Test | Specialized Epic Expert : un classique revisité - Specialized Epic Expert : le test terrain

Par Olivier Béart -

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Test | Specialized Epic Expert : un classique revisité - Specialized Epic Expert : le test terrain

Specialized Epic Expert : le test terrain

Après avoir fait connaissance avec tous les détails qui font la spécificité du nouveau Specialized Epic Expert, il est temps de passer aux commandes. Et c’est au jeu du test longue durée que nous nous sommes prêtés, puisque cet Epic nous accompagne, nos testeurs et nous, depuis près de 6 mois, histoire de l’éprouver également au niveau de la fiabilité.

Par contre, on a cherché un peu plus sur la fourche et il est dommage que Specialized livre ses vélos avec un seul volume spacer dans la chambre d’air de la SID, alors que deux permettent de dégonfler un peu et d’avoir plus d’onctuosité sur les petits chocs. Une fois cette modification faite, on se rend compte que, à l’avant comme à l’arrière, le Brain se fait presque totalement oublier. La précédente génération était déjà très au point, et on ne peut pas parler d’évolution marquante, mais Specialized a encore une fois réussi à raffiner son système, et le résultat final est plus que probant !

Le seuil de déclenchement du Brain est presque insensible, mais avoir une suspension automatiquement raffermie quand il n’y a pas d’obstacle et qu’on recherche le rendement maximal, cela libère l’esprit et c’est très agréable dans la mesure où cela permet de se concentrer uniquement sur son pilotage (et sur la course quand on en fait). Cela dégage aussi le poste de pilotage, et c’est quelque chose que nous apprécions aussi beaucoup. Ce concept est mûr et a encore de belles années devant lui !

Dans les accélérations et les relances, le Specialized Epic a toujours été remarquable de performance. Ici, même si la différence de poids (vélo complet) avec la précédente génération n’est pas énorme, la nouvelle cinématique et les roues carbone (même si elles sont lourdes et qu’elles ne dopent pas les sensations) donnent l’impression d’avoir un vélo avec encore un peu plus de tonus et de vivacité. De tous les vélos que nous avons testés, c’est sans aucun doute le full qui offre les meilleures sensations de rendement sur le marché actuel, devant le Spark, et un cheveu devant des bestioles turbulentes comme l’Orbea Oiz et le Cannondale Scalpel.

Par contre, cerise sur le gâteau, ses performances sont distillées de manière très accessible. Tout d’abord, la position n’a rien d’extrême, et nul besoin d’être un compétiteur souple et hyper entraîné pour prendre du plaisir au guidon d’un Epic. Comme pour le Scott Spark RC, on peut conseiller ce vélo pour un simple randonneur sportif qui a envie de se faire plaisir avec une machine très performante et qui n’est pas tenté par des vélos plus orientés trail/confort avec plus de débattement. Et, à l’inverse, l’Epic donnera la banane aux purs compétiteurs, y compris de très haut niveau. Sa razzia de victoires sur les premières épreuves mondiales de la saison 2018 (Coupe du Monde et Cape Epic) est là pour le rappeler à ceux qui auraient un doute sur la question.

Même si la suspension devrait être, en théorie, un peu moins sensible de par la disparition du point de pivot Horst Link, le nouveau Brain compense largement et le vélo nous a paru d’un grand confort sur les petits chocs et les vibrations type ornières de tracteur. Dans une optique marathon, c’est un point important. Le cadre n’a rien d’hyper exigeant non plus, et il donne l’impression de rendre le contact avec le sol feutré, presque doux, tel un félin avançant sur la pointe des coussinets. Le grip en côte est aussi remarquable. Mais pour profiter de tout cela, il faut prendre soin et le temps de bien régler tous les paramètres, des suspensions à la pression des pneus.

Quand des chocs plus importants pointent le bout de leur nez, les suspensions rentrent vite dans le débattement, mais sans donner l’impression de s’écrouler totalement. Le contraste entre les suspensions qui se bloquent automatiquement sur les portions roulantes et qui se libèrent entièrement dans le technique est assez saisissant, mais la transition se fait en douceur et l’ensemble se montre homogène. On sent qu’il y a des années d’expérience et de petites évolutions pour arriver à ce résultat, qui n’a plus rien à voir avec les premiers Epic. Néanmoins, ce n’est pas une révolution car, malgré quelques couacs (notamment l’époque Future Shock), les suspensions de l’Epic sont déjà bien au point depuis quelques années.

Sur les petits sentiers sinueux, le nouveau Specialized Epic est une arme, mais qui se manipule avec une grande facilité. Bien plus que notre « benchmark », le Spark RC, qui demande à être brusqué un peu dans ces circonstances. L’ancien Epic était déjà hyper agréable dans les enchaînements de virages à plat, et le nouveau poursuit dans la même lignée, en ajoutant un grip encore plus facile à trouver au niveau de la roue avant. C’est un des effets tangibles de la modification de géométrie et de l’adoption d’une fourche à petit déport. On sent aussi que le vélo dégage une impression de grande sérénité dans les pierriers : il file droit, avec une roue avant qui ne subit aucun tremblement, un châssis qui se donne juste ce qu’il faut pour ne pas qu’on rebondisse partout… et au final, on vient à bout de passages qui semblaient impossibles avec un « petit » vélo comme cela.

En descente pure par contre, le nouveau Specialized Epic reste un vélo un peu plus délicat à manier, principalement à cause d’un arrière qui reste assez haut et sur lequel on sent que le freinage a bel et bien tendance à verrouiller la suspension. Sans tige de selle télescopique (qui est vraiment à recommander sur ce vélo), dur de porter le poids suffisamment sur l’arrière pour faire rentrer la suspension dans le débattement, et le poids reste assez fort porté sur l’arrière. Ici, un Spark RC reprend l’avantage, mais c’est son gros point fort. Il faut aussi composer avec un freinage un peu juste qui force à anticiper, mais on peut améliorer la situation facilement en changeant le disque avant par un 180mm.

Pistes d’évolutions

Après plusieurs mois passés à son guidon, il est apparu que le cadre lui-même est une excellente base qui ne montre pas de faiblesse et que le montage d’origine est globalement cohérent et fiable (à une ou deux exceptions près, voir plus bas). Mais plusieurs points peuvent-être améliorés au niveau de l’équipement pour mieux profiter de ce nouveau Specialized Epic. Outre le disque avant dont nous venons de parler, le tout premier investissement que nous vous conseillons de faire, c’est une tige de selle télescopique qui va permettre d’être plus à l’aise en descente et de mieux faire travailler la suspension en portant plus le poids du corps sur l’arrière.

Ensuite, un passage vers un dérailleur Sram XO1 Eagle nous semble intéressant car nous n’avons jamais eu de gros soucis avec lui, contrairement au GX qui nous a donné pas mal de sueurs froides et dont la fiabilité semble aléatoire à ce stade. Enfin, on pourra éventuellement passer à une cure d’amaigrissement, en commençant par les accessoires comme un cintre en carbone, un pédalier plus léger ou encore une cassette XO1. Enfin, même si les roues carbone d’origine sont déjà assez agréables, il y a aussi pas mal de grammes à gagner de ce côté. A un prix élevé par contre car il faudra aller dans du haut de gamme pour sentir la différence, même si un retour à l’alu en version montage artisanal soigné n’est pas une hérésie.

Verdict

Le nouveau Specialized Epic n’est pas une révolution par rapport à son prédécesseur, qui avait plutôt bien vieilli. Par contre, dans le genre « suite logique » et petites améliorations qui, mises bout à bout, permettent au petit nouveau de rester en tête de peloton, les équipes Specialized ont fait du bon boulot. Les modifications de géométrie vont dans le bon sens, la nouvelle suspension, bien que dotée d’une cinématique différente, reste parfaitement dans la lignée de ce qu’on attend d’un Epic et le résultat final est d’une cohérence et d’une efficacité remarquables. A ce jour, avec le Spark, c’est notre deuxième benchmark XC et, s’il laisse un peu de marge à son grand rival en descente, il prend la première place en matière de performances pures, d’homogénéité et d’accessibilité. La référence tient son rang et le charme opère ! Au point de susciter un coup de cœur au sein de l’équipe… et qu’un de nos testeurs s’est empressé de racheter notre exemplaire de test. C’est dire !

Plus d’infos : le site Specialized – notre présentation du Specialized Epic 2018 lors de sa sortienotre premier essai de la version S-Works

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ParOlivier Béart

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