Vittoria et Directa Plus misent sur le Graphene
Par Paul Humbert -
Vous connaissez très certainement la marque italienne Vittoria qui commercialise des pneus et des roues mais vous ne connaissez probablement pas Directa Plus. Nous étions également dans votre cas quand nous avons accepté l’invitation de cette dernière à venir découvrir l’activité commune des deux marques en Italie. Nous avons découvert un projet commun, avec d’un côté Vittoria qui équipe ses produits d’une nouvelle technologie et de l’autre, Directa Plus qui tente de diffuser le fruit de ses recherches au plus grand nombre. Au centre de tout cela, le graphène. Ce mystérieux élément pourrait bien avoir un impact important sur le marché du cycle, mais également ailleurs. Partons à la découverte du graphène.
Le graphène
Directa Plus
Un groupe d’une cinquantaine de journalistes venus de tous horizons s’est ainsi donné rendez-vous la semaine passée devant les locaux de Directa Plus. Nichée au coeur d’une zone d’activité occupée par des entreprises technologiques innovantes, l' »officine del graphene » s’est construite dans un bâtiment industriel retapé.
Nous sommes accueillis par Giulio Cesareo, le président et directeur de Directa Plus. La graphene est au centre de toutes les attentions mais sa découverte récente rend sa production chère et difficile. Ils y a aujourd’hui moins de 10 entreprises à en produire plusieurs tonnes par an. Le chercheur italien spécialiste du carbone s’est lancé dans cette aventure il y a plusieurs années et il est désormais à la tête d’un groupe de scientifiques, hommes et femmes, venus de tous horizons. Attiré par des subventions européennes, le groupe de chercheurs a élu domicile en Italie.Les champs d’applications du graphène sont vastes et Directa Plus a décidé de concentrer ses recherches sur plusieurs secteurs: Le textile intelligent, l’environnement, les pneus et élastomères et les matériaux composites. L’entreprise avoue également s’intéresser de très prêt aux apports du graphène dans l’allongement de la durée de vie des batteries.
Pour produire du graphène, Directa Plus procède en trois étapes : l’expansion, l’exfolioation puis le séchage. En partant du graphite, et grâce à une action mécanique, le graphène sous forme nanometrique est obtenu. Annoncé comme sans déchet, le G+ (le graphène produit par Directa Plus) se veut non polluant.
Avant d’en venir à son partenariat avec Vittoria, les chercheurs de Directa plus procèdent à plusieurs démonstrations nous laissant envisager les possiblités d’utilisation du graphène. Un « coussin » rempli de graphène est en mesure d’absorber rapidement et économiquement une tâche d’huile sur une surface dure ou à la surface de l’eau. De la même manière, une peinture à base de graphène agit comme une barrière physique non toxique en cas de feu.
Pour Directa Plus, il est important de lier des partenariats avec des entreprises travaillant dans les secteurs d’application du graphène. C’est avec Vittoria que Directa Plus a construit un accord dans le secteur des pneus et élastomères.
Vittoria
Tout sourire, le charismatique directeur de Vittoria, Rudy Campagne, ne cache pas sa fierté au moment de nous présenter en détail le travail de ses associés. Celui qui admet avoir mis 5 années à comprendre les propriétés du graphène nous présente la technologie dans laquelle il a investit 20 millions d’euros.
La firme de Bergame a intégré le G+ de son partenaire dans ses roues et ses pneumatiques. Présent en très petites quantités, le graphène solidifie et apporte aux roues une meilleure résistance à la montée en chaleur. Le graphène conduit cette dernière et homogénéise la chauffe, un réel atout pour les roues de route utilisant des freins sur jantes. Vittoria a même avoué travailler sur l’intégration du graphène dans les rotors de freins à disques.
Pour ce qui est des pneumatiques, le G+ se mélange aux différentes gommes et se veut efficace pour augmenter le grip, tout en augmentant la durée de vie des pneus et en conservant les capacités roulantes de ces derniers. Quand des gommes tendres sont utilisées, un ajout de graphène à la base des crampons permet de renforcer la tenue de ceux-ci et prévient ainsi tout risque d’arrachement. Au freinage, quand le pneu se déforme, le graphène suit le mouvement de celui-ci et augmente le grip. Dans la gamme de pneus VTT, le graphène n’est présent que dans les crampons, mais Vittoria admet travailler à son intégration dans toute la structure du pneu.
Les possibilités du graphène nous sont présentées comme sans limite. Le G+ aide un pneu à retrouver rapidement sa forme originelle en cas de trou, il prévient ainsi les crevaisons. Nous avons pu assister à une démonstration de passages successifs sur une planche cloutée, le pneu de route dont était équipé le vélo de test n’a pas flanché et a conservé une pression convenable. Du côté de la balance, Vittoria annonce que le poids des quantités de G+ utilisées est totalement négligeable.
Chez Vittoria, Rudy Campagne est convaincu par l’apport du graphène dans sa gamme de produits. 400 prototypes ont été nécessaires pour maitriser le matériau et il prévoit ainsi de faire bénéficier du G+ à toutes ses références d’ici deux à trois ans. Juridiquement, la marque a bien conscience qu’un brevet ne sera jamais suffisant pour valoriser son savoir faire. Pour Vittoria, « il faut courir plus vite que tout le monde », et sur un sujet comme celui-ci, « il ne faut écouter que les ingénieurs ». Rudy Campagne croit dur comme fer au G+ depuis qu’il a rencontré Giulio Cesareo il y a 5 ans, sa volonté de faire de Vittoria un leader technologique sur le marché du pneu ne faiblit pas et il est fort probable que nous entendions très rapidement parler des futures applications du graphène.
En tant que journalistes spécialisés VTT, il nous est rarement donné l’occasion de rencontrer les chercheurs qui construisent réellement le monde de demain. Nous avons en revanche la possibilité de connaitre les applications pour nos pratiques du sport. Chez Directa Plus, nous avons pu découvrir des clés qui ouvriront un nombre de portes encore inconnu. Nous avons pu imaginer certaines applications concrètes et nous avons pu tenter d’envisager l’impact du graphène sur notre vie future. L’Union Européenne, les universités et les chercheurs du monde entier se penchent sur ce matériau dont Vittoria a su se saisir. Cet esprit d’initiative, cette prise de risque et ce goût pour l’innovation est de très bon augure pour le marché du cycle. Nous avons pu nous équiper d’une paire de Vittoria Mezcal intégrant le fameux G+ et il nous tarde de pouvoir les mettre à l’épreuve.
Comme Rudy Campagne l’a très humblement avoué, il a mis plusieurs années à avoir une vision claire des applications de ce mystérieux matériau. Il est donc possible que notre initiation de quelques heures nous ait laissé quelques lacunes. Comme nous l’avons fait, n’hésitez pas à visiter le site de Directa Plus et les pages dédiées au graphène sur le site internet de Vittoria.