Test | Superior XC 800 custom : un montage carte à 999€, c’est possible !

Par Olivier Béart -

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Test | Superior XC 800 custom : un montage carte à 999€, c’est possible !

Quand on a un petit budget, autour de 1000€, on n’a que très rarement le luxe de pouvoir customiser son vélo dès le départ, avec des équipements qui, sans être luxueux, sont simplement juste vraiment adaptés à sa pratique, ou en pouvant faire des choix qui collent vraiment à ses envies, en mettant son budget plus dans tel ou tel aspect du vélo. Partant de ce constat, une petite structure située à la frontière franco-belge a décidé de sortir du rang en proposant des montages personnalisés très accessibles sur base de cadres de la marque Tchèque Superior. Nous avons testé un semi-rigide monté pour optimiser un budget de 999€ :

 

L’histoire de ce test a commencé quand nous avons été contactés par Erwin Calonne, en charge de OuiCoop/Custom Bike4Win (Cb4w), une petite structure coopérative à finalité sociale qu’il a montée dans le sud-ouest du Hainaut, en Belgique, non loin de la frontière française. Ce n’est pas sa seule activité au niveau vélo, mais en tant que passionné, son idée de proposer des montages à la carte pour des petits budgets nous a semblé aussi atypique qu’intéressante, et c’est comme cela que nous nous sommes retrouvés avec ce SUP XC 800 custom à la rédaction.

Avant de rentrer dans le vif du sujet avec le vélo spécifique qui nous a été confié, signalons que, toujours dans cette démarche de qualité à petit prix, Erwin Calonne fouine énormément sur le Net et dans les fin de séries pour dégoter des cadres de qualité à prix bradés, qu’il monte de la manière qu’il juge optimale pour garder des budgets modérés (le plus souvent autour de 1000€). S’il travaille prioritairement avec Superior, des montages sur base d’autres marques sont aussi possibles, ainsi que des personnalisations sur des modèles plus pointus du catalogue SUP (fulls, carbone, etc). Dans le cadre de OuiCoop, coopérative qui veut promouvoir les économies d’énergie et les modes de mobilité alternatifs, des formules de leasing tout compris sont aussi proposées et on peut par exemple rouler sur le Superior que vous voyez ici pour moins de 40€/mois, entretiens compris.

Châssis

La base, c’est un cadre en aluminium 6061 double butted de la marque tchéque Superior, dont le nom vous dit peut-être quelque chose puisqu’elle a été pendant plusieurs années partenaire du team de Bart Brentjens et qu’on voit toujours leurs vélos en coupe du monde actuellement.

Il s’agit d’un petit hardtail sans prétention mais dont le cadre nous a agréablement surpris par sa finition. On retrouve des haubans très fins pour apporter un peu de confort, un passage des câbles et gaines semi-intégré, ainsi que quelques autres petits détails bien pensés.

Géométrie

La géométrie reste classique pour un hardtail en roues de 29 pouces, ce qui se remarque notamment à son angle de direction de 70°. Le côté randonneur se manifeste quant à lui au niveau du reach très court, de seulement 407mm en taille L ; valeur qu’on rencontre plutôt sur des petits M voire des S à l’heure actuelle. Les bases en 445mm ne battent pas non plus des records mais auront tendance à donner un vélo un peu moins pointu et plus facile en côte.

Equipements

Comme les Tchèques ne vendent pas de cadres seuls, Cb4w part d’un vélo complet qui est upgradé. C’est plus précisément le Superior XC869 qui sert de base. Les pièces démontées servent de réserve ou sont revendues, puis remplacées par d’autres plus adaptées à un usage régulier, voire intensif. Voyons justement plus en détails ce qui a été modifié (à peu près tout en fait) et pourquoi.

Le premier point, c’est la transmission. Du 3×9 d’origine, on passe ici sur du mono-plateau en 11 vitesses avec un mélange de Shimano et, plus original, de composants provenant de l’équipementier italien Miche. Vu le tarif, c’est intéressant de retrouver un dérailleur XT, combiné à une commande SLX, qui offrent un fonctionnement fluide et des performances supérieures au montage Deore/Altus du vélo d’origine.

Le passage au mono-plateau se fait avec un pédalier Miche alu bien fini et à l’esthétique valorisante, couplé à une cassette de la même marque en 11/46. Moins chère, plus légère (ses derniers pignons sont en alu) et mieux étagée qu’une Shimano équivalente, elle se présente sur papier comme une alternative très intéressante même si, sur le terrain, nous avons été moins emballés.

Au niveau du train roulant, il y a aussi une grosse évolution. Avec le passage sur des roues Miche, on gagne un peu au niveau du poids, mais surtout on dispose de vraies jantes compatibles tubeless et de moyeux équipés de roulements annulaires de qualité choisis par Cb4w pour leur durabilité. On reste sur des axes de 9mm dont le choix en 29″ est de plus en plus restreint. Les jantes restent étroites (21mm) mais, comme vous le verrez plus loin, cet ensemble nous a très agréablement surpris.

Au niveau des pneus, bel upgrade aussi en passant sur l’excellent combo Racing Ralph/Racing Ray en 2.25. On reste sur la version Performance qui n’est pas le haut de gamme, mais on est déjà sur une paire de pneus au dessin redoutablement polyvalent et sur des gommes de belle qualité.

La fourche Suntour XCO basique d’origine est remplacée par une RockShox XC30 qui, sans avoir le raffinement des modèles haut de gamme de la marque, offre tout de même une consistance de fonctionnement et un maintien hydraulique nettement supérieurs à l’équipement de série ; ce qui permet d’envisager de s’aventurer sur des terrains plus variés et de rouler plus rapidement et sportivement.

Au niveau des freins, les Shimano MT200 hydrauliques en disques de 160mm sont maintenus.

Pas de folies ni de gros changements non plus sur les accessoires comme la potence, la tige de selle ou le cintre qui restent d’origine car ils donnaient satisfaction, mais Cb4w a par contre travaillé sur les points d’appui. On trouve hélas souvent une selle et des grips de piètre qualité sur beaucoup de vélos, y compris haut de gamme, et ici on retrouve une SDG Bel Air au niveau de la selle et des poignées en silicone d’épaisseur moyenne. Ces dernières sont un produit générique mais de qualité très proche de l’original ESI Grip.

Budget et comparaison au modèle de série

Au final, sur base d’un vélo affiché un peu moins de 700€ de série, on reste tout juste sous la barre symbolique des 1000€ avec tous les upgrades (999€). Le poids passe de 14,3kg à à peine plus de 12kg, ce qui fait une fameuse différence. Une question vient inévitablement à l’esprit : à ce tarif, on se rapproche fortement du modèle supérieur de la gamme, le XC919, doté d’un cadre plus léger et dont le premier montage est affiché à 1069€.

A cela, Cb4w répond que, d’une part, plusieurs équipements du 919 sont moins raffinés que sur son 869 custom. On n’a effectivement pas les petites touches confort/light comme la selle haut de gamme ou les grips silicone légers ou encore les pneus plus performants, mais surtout on a un cadre à vocation nettement plus sportive, moins confortable (le cadre lui-même mais aussi la tige de selle en 31.6 contre 27.2 ici) et doté d’une géométrie plus pointue (angle de direction de 71,5, bases plus courtes et reach allongé) qui le rendent moins adapté à un usage rando/rando sport. Or, le but est justement de se dire que ce n’est pas parce qu’on n’est pas un compétiteur dans l’âme ou un chasseur de moyenne qu’on n’a pas droit à un vélo un peu plus haut de gamme.

Superior XC 800 Custom : le test terrain

On l’avoue, nous avons souvent la chance de rouler sur des vélos haut de gamme avec des équipements aux petits oignons. Nous roulons aussi de moins en moins souvent en semi-rigide. Mais quand il est arrivé à la rédac, ce Supérior monté à la carte nous a quand même donné vraiment envie de le rouler et il n’est pas resté longtemps au clou, effectuant même ses premières sorties avant des vélos bien plus tendance et luxueux.

Il faut dire que le concept est intéressant et que nous avions hâte de voir ce qu’un vélo de moins de 1000€ avec un montage bien senti pouvait donner. Et le résultat s’est avéré à la hauteur de nos attentes, même si nous avons identifié quelques points qui mériteraient encore un petit investissement supplémentaire pour doper l’agrément.

Quand on enfourche ce Supérior XC 800, cela saute aux yeux que la position est plutôt rando et que le cadre est moins profond que ce qu’on rencontre le plus souvent aujourd’hui, mais l’ensemble est vraiment agréable et on se rend compte que, sans être trop droit et sans que cela n’ait rien à voir avec un vélo hollandais, on est sur une machine qui n’exige pas une souplesse dorsale ou des cervicales dignes d’un contorsionniste.

La direction est précise, le vélo est maniable, avec une belle vivacité dans les changements de direction. Sur ce genre de modèle, vu l’usage auquel il se destine, les axes de roues en 9mm et la fourche ne semblent pas vraiment manquer de rigidité. On n’est pas assez placé dans une position et un esprit d’attaque pour le sentir.

Si le vélo est facile et accessible, ici, quand on flirte avec les limites, c’est plus dur de se rattraper.

On peut quand même attaquer un peu fort à son guidon, il nous a donné envie de le faire, et nous nous sommes bien amusés, mais nous avons aussi bien vu ce qu’une géométrie contemporaine avec un angle avant plus couché et un reach plus long peut apporter car, si le vélo est facile et accessible, ici, quand on flirte avec les limites, c’est plus dur de se rattraper et il nous est arrivé de voler au sol – toujours sans gravité – car nous n’avons pas réussi à rattraper une situation délicate. Dans laquelle, il est vrai, nous nous étions mis tout seuls comme des grands, mais que nous avons l’habitude de réussir à rattraper avec des vélos à la géométrie plus engagée, y compris des hardtails de XC.

Le confort est un point important à nos yeux sur ce segment. Le travail sur les points d’appui est immédiatement perceptible. La selle SDG Bel Air est parfaite et conviendra tant à des fessiers bien tannés qu’à d’autres plus sensibles. Idem pour les grips silicone qui offrent douceur, amorti et accroche. Très bien vu !

Après, au niveau du châssis, on est sur un semi-rigide alu. Donc, pas de miracles, ça tape un peu, mais les haubans très fin du cadre, les roues et les pneus tubeless aident à obtenir un minimum de douceur qui évite de se fatiguer trop vite ou de perdre le contrôle dans les portions plus techniques ou des descentes plus raides.

A l’avant, la RockShox XC30 fait bien le job à basse vitesse et même quand on pousse un peu plus sur les pédales, mais quand on commence à envoyer en descente et à lâcher les freins, on peut la sentir aller vite au fond de son débattement et se tordre dans les appuis. En parlant de freins, les MT200 sont dans la même veine : corrects et agréables, mais ils peuvent aussi montrer leurs limites en usage intensif. Pour des pilotes plus lourds, un disque avant en 180mm ne sera pas superflu. Et si on a 200 ou 300€ de budget en plus pour passer directement sur des modèles un peu plus haut de gamme (RockShox Recon et freins Deore par exemple), voilà deux points où cette somme additionnelle pourra être bien investie.

Le passage sur une transmission 1×11 est sans aucun doute une des plus belles évolutions sur ce montage. Que ce soit pour un biker avec plusieurs années de pratique ou un débutant, cette simplicité est un tel plaisir qu’on ne veut plus s’en passer. On va même plus loin : c’est un must pour des pratiquants peu aguerris, qui peuvent ainsi se focaliser bien plus sur leur pilotage que sur le fait d’éviter les croisements de chaîne ! Si le pédalier Miche est sans reproche, la cassette a par contre un shifting juste correct, loin de Shimano.

Enfin, les roues se sont avérées assez surprenantes. Dans son ensemble, le rendement du vélo est excellent. Nous ne nous attendions pas à ce qu’il soit si facile en côte, et si le cadre n’y est pas pour rien, cela nous semble aussi venir des roues. Elles nous ont aussi séduits par leur homogénéité, leur bonne rigidité latérale assortie d’une certaine tolérance qui facilite la tenue de cap quand ça tabasse. Les pneus Schwalbe Racing Ralph et Ray sont aussi parmi nos chouchous dans leur catégorie.

Verdict

A 1000€, on est sur un budget nettement plus élevé que le modèle d’origine, proposé à moins de 700€. Mais on reste sur un montant très raisonnable et surtout pleinement justifié. Les améliorations effectuées portent leurs fruits et ce Supérior XC 800 Custom offre des prestations et une qualité perçue qui n’ont plus rien à voir avec l’original. Pour celui qui n’a pas la possibilité de dépenser plus mais qui est tout de même exigeant et attentif aux détails, ce modèle custom offre une vraie cohérence, de l’homogénéité et sans aucun doute beaucoup plus de plaisir. Surtout, on s’affranchit ici de toute une série de petits détails qui peuvent vite s’avérer frustrants ou énervants sur bon nombre de vélos de grande série. Bien sûr, il existe mieux, plus raffiné, plus pointu, plus précis, plus tout, mais plus cher. Beaucoup plus cher. Ici, sur le plan du fameux rapport qualité/prix et surtout de l’homogénéité, le travail de Cb4w porte ses fruits. Pour ceux qui en ont la possibilité, nous vous conseillons néanmoins de mettre un peu plus dans la fourche et aussi éventuellement dans les freins car il y a encore moyen de faire un gros bond sur ces deux points. Et comme on est dans le cadre d’une customisation, tout est possible et chaque choix mérite discussion. Ce test aura en tout cas eu le mérite de montrer que quel que soit le budget, avoir un vélo unique, le sien, est le meilleur moyen de prendre du plaisir !

Superior XC 800 Custom by Cb4w

999€

12,125kg(sans pédales, tubeless)

  • Upgrades pertinents et efficaces (tubeless, 1x11, appuis,...)
  • Roues agréables et performantes
  • Cadre bien fini, parfaitement adapté à la rando sport
  • Rapport qualité/prix/homogénéité de l'ensemble
  • Fourche ok pour usage rando, mais pas plus
  • Shifting de la cassette manquant de précision
  • RAS

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParOlivier Béart