Test | Roues DT Swiss X1700 Spline Two
Par Olivier Béart -
A force de les voir sur des vélos de test, ces roues DT Swiss X 1700 Spline sont devenues de vieilles connaissances. Voire même, on peut le dire, de bonnes amies. Car, quand nous les voyons sur un vélo, nous savons déjà que le train roulant ne sera pas le maillon faible. Vu leurs qualités et leur présence sur un nombre important de vélos en équipement d’origine, nous avons eu envie de vous en parler de façon plus détaillée dans ce test.
même si elles sont un peu plus démonstratives qu’auparavant, les roues DT misent sur une conception classique, sans grands chichis
Dès le départ, la marque s’est montrée fidèle à sa réputation en misant avant tout sur la fiabilité plus que sur le look ou toute autre considération. Encore aujourd’hui, même si elles sont un peu plus démonstratives qu’auparavant, les roues DT misent sur une conception classique, sans grands chichis. Ou du moins sans se donner de grands airs. Pourtant, il y a de la technicité et du soin dans la réalisation, et pas seulement dans le haut de gamme. Ces DT Swiss X 1700 en sont la preuve.
Le modèle testé ici se situe en milieu de gamme chez DT Swiss, sous les XRC 1200 avec des jantes carbone, et sous les XR 1501, dotées de moyeux, jantes et rayons plus légers. En dessous des X 1700, on trouve encore les X 1900. Historiquement, chez DT, les chiffres évoquent le poids approximatif de la paire de roues. Avec les nombreux formats disponibles aujourd’hui, c’est de moins en moins vrai, mais cela reste une indication.
Chacune de ces séries de roues se décline en différents profils de jantes, plus ou moins larges, qui se reconnaissent à la lettre utilisée : X pour le XC, M pour le all-mountain/trail et E pour enduro. Sur la série 1700, la largeur des jantes est respectivement de 20, 22,5 et 25mm entre crochets. Si nous avons eu l’occasion de rouler avec les trois modèles de la série, qui présentent d’ailleurs des traits de comportement similaires, nous avons choisi de focaliser ce test sur les DT Swiss X 1700, soit la version la plus légère, en 29″. Il s’agit en effet du modèle que nous avons eu le plus l’occasion de rouler et d’éprouver, sur des vélos de test, ainsi que sur nos machines de référence à l’occasion d’échanges de roues.
Au niveau de la jante des DT Swiss X 1700, nous sommes face à un modèle manchonné, en 20mm de largeur interne, 24mm en externe et 18mm de haut. Bref, du classique. Après s’être lancée dans des techniques complexes et lourdes pour rendre ses jantes directement étanches, façon Mavic, l’entreprise suisse est revenue à la raison en ayant recours à un simple fond de jante autocollant étanche. Mais pas n’importe lequel : selon nous, il s’agit sans aucun doute d’un des plus solides, loin devant NoTubes par exemple, qui reste une référence car il est léger, efficace et facile à installer, mais qui a tout de même tendance à se déchirer facilement. Ici, vous n’êtes pas près d’en voir le bout ou de réussir à l’abîmer !
Les moyeux des DT Swiss X 1700 bénéficient d’une finition spécifique absolument somptueuse, avec un corps en aluminium poli juste relevé de quelques touches de noir. Assurément, ce choix est pour beaucoup dans la très belle qualité perçue du produit. A tel point que ces roues ne font pas du tout tache sur un vélo haut de gamme… ce que certaines marques ont bien compris en les référençant sur des machines à plus de 5000€. Profitons-en pour faire une petite mise au point : oui, ce sont de belles et bonnes roues (comme nous le verrons plus loin), mais ne vous laissez pas « berner ». Selon nous, sur des vélos qui naviguent dans ces eaux tarifaires là, c’est au minium des XR 1501 que vous devez retrouver.
Pour ce qui est des aspects techniques, les moyeux des roues DT Swiss X 1700 sont proches des DT 350 Straight Pull. Comme ces deux mots l’indiquent, ces moyeux sont faits pour des rayons droits, qui sont ici au nombre de 28 (DT Competition ronds) croisés par 3. Au niveau du corps de roue-libre, le moyeu arrière utilise le fameux Ratchet System fait de deux roues crantées. Ici, il s’agit de la version basique à 18 crans, ce qui donne un angle mort de 20° à l’enclenchement. Et ce qui commence à faire beaucoup. Un modèle 10° existe, on peut franchement regretter que DT Swiss ne le généralise pas à toute sa gamme. Cela dit, la fiabilité de l’ensemble est reconnue, tout comme sa facilité d’entretien dans la mesure où tout se démonte sans outil pour la maintenance courante.
Autre avantage chez DT Swiss : les X 1700 existent à peu près dans tous les standards possibles. QR9, 15mm, pour fourche RS-1, 135*10, 142*12, Boost 148, corps de roue-libre Shimano ou Sram XD : tout est au catalogue, ou presque, et des kits existent pour passer facilement d’un standard à l’autre quand c’est possible (pas de conversion 142*12 vers Boost 148 à l’arrière par exemple car il y a des obstacles techniques). Au niveau des disques, DT Swiss a fait le choix du Centerlock, sauf pour la version spécifique destinée à la RockShox RS-1 qui est en 6 trous classique ; le Centerlock n’étant pas compatible avec les coupelles hypertrophiées que cette fourche requiert.
On termine cette présentation par quelques infos factuelles avant d’aller rouler : nous avons pesé les DT Swiss X 1700 29 pouces à 810g pour l’avant et 920g pour l’arrière, soit 1730g la paire. Leur nom ne ment donc pas ! Pour info, les XM 1700 29 » (avec jante de 22,5mm) pèsent 840 et 970g, alors que les XE 1700 29 » sont à 910 et 1030g. Le prix public de la paire est de 549€, ce qui est déjà intéressant mais, en pratique, s’agissant d’un modèle de grande diffusion, il est possible de les trouver autour de 400€ la paire, ce qui en fait une réelle affaire.
DT Swiss X 1700 Spline TWO 29 » : le test terrain
Canyon Grand Canyon SL, BH Ultimate, Trek Top Fuel, Lapierre X-Control (en 27,5 ») et autres vélos roulés sur des présentations : les DT Swiss X 1700 ont équipé nombre de vélos de test qui sont passés entre nos mains récemment. Sans oublier la version enduro, E 1700, que nous avons roulé longuement sur les Canyon Strive et Orbea Rallon, et dont nous vous dirons également un petit mot. Autant le dire d’emblée, c’est toujours avec plaisir que nous retrouvons ces roues même si, parfois et comme déjà évoqué plus haut, on ne peut s’empêcher de penser que certaines marques jouent de leur look très valorisant pour les placer sur des vélos très haut de gamme et faire quelques économies par rapport aux XR 1501, plus légères, mais aussi plus chères (749€).
Ce qui est probablement la qualité la plus marquante des DT Swiss X 1700, c’est leur homogénéité. Leur comportement est à la fois agréable et sans surprise. C’est surtout frappant quand on les emmène dans des passages très techniques, remplis de cailloux et autres obstacles qui ne rêvent que d’une chose : vous faire sortir de la trajectoire. Là, les DT Swiss X 1700 se donnent juste ce qu’il faut pour vous aider à vous en sortir, sans pour autant donner la moindre impression de flou. Le tout, avec une grande subtilité, qui est la marque des grands trains roulants.
Cela s’explique, selon nous, par une constante des roues DT Swiss en général, et les X 1700 ne dérogent pas à la règle : leur qualité de montage. Les tensions des rayons sont élevées et parfaitement équilibrées d’origine. Le résultat, c’est que parmi les roues de (très) grande production, c’est sans doute chez DT qu’on se rapproche le plus du comportement de roues dites « artisanales », provenant de petits monteurs qui passent de longues heures à bichonner votre paire de roues.
Plusieurs fois, il faut presque se pincer pour se rappeler qu’on n’est pas en présence d’un modèle haut de gamme. En fait, seul le poids le rappelle. Les DT Swiss X 1700 ne sont pas lourdes, loin de là, surtout pour ce segment. Mais elles ont clairement quelques grammes de trop pour se montrer aussi explosives dans les relances que les meilleurs modèles du marché, et leur mise en vitesse témoigne aussi d’une légère inertie révélatrice. Néanmoins, dans ces circonstances, on sent tout de même que ces X 1700 ont du répondant et elles n’ont rien de pataud ! Seul regret, qui se sent surtout dans les relances sur circuit XC technique ou dans les passages trialisants : la roue-libre manque de répondant et se situe loin des standards actuels auxquels nous sommes habitués.
Tant qu’on est dans les considérations techniques liées au moyeu arrière, parlons quelques instants du mécanisme de roue-libre. Si n’importe quel « body » type Shimano en aluminium se marque, le DT Swiss a tendance à se marquer plus fort que d’autres, de sorte qu’il est souvent difficile de retirer la cassette en cas de changement. Il faut alors jouer du tournevis, ce qui n’est pas bien compliqué, mais on s’en serait bien passé et, vu la qualité de l’ensemble, on se dit que DT pourrait utiliser un aluminium un peu moins tendre. Cela dit, ça n’altère pas le fonctionnement global et nous avons à l’atelier des corps de roue-libre DT bien marqués qui ont plus de 10 ans sans jamais avoir causé de souci.
C’est l’occasion de parler d’un autre point fort chez DT : la durabilité. Après plusieurs centaines de kilomètres en leur compagnie, sans jamais les épargner, nous n’avons rencontré absolument aucun souci. Mis à part quelques (petites et rares) traces d’impacts de cailloux qui sont venus griffer légèrement l’anodisation, aucune des roues DT Swiss X 1700 n’a pris de voile pendant nos tests, et nous n’avons pas non plus noté de coups ou déformation quelconque au niveau des jantes. Un must !
Seul petit regret : la jante pourrait, selon nous, être un peu plus large, même pour un usage XC. Cela donnerait plus de ballon au pneu et un comportement que nous avons tendance à trouver plus agréable. Cela dit, nous ne nous sommes pas sentis pénalisés en l’état. Notons aussi que le montage des pneus en tubeless est d’une grande facilité.
Avant de conclure, un mot sur la version E 1700 d’enduro avec ses jantes de 25mm de large, que nous avons eu l’occasion de rouler longuement sur les Canyon Strive et Orbea Rallon en 27,5″. Globalement, le topo est le même que pour la version XC 29 » : homogénéité est, ici aussi, le mot qui nous vient directement en tête. Malgré le surpoids lié aux jantes, la nervosité reste bien présente et, compte tenu du programme et des vélos auxquels elles se destinent, on peut même dire qu’elles font un peu meilleure impression que les X 1700. Niveau solidité, malgré des sollicitations supérieures, c’est toujours parfait. Bref, l’usage change, les DT 1700 s’adaptent au niveau de la jante, mais la philosophie et la qualité restent inchangées.
Verdict
Belles, bien finies et bien montées, très homogènes, les DT Swiss X 1700 ont tout des grandes, sauf le prix. Et peut-être un très léger manque de tonus, lié à leur poids. Mais il s’agit bien d’un des seuls éléments qui permettent de se rappeler qu’on est en présence de roues milieu de gamme. Si vous les voyez en équipement d’origine sur le vélo de vos rêves, foncez, vous ne serez pas déçu ! Bien sûr, vous pourrez les changer par un modèle très haut de gamme (en carbone par exemple) pour gagner en dynamisme et en poids. Mais il y a fort à parier que vous aurez envie de garder vos X 1700 comme deuxième paire de roues et que vous aurez du mal à vous en défaire. Réussir à faire de bonnes roues très chères, finalement, c’est assez facile. Réussir d’excellentes roues accessibles, ça, c’est un vrai tour de force. Et DT Swiss l’a réussi avec grande distinction, même si quelques détails pourraient encore être améliorés.
Plus d’infos : www.dtswiss.com