VTT | JO Paris 2024 : la sélection française

Comme on vous l’expliquait dans notre grand article récapitulatif sur les qualifications olympiques par pays, publié début mai, le nombre de places pour la France aux JO était déjà acquis : à la lutte avec la Suisse pour la première position du classement chez les hommes comme chez les femmes, il ne faisait aucun doute que la délégation française compterait deux athlètes dans chaque catégorie. Mais lesquels ?

Si la Suisse, autre pays scruté de près, n’a pas traîné à annoncer sa sélection en l’officialisant dès le lendemain de la coupe du monde de Nove Mesto (qui marquait la fin du processus de qualification par nation), et que la Belgique a dévoilé la sienne en début de semaine, il a fallu attendre un peu plus pour la France.

Plusieurs noms étaient déjà connus « officieusement » mais le passage de trois athlètes maximum à deux pour cette édition 2024 des Jeux olympiques compliquait un peu les choses, chez les hommes notamment. Finalement, le sélectionneur Yvan Clolus a retenu l’option qui apparaît la plus cohérente et logique, avec des pilotes expérimentés qui connaissent les JO et se sont tous montrés à leur avantage ces derniers mois.

Femmes : Pauline Ferrand-Prévot et Loana Lecomte sans compétition

Pour elles, ça ne faisait aucun doute : en France et avec seulement deux places Pauline Ferrand-Prévot et Loana Lecomte n’avaient pas vraiment d’adversaires pour la qualification olympique. Qui plus est, les deux pilotes ont déjà expérimenté au moins une édition des JO (ce sera la 4e pour Ferrand-Prévot après 2012, 2016 et 2021), et sans parler d’être « familières » d’un tel évènement tant il est exceptionnel, on peut au moins dire qu’elles devraient avoir conscience de ce à quoi elles seront confrontées en termes d’attention de la part du public et des médias.

Avec 4 titres de championne du monde XCO sur les 5 dernières éditions, Pauline Ferrand-Prévot fait même figure de grande favorite pour la course du 28 juillet (départ à 14 h). Elle a prouvé ces dernières années qu’elle n’avait pas d’égale lorsqu’il s’agit de se préparer pour un grand rendez-vous mais son histoire avec les JO est compliquée.

En rejoignant cet hiver la structure Ineos (ex-Sky), qui a presque révolutionné le cyclisme sur route par son approche hyper-rationnelle et scientifique, elle a mis toutes les chances de son côté afin d’être parfaitement entourée et protégée dans sa quête. Cette saison étant la dernière de sa carrière en VTT XC, l’épreuve de Paris sera sa dernière chance de décrocher le titre olympique, l’un des seuls qui lui manquent dans la discipline (avec le classement général de la coupe du monde).

Du côté de Loana Lecomte, on a un peu plus de temps. La pilote Canyon, sacrée championne de France il y a quelques semaines (pour la 4e fois d’affilée) et 2e des derniers championnats du monde derrière Pauline Ferrand-Prévot, participera à ses deuxièmes JO cet été. L’année dernière, elle avait déjà fait le plein de confiance en remportant le Test Event organisé sur le circuit.

On l’a vue un peu en retrait sur les premières coupes du monde cette année mais Yvan Clolus expliquait il y a quelques jours qu’il n’y avait pas matière à s’inquiéter : Il n’y a absolument rien de préoccupant. Loana reste une pilote jeune […], c’est une athlète qui progresse encore mais on la connait bien, déjà, et on sait qu’elle sera prête le jour J. […] On sait aussi que cette façon d’être toujours au top n’est pas souhaitable. À plus forte raison parce que c’est quelqu’un qu’on aimerait voir faire une longue carrière. Tout cela relève d’une vision à long terme et d’un travail de fond qui n’est pas forcément visible. […] Ce qui s’est passé au Brésil n’est donc pas une surprise – en tout cas cela n’a rien de déstabilisant. La saison est longue. Nous la connaissons bien, nous avons toutes ses valeurs, et je peux vous dire que nous n’avons pas affaire à une athlète en burn-out ou en méforme. Je suis parfaitement serein à son sujet. »

Hommes : Victor Koretzky et Jordan Sarrou, les valeurs sûres

Entre la saison 2023 et les premières courses de 2024, un trio semblait se dégager pour la sélection hommes : derrière Victor Koretzky en chef de file, Jordan Sarrou et Joshua Dubau étaient les candidats les plus sérieux pour la deuxième place, devant Thomas Griot, Titouan Carod, Maxime Marotte voire Adrien Boichis ou Mathis Azzaro.

C’est malheureux à dire mais la blessure de Joshua Dubau sur la 2e manche de coupe du monde cette année, à Araxà (fracture au coude, absent du circuit jusqu’en fin d’été) a peut-être simplifié les choses. Vainqueur en coupe du monde et 2e du classement général l’année dernière, n°1 mondial pendant plusieurs semaines et sur le podium des deux premières coupes du monde de la saison, le nouveau champion de France est une valeur sûre. Comme Loana Lecomte, ce seront ses deuxièmes Jeux olympiques.

Quant à Victor Koretzky, le choix était encore plus clair. Après une parenthèse sur route en 2022 et début 2023 pour aller chercher du volume dans son entraînement, il fait aujourd’hui figure de nouveau chef de file du XC masculin français après plusieurs années de flottement suite à la retraite de Julien Absalon. Il était sur le podium des derniers championnats du monde et mène actuellement le classement général de la coupe du monde avec deux victoires en trois manches.

On se souvient aussi qu’il s’était imposé sur le Test Event olympique à l’automne dernier, signe que le tracé convient à ses qualités. Ce sera donc l’un des pilotes les plus surveillés au départ de l’épreuve, lundi 29 juillet à 14 h, et on pourrait même parler de favori même si Nino Schurter ou Tom Pidcock seront eux aussi au rendez-vous.

Les prochaines étapes

La sélection étant connue, il s’agit désormais de planifier soigneusement les prochaines semaines pour arriver au meilleur de sa forme sur l’épreuve olympique. Au retour de la coupe du monde de Nove Mesto, les athlètes français et étrangers ont pu profiter de deux jours d’entraînement sur le circuit des JO afin de découvrir les quelques modifications faites depuis le Test Event et faire des tests de matériel dans différentes conditions météo.

Ensuite, « tout le monde sera à Val di Sole et Crans Montana », explique Yvan Clolus, qui poursuit : « Pour Les Gets, Victor et Pauline sont sûrs d’y aller mais la question se pose encore pour Loana et Jordan, ils seront peut-être en altitude à ce moment. Ce sera la dernière grande compétition VTT, trois semaines avant les JO. Les étrangers devraient rester en France après cela, ça lancera la dernière ligne droite. En revanche, du fait des calendriers de préparation les athlètes olympiques seront sûrement un peu fatigués à ce moment. »

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, il n’y aura pas de regroupement collectif :« J’ai coutume de dire que 4 athlètes, c’est 4 stratégies de préparation. Il n’y aura pas de regroupement collectif, je me déplacerai sur leurs stages individuels ou leurs lieux d’entraînement, les kinés iront les voir aussi. »

On vous donne donc rendez-vous la semaine prochaine sur Vojo pour suivre ces athlètes sur la 4e manche de coupe du monde de la saison, à Val di Sole en Italie !