Un regard féminin sur l’Epic Enduro avec Alexandra Marchal
Par Olivier Béart -
Le Shimano Epic Enduro est l’épreuve de tous les superlatifs. Mi-raid, mi-enduro, complètement extrême, c’est un défi de 3 boucles au départ du magnifique petit village d’Olargues dans l’Hérault. 105km, 4900m de d+ et 9 spéciales chronométrées. Au départ, 600 acharnés, préparés comme jamais pour tenter de décrocher le brevet or, réservé à ceux qui réussissent à faire les trois boucles. Et, parmi eux, une poignée de femmes. C’est à l’une d’entre elles, Alex Marchal, que nous avons demandé de vous raconter son Epic Enduro pour vous offrir un autre regard sur cette course unique en son genre.
Avec près de 600 participants, ça fait un paquet de monde ! Je me sens plutôt privilégiée avec mon dossard numéro 32 ! Debout à 3h30, sans surprise, pas besoin d’entendre le réveil sonner, l’excitation du jour J m’a empêché de fermer l’œil une bonne partie de la nuit ! Place aux derniers préparatifs et en route pour Olargues… Placement sur la grille de départ, les filles ont droit aux places d’honneur. Je me faufile donc à travers les furieux déjà présents et prêts à en découdre. Malgré l’heure plutôt précoce, c’est full ambiance dans le paddock. L’équipe organisatrice est au taquet au rythme de la musique et armée de fumigènes. Le départ est donné à 4h45 pour la vague 1. C’est parti pour pas loin de 14h de pur bonheur… et de douleur ! [sgpx gpx= »/app/uploads/gpx/epic-enduro-15-b1.gpx » download= »false »] La journée va être ultra longue. Je décide donc de partir très calmement et de m’économiser au maximum. La 1ère liaison est bien progressive et permet de se mettre dedans. Malgré quelques appréhensions dues à mon manque d’expérience en mode nocturne, la 1ère spéciale est un pur régal ! Le ton est donné pour la suite de l’aventure, les sensations sont plutôt bonnes, on va carrément se gaver ! Déjà quelques beaux passages dans la 1ère spéciale nocturne.. Il valait mieux y voir clair et choisir un bon éclairage ! En route pour la spéciale 2, le soleil pointe le bout de son nez, le ciel commence à se teinter et c’est juste splendide ! Il fait bien froid au sommet, l’obscurité est toujours bien présente mais je décide cependant de ne pas traîner et de prendre le départ. C’est beau, c’est technique, l’éclate totale ! Mélanie Pugin, vainqueur chez les dames, qui vole dans la spé 2, et pas que !! Avec une 45ème place scratch, une seule chose à dire, RESPECT ! Ca fait rêver de voir des filles à un tel niveau ! Au départ de la 3ème spéciale, le jour s’est levé. Ok, on est là pour la race, mais quel bonheur d’assister aux différentes étapes de ce beau spectacle ! Le tracé est super ludique, la confiance s’installe, le plaisir est au rendez-vous ! Nicolas Daniels, un ami d’enfance venu récemment du XC à l’enduro, envoie du gros sur la spéciale 3 au lever du jour. C’est pas beau ça ?! Fin de la 1ère boucle, une petite pause s’impose ! C’est dingue de se dire qu’à 8h30, on a l’équivalent d’un enduro traditionnel dans les jambes. Et ce n’est que le début ! Les choses sérieuses vont seulement commencer. Les 2 prochaines spéciales vont devoir se mériter. [sgpx gpx= »/app/uploads/gpx/epic-enduro-15-b2.gpx » download= »false »] Après une bonne portion de poussage, qu’on effectuera deux fois, on attaque un gros portage pour atteindre le sommet de Montahut. Etonnamment, je me sens encore bien fraîche et je profite quelques instants de la magnifique vue qui s’offre à nous. Pas trop longtemps quand même car ça souffle ! Eprouvant portage vers Montahut. Le magnifique décor fait vite oublier la souffrance. Ambiance au sommet de Montahut. C’est beau, mais le vent est extrêmement fort ! On profite donc de la vue sans trop traîner. C’est parti pour la spéciale 4. Ici, ça tape encore plus fort ! Vers la fin, les bras commencent à me rappeler que je viens du plat pays et que m’enchaîner autant de dénivelé négatif n’est pas dans mes habitudes. J’ai les mains complètement tétanisées, le freinage devient difficile… et la plus longue spéciale de la journée reste à venir ! Premier virage de la spéciale 4, quand je vous dis qu’on en a pris plein les yeux !! Florian Golay en pleine action, superbe vainqueur de ce Shimano Epic Enduro pour la 2ème année consécutive. Avec une gestion au top, il franchit la ligne quelques instants après nous ! Eh oui, il y en a qui ont le temps de prendre des pauses. Après une très longue liaison, je m’engage prudemment dans la spéciale 5 en essayant d’économiser les bras, mais je comprends vite que cela ne va pas être si simple. Ca tabasse, encore et encore, et de plus en plus. Près de 30 minutes plus tard, j’atteins l’arrivée presque sans encombres, à l’exception d’un petit frontal avec un arbre dû à une impossibilité de freiner. C’est officiel, j’ai les bras en compote ! Beau passage dans la caillasse de la spéciale 5. Et ce n’est qu’une petite partie ! Plein les yeux… et plein les bras ! Le ravito est merveilleusement bien placé et permet à tout le monde de reprendre des forces pour s’élancer vers la dernière et très courte spéciale de cette monstrueuse 2ème boucle. Celle-ci se présente sous la forme d’une descente urbaine dans le joli village médiéval d’Olargues. Plutôt sympathique ! Boucle 2, c’est fait !! Fin de la plus longue spéciale de la journée. Même pas fatigués ! Cette petite pause au ravito a vraiment fait du bien. Sans trop traîner car la porte horaire de la boucle 2, c’était plutôt tendu ! Spéciale urbaine dans les sympathiques ruelles d’Olargues. [sgpx gpx= »/app/uploads/gpx/epic-enduro-15-b3.gpx » download= »false »] C’est avec un sentiment d’accomplissement que j’attaque cette dernière boucle. Le plus dur est fait et la prochaine porte horaire est assez large. Je suis physiquement encore en forme, à l’exception des bras. Ca devrait le faire ! La 7ème spéciale est courte et très amusante, de quoi se redonner un peu de courage pour la mythique spéciale des Pylônes, réputée comme étant la plus technique. Je décide d’assurer et de me laisser aller jusque dans le fond. Plus facile à dire qu’à faire ! Les passages compliqués s’enchaînent. Je suis à nouveau complètement crispée à cause de la douleur dans les bras. Je préfère descendre du vélo à plusieurs reprises pour éviter un gros carton ou une casse mécanique. La fatigue générale se fait sentir… Le chantier des Pylônes ! Beau passage de Nadine Sapin, 2ème dame. Elle a fait preuve d’une belle gestion du début à la fin ! Elle m’a dépassée comme une fusée dans la spé 9. Après avoir tenu 1 minute à l’arrache, mes bras défaits m’ont contraint à la laisser s’envoler. Bravo ! C’est avec grand bonheur que je vois arriver mon ami Julien, parti en 2ème vague, à l’arrivée de cette éprouvante spéciale.. On est dans les temps, on va pouvoir terminer ensemble cette énorme épreuve. Gros soulagement et coup de boost autant pour lui que pour moi, il nous reste une dernière spéciale et c’est dans la poche ! Ca fait plaisir d’être à deux pour se soutenir mutuellement dans les derniers efforts. Eh oui l’Epic Enduro, c’est pas qu’un simple défi personnel, c’est une belle aventure qu’on partage avec les autres pilotes, avec ses potes. C’est un effort de dingue mais c’est aussi des belles tranches de rigolade et des tirages de bourre. Et aussi un concours de stache-mou ! Départ de la spéciale 9, ça y est, on y est presque ! Malgré mon envie d’arriver en un seul morceau, je me prends une belle boîte qui me vaut quelques minutes à reprendre mes esprits et redresser mon cintre qui a bougé.. Cette dernière spéciale est hyper physique et technique. Du gros niveau ! Je galère complètement et décide de jouer la prudence, ce qui me pousse à passer pas mal de temps à côté du vélo. Mais cela me permet de rallier l’arrivée sans casse ni gros bobo. On donne tout ! (enfin, ce qu’il reste…) C’est avec la banane que Julien et moi reprenons la direction d’Olargues, en jetant nos dernières forces sur cette interminable voie verte pour atteindre le paddock et l’arrivée finale. Un superbe moment sportif et déjà les souvenirs de cette incroyable journée me reviennent en tête. Le soulagement ! Et la fatigue qui est bien présente, même quand on est un grand spécialiste des marathons comme Kris Henderieckx, multiple champion de Belgique Master de la spécialité. Le jeu en valait la chandelle, une accolade de Monsieur Noce, un superbe sticker Epic d’Or (qui vaut de l’or ! Voire plus !), et le plus important, une bonne bière gentiment offerte par Shimano ! Bref, une journée F-A-N-T-A-S-T-I-Q-U-E ! Gregou bien présent pour accueillir les finishers et les féliciter ! Ca c’est cool ! Petit clin d’œil à Philippe (ici présent sur la photo) avec qui j’ai effectué une bonne partie de la 2ème boucle. Merci pour le soutien et félicitations ! Le graal !! Ou presque.. Sticker Epic d’Or Merci à l’organisation pour nous avoir vendu du rêve, c’est avec des étoiles plein les yeux et bourrée de nostalgie que je suis rentrée en Belgique. Une seule chose à dire, à l’année prochaine… avec cette fois des bras en béton ! Trop modeste pour en parler dans son compte-rendu, signalons tout de même qu’Alex a terminé 4e dame de l’Epic Enduro 2015. Bravo à elle pour cette performance. Texte : Alexandra Marchal – Photos : Antoine Bussier – WildtrackBoucle 1 (33km/1630m d+)
Boucle 2 (40km/1900m d+)
Boucle 3 (36km/1520m d+)
Pour retrouver les classements complets et plus d’infos, rendez-vous chez nos confrères d’Enduro Tribe dont l’équipe est à la base de cette superbe épreuve.