WC #1 Lourdes : le portfolio de la finale
Par Paul Humbert -
Si tout le monde avait un oeil rivé sur le ciel et les applications météorologiques, personnes n’aurait pu prédire le nom du gagnant de cette première coupe du Monde de la saison. Alexandre Fayolle s’empare de sa toute première victoire à Lourdes après un run tout en vitesse, soutenu par de fortes pluies qui ont écarté les concurrents suivants du podium. Chez les dames, Rachel Atherton continue sa longue série de victoires et ajoute une nouvelle coupe du Monde à son palmarès. Découvrez nos plus belles images du dimanche de course :
Les spectateurs sont venus en nombre dès le début du week-end et, dimanche, ils étaient des centaines de bas en haut de la piste. Dans la raquette d’arrivée, il était réellement difficile de circuler, même sous des trombes d’eau.
Avant de vous parler de ce qui a fait basculer la journée, revenons en arrière au milieu de matinée, quand les juniors se sont élancés.
10 heures du matin, le programme de la coupe du Monde change légèrement par rapport aux années précédents. Seuls les dames et les juniors se sont entraînés et les hommes de la catégorie élite ont droit à un créneau plus tardif. Le premier chrono est déclenché par les trois juniors dames et c’est Mélanie Chappaz qui remporte la course.
Vient ensuite le temps des juniors hommes et là, la bataille est plus intéressante. Ils sont nombreux et certains ont déjà les dents longues. De nombreux français s’essayent à l’expérience et un d’entre eux, Antoine Pierron, le troisième du nom, a connu quelques difficultés pour boucler son run.
Tout les aficionados du circuit de la coupe du Monde savent que le favori, Finn Iles, a un talent fou, mais qu’il n’est pas le seul dans ce cas. On pense notamment à Sylvain Cougoureux qui termine à la troisième place et grimpe sur le podium.
Pour sa toute première coupe du Monde et son entrée dans l’équipe Trek Factory Racing aux côtés des Atherton, Kade Edwards impressionne avec son pilotage « à la limite ».
Le petit frère de Tahnee Seagrave, Kaos, prend la seconde place et la première est raflée, sans conteste, par Finn Iles avec plus de trois secondes d’avance.
Après une petite pause qui permettra aux meilleurs hommes de reconnaître une dernière fois le parcours, les femmes s’élancent.
Morgane Charre est la première française à descendre. Elle terminera 8ème, juste derrière Marine Cabirou.
Myriam Nicole devra se contenter de la médaille en chocolat après avoir perdu un peu de temps sur le haut du parcours.
Avant dernière sur le circuit, Rachel Atherton passe en tête du classement provisoire et tout le monde a les yeux rivés sur la piste et sur le chrono. Seule Tahnee Seagrave peut la détrôner.
Celle qui avouera être intimidée par son idole et rivale n’arrivera pas à descendre plus vite mais ne se positionne qu’avec 2 secondes 7 de retard, le symbole d’une réelle progression de la concurrence dans cette catégorie souvent largement dominée par la pilote Trek.
Tracey Hannah, auteure d’un très bon run, termine seconde et marque des points pour l’équipe UR qui n’était pas au bout de ses surprises ce jour là.
Place ensuite aux hommes et ils sont 80 à devoir descendre. Le public est on ne peut plus prêt à les accueillir et les sons de cornes de brumes et des vuvuzela ne se taisent pas, même entre les passages. Différents clans de supporters se livrent régulièrement des « batailles » pour savoir qui sera le plus bruyant. Une ambiance bon enfant qu’on aime voir sur les bords des circuits.
Tout le monde était prévenu, il risque de pleuvoir au courant de l’après-midi. Tous les mécanos montaient un jeu de pneus secs sur le vélo des pilotes et un jeu de muds recoupés sur une autre paire de roue. Deux français ouvrent le chrono et la progression de la course suit son cours. Il faudra attendre le run de Loris Revelli pour passer sous la barre des 3 minutes.
Parti tôt après sa crevaison aux qualifications, Alexandre Fayolle réalise un superbe chrono et égalise celui de Loris Vergier réalisé la veille.
Florent Payet, dans le même cas, le rejoint sur le hot seat.
Le géant réunionnais était serein après sa crevaison la veille. Il était protégé et il a pu se concentrer sur son run du dimanche. Et ce dernier a payé !
Retransmission TV oblige, un pause de 15 minutes est marquée avant les 20 derniers pilotes. Il n’en n’aura pas fallu plus pour que la pluie commence à tomber, pour ne plus jamais s’arrêter. Parti après les premières gouttes, Connor Fearon reste fort dans sa tête et termine avec le 5ème meilleur chrono.
Il habite à quelques encablures de Lourdes et s’est qualifié 14ème : Thomas Estaque est un des premiers pilotes à partir sous le déluge. Dans la raquette d’arrivée, on constate sur l’écran géant que les conditions sont bien pires en haut et que la poussière et la terre se transforment en glaise. Le pilote du team Lac Blanc Commencal réalise un run impressionnant, loin du chrono, et profite du moment dans la raquette d’arrivée avec ses proches venus en nombre.
Parti encore plus tard sous la pluie, son coéquipier Amaury Pierron réalise un superbe run qui le place à la 8ème position. Une performance hallucinante quand on connait l’état du tracé à ce moment. Qualifié 11ème, réussir à terminer de la sorte sur le sec l’aurait très certainement positionné, une nouvelle fois, sur le podium de Lourdes.
Alexandre Fayolle sait que la météo joue en sa faveur mais il ne sait pas dans quelle mesure. L’attente est longue.
Tous les pilotes se cassent les dents sur le chrono et on comprend que plus personne ne pourra la détrôner quand des pilotes comme Danny Hart ou Rémi Thirion se voient relégués à 15 secondes dès le premier chrono intermédiaire. Aaron Gwin paie lui aussi les frais de la météo, chute et est disqualifié en remontant sur la piste plus loin qu’à l’endroit où il l’a quittée.
Tous les pilotes savent que ce phénomène fait partie du jeu et tout le monde , fair-play, vient saluer le futur podium. Par la suite, Loïc Bruni a toutefois manifesté son mécontentement à l’égard de RedBull TV après la décision prise de ne pas modifier l’heure de départ de la course (sur instagram : https://www.instagram.com/p/BTjmscZDA69/?taken-by=loicbruni29 )
On voit dans le visage d’Alex Fayolle l’émotion qui monte mais, avec pudeur, il dissimule sa joie avant le passage de Loïc Bruni et de Loris Vergier. Tous deux sont contents d’être entiers à l’arrivée et ont déjà les yeux tournés vers Fort William.
Porté par la foule, Alexandre Fayolle peut savourer sa victoire. C’est la première fois depuis la fin des années 90 qu’un français gagne en France !
Son team manager, Fabien Cousinié, est lui aussi aux anges : « On est vraiment contents. Il n’avait jamais de chance et il a toujours eu du mal à finir ses runs. Là, la chance a tourné et, pour une fois, sa crevaison d’hier l’a aidé. »
Sur le podium, la marseillaise retentit et les deux pilotes français sont portés par une poignée de spectateurs encore vigoureux malgré la pluie.
Le vélo d’Alexandre Fayolle a été préparé par son mécano, Hugues, et nous vous préparons rapidement un petit focus sur son amortisseur « maison », complètement optimisé pour le vélo et son pilote.
En attendant, tout le monde savoure cette première manche de coupe du Monde, et si pour de nombreux pilotes elle a un goût amer, tous ont les yeux tournés vers l’Ecosse pour ce qui sera probablement la première grande bataille des grandes roues.
Retrouvez les résultats complets ici : https://www.vojomag.com/news/wc-1-lourdes-finale-surprise-fayolle-pluie/