Test⎜Lapierre GLP 2 Elite : inclassable, performant et attachant
Par Olivier Béart -
Le Lapierre GLP2, c’est avant tout un vélo taillé pour la course. Il a gagné en enduro e-bike aux mains de Nico Vouilloz, et c’est aujourd’hui l’arme avec laquelle Jérôme Gilloux est allé décrocher son deuxième titre de champion du monde e-bike aux Gets, sur un format plutôt XC sprint. Pour cela, la marque a fait des choix techniques radicaux, qui rendent ce vélo complètement atypique dans le paysage VTT actuel. Mais est-il aussi adapté à un public plus large, hors de tout usage compétitif ? C’est ce que nous avons voulu voir en testant la version Elite qui constitue l’entrée de gamme dans la famille GLP2. Verdict :
Le Lapierre GLP2 est sorti en 2020, actualisant un vélo déjà assez radical. Car, dans la gamme Lapierre, ce modèle se veut pointu, radical. C’est vrai sur le plan technique, mais cela se voit aussi au niveau de son look, puisque c’est clairement la fonction qui a dicté la forme. Et si la marque française peut se permettre des choix aussi tranchés, c’est aussi grâce à l’étendue de sa gamme Overvolt électrique : il y en a pour tous les gouts, notamment ceux qui préfèrent un modèle moins clivant et/ou offrant une batterie intégrée.
Début 2020, nous avions eu l’occasion de découvrir le vélo en compagnie de Nicolas Vouilloz « himself », sur ses terres, dans le sud de la France (voir notre article ici : Test nouveauté | Lapierre GLP2 : radicalement accessible !). Mais il s’agissait de la version haut de gamme et, depuis, nous n’avions pas encore eu l’occasion de réaliser un véritable essai à son guidon. Nous avons donc profité de la disponibilité d’un Lapierre GLP2 Elite pour essayer la version la plus accessible de la gamme sur nos terrains de jeu habituels et lors d’un séjour à Finale Ligure.
Châssis, moteur et batterie
Mais que peut bien valoir ce châssis conçu par le multiple champion du monde sur une version plus accessible ? Recentrage et abaissement maximal des masses : le programme de ce GLP2 Elite est le même que son grand frère. Et pour cause, le nom en dit long sur la philosophie de la machine : Gravity Logic Project.
Pas de différence au niveau du cadre : la version Elite est en tout point identique à la version team, avec un cadre 100% carbone, bras arrière compris. Vu que le poids est un élément important dans la performance, ce choix est tout à fait logique. Mais sur un e-bike, le cadre n’est pas l’élément sur lequel on peut gagner le plus de poids. C’est seulement une pièce du puzzle.
Un choix radical et assumé a été fait un niveau de la batterie. Dans une époque où l’intégration est reine, Lapierre demeure le vilain canard ! La marque française a fait le choix de conserver une batterie non-intégrée, nettement plus compacte que la version Powertube, plus fine mais plus longue puisque destinée à s’insérer dans le tube diagonal. Cette batterie non-intégrée permet le placement à un endroit stratégique au niveau du centrage des masses, ce qui aurait été impossible avec la version Powertube intégrée. Petit bémol par contre : il n’est pas possible de placer un porte-bidon sur cette machine…
Il nous faut également préciser que cette version non-intégrée de la batterie a un sacré avantage au niveau du poids : à capacité égale (500 Wh dans notre cas), la Powertube est 400g plus lourde que la batterie non intégrée. Cela fait encore plus sens lorsque l’on se rappelle que le souhait de Lapierre et du multiple champion du monde était de faire un vélo au comportement « vif et léger ». Et pour y arriver, alléger et centrer les masses sont des éléments clés.
Côté motorisation, le Bosch Performance CX est une référence quand il s’agit de couple, de puissance et de comportement « pêchu ». Plus compact que son prédécesseur qui équipait le GLP de première génération, il a été le centre de l’attention lors de la conception de ce modèle. Il a permis de descendre un peu plus encore le centre de gravité et, encore une fois, de gagner de précieux grammes. Au final, complet dans cette version Elite, le vélo ne pèse que 21,5kg en taille M, ce qui est un poids habituellement réservé à quelques modèles haut de gamme… parfois équipés de quelques pièces trop légères et pas vraiment roulables. Ce qui n’est pas le cas ici.
Même si, comme nous l’avons évoqué plus haut, c’est clairement la fonction qui a dicté la forme, le design n’a pas pour autant été oublié lors de la conception de ce modèle. Malgré le choix de la batterie non-intégrée, Lapierre présente un vélo au look atypique et plutôt racé. Une réflexion a été faite sur l’intégration, certes non pas matérielle, mais visuelle de cette batterie. A nos yeux, le résultat est plutôt réussi, la batterie a trouvé sa place au sein d’un cadre aux lignes tendues, qui est joliment mis en valeur par un choix de couleurs bien pensé afin d’alléger le visuel de ce LGP2.
Suspensions
Si, comme sur les versions antérieures du Lapierre GLP, la suspension arrière conserve le principe de 4Bar Linkage, l’équipe de développement a retravaillé la biellette et son positionnement lors de la sortie de ce GLP2. L’intérêt était d’arriver à un ratio plus réduit de sorte à mettre moins de contraintes sur l’amortisseur. Celui-ci mesure 205mm de long pour 60mm de course, soit 5mm de moins que le précédent en longueur totale, mais 10mm de plus au niveau de la course du piston.
Afin d’obtenir une valeur d’anti-squat plus élevée, favorisant le pédalage en limitant les mouvements de suspension dans ces phases-là, Lapierre a placé le point de pivot principal juste au-dessus du haut des dents du plateau.
Rockshock est aux manettes en ce qui concerne les suspensions. C’est une fourche Zeb RC en 170mm de débattement que l’on retrouve à l’avant, tandis que l’amortisseur est un Superdeluxe Select +, offrant 160mm de débattement à l’arrière. Concrètement, même s’il ne s’agit pas des versions Ultimate qui culminent en haut de la gamme RockShox, cet ensemble est déjà très performant et on dispose de tous les réglages nécessaires. Bref, à ce niveau, pas de quoi regretter la version haut de gamme.
Géométrie
La géométrie laisse transparaitre une influence provenant du monde de l’enduro, auquel Nicolas Vouilloz n’est pas étranger. Au-delà d’être un pilote rapide, le sudiste est un très fin technicien et metteur au point qui a su insuffler ces nouvelles inspirations de géométrie à son projet de LGP2 : le reach est plutôt allongé (454mm en taille M) et l’angle de direction est relativement couché (65°).
On retrouve également un angle de tube de selle à 76° afin de favoriser le comportement en montée, et un boîtier de pédalier relativement bas, combiné à des manivelles plus courtes (165mm en taille L/XL) pour pouvoir pédaler sereinement sans risque de taper partout..
Equipements
Le Lapierre GLP2 dans sa version Elite est doté de composants performants mais moins luxueux que son confrère plus haut de gamme. Cette version qui se veut plus « entrée de gamme » est tout de même affichée à 6499€. Si cela reste un sacré montant, un rapide coup d’oeil sur la concurrence nous rappelle que peu d’entre eux offrent un cadre tout carbone aussi raffiné à ce prix. Et nous allons voir que l’équipement est très cohérent.
Au niveau des roues, Lapierre a fait le choix d’un montage dit « mulet », à savoir une roue en 27,5+ à l’arrière combinée à une 29″ à l’avant. Encore une fois, le but est d’abaisser le centre de gravité et d’avoir un vélo plus maniable/joueur. C’est un peu juste niveau dégagement, mais il est possible de monter une roue de 29″ à l’arrière pour un usage plus orienté « trail » qu’enduro. C’est d’ailleurs comme cela que roule Jérôme Gilloux.
Côté montage, on retrouve un Magic Mary en 2.5 à l’avant sur une jante de 33mm de largeur interne, et un Big Betty en 2.8 en l’arrière monté sur une roue de 35mm de large dans l’idée de maximiser la traction. Ces pneus sont parfaits pour un programme engagé, mais un peu gourmands en énergie pour ceux qui veulent maximiser l’autonomie de la machine. En usage engagé, les crampons latéraux ont aussi tendance à s’user rapidement, voire même à se craqueler pour finir par se détacher. Une maladie bien connue des pneus Schwalbe. Par contre, nous n’avons pas eu de crevaison à déplorer tout au long de notre test, même lors de sorties bien rudes dans la caillasse de Finale Ligure.
Là où la version Team bénéfice de jantes carbones Lapierre, il s’agit ici d’une paire de jantes en aluminium de la marque. Comme pour les suspensions, nous n’avons pas eu l’impression d’être pénalisés par ce choix. Précises, rigides et solides tout en étant assez tolérantes, les roues du GLP2 Elite ne méritent que des éloges. Seul regret, l’aimant indispensable au fonctionnement du moteur est fixé de manière sûre mais vraiment pas discrète sur les rayons. En 2022, c’est le genre de chose qu’on aimerait voir disparaître.
Du côté de la transmission, elle est entièrement assurée par Shimano avec un groupe XT, à l’exception de la cassette qui est une SLX. Ce groupe fiable et précis a tout son intérêt face à un XTR qui semble relativement inutile sur un e-bike et sur lequel certains allègements sont même contre-productifs. C’est un plateau classique en 34 dents que l’on retrouve à l’avant, couplé à un pédalier E13. Simple et efficace.
Pour les freins, Lapierre a fait confiance à Shimano avec les biens connus XT 4 pistons, déjà largement plébiscités. Quant aux disques, il s’agit aussi du modèle XT Ice Tech (technologie favorisant le refroidissement). Cela peut sembler normal, mais nous avons constaté que certaines marques font des économies sur ce poste, et cela a tendance à se ressentir au freinage. Ici, c’est constant et efficace.
Finalement, côté composants, Lapierre équipe le GLP2 Elite de composants maison. On retrouve notamment un ensemble cintre et potence en aluminium de la marque française, ainsi qu’une tige de selle télescopique, dont le débattement varie avec la taille (125 mm en taille S, 150 mm en tailles M/L et 175 mm pour XL). Une fois encore, rien de luxueux, mais nous n’avons rien trouvé à redire sur ces accessoires.
Lapierre GLP2 Elite : le test terrain
Le Lapierre GLP2 est un vélo que nous avons pris beaucoup de plaisir à retrouver. Même si ce n’est plus une nouveauté et si beaucoup de concurrents ont sorti des modèles très intéressants depuis lors, le GLP2 reste un ovni particulièrement performant… et aussi très attachant.
Clairement, même si Jérôme Gilloux en a fait un vélo plus orienté XC avec quelques modifications (dont une roue arrière de 29″), c’est sur des tracés engagés et typés enduro que cette version Elite de série nous a semblé la plus à l’aise et la plus pertinente.
Un usage plus calme du GLP2 est aussi possible car la machine sait se montrer confortable et conciliante, mais c’est clairement sur des parcours accidentés qu’il révèlera tout son énorme potentiel.
Ce qui marque d’emblée, c’est la facilité avec laquelle on peut lever la roue avant. Rassurez-vous, quand il s’agit de virer, on peut facilement charger la proue pour avoir du grip. Mais quand on veut sauter, faire un bunny-up ou quand il faut être très mobile sur le vélo pour se jouer des reliefs sur des traces chaotiques, ce GLP2 n’a tout simplement pas de rival à nos yeux.
Il n’y a pas de secret et les choix techniques radicaux permettant un centrage des masses optimal paient. Au-delà de son poids, très intéressant pour un e-bike de ce tarif, il donne une vraie sensation de légèreté et d’agilité qui le rend extrêmement efficace, mais aussi fun à piloter.
Et ce n’est pas tout : cerise sur le gâteau, cela le rend aussi très accessible et facile à piloter pour des bikers moins aguerris, qui ne seront certainement pas aidés par un e-bike lourd et rivé au sol comme trop de modèles le sont hélas. Ici, rien de tout cela, et cela met tout de suite en confiance.
Les suspensions très efficaces mettent bien en valeur les qualités du vélo, même si les pilotes les plus exigeants auront peut-être envie de changer l’amortisseur pour un modèle « coil » ou à air plus gros car le Super Deluxe a tendance à chauffer et à se durcir dans les très longues descentes engagées. A l’avant par contre, aucun souci avec la ZEB !
Et en montée, cela donne quoi ? On pourrait s’imaginer que les très grandes qualités du GLP2 imposent quelques concessions quand la pente s’inverse, mais il n’en est rien. Attention tout de même : il y a beaucoup de poids sur l’arrière, et le pilote doit se montrer plus actif que sur d’autres vélos afin de bien plaquer l’avant au sol. A ce niveau, nous conseillons d’ailleurs de rouler avec la potence au plus bas pour bien charger la proue. Même en descente, cela nous a semblé un bon choix.
Moyennant cette petite précaution, on bénéficie d’un gros grip de la roue arrière, ainsi que de la puissance et du couple du moteur Bosch pour venir à bout des pires ascensions. Une fois encore, la maniabilité du vélo est un atout quand il faut se faufiler et choisir ses trajectoires au millimètre dans des ascensions très techniques. Dans les montées plus roulantes, il sait aussi se montrer agréable, même si ce n’est pas là qu’il va vraiment se démarquer.
Reste une grande question, celle de l’autonomie avec la petite batterie de 500Wh. Eh bien grâce à son poids contenu et à ses bonnes facultés de pédaleur, il n’est absolument pas ridicule ! Sa zone de confort, ce sont des sorties bien engagées autour de 30/35km, et on peut monter jusque 50 bornes sur des parcours mixtes. Côté dénivelé, tablez sur 1000/1100m si les côtes sont majoritairement raides, et on peut monter jusque 1500m s’il y a un mix d’ascensions roulantes et techniques. Au pire, la batterie Bosch non intégrée étant plutôt compacte et légère, il est tout à fait envisageable d’en emporter une deuxième dans un sac si on souhaite faire des sorties plus longues.
Sur ce point (et sur d’autres aussi), nous vous invitons d’ailleurs à prolonger la lecture de ce test en regardant ci-dessous la vidéo de notre trip entre Finale Ligure et la ville voisine de Noli, où nous avons enchaîné les spéciales mythiques et les remontées à la pédale, avec plus de 1400m de dénivelé bien velu ! Et on peut vous dire que le pilote était à plat avant la batterie…
Conclusion
Atypique, clivant, le Lapierre GLP2 reste à ce jour un des vélos à assistance électrique les plus marquants et les plus réussis que nous avons eu l’occasion d’essayer. Chaque choix technique prouve sa justesse et sa pertinence sur le terrain pour en faire un vélo incroyablement performant mais aussi incroyablement amusant. Cerise sur le gâteau, il ne réserve pas ses charmes aux seuls pilotes chevronnés, puisqu’il fait preuve d’une grande facilité de prise en main. Il sait aussi mettre le pilote en confiance, ce qui incite à tenter de nouvelles choses, à se dépasser. Une belle réussite et un gros coup de cœur confirmé par cet assai plus longue durée.
Plus d’infos : https://www.lapierrebikes.com/fr-fr/o/overvolt-glp-2-elite-2022/