Test | Salsa Cassidy Carbon GX : un gros jouet pour le bikepark
Par Léo Kervran -
Envie de rouler différent ? Bienvenue sur le Salsa Cassidy!Généreux en couleurs comme en débattement, le Cassidy est présenté par Salsa comme un vélo d’enduro aussi à l’aise en EWS qu’en bikepark. Un programme ambitieux, et il se pourrait bien que le Cassidy penche plus d’un côté que de l’autre… Voici notre essai :
Marque américaine basée à côté de Minneapolis (état du Minnesota, centre-nord des USA), Salsa est notamment connue pour ses gravel, vélos de voyage et fat bikes. La philosophie de la marque est portée vers l’aventure et elle propose ainsi des vélos qui se veulent adaptables, modulables. Notre machine du jour n’échappe pas à cette règle, comme nous le verrons plus bas.
Toutefois, réduire Salsa à ces seuls vélos serait une grossière erreur. La marque compte également une solide gamme VTT et si elle est peu connue chez nous, les choses sont bien différentes outre-Atlantique.
Avec 180 mm de débattement devant, 165 mm derrière et des roues de 29″, le Cassidy est son plus gros châssis. Des nombres qui peuvent impressionner le passant mais certainement pas la marque, qui avance « des prouesses de montée qui le mettent à part dans la catégorie enduro » et qu’un Cassidy « est aussi à l’aise sur un parcours EWS que sur des journées décontractées au bikepark ». A nous de le vérifier !
Châssis
Une chose est sûre, avant même d’aller rouler, le Cassidy fait tourner les têtes ! On aime ou pas mais impossible de rester indifférent devant ce choix de coloris, qui rend le vélo facilement repérable et immédiatement reconnaissable.
Comme son nom le suggère, le Cassidy Carbon GX est principalement en carbone. Oui, principalement, car il y a une petite subtilité : les bases restent en aluminium. Sur le papier, cela peut amener un peu de confort et de souplesse au triangle arrière du vélo, donc de tolérance, mais seul le terrain permettra d’en être certain. Pour l’anecdote, on notera que cette construction n’est pas spécifique au Cassidy : on la retrouve sur tous les tout-suspendus en carbone de Salsa, même ceux à petit débattement comme le Spearfish (100/120 mm).
Dans un monde où la mode est plutôt aux teintes discrètes et aux couleurs pastel, ce Cassidy GX détonne avec son explosion de couleur : du jaune bien sûr, un bon jaune canari brillant, marié à du violet et du rouge avec, pour clore le tableau, de subtiles touches de bleu clair. On vous avoue que ne nous ne sommes que moyennement convaincus par ce dernier point… En dehors de cela, la finition générale du vélo est assez simple, c’est propre mais on ne se prend pas de « claque » visuelle. On notera tout de même sa solidité, puisque mis à part un petit éclat sous l’axe de roue côté disque, elle n’a strictement rien après plusieurs mois de test.
Autre particularité du Cassidy, la possibilité d’avoir deux vélos en un, car les triangles avant et arrière sont partagés avec le petit frère Blackthorn, en 140 mm de débattement derrière et 160 mm devant. Pour passer de l’un à l’autre, il « suffit » de changer la biellette et la pièce qui la relie à l’amortisseur, l’amortisseur lui-même et bien sûr la fourche. Ça représente un joli budget et vous comprenez pourquoi on met des guillemets à « suffit », mais c’est techniquement possible et Salsa propose la documentation ainsi que les pièces nécessaires à la transformation.
Fidèle à l’esprit baroudeur de la marque, le Cassidy a été pensé pour accueillir facilement de nombreux accessoires. En plus des classiques inserts, ici placés sur le dessus du tube supérieur, on découvre ainsi un seconde espace de stockage au-dessus de l’amortisseur, recouvert d’un revêtement anti-dérapant et sécurisé par un scratch (fourni). C’est beau, c’est bien fini et surtout c’est diablement pratique car il accepte sans souci une chambre à air de grosse taille ou une pochette d’outils.
Réussies également, les protections sur les zones sensibles du vélo. Celle du tube diagonal remonte haut comme il se doit sur ce genre de vélo, celles du triangle arrière côté transmission sont de bonne facture et même le passage de roue aux niveau des bases et du bas du tube de selle est protégé des projections de la roue arrière.
Enfin, le cadre a droit à des passages internes guidés pour faciliter l’entretien, ainsi qu’à un support ISCG 05, utilisé sur notre modèle pour monter un petit guide-chaîne mais amovible si vous n’en voyez pas l’utilité.
Suspension
On l’évoquait en début d’article, le Cassidy développe 165 mm de débattement à l’arrière. Comme pour le reste de sa gamme, Salsa a opté pour une architecture Split Pivot (cf. notre lexique). Imaginé par Dave Weagle, l’une des personnes derrière les fourches Trust, ce système également utilisé par BH ou Devinci se distingue par un point de pivot entre les bases et les haubans concentrique à l’axe de roue.
Notons que si Salsa a pris soin de s’assurer que la cinématique fonctionne aussi bien sur ce Cassidy que sur le Blackthorn, la marque déconseille en revanche l’utilisation d’un amortisseur à ressort hélicoïdal : la suspension n’est pas pensée pour et manquerait alors de progressivité.
A l’avant, le Cassidy repose sur une fourche en… 180 mm, ce qui fait de lui un (très) gros vélo. Toutefois, pour celles et ceux qui souhaiteraient un avant un peu plus bas ou des débattements plus équilibrés, Salsa valide également le montage en 170 mm et indique les deux géométries sur son site.
Sur notre modèle Carbon GX, c’est Fox qui s’occupe de gérer tout ça avec un amortisseur Float X2 Performance (pas de réglages des hautes vitesses contrairement à un modèle Factory) et une fourche 38 Performance Elite, en cartouche Grip2 (identique à la Factory, mis à part pour le traitement Kashima des plongeurs).
Géométrie
La géométrie est à l’avenant du débattement : généreuse ! Avec 460 mm en taille M, le reach est dans la norme actuelle des machines d’enduro mais l’angle de direction est digne d’un vélo de DH : 63,8°. On note également des bases assez courtes (432 mm), de façon à garder un empattement « acceptable », et un tube de selle pas très droit (75,7°), signe que la montée n’est pas la première préoccupation de ce Cassidy.
Par ailleurs, et comme beaucoup d’autres vélos, le Cassidy dispose d’un petit flipchip à la jonction entre l’amortisseur et la biellette. Lorsqu’on retourne cette pièce, on redresse les angles de 0,3°, le boîtier de pédalier remonte de 3 mm et le reach s’allonge d’autant depuis la position basse décrite ci-dessus.
Equipements
Du côté des composants, il y a du bon et du moins bon sur notre Cassidy GX Eagle. Avant de rentrer dans le détail, passage sur la balance : le vélo affiche 15,76 kg sans pédales, un score assez honorable pour une machine de ce calibre.
On l’a dit, le vélo est entièrement suspendu par Fox, avec un Float X2 Performance à l’arrière et une 38 Grip2 Performance Elite à l’avant. Rien à redire là-dessus, c’est simple (une remarque plus vraie pour l’amortisseur que pour la fourche) et surtout efficace.
La transmission est du même acabit, avec du Sram GX Eagle à tous les étages (sauf le pédalier, un Truvativ Descendant 6K), en cassette 10-52 et plateau de 32 dents.
Côté freinage, Salsa a opté pour des Sram Code R, montés avec des disques de 200 mm. Comme toujours avec les Code et encore plus avec ce modèle en particulier, qui ne dispose pas du réglage de l’attaque et est de conception un peu plus simple que les versions haut de gamme, ça freine bien sous condition d’un entretien soigneux et régulier.
Le train roulant est plus surprenant : d’un côté, une monte pneumatique bien adaptée à la pratique avec un Maxxis Assegai MaxxGrip 2.5 devant et un Dissector MaxxGrip 2.4 derrière, tous deux dans une solide carcasse DoubleDown. De l’autre, des roues DT Swiss M1900 qui ne sont pas foncièrement mauvaises mais bien trop souples et légères pour ce que le vélo permet. Ce sont des roues all-mountain, pas enduro ou freeride…
Enfin, les périphériques viennent de tous les horizons : potence Salsa en 50 mm de long, cintre RaceFace Turbine R en 800 mm de large (aluminium, diamètre 35 mm), tige de selle télescopique TranzX en 150 mm de course (ajustable sur 30 mm via une entretoise crantée) sur notre taille M et selle WTB Volt 250 Comp, diversement appréciée par nos testeurs.
En somme, un équipement qu’on peut qualifier de « milieu de gamme ». Pas le plus brillant mais performant et efficace, à l’exception peut-être des roues. Malheureusement, le prix n’est pas vraiment milieu de gamme : ce Cassidy Carbon GX est affiché à 6 399 € et à ce titre, on aurait bien aimé y trouvé quelques composants un peu plus haut de gamme.
Versions et tarifs
Le Salsa Cassidy se décline en 3 montages : le SLX avec un cadre aluminium affiché à 4 099 € (suspensions RockShox Zeb / SuperDeluxe Select+), le Carbon SLX (suspensions RockShox Zeb Select+ / SuperDeluxe Select+) à 4 999 € et le Carbon GX Eagle à 6 399 € que nous essayons ici.
Enfin, pour les adeptes du montage à la carte, Salsa propose également deux kits cadre, 2 499 € pour le cadre alu avec amortisseur RockShox SuperDeluxe Select+ et 3 699 € pour le carbone, avec amortisseur Fox Float X2 Factory.
Le Salsa Cassidy Carbon GX sur le terrain
Est-il vraiment utile de parler de comportement au pédalage pour un tel vélo ? Géométrie, débattement, monte pneumatique, tout dans le Cassidy indique qu’il n’attend qu’une chose, la descente. A son guidon, on montera donc au train et sans se presser, sagement assis sur la selle. Même si 16 kg avec pédales, c’est correct pour un monstre de 180 mm comme celui-ci, cela reste loin d’être léger dans l’absolu.
D’autant plus que l’angle de tube de selle n’est pas bien droit. Les 75,7° font l’affaire pour rejoindre le sommet en passant par les pistes ou les petites routes mais il ne faudra pas compter sur le Cassidy dans le technique sur sentiers.
En descente… Ne vous fiez pas aux photos, ce n’est pas sur ce genre de terrain très naturel que le Salsa Cassidy excelle. A basse vitesse, le vélo n’est pas dynamique et la suspension ne brille pas vraiment. La géométrie met réellement en confiance et invite à lâcher les freins, ce qu’on ne se fait pas prier pour faire, mais on sent alors un certain manque de rigidité latérale dans le vélo, particulièrement sensible dans les sections les plus défoncées. Le Cassidy n’est pas un rail, il ne se pose pas comme on pourrait s’y attendre et si ça ne met pas en danger, on sent bien que ce n’est pas son terrain de jeu préféré.
Direction alors les bikeparks, pour voir ce que cela peut donner dans un domaine complètement différent. Une descente d’échauffement et c’est parti ! Dès qu’on prend un peu de vitesse, le Cassidy s’anime. Il est comme transfiguré et n’a plus rien à voir avec la machine un peu molle et inerte qu’on avait sentie plus tôt.
Avec cette vitesse, le Cassidy devient joueur, ludique et décolle même facilement. Pour reprendre un de nos testeurs, « on a envie de tirer partout et de faire du lancer de viande même sur des trucs à la c** ». Le côté peu rigide du cadre devient ici un atout en rendant le vélo très tolérant. Écarts de trajectoire, réceptions hasardeuses… Le Cassidy rattrape tout, ou presque.
La géométrie joue également un rôle dans cette sensation, en offrant au pilote suffisamment de place pour bouger et se corriger au lieu de le déséquilibrer à la moindre imprécision. On va chercher un peu plus de pente pour voir si ce constat tient toujours mais les limites du vélo sont loin, très loin. C’est sûr qu’avec 63,8° d’angle de direction, plus grand chose ne fait peur…
Seul petit bémol, la suspension arrière manque un peu de progressivité et offre des performances un peu en retrait par rapport à l’avant sur les plus gros chocs. Un amortisseur plus haut de gamme, avec réglage de la compression hautes vitesses, aurait peut-être permis de corriger un peu le tir, mais ce n’est proposé que sur le kit cadre en carbone.
Verdict
Plutôt que de vélo d’enduro, il faudrait parler de vélo de freeride pour ce Cassidy. Ou alors, nous n’avons pas la même conception de l’enduro en Europe et en Amérique du Nord. Quoiqu’il en soit, ce Salsa Cassidy ne nous a pas séduits sur les terrains naturels, la faute à un ensemble cadre + roue trop souple couplé à une suspension très linéaire qui font de lui un vélo peu dynamique. En bikepark en revanche, c’est autre histoire et le Cassidy est un vélo idéal pour ce genre de pratique. A l’aise dans la pente sur les freerides, il régale son pilote sur les pistes rapides et flow, avec supplément gros sauts si possible. Au final, il se positionne plus ou moins sur le même créneau que le Propain Spindrift que nous avions testé il y a quelques temps, bien que les deux vélos soient différents dans leur approche de la pratique. Des gros vélos qui pourront survivre en enduro naturel, mais qu’il faudra emmener en station ou dans le raide pour les voir réellement briller.
Salsa Cassidy Carbon GX
6 399 €
15,76 kg(taille M, sans pédales)
- Très tolérant
- Joueur une fois qu'on a de la vitesse
- Finition solide
- Suspension arrière un peu trop linéaire
- Manque de dynamisme à basse vitesse
- Rapport prix - équipement moyen
- RAS
Évaluation des testeurs
- Prix d'excellence
- Coup de coeur
- Rapport qualité / prix
Plus d’informations : salsacycles.com