junior canadien Dane Jewett. Il se classera 8e de la finale, son deuxième top 10 de la saison.
Un bref passage pour souffler… ou relancer le long de la retenue d’eau, et on replonge dans le raide et dans la poussière avec Thomas Estaque.
Les pilotes ne cessent de le répéter, la piste change à chaque passage tant elle est poussiéreuse et meuble. De quoi rendre le choix des trajectoires encore plus difficile et les contraintes sur le matériel encore plus grandes avec ces trous de plus en plus profonds.
Du côté de Benoît Coulanges, on n’a pris aucun risque : le pneu arrière est littéralement collé à la jante ! Solution extrême mais en plus d’éviter les pertes d’air dans les appuis, cela peut aussi permettre de sauver les meubles en cas de crevaison. Le pneu reste en place et pour peu qu’il y ait un insert à l’intérieur, cela doit même rouler assez bien.
Vali Höll était facile, très facile ce week-end : 3,4 s d’avance en qualification et même tarif en demi-finale. Mais à vouloir trop bien faire… Mise sous pression par Marine Cabirou qui a enfin réussi à battre son temps en finale, l’Autrichienne a chuté dès les premières secondes de son run avant de mordre à nouveau la poussière un peu plus bas. Dommage pour cette fois, mais avec sa vitesse en début de semaine, elle aura encore une fois impressionné du monde sur le bord de la piste. Ci-dessus au moment d’aborder le dernier passage dangereux de la piste, qui a vu beaucoup de pilotes partir à la faute.
De manière générale, on a vu beaucoup de chute ou de figures rattrapées de justesse cette semaine. Les trajectoires qui changent et la poussière, fuyante et glissante, y sont pour beaucoup. On pense notamment à la championne du monde Juniors Erice Van Leuven ou à Oliver Zwar ici à l’image, mais d’autres têtes d’affiches comme Nina Hoffmann et Andreas Kolb sont aussi tombées, avec moins de conséquences heureusement.
Le fameux passage de la souche dans cette section raide : au-dessus comme Finn Iles ou à côté comme Loïc Bruni ?
Pour Danny Hart, Dylan Levesque, Dakotah Norton, Bernard Kerr, Troy Brosnan et Laurie Greenland, c’est au-dessus. La ligne semble bien être sur la souche…
Et Loïc Bruni s’y met aussi ! Ci-dessus lors de son run de qualification, un moment qui compte dans la semaine puisqu’on y distribue déjà des points pour le classement général.
Benoît Coulanges était l’un des rares pilotes en haut de classement à contourner mais ce choix était peut-être le bon ! C’est en effet dans le bas de la piste qu’il s’est emparé de la victoire, alors qu’il accusait quelques centièmes de retard en haut du tracé puis deux dixièmes en milieu de parcours.
Dernier virage dans la forêt pour se faire catapulter sur le river gap et dans le champ qui envoie vers l’arrivée. La fin est proche mais il s’agit de prendre suffisamment de vitesse pour passer le saut sans encombres, et à ce petit jeu, il y a deux écoles : bas et groupé comme Laurie Greenland ou plus aérien comme Loris Vergier.
Le river gap avec l’une des héroïnes du jour, Marine Cabirou. On se souvient de l’énorme crash de Reece Wilson sur ce même saut sous la pluie en 2021 mais depuis, tout a été refait. On passe toujours par-dessus la même rivière mais l’approche, l’appel et la réception n’ont plus rien à voir et apparaissent bien moins dangereux.
Pendant qu’on vous parle de la piste, ça commence à se remplir sur les pentes du mont Chéry ! Relativement discret au début de la finale femmes, le public fait son peu à peu son apparition et en bas, on se rapproche doucement des scènes de l’année dernière.
Un saut tout en longueur dans le pré et les pilotes plongent vers la dernière ligne de doubles, à la recherche du maximum de vitesse.
A ce petit jeu, Remy Meier-Smith (à gauche) remporte la palme de la plus belle position !
Juste avant, une cassure d’apparence anodine a donné lieu à des choix bien différents : tout absorber, anticiper pour atterrir dans la pente et accélérer dans la compression, sauter par-dessus, avaler en manual… Ou tout tirer, comme Jack Piercy (en haut) !
Et enfin, le virage relevé de l’arrivée, fatal à Vali Höll en 2021. Ci-dessus Luca Shaw, auteur d’une belle course et qui a passé un bon moment sur le hot seat. Son temps n’est tombé qu’en toute fin d’après-midi et il se classe 8e.
A la sortie du virage, il reste encore quelques mètres à parcourir : SPRINT ! Et ça fonctionne bien pour Monika Hrastnik puisque la Slovène prend la deuxième place, le meilleur résultat de sa carrière en coupe du monde. Une juste récompense au regard de sa vitesse et sa constance cette semaine (3e en qualification, 3e en demi-finale).
La troisième place est pour Nina Hoffmann, qui a bien redressé la barre après un début de semaine compliqué entre chutes et coup de froid.
Liesse pour Marine Cabirou (en haut avec Patrice Afflatet, le team manager du Scott DH Factory), défaite pour Vali Höll. Mais la bonne entente règne dans le paddock et il ne faut pas longtemps avant de les retrouver ensemble, à réconforter ou féliciter l’autre.
La victoire de Marine Cabirou a attiré du monde et le stade d’arrivée est bien rempli pour les hommes ! Par contre, ce n’est pas le bon drapeau ça.
Caméraman de luxe chez Commencal-IC Studio en la personne d’Hugo Frixtalon. 14e ici en 2019 sur un tracé complètement différent mais blessé à l’épaule cette année, il était sur le bord de la piste pour Thomas Estaque qui se plaît beaucoup dans la station haut-savoyarde. 10e aujourd’hui, il fait son retour dans le top 10 mondial pour la première fois depuis… l’étape des Gets en 2019 (9e malgré un déraillement en fin de parcours) !
22e de la finale, Rémi Thirion n’a pas réédité sa performance de Loudenvielle. Qu’importe pour ces jeunes fans… qui n’étaient sûrement pas nés quand le Vosgien s’est révélé au public, en 2013 à Vallnord !
Seulement 11e de la demi-finale avec probablement une petite chute, Loïc Bruni va se transformer en chauffeur de salle. Il allume en vert le premier intermédiaire, puis le deuxième, le troisième… Et à la fin, c’est plus de 2 secondes d’avance sur Luca Shaw ! Le Français s’empare du hot seat et dans le public, on se prend à rêver d’une nouvelle victoire de SuperBruni.
La joie sera de courte durée. Avec un run très solide, Andreas Kolb est le premier à passer sous les 3’20 et éteint tout espoir de victoire pour Loïc Bruni. Vainqueur de sa première coupe du monde cette saison à Leogang, à domicile, l’Autrichien s’est solidement installé dans le petit cercle des meilleurs pilotes du moment, capables d’être dangereux partout. Toutefois, il reste encore quelques pilotes en haut dont deux Français…
Pas de chance pour Dakotah Norton. L’Américain, qui court lui aussi après sa première victoire en coupe du monde et qui avait réalisé le 3e temps de la demi-finale, chute dans son run. Ce sera pour une autre fois ! Dans deux semaines à Snowshoe peut-être ? Une première victoire à domicile, ça aurait de l’allure…
Loris Vergier et Jackson Goldstone se cassent également les dents sur le temps de Kolb. Il ne reste plus que Benoît Coulanges pour faire tomber l’Autrichien et tout le monde retient son souffle.
Suspense, suspense…
IL L’A FAIT !!!
Envahissement de la raquette d’arrivée, explosions de joie, jubilation générale, etc. Vous connaissez la recette depuis l’année dernière : on est aux Gets !
Ce matin, on ne pensait pas qu’il était possible de faire aussi bien que le triplé historique de 2022. On se trompait ! Porté en triomphe par la foule, Benoît Coulanges a été instantanément élevé au rang de héros par le public et la fête, la communion même, autour du podium est l’un des plus beaux moment auxquels il nous ait été donné d’assister. Écoutez plutôt :
Tout le monde est resté pour le podium et les femmes ont enfin eu droit à l’ambiance qu’elles méritaient. Marine Cabirou bien sûr, mais aussi Monika Hrastnik, Nina Hoffmann, Mille Johnset et Gloria Scarsi : le fair-play et la bonne humeur du public faisaient plaisir à voir !
Chez les hommes, cela nous fait donc un sixième vainqueur différent en six manches de coupe du monde. Et même sept vainqueurs en autant d’épreuves si on compte les championnats du monde. Difficile de faire plus disputé comme saison et cela promet du beau spectacle pour les deux dernières étapes en Amérique du nord !
Forcément, ça fait un peu de monde dans les rues après l’arrivée… On va vous laisser là, il est temps de mettre ce portfolio en ligne. Mais de ce qu’on entend, la fête va durer longtemps ce soir !
Bravo Marine, bravo Benoît et Les Gets, vous êtes formidables. Ne changez rien !
Pour tous les résultats, c’est par ici : World Cup DH 2023 #6 – Les Gets | Cabirou et Coulanges enflamment Les Gets !
On vous invite également à relire notre interview avec Benoît Coulanges, réalisée l’année dernière et où il nous parle de son rêve de gagner une coupe du monde : Interview | Benoît Coulanges : « j’ai toujours eu ces petits rêves à aller chercher »