Test | Roues Asterion E-One XCR Carbon 29 : nerveuses, tout en douceur
Par Olivier Béart -
Nous vous invitons à lire notre premier article sur ces roues pour avoir toutes les infos, mais nous allons ici vous rappeler les points les plus importants avant de passer au test terrain.
Avec ses Asterion E-One XCR, l’idée du monteur était de proposer cette fois non pas un assemblage sur base de jantes soigneusement sélectionnées mais développées et fabriquées par d’autres, mais bien une jante spécifique à la marque et construite selon les plans établis par Benoît Stupici, la « tête pensante » de la marque pour tous les aspects techniques.
Au niveau conception, les points principaux qui ont guidé le travail de Benoît Stupici ont été la légèreté et la solidité afin de concevoir une jante qui se destine certes au XC, mais capable de voir plus large et de convenir aussi à des pilotes plus engagés ainsi qu’à des épreuves longues type marathon et/ou techniques comme la Transvésubienne. En tout, le développement a pris près de 5 ans et de nombreux tests ont été réalisés, tant pour valider les formes que pour trouver le bon sous-traitant.
Fidèle à sa démarche de proposer le plus possible de produits made in France ou UE, Asterion a néanmoins dû se résoudre à se tourner vers l’Asie pour fabriquer sa jante dans les cadres technique et de prix qu’elle s’était fixés. Le but n’étant pas de faire des Asterion E-One XCR des roues hyper exclusives comme les F-One, mais des roues qui restent dans les prix du marché pour ce type de modèle haut de gamme, c’est à dire 1899€ la paire.
Sur le plan technique, Asterion s’est vite arrêté sur une largeur de 25mm, qui représente selon elle le bon compromis pour l’usage cible XC/Marathon et un peu plus. Cela permet d’optimiser la forme du pneu pour des sections allant de 2.15 à 2.35 et d’éviter aussi d’avoir un profil trop « carré » ou des flancs qui ne se tiennent plus à cause d’une jante trop large.
Le but étant aussi d’avoir une jante carbone assez tolérante (plus que les précédentes générations, auxquelles un des seuls reproches que nous avions pu leur adresser était justement une rigidité assez importante qui ne les rendaient pas aussi « subtiles » que d’autres modèles concurrents comme les Duke par exemple), Asterion a réduit la hauteur de sa jante.
Comme une jante plate et basse est un défi technique sur le plan de la solidité, Asterion a eu recours au graphène pour la composition du carbone et la réflexion sur la forme a aussi été très poussée, avec un profil symétrique ; l’offset étant bon pour le montage mais moins pour la solidité de la jante. Des renforts sont aussi présents au niveau des têtes de rayons et la grande surface de perçage disponible pour les trous dans ces zones renforcées permet de jouer la carte de l’asymétrie à ce niveau ou même de disposer de jantes spécifiques pour les montages Ai destinés aux Cannondale F-Si et Scalpel.
Pour ce qui est des moyeux, les roues Asterion E-One XCR utilisent une version spécifique et allégée des moyeux Aivee Edition One SL. Fabriqués en France par le partenaire privilégié d’Asterion pour ses montages propres, ils disposent d’un axe allégé, tout comme le corps de roue-libre. Les roulements sont en céramique. Plusieurs options sont disponibles (boost ou non, corps XD ou Shimano, Lefty, etc), et le catalogue compte plusieurs couleurs d’anodisation. Il est aussi possible de choisir la couleur des marquages sur les jantes parmi plusieurs dizaines de teintes.
Les rayons sont au nombre de 28 et il s’agit de Sapim CX Ray plats, ligaturés, et ils sont montés avec des écrous en laiton, un peu plus lourds mais plus durables car moins sensibles aux phénomènes d’oxydation qui sont plus importants sur des jantes en carbone et qui peuvent aboutir à des casses. Sur demande, si le propriétaire souhaite gratter quelques grammes et jouir d’un plus vaste choix de couleurs, Asterion peut monter des écrous alu, tout en prévenant qu’il faudra être vigilant et envisager un changement préventif après une ou deux saisons.
Sur la balance, nos roues de test affichent 1425g, mais Asterion nous avait prévenu qu’il ne s’agissait pas d’une version définitive, un peu plus légère. Les jantes seules sont annoncées à 320g environ et les versions de production sont annoncées à 1385g la paire complète. On remarque que le poids global de notre paire d’Asterion E-One XCR est environ 75g plus élevé que les E-One classiques que nous avions testées l’an dernier et qui restent au catalogue. Ces dernières sont aussi moins chères (1599€, soit 300€ de moins que les XCR). Et pourtant, comme nous allons le voir sur le terrain, les chiffres ne font pas tout…
Asterion E-One XCR : le test terrain
Comme toujours avec Asterion, la finition est absolument magnifique. Et le look global l’est encore plus avec cette jante à la forme particulière qui se démarque du reste de la production. Pas besoin de couleurs criardes pour les mettre en avant, les yeux experts les repèrent rapidement. Même s’il s’agit de stickers sur les jantes, ceux-ci sont de qualité et leur durabilité n’a pas été mise à mal durant le test.
La finition noire unie des jantes est aussi solide, même si elle n’est pas indestructibles et que quelques griffes sont apparues en fin de test. Il n’y a pas de miracles sur un produit sans arrêt au plus près du terrain…
Testées sur notre Scott Spark RC de référence, mais aussi sur le Santa Cruz Blur CC et sur un Niner semi-rigide, les Asterion E-One XCR ont assez rapidement réussi à nous convaincre qu’elles parvenaient à faire encore un peu mieux que les E-One classiques, pourtant plus légères et déjà excellentes comme nous l’avions souligné dans notre test paru l’an dernier.
Même si elles sont plus lourdes sur la balance que les E-One classiques, les XCR dégagent une impression de légèreté supérieure.
Même si elles sont plus lourdes sur la balance, elles dégagent une impression de légèreté supérieure, probablement grâce à leur élasticité plus élevée qui semble mieux renvoyer l’énergie du pédalage. Et comme on est dans les deux cas déjà sur des jantes avec une très faible inertie, c’est la nature même de la jante qui parvient ici à faire une différence, certes minime, mais tout de même perceptible. Autre piste, les roulements céramique, mais on ne pense pas vraiment que ce soit perceptible au point de faire une telle différence. Disons que c’est un petit plus intéressant, mais surtout pour la durabilité plus que pour un quelconque gain en rendement, d’autant que les moyeux Aivee à billes acier classiques sont déjà très fluides
La rigidité latérale reste excellente et le guidage de la roue avant est absolument parfait. Mais les nouvelles Asterion E-One XCR dissocient mieux rigidité latérale et verticale que la version classique, de sorte qu’elles dissipent davantage les vibrations. Sur un hardtail, la différence est assez flagrante et elle est aussi perceptible sur un full. Cela profite non seulement au confort, mais aussi au grip et à la facilité de pilotage, avec des roues sensiblement plus stables et moins vite perturbées par les petits impacts. En cela, elles égalent les fameuses Duke Lucky Jack qui étaient jusqu’ici notre référence en la matière.
Les Asterion E-One XCR se démarquent par leur volonté de montrer une solidité à toute épreuve, et nous n’avons donc pas hésité à leur en demander beaucoup, ainsi qu’à les sortir de leur zone de confort pour les emmener sur les sentiers les plus exigeants et méchants que nous connaissons. Ce ne sont pas des roues d’enduro, elles n’en ont pas le profil (leur largeur est insuffisante pour mettre des pneus de 2.5 voire plus et leur poids fait qu’il faut quand même garder certaines précautions), mais on peut voir très large au niveau XC/Marathon.
Elles devraient résister sans problème toute une saison sur les tracés XC contemporains aux mains d’un compétiteur et elles devraient aussi pouvoir faire face à des erreurs de pilotage à la fin d’un marathon exigeant, quand le pilote puise dans ses réserves d’énergie et n’est plus complètement lucide. Nous avons aussi volontairement roulé à basse pression (jusque 1.2 bars) et terminé une sortie avec un pneu quasi plat, juste pour voir si Benoît Stupici n’était pas trop présomptueux quand il nous disait « vas-y, tu peux y aller, ça ne craint rien »… et les jantes sont encore en parfait état.
Tout juste a-t-on relevé un très léger voile sur la roue avant, une première pour nous avec un montage Asterion toujours très qualitatif, mais il est vrai que nous n’avons pas ménagé ces E-One XCR. Cela pourra d’ailleurs être très facilement corrigé en quelques coups de clé, que nous vous recommandons néanmoins de faire réaliser par un monteur de la marque afin de garder la cohérence et la qualité du montage maison, soit en renvoyant les roues à Lyon ou en profitant d’un des nombreux événements où Asterion est présent.
Verdict :
Asterion réalise une nouvelle fois un joli coup avec ces nouvelles E-One XCR. Plus lourdes et plus chères que les E-One classiques, elles parviennent malgré tout à se démarquer sur le terrain avec un comportement à la fois plus dynamique et plus subtil. Le travail effectué sur la rigidité axiale et la dissipation des vibrations porte ses fruits et donne d’excellents résultats au niveau de la sensation de confort ainsi que du grip. Enfin, au cours de notre test, il a bel et bien semblé que la solidité des jantes soit au rendez-vous et malgré leur poids plume, ce sont des roues avec lesquelles on n’hésite pas à attaquer et qu’on confiera sans trop d’arrière-pensées à des pilotes au coup de guidon agressif et engagé. Un must dans le domaine des roues carbone XC/Marathon haut de gamme.
Plus d’infos : https://www.asterion-wheels.com/fr/roues-vtt/1403-paire-de-roues-e-one-carbon-xcr-29.html