Transpyr 2024 : L’aventure avec un grand A

Par Adrien Protano -

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Transpyr 2024 : L’aventure avec un grand A

« C’est une aventure ! » : ce sont les premiers mots d’Oriol Sallent, l’organisateur de la Transpyr 2024, lors de la remise des dossards. Ces mots illustrent parfaitement l’esprit de cette course de VTT à travers les Pyrénées : ici, l’expérience prime sur le chronomètre ! Récit de notre envoyé spécial, Stijn Delagaye : 

Pas de doute, la Transpyr est exigeante, et ce n’est pas les chiffres qui diront le contraire, avec 750 km et près de 18 000 mètres de dénivelé positif à parcourir. « Essayez de trouver un itinéraire plus court à travers les Pyrénées en 7 jours pour aller de la Méditerranée à l’Atlantique », me lance Oriol en guise de clin d’œil. Il ne nous reste donc plus qu’à parcourir les sept étapes de cette aventure qui relie Roses (en Espagne) à Saint-Jean-de-Luz (en France).

Pour se guider sur ce parcours traversant les Pyrénées, c’est à l’itinéraire GPX que l’on va devoir se fier. Ici, pas de marquage ou de flèches indiquant la direction, sauf pour quelques passages plus difficiles. Il n’y a pas non plus de signaleurs dans les villages ou dans les rues à traverser. Voilà qui va demander un peu plus de concentration. Les avis sur ce type de parcours étaient quelque peu partagés parmi les participants avec lesquels j’ai échangé, mais c’est un choix compréhensible de la part de l’organisation, pour qui le gain de temps et le nombre de bénévoles plus réduit est non-négligeable.

Une autre différence avec mes précédentes participations à des courses par étapes se trouve du côté du chronométrage. Habituellement, le chrono court du départ jusqu’à l’arrivée de l’étape. Surprise, la Transpyr choisit généralement deux segments chronométrés au sein de l’étape du jour, respectivement de 20 à 40 kilomètres.  Je dois admettre qu’au début, je trouvais dommage que toute l’étape ne soit pas chronométrée, mais avec le recul, j’ai davantage profité du parcours et des paysages… J’ai même pris un instant pour prendre quelques photos !

Après un tour de table, de nombreux participants m’ont avoué partager ce sentiment d’être moins stressé et de davantage profiter de la course. Les coureurs donnent tout lors des sections chronométrées et profitent davantage du parcours en dehors de ces sections. Cela permet également à la Transpyr de passer par certains sites touristiques, comme le lieu de pèlerinage de Lourdes, où il serait impossible de libérer les rues pendant une demi-journée pour laisser passer quelques centaines de pilotes.

La Costa Brava

La direction dans laquelle se déroule la Transpyr varie selon les éditions. Parfois, elle va d’ouest en est, mais pour cette année, ce sera d’est en ouest. Le rassemblement a eu lieu à Roses, une station balnéaire située sur la Costa Brava. C’est dans la magnifique Citadelle de Roses, érigée en 1543 et renfermant de nombreuses découvertes archéologiques, notamment des vestiges de colonies grecques et romaines, que le QG de départ de la course était installé. De quoi donner le ton pour le reste de l’aventure !

Dès le premier jour, nous laissons les amateurs de soleil sur la côte pour nous enfoncer dans les terres. Si tout se passe bien, à mi-semaine, nous franchirons la frontière française. Juste avant le départ, nous remplissons rapidement notre bouteille avec de l’eau de la mer Méditerranée, que nous espérons symboliquement mélanger avec l’eau de l’océan Atlantique d’ici sept jours.

Les premiers 80 kilomètres servent à se mettre en jambe. Sur des chemins de terre rapides et poussiéreux, nous filons entre la côte et les montagnes à travers la campagne catalane. En chemin, nous traversons d’anciens villages médiévaux tels que Besalú, où tout le monde prend le temps de manger, mais aussi de se promener sur le pont romain ou de traverser tranquillement le vieux centre à vélo.

La vraie difficulté du jour se trouve dans les vingt-cinq derniers kilomètres : une ascension exigeante jusqu’au village de montagne de Camprodon, connu pour son magnifique pont vieux de 800 ans. Sous-estimant cette montée, probablement en raison d’un manque d’hydratation, de la chaleur et d’un braquet trop grand sur mon vélo… J’ai du poser pied à terre à plusieurs reprises.

Ombres dans la brume

À partir de maintenant, il n’y a plus moyen d’échapper aux montagnes. Cela se reflète non seulement dans notre rythme, mais aussi dans les stations de ski que nous rencontrons sur notre route. La Molina est la première station à apparaître, bien que nous n’en voyions pas grand-chose à cause de l’épaisse brume qui flotte dans l’air. Comme des ombres, nous émergeons de la brume.

La pluie se fait attendre pour l’instant, et le soleil fait même son retour alors que nous gravissons, lors de l’étape reine, l’ascension vers la plus grande station de ski d’Espagne, Baqueira/Beret. Cette montée fait pas moins de 40 kilomètres. D’abord sur un asphalte lisse, puis sur une magnifique piste off-road que je parcours en agréable compagnie des Kempenaars : Tom, Litse, Jo et Frank. Cela rend cette ascension un peu plus plaisante et agréable, grâce aux nombreux éclats de rire qui émergent du groupe au fur et à mesure de la montée.

À mesure que nous approchons du sommet, nous sommes à nouveau confrontés aux caprices du climat montagnard. Les nuages s’amoncellent, et la température chute rapidement, passant de 30°C dans la vallée à 8°C au sommet. Heureusement, les délicieux croque-monsieur servis au ravitaillement près du Santuari de Montgarri, juste en dessous du sommet, sont une vraie source de réconfort.

La descente procure un ultime shot d’adrénaline. Le sentier étroit serpente entre des blocs rocheux et dévale les flancs d’un géant des Pyrénées pour retourner dans la vallée.

Un pied sur le sol français

Quand, mercredi matin, j’ouvre les rideaux de ma chambre d’hôtel à Viella et découvre une pluie fine tombant du ciel, je ne peux pas dire que cela me remplit de joie ! Nous quittons l’Espagne pour poser pied sur le sol français. Cela commence par une passerelle suspendue qui tangue sous nos pas. La pluie s’intensifie alors que nous abordons le deuxième col de la journée : le célèbre Peyresourde, bien connu du Tour de France.

Nous sommes complètement trempés, et les 5 °C ambiants ne rendent pas les choses plus agréables. Dans un brouillard épais, nous cherchons notre chemin vers la descente par un sentier glissant du Peyragudes Bike Park, où la boue vole dans tous les sens. La prudence est de mise, d’autant plus qu’il est difficile de freiner avec les doigts gelés.

Au bas de la montagne, nous sommes tous ensemble à trembler de froid et certains coureurs sont même enveloppés dans une couverture de survie. Les mains tremblantes, nous nous réchauffons avec une tasse de bouillon bien méritée. Heureusement, grâce à la voiture suiveuse, je peux échanger mes vêtements mouillés contre des vêtements secs.

Il est déjà plus de cinq heures et demie du soir lorsque nous arrivons à l’hôtel, où une douche chaude nous remet les idées en place. Les derniers participants n’arrivent à Bagnères-de-Bigorre qu’après huit heures, tandis que nous sommes déjà en train de nous régaler au buffet du casino.

Après la pluie vient le beau temps, littéralement du moins, car figurativement, ce n’est pas vraiment le cas pour moi. Après avoir été malade toute la nuit, je me retrouve au départ de l’avant-dernière journée avec des jambes lourdes et peu d’énergie. Cette journée va être longue, une de ces journées où les kilomètres ne passent pas… Mon top dix au classement semble également s’éloigner doucement.

Nous nous rapprochons de l’océan Atlantique et entrons dans le Pays basque français. La nature est fantastique. Nous roulons à travers des paysages vert vif. Les chevaux, les vaches et les moutons sont partout. Nous suivons des sentiers étroits le long de versants escarpés. C’est grisant.

Ici, nous partageons la route avec les premiers pèlerins. L’arrivée se trouve en effet dans le charmant village médiéval de Saint-Jean-Pied-de-Port, avec ses petites ruelles. Ce village est le carrefour où se rassemblent les pèlerins qui marchent sur le Camino de Santiago. Certains arrivent ici avec déjà de nombreux kilomètres dans les jambes, parcourus sur l’une des nombreuses voies d’accès, pour beaucoup d’autres, c’est le point de départ. Physiquement, cette journée a été difficile, mais pour moi et de nombreux participants et suiveurs, c’était l’une des plus belles étapes.

Océan Atlantique en vue !

Dernier jour, océan en vue ! Aujourd’hui, nous suivons à nouveau en partie la route des pèlerins, il faut donc faire attention aux nombreux marcheurs. Nous continuons à suivre un beau parcours pittoresque sur les collines escarpées couvertes de fougères vert vif typiques du Pays basque. D’un sentier étroit à l’autre, où aucune erreur de pilotage n’est permise, nous roulons vers Ainhoa.

Ainhoa est un village de pèlerins, comme en témoignent les trois gigantesques croix qui dominent la colline. Au loin, je vois l’océan. L’ambiance est bonne, l’arrivée est proche. Encore quelques courtes mais raides montées. Il faut serrer les dents un peu plus, mais soudain, à droite de moi, un cerf-volant blanc apparaît dans le ciel, et peu de temps après, je vois l’océan briller sous le soleil, où l’arche d’arrivée est installée juste à côté de la plage ! Nous l’avons fait. Le breuvage frais à la cabane de plage a ici un goût plus salé qu’ailleurs.

Transpyr, ce que je retiens

  • La diversité de la beauté naturelle et des villages pittoresques dans les paysages montagneux espagnols et français.
  • Les LONGUES journées de la Transpyr. Lors de précédents événements de VTT sur plusieurs jours, comme par exemple la Transalp, je terminais généralement vers 15-16h, alors que dans cette Transpyr, il était rapidement 16-17h au moment de passer la ligne d’arrivée. 
  • La camaraderie avec les autres participants : Charlotte, Alain, Litse, Tom, Jo, Frank, Karl, Gerd, Timothy, Roel, Carl, Raf, Thierri, Igor, … trop de noms pour les nommer tous, merci pour votre compagnie en route ou le soir après l’étape dans le café du village ou au buffet !

Un aperçu des étapes :

  • Roses – Camprodon : 105 km et 1 800 m de dénivelé positif
  • Camprodon – La Seu d’Urgell : 115 km et 2 700 m de dénivelé positif
  • La Seu d’Urgell – Viella : 130 km et 3 500 m de dénivelé positif
  • Viella – Bagnères-de-Bigorre : 122 km et 3 200 m de dénivelé positif
  • Bagnères-de-Bigorre – Oloron-Sainte-Marie : 95 km et 2 000 m de dénivelé positif
  • Oloron-Sainte-Marie – Saint-Jean-Pied-de-Port : 95 km et 2 750 m de dénivelé positif
  • Saint-Jean-Pied-de-Port – Saint-Jean-de-Luz : 80 km et 2 100 m de dénivelé positif

Pratico-pratique

L’organisation ne laisse rien au hasard. Les hôtels que vous réservez via l’organisation sont de très bonne qualité, et les bagages sont transportés d’un hôtel à l’autre. Moyennant paiement, vous pouvez chaque jour laisser votre vélo à l’assistance technique qui le nettoiera et effectuera d’éventuelles réparations. Je n’ai personnellement pas utilisé ce service, mais les participants autour de moi en disaient du bien.

Vous n’avez pas envie de faire la Transpyr en VTT ? Pas de problème ! Vous pouvez aussi parcourir la Transpyr sur la route. Le départ et l’arrivée sont évidemment toujours aux mêmes endroits que pour la course VTT sur plusieurs jours. Certaines stations de ravitaillement sont même partagées entre les deux disciplines. Les e-mountainbikers sont également les bienvenus. Vous pouvez, si vous le souhaitez, confier des packs de batteries supplémentaires aux équipes de ravitaillement

Comme je pouvais compter sur de la compagnie et une voiture suiveuse, le choix s’est porté sur la voiture. Mais si vous êtes seul ou si vous n’avez pas de moyen de transport, le train peut être une solution très facile et confortable pour arriver au départ. Un TGV va jusqu’à Perpignan, et de là, vous pouvez continuer en train ou en bus. À l’arrivée à Saint-Jean-de-Luz, il est très facile et rapide de prendre le TGV dans le sens inverse.

Un hardtail ou un tout-suspendu ? J’avais le choix, car j’avais emporté deux vélos. J’ai commencé avec le hardtail, ce qui était probablement la meilleure option pour la première étape, en raison de la longue portion plate. Mais dès la deuxième étape, je suis rapidement passé au tout-suspendu plus confortable. Ici aussi, il est vite devenu évident que pour une course par étapes de VTT comme la Transpyr (ou la Transalp), il vaut mieux rouler avec un tout-suspendu.

Tu es aventureux et tu as envie de participer toi-même à la Transpyr ? En 2025, la Transpyr se déroulera du 8 au 14 juin, les inscriptions sont déjà ouvertes. L’année prochaine, l’organisation revient d’ailleurs à l’itinéraire d’origine, 100% espagnol, en 7 jours allant de la mer Méditerranée (Roses) à la mer Cantabrique (Irun).

Pour plus d’infos : https://transpyr.com/fr

ParAdrien Protano