Une soirée avec l’équipe de France de descente
Par Paul Humbert -
Chaque année, la sélection nationale de descente se retrouve au grand complet au moment des championnats du monde. Pendant la semaine de la compétition, pilotes, entraineurs, masseurs, médecins et cuisiniers sont réunis pour atteindre ensemble les meilleures performances lors de la course du dimanche. Nous nous sommes glissés hier soir dans l’hôtel qui abrite le groupe bleu-blanc-rouge.
Les journées qui vont suivre seront plus exigeantes pour les organismes. Il faudra ainsi pouvoir prodiguer des massages décontractants et, le cas échéant, corriger les lésions anatomiques.
C’est également l’occasion pour les pilotes de discuter et de penser à autre chose. Pour Rémi Thirion, ces temps de massages sont très importants pour sa récupération. Ils ont été un élément clé de son retour au haut niveau (commentaire à lire ici). Quant à Myriam Nicole, inutile de lui vanter les mérites des massages, la pilote boucle en parallèle de sa saison son diplôme de kiné.
À 19h30, nous prenons ensuite la direction des cuisines. Au menu : soupe de légume, tarte aux légumes, salade de pâtes, fromages de haute-Savoie et muffins aux fruits. Marielle s’occupe de confectionner les menus avec Jean-Marc, le médecin de l’équipe. Exit la crème, le beurre, le Nutella et les gâteaux secs. La plupart des pilotes savent ce qui est bon pour eux mais la semaine des mondiaux est toujours l’occasion de présenter des alternatives.
Juste avant de passer à table, nous retrouvons Claire Hassenfratz qui intègre le staff de l’équipe de France pour sa première année. Elle rejoint comme entraineur assistant un groupe déjà bien rôdé et construit autour d’Emmanuel Huber et d’Alex Balaud. Sur ce week-end de championnats du monde, elle s’occupe de la gestion du groupe, organise les échauffements et les séances de relaxations. Elle encadre les juniors les moins expérimentés et s’assure qu’ils arrivent totalement prêts dans la cabane de départ.
Dans la salle commune, tous les pilotes et le staff se retrouvent le temps du repas. Avec un groupe de plus d’une vingtaine de personnes, la logistique et l’organisation font l’objet de nombreuses discussions. Alors qu’ils sont tous réunis sous un même toit, il est pourtant possible de distinguer trois groupes de pilotes qui nécessitent tous un timing et une organisation spécifique: les filles, les juniors et les élites hommes.
Les téléphones restent à l’extérieur de la salle. Nous doutons que tout le monde joue vraiment le jeu mais l’idée est là.
Le plan de table n’est pas défini mais on retrouve d’un côté les garçons et les filles sont en bout de table.
Chacun débarrasse son assiette et la grande majorité des pilotes se dirige dans le grand salon. Seuls les élites sont dispensés. Devant la grande télé, des images de la piste défilent et ceux qui la connaissent tentent de la mémoriser à la veille des entrainements.
Emmanuel Huber présente en grandes lignes la journée et l’organisation du lendemain. 6 personnes seront présentes sur la piste afin de guider et de filmer les pilotes pendant leurs reconnaissances. Des talkie-walkie permettront de communiquer entre eux sur l’état de la piste et les trajectoires à choisir.
L’entraineur national attire également l’attention des pilotes sur la charge de travail et les spécialités des mécanos qui prendront en charge les vélos des pilotes ne disposant pas de mécaniciens personnels. Attention également à ne pas trop se fatiguer et à ne pas faire de descentes inutiles. Il faut garder du jus.
Progressivement, les pilotes montent dans la chambre qu’ils partagent avec un autre pilote. Capter un réseau Wifi correct fait partie des préoccupations principales de nombreux pilotes. Lors des championnats du monde, les coureurs portent tous le maillot national. Seuls les membres de teams élites UCI sont autorisés à porter un maillot affichant leurs sponsors si celui-ci affiche les couleurs tricolores. Pour Amaury Pierron, il faudra s’aligner sous les couleurs de la sélection.
Dans la chambre qu’il partage avec Loris Vergier, nous retrouvons Loïc Bruni. Il bénéficie tout au long de la saison d’un encadrement construit autour de lui et cette semaine de mondiaux le change radicalement d’univers. « Le groupe est gros et c’est parfois fatigant, mais c’est sympathique de se retrouver une fois par an avec toutes ces personnes. Nous mangeons bien et il est très facile d’accéder aux massages, aux vidéos ou aux médecins. Ce soir, je vais tenter un nouvelle méthode de relaxation, on verra bien si ça m’apporte quelque chose. »
Même son de cloche de la part de Loris Vergier. Nous sommes un peu moins libres de faire ce que nous voulons, quand nous le voulons mais c’est une grande famille et nous nous retrouvons une fois par an. Nous sommes élites, le soir nous grugeons le meeting et nous montons regarder un film avant de nous coucher.
Pour Morgane Charre, la semaine des mondiaux est également bien différente de celle d’une coupe du monde. « Nous n’avons pas l’habitude de passer autant de temps ensemble, ici nous mangeons bien, tout est organisé et facile d’accès. C’est moins stressant. »
Avant de quitter le groupe et de laisser les pilotes se reposer, nous prenons le temps de discuter avec Emmanuel Huber, l’entraineur national qui termine lui aussi sa journée. La semaine passée, l’annonce des 5 pilotes élite a agité la communauté de la descente française (qui vient d’ailleurs de publier un communiqué à ce sujet ), en effet, deux autres pilotes entraient dans les critères de sélectionnabilité mais n’ont pas été retenus pour les mondiaux. « Je souhaitais une sélection à 7 avec des pilotes qui sont entrés dans les critères ou qui ont su montrer qu’ils étaient proches et en bonne forme, mais cela m’a été refusé. »
En se projetant à la fin du week-end, l’entraineur fait ses pronostics : « Nous pouvons raisonnablement envisager une médaille en élite homme, une médaille en élite femme et deux médailles en junior dames. La catégorie junior hommes sera la plus compliquée. Le groupe est très jeune mais on voit que le boulot effectué en junior paye. Les pilotes sont demandeurs d’aides, de conseils et d’encadrements, il faut pouvoir les aider. Même quand on parle de pilotes comme Loïc Bruni ou de Rémi Thirion, il faut être en mesure de leur proposer quelque chose de différent de leurs habitudes, il faut essayer de leur ouvrir l’esprit. Cela peut parfois leur faire beaucoup de bien de voir autre chose. »
Rendez-vous dimanche sur vojomag.com pour découvrir le nom des champions du monde de DH et, pourquoi pas, retrouver des Français sur les podiums.
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