Trans-Provence 2017 : François Bailly-Maître, 6 jours pour 19 secondes
Par Paul Humbert -
La Trans-Provence fait partie des plus belles épreuves d’enduro sur la planète. À travers les Alpes Maritimes et jusqu’au bord de la mer, cette course d’enduro en itinérance est un véritable défi physique et technique. Chaque année, la course attire certains des meilleurs pilotes de la planète. Pour nous faire vivre sa course de l’intérieur, le pilote Ibis François Bailly-Maître s’appuie sur les superbes images produits chaque jour par l’organisation. La TransProvence 2017, une édition marquée par la chaleur :
« Comme depuis quatre ans maintenant, j’ai rendez-vous tous les mois de juin dans les Alpes du Sud pour un Must ! La Trans-Provence est pour moi une aventure avant tout, l’aspect compétition est certes important, mais la configuration de la course fait parfois qu’elle passe au second plan.
Jour 0-Camping les 2 bois, Baratier
Le soir, premier Briefing de Ash, le chef d’orchestre de la Trans-Provence depuis le début, est toujours aussi génial ! On sent bien l’esprit que je connais maintenant : c’est une course, mais il faut savoir adapter sa fougue sur cet événement au long court et un peu « WILD ».
Le balisage est généralement très light, mais efficace sur ces trails de montagne et le nettoyage des chemins se fait au fur et à mesure des passages des concurrents ! Il n’empêche que tous les concurrents repartent de cet événement avec le sentiment d’avoir vécu l’expérience de leur vie.
Cette année, un nouveau partenaire bien cool a fait son apparition, avec des bières personnalisées de Magi Rock Brewing et nous a déroulé le profil de la semaine. Bien vu !
Au programme donc :
Le bonheur de la nouvelle formule au mois de juin (l’épreuve était traditionnellement organisée plus tard) est de pouvoir profiter pleinement des longues journées et de la chaleur. Le réveil est moins dur à 6 h en été qu’en septembre quand il fait encore nuit.
Petit point matos, voici le nouveau Mojo HD4 de Ibis que je viens de recevoir et qui va m’accompagner cette semaine. J’ai la pression avec la plaque N°1 !!
Plateau de 36 dents à l’avant pour emmener du braquet dans les longues lignes droites en spéciales, cassette XT 11-46 pour pouvoir monter les cols alpins. Et gros disque pour un freinage efficace !
Choix de pneus : avant, Magic Marry SG Addix Soft, arrière Hans Dampf SG trail star.
Un petit souvenir de la semaine passée à l’Enduro Jura by Julbo (nous y étions, si si, regardez : www.vojomag.com/?s=enduro+jura )
Selle Tioga Spyder Outland.
Comme depuis plusieurs années, mon petit Di2 que je ne veux plus quitter.
Jour 1 Embrun – Les Thuiles
La première vague de navette part à 7h30, nous sommes dans la deuxième ce qui nous permet de profiter d’une légère grasse mat. Le trajet est beau vers les montagnes embrunaises où l’on apprécie le peu de fraicheur qui traine encore en altitude.
La journée commence par deux longues bosses et une première descente assez folle mais sans chrono, histoire de se chauffer et de montrer aux nouveaux venus l’ambiance. Je trouve que c’est bien vu de la part de Ash ! D’autant plus qu’on se met bien dans le bain avec ce trail utlra-technique dans sa première partie.
On arrive déjà au ravito, quelle classe ! De supers salades cuisinées tous les jours par l’équipe en cuisine (BIG UP) avec des produits frais, un petit What else et une assistance chez les amis de Mavic si besoin et on repart pour la suite de la journée. Quatre spéciales au profil descendant, mais bien différentes nous attendent une fois au col des Orres :
Cette année sous le sec et sans la neige on se régale sur cette première spéciale bien montagnarde.
La spéciale 2 s’enchaine sans remontée, une vidéo de l’année passée sur ma page Facebook est dispo (ici) si vous voulez avoir un aperçu. La spéciale est rapide, sans réelle difficulté technique mais que du flow !
Tout le contraire de la spéciale 3 ! Le début est génial, rapide, fluide malgré quelques virages se resserrant. Par contre, je me rappelle que je n’avais pas été très bon dans la deuxième partie l’an passé : un trail étroit, où circule un ruisseau par temps humide, j’avais donc en tête d’être prudent, mais j’ai failli ! Deux bonnes chutes stupides et une traversée de torrent ratée plus tard, me voilà énervé. Ah la compétition !
On se dirige vers la dernière spéciale du jour, avec un petit portage supplémentaire. Une bonne journée de 36,5 kilomètres, 3 heures 51 et 1665 m D+ / 2335 m D- à l’écran de mon Polar M460. Je me rappelle d’une belle spéciale fluide où ça roule vite. Cette année, le terrain étant tellement sec qu’il est devenu fuyant, il faut donc un peu plus de réserve que l’an passé. Cette spéciale 4 reste exceptionnelle avec une belle vue au milieu…
Un peu de repos, un passage à la rivière à côté du camping, le repas et dodo pour être en forme pour la suite de la semaine !
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Bilan du Jour, je perds 14 sec sur Marco Osborne après 17 secondes de perdues dans la SP3.
Jour 2 Les Thuiles – Villars-Colmars
Grosse journée en perspective, avec deux grosses bosses en fin de journée sous le soleil de la vallée du Haut-Verdon. Une première spéciale très physique avec un pédalage très dur à gérer en raison de nombreuses traversées de ruisseau. Il faut toujours freiner fort en approchant, puis relancer en sortie. Le reste est très rapide, mais le chemin étroit et la présence d’herbes hautes sur le bord rend la progression plus aléatoire. Il faut donc garder une marge de manœuvre. Belle réussite avec une victoire sur la spéciale !
Nous avons toujours droit à des décors grandioses entre les spéciales. La TransProvence c’est aussi et surtout ça : une aventure au cœur des montagnes sauvages des Alpes du Sud, j’adore !
On prend de quoi recharger les batteries après la spéciale 6 et surtout avant la longue liaison pour la spéciale 7. Encore un trail de montagne extra-ordinaire comme on en voudrait tout le temps ! Du flow, du speed, des épingles fuyantes (peut-être trop cette année) et de la longueur : 11 minutes et 18 secondes de pur bonheur pour Marco, très rapide sur cette spéciale. La fatigue se fait déjà sentir et il nous reste une petite bosse (un petit 500 m D+ toujours au chaud) avant d’accéder à la dernière spéciale du jour. Trop bon, une belle spéciale 8, très complète où je me suis régalé.
Côté chrono, j’ai remporté les 2 premières spéciales, Marco les 2 dernières et au final il remporte la journée avec 5 petites secondes d’avance. L’écart se creuse gentiment.
Bilan géographique : 4heures et 5 minutes de roulage, 43 kilomètres, 1500 m de D+ et 2445 de D-.
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Jour 3 Villars-Colmars – Valberg
Le départ au col des Champs est toujours un grand moment de bonheur pour en prendre plein les yeux avec ce panorama exceptionnel.
Ce ne seront finalement que trois spéciales qui seront courues cette année en raison d’un problème d’autorisation avec la mairie d’Entraunes… Nous voilà arrivés dans le Mercantour, terrain que je connais bien. J’espère donc inverser la vapeur aujourd’hui et prendre le leadership.
C’était sans compter sur un petit coup de chaud dans la longue liaison du jour. Drôle de sensations que d’avoir froid et de frissonner un jour de canicule…
Après avoir profité des paysages dans la montée, il va falloir penser à rouler en mode « race ».
Malgré la fièvre et les frissons, je pars le couteau entre les dents pour notre 1ère spéciale du jour, après pas loin de 3 heures sur le vélo. Une chute d’entrée de jeu à grande vitesse, heureusement sans gravité, m’a bien calmé et je pense qu’après ça j’ai dû rouler dans un faux rythme.
Je perds 21 secondes sur Olivier Giordanengo dans cette spéciale alors qu’il s’agit d’une spéciale sur laquelle j’ai déjà fait de super temps (pendant l’enduro des Portes du Mercantour 2015 et l’EWS 2016). Un petit arrêt au stand bien mérité et un petit nettoyage des égratignures par le Doc, Brice, et nous voilà reparti en direction de la fameuse spéciale des Terres grises ! Je sais que ça va être dur, mais je commence à connaitre à force de venir courir ici.
Je m’en sors super bien avec un chrono tout proche de celui du local, Giordy, c’est plutôt bon signe ! La journée se termine par une SP très complète et physique. De quoi se mettre bien avant la pizza promise par Ash au centre de Guillaumes.
De retour à Valberg, je dois m’emmitoufler dans ma tente, sous mon duvet avec un pantalon et un hoodie ; dur à croire quand les autres se promènent en tongs et torse-nus. Marco, lui, choisit l’option douche au jet d’eau… Le paracétamol conseillé par le Doc m’a fait du bien mais je resterai fiévreux une bonne partie du lendemain encore.
Coté chrono, grâce à mes 2 dernières spéciales rapides, je limite la casse sur Marco (2 secondes plus rapide que moi). Giordy nous impressionne en remportant la journée.
Bilan : 4 heures et 52 minutes sur le bike, 47 kilomètres, 1620 m de D+ et 2860 de D-
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Jour 4 Valberg – Valdeblore
Encore des spéciales de dingo au programme aujourd’hui dans des décors majestueux. Les fameuses Terres Rouges de l’Enduro des Portes du Mercantour. Je suis un peu inquiet car ce trail, bien que magnifique est assez exposé et surtout il est difficile d’y naviguer ! Au final, aucun problème, le balisage était top et on s’est régalé.
Je me paye même le luxe de battre Girody sur un terrain qu’il connait très bien. Nous sommes un peu surpris, car connaitre est vraiment d’une grande aide sur ce genre de trail.
Après la magnifique liaison, nous arrivons à la spéciale qui sera peut être la plus courte de la semaine, juste avant le ravito de midi. Je me suis laisser partir pour une petite sieste à l’ombre et sous le chant des cigales. Ça n’a pas été très porteur de succès puisque j’ai été assez mauvais sur cette spéciale assez lente, fuyante et enchainant épingle sur épingle très technique.
Marco a, quant à lui, rencontré des difficultés mécaniques dans la première spéciale et a perdu beaucoup de temps. Je ne le savais pas, mais à la pause du midi, j’avais repris la tête de la course.
Ça n’aura pas duré longtemps, car malgré des sensations correctes dans les 2 dernières spéciales de la journée je réalise des temps moyens par rapport à la concurrence. Mise à part ma performance moyenne, les trails étaient incroyables ! Malgré les orages qui ont éclaté sur les sommets à proximité, nous avons eu le droit à de magnifiques panoramas.
Au final, Giordy remporte sa 2ème journée d’affilée, chapeau bas ! Et le tout sans avoir profité des spéciales qu’il connaissait !
Une belle récompense de fin de journée au PMU de Saint Sauveur sur Tinée.
J’adore cette photo qui résume bien quels étaient nos principaux supporters tout au long de la semaine dans ces atmosphères lourdes et orageuses. Coté chrono, je reprends 10 secondes à Marco. Giordy reprend une bonne partie de son retard. Je suis de mon côté déçu de ne pas avoir été dans le coup dans les deux dernières spéciales du jour. Je n’ai d’ailleurs pas d’explications car le feeling était bon…
Bilan : 3 heures et 25 minutes sur le vélo et 34 kilomètres pour 1055 m D+ et 2945 m D-
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Jour 5 Valdeblore – Sospel
Départ en mode Transvésubienne, ça me rappelle de bons souvenirs tout ça même si on s’en écarte assez rapidement au niveau des granges de la Brasque. La journée démarre avec deux spéciales très physiques et il me semble que c’est bien plus glissant et cassant que les autres années… Une chose est sûre : c’est toujours aussi physique !
On ajoute à tout cela une chaleur toujours aussi écrasante et les moindres coins d’ombre pris d’assaut, à l’image de cet abri en bas de la 1ère spéciale du jour.
La deuxième spéciale est également très physique avec une première partie quasi plate. La suite devient plus glissante et vraiment cassante. Les organismes commencent à souffrir, il a été dur de garder le rythme jusqu’en bas tant les mains et avant-bras chauffaient aussi.
Avec l’arrivée à Lantosque, l’atmosphère se « Méditerranéise » et la chaleur est étouffante !
Heureusement, on reprend de l’altitude en navette en direction du col de Turini pour les deux dernières spéciales de la journée et la fameuse de l’Escarène au terrain ultra fuyant, tout aussi physique que les autres années. J’ai même du faire preuve d’un peu de prudence pour ne pas casser de matos avant la dernière journée. Certains ont été moins consciencieux et ont eu du boulot le soir !
Côté chrono, je gagne les deux premières spéciales avec peu d’avance et Marco s’occupe des deux suivantes. Il reprend 8 secondes de plus aujourd’hui. On n’arrive décidément pas à se départager. La bagarre aura lieu jusqu’au dernier jour, aucun répit !
Bilan : La plus grosse journée de la TransProvence avec 65 kilomètres, 5 heures et 10 minutes de bike pour 1255 m de D+ et 3800 m de D- !
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Jour 6 : Sospel – Menton
D’entrée de jeu, nous avons eu droit à deux nouvelles spéciales. La forêt de Sospel est vraiment pleine de ressources ! Ça fait du bien de retrouver un peu de terre et de fluidité car plus on se rapproche de la mer plus ça frappe sur les trails des Alpes-Maritimes !
De retour à Sospel pour la pause repas, on repart pour les deux dernières spéciales, Ash nous ayant concocté une liaison aux petits oignons avec un superbe trail à parcourir pour la remontée. On arrive ensuite à l’avant dernière spéciale, qui pourra être décisive. La forêt de Menton est une spéciale physique, avec pas mal de navigation, des changements de direction pas évident à gérer. Nous finirons finalement dans la même seconde avec Marco, c’est incroyable : je ne lui aurai pris que deux secondes ce matin au total des deux premières spéciales. A ce rythme ça va prendre du temps !
Il me bat de 3 secondes dans la dernière et remporte donc la journée et le général. Quelle bataille !
Le moment crucial dans l’attente de voir son temps s’afficher ! J’avais été bon en prenant 52 secondes à Olivier sur la journée, il y avait donc un peu de tension !
Quelle superbe aventure une fois de plus. Un grand merci et toutes mes félicitations à toute l’équipe d’organisation ainsi qu’aux autres concurrents. C’était dur cette année, donc bravo à tous ceux qui sont allés au bout.
Au total, c’est donc, 23 heures et 40 minutes effectives passées sur le vélo pour 291 kilomètres et 24 spéciales de folie ! »
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Les superbes photos de la course sont signées Duncan Philpott, Sven Martin, Sam Needham et Gary Perkin. Sur ce plan, la Trans-Provence se distingue de bien des courses.