Test | Rose Root Miller 2 29 : simple, basique, efficace.

Par Olivier Béart -

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Test | Rose Root Miller 2 29 : simple, basique, efficace.

Proposé dès 2000€ à peine avec un montage très cohérent, le Rose Root Miller ne brille pas que par son rapport équipement/prix. Profondément remanié pour le millésime 2017, principalement au niveau de la géométrie, il se positionne comme un sérieux client dans la catégorie des vélos à tout faire. Voilà qui mérite qu’on s’y intéresse.

Pour autant, l’appel des hautes sphères n’amène pas Rose à négliger ses nombreux modèles en aluminium, ni les zones de prix moins élevées. On le voit avec le Root Miller, le 29 pouces en alu destiné à un usage trail et offrant 140mm de débattement, et dont les tarifs démarrent à 2200€, frais de port compris. Il a été modernisé en début d’année 2017, principalement en adoptant le standard Boost au niveau de son axe arrière (ce qui permet également à Rose d’annoncer une compatibilité 27,5+), ainsi que de la géométrie et des équipements.

On remarque aussi que, malgré son prix, les détails sont très soignés, comme au niveau des passages de gaines internes, très bien pensés pour ne pas avoir de bruits parasites. Leur passage au niveau du boîtier de pédalier est aussi très réussi et empêche que tout cela pendouille sous le cadre et soit exposé aux pierres et autres projections.

La robe bleu électrique de notre Rose Root Miller 2 de test lui donne aussi une très belle allure et un beau coup de frais. Malheureusement, si elle garde bien son aspect miroir avec le temps, elle a tendance à se griffer très facilement et à s’écailler dans les zones sensibles (près du pédalier, sous le tube diagonal, etc).

Géométrie

Cette dernière version du Rose Root Miller a vu sa géométrie légèrement remaniée pour coller à l’évolution des pratiques et des demandes de nombreux bikers. Avec 67° désormais, l’angle de direction se couche de pas moins de 1,5° par rapport au millésime précédent ! Pour un 29 » en 140mm, on est dans de belles valeurs, qui se rapprochent de vélos comme le Specialized Stumpjumper par exemple, ou encore d’un Scott Spark Plus. Le Reach a aussi été allongé de 15mm et, avec 435mm en taille M (et potence de 50mm), on est bien dans des cotes actuelles. Mais il y a plus radical, comme chez YT avec le Jeffsy notamment.

Par contre, le Rose Root Miller continue de croire aux bases longues : 447mm. C’est un bon 10mm de plus que la plupart de ses concurrents. Alors qu’il est passé au Boost, Rose n’a pas touché à la longueur des bases et a préféré assurer côté dégagement, compatibilité avec des roues en 27,5+ ou encore avec un dérailleur avant. Cela permet aussi en théorie de calmer un peu les ardeurs de l’engin et de miser plus sur le confort que sur un tempérament parfois trop vif pour certains. Après tout, pourquoi pas, et nous verrons très vite ce qu’il en est sur le terrain.

Cinématique et suspension

De ce côté par contre, pas de changement. Rose continue à faire confiance à un bon vieux système Four Bar Linkage avec pivot Horst Link au niveau des bases. C’est la suspension signature de Specialized (qui en a un temps détenu le brevet), mais c’est aussi et surtout aujourd’hui une des suspensions les plus répandues.

Rose utilise cette cinématique sur toute sa gamme, mais avec des exécutions différentes qui se remarquent surtout par un positionnement différent de la biellette supérieure (très fine sur notre modèle) et de l’amortisseur. Le Root Miller partage son architecture avec le Granite Chief, son équivalent en 27,5″ et 150mm de débattement, ainsi qu’avec le Uncle Jimbo, l’enduro 160mm de la marque, et le Dr. Z, leur 29 en 120mm plutôt axé rando.

Ici, le débattement est de 140mm et, d’origine, c’est un amortisseur RockShox Deluxe RT3 qu’on retrouve. Mais la marque propose en option également la version SuperDeluxe RC3 avec bonbonne externe (+152€), ou encore un Fox Float Factory (+192€). A l’avant, on retrouve l’excellente RockShox Pike dans son exécution RC la plus simple et dans la version 2017 pour le châssis, mais elle dispose déjà du principal : la cartouche Charger.

Equipement

Le rapport prix/équipement est très clairement un des points forts de chez Rose. Comme chez Canyon ou Radon, le principe de vente directe permet de serrer les tarifs. Ainsi, notre Rose Root Miller 2 est affiché à 2915€, frais de port compris pour la livraison à votre domicile.

Pour ce prix, on retrouve une transmission 100% Shimano XT, des freins Magura MT5 en disques de 203mm à l’avant et 180 à l’arrière, des roues Spank Oozy Trail 345 avec jantes en 30mm de large…

…une tige de selle télescopique RockShox Reverb Stealth, ou encore un poste de pilotage Race Face (Cintre Atlas 35 en 800mm de large et potence Turbine 35 en 50mm de long). On le voit, il n’y a pas grand chose à jeter, ni à changer, mis à part pour alléger la bête qui, il est vrai, pèse un bon 14kg ! Si jamais vous voulez mieux, Rose propose un large panel d’option sur presque chaque composant, avec supplément ou non (on peut par exemple choisir un montage en 1×11 au lieu du 2×11 proposé d’origine, et ce sans modification de prix). Il existe aussi les Root Miller 3 (en 29) et 4 (en 27,5+) avec un montage plus luxueux (Sram XO1, roues DT 1501, suspensions Fox Factory, etc) pour un peu moins de 4500€.

Rose Root Miller : le test terrain

Estéthiquement, le Rose Root Miller divise avec sa couleur flash. On aime, ou pas, mais il n’y a pas de demi-mesure. Au cas où, il y a toujours un modèle noir. Au niveau des lignes, il a beau avoir des tubes assez fins et une biellette fluette au niveau de la suspension, il en impose. Ses grandes roues, sa fourche au look costaud, son large cintre, ses jantes larges : on sent qu’on n’est pas sur un vélo fait pour randonner calmement en regardant les petits oiseaux. Enfin, disons pas uniquement car une des premières choses qu’on remarque quand on en prend les commande, c’est son confort. De par sa position, qui reste équilibrée malgré les changements apportés qui vont dans le sens d’une certaine radicalisation, mais aussi de par ses suspensions.

Le réglage de l’amortisseur arrière se fait assez rapidement et facilement avec 30% de SAG. A l’avant par contre, nous avons ressenti le besoin de mettre jusqu’à 4 volume spacers dans la Pike pour éviter une tendance trop prononcée à la plongée au freinage et en réception de saut. Avec ce setting et les roues de 29 » à jantes larges qui permettent aux pneus Schwalbe en 2.35 d’avoir un fameux ballon, le Root Miller est un vrai canapé. Les petits chocs n’existent presque plus et les successions d’impacts plus gros semblent soudainement fameusement arrondis.

Très vite on se rend aussi compte que l’arrière du vélo est souple latéralement. Très souple même. Mais Rose a réussi à ne pas tomber dans l’excès. Cela ajoute par contre franchement à la facilité du vélo. Facilité de prise en main, mais aussi docilité quand les kilomètres s’enchaînent, comme le dénivelé négatif. Pas question ici d’avoir un cheval fougueux qu’on va prendre plaisir à dompter mais qui va vite vous fatiguer. Lui, c’est plutôt un bon gros nounours qui va vous aider à apprivoiser les pires terrains et à garder la ligne quand le sol est complètement chaotique.

Son domaine d’expression, ce n’est pas la chasse au chrono. Même s’il permet d’aller vite en descente, c’est plutôt un vélo qu’on va emmener sur de longues sorties en montagne, dans des régions vallonnées où on se rend avec un esprit de découverte et juste pour s’amuser. Car oui, même s’il a un petit côté « pépère », le Rose Root Miller n’a rien d’ennuyant. Il incite clairement à ouvrir les gaz en grand en descente et à aller toujours plus vite tant il met en confiance. Il adore aussi s’envoyer en l’air.

Le Rose Root Miller fait penser à ces camions du Dakar qui semblent avaler tout sur leur passage

Terriblement stable, encaissant à peu près tout et bénéficiant à fond de ses roues de 29 pouces, il donne l’impression de pouvoir passer partout et de permettre à son pilote de s’aventurer dans des zones qui lui faisaient peur jusque là. Un de nos testeurs nous dit qu’à de nombreux égards, le Rose Root Miller lui fait penser à ces camions du Dakar qui semblent avaler tout sur leur passage. Et il a raison. La notion de conservation de vitesse prend ici tout son sens et heureusement que le freinage est à la hauteur… voire même un peu plus que cela puisque les Magura MT5 ont tendance à être violents, surtout à l’avant avec l’étrier 4 pistons et le disque de 203mm.

Dans ce contexte, d’autres équipements prennent tout leur sens, comme le poste de pilotage Race Face en 35mm de diamètre. Nous l’avons déjà trouvé trop rigide sur certains châssis eux-mêmes très exigeants, mais ici la symbiose fonctionne (merci aussi aux excellents grips Ergon). C’est aussi le cas des très bonnes roues Spank Oozy 345 dont le caractère assez dynamique se marie bien avec la souplesse globale du vélo et son côté parfois un peu pataud. Elles se montrent aussi robustes et leur largeur est parfaite pour permettre aux pneus de s’exprimer.

A ce niveau, attention tout de même car les Schwalbe Nobby Nic ne sont pas super robustes et on a tôt fait de les abîmer vu les capacités du vélo en descente. Au moment du remplacement, on passera aussi éventuellement sur un Magic Mary à l’avant pour pouvoir attaquer un peu plus, quitte à perdre un poil en polyvalence.

Reste à aborder un chapitre, important pour un vélo de trail dont on dit qu’il aime les longues sorties : est-ce qu’il pédale bien ? Disons que oui, et il nous a même étonnés sur ce point. Vu son poids, on s’attendait à bien pire. Sans surprise, il n’aime pas être brusqué et les départs canon, ce n’est pas son truc. Par contre, il garde l’allure sans aucun mal et on n’a jamais l’impression de trainer un poids mort. En montée raide et technique, sa position équilibrée avec notamment un angle de selle bien redressé, ses bases longues et la souplesse du cadre sont aussi de vrais atouts. La transmission 2×11 est cohérente aussi dans cette optique, d’autant que Rose donne le choix de passer en 1×11 dès l’achat.

Finalement, en montée comme en descente, ce n’est que dans les portions trialisantes à basse vitesse qu’il y a à redire. Pas de miracle, avec de telles mensurations, il faut que le pilote soit prêt à faire quelques contorsions et autres mouvements de gymnastique pour le faire tourner court. Par contre, dès qu’on retrouve un peu de vitesses, il devient tout à coup plus vif et les enchaînements de virage ne lui font plus peur. Et dans l’ensemble, avec un peu de pratique, on parvient à s’accommoder de ses petits défauts.

Verdict

Alors que beaucoup de vélos orientés trail/enduro tendent à se spécialiser et à séduire un public de plus en plus pointu, le Rose Root Miller reste sur un chemin plus classique. Des dernières évolutions en matière de géométrie, il a su en retenir certaines mais pas toutes. Et ce n’est pas plus mal car il va réussir à s’adresser à des bikers qui pourraient parfois se sentir oubliés : ceux qui aiment le dénivelé et les sorties techniques, mais qui n’ont pas non plus un niveau de fou. Pas plus qu’un compte en banque digne de figurer dans les Paradise Papers. Pour eux, ce gros 29 en alu au prix serré est une véritable aubaine. Bien suspendu, bien équipé, stable et rassurant, il est amusant à piloter pour peu qu’on ne l’emmène pas dans des trails trop étroits où il risque de se sentir comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Les pilotes les plus pointus pourront être dérangés par sa grande souplesse mais cela n’en reste pas moins un vélo qui, à défaut d’être flamboyant, est par contre hautement recommandable.

Plus d’infos : www.rosebikes.fr/produits/cycles/vtt/trail/root-miller

ParOlivier Béart