Test | RockShox Zeb Charger 3.1 & Vivid Coil Ultimate : une main de fer dans un (gros) gant de velours
Par Léo Kervran -
Juste avant l’été, RockShox présentait un nouvel amortisseur à ressort hélicoïdal, le Vivid Coil, ainsi qu’une version légèrement revue de la Zeb d’enduro, au milieu de quelques autres évolutions sur les fourches. Comment se comporte ce nouvel amortisseur ? Les changements à l’avant sont-ils sensibles sur le terrain ? Nous avons eu l’occasion de tester ces nouveautés ces dernières semaines, voici nos impressions :
Après la Lyrik et le Super Deluxe pour les pratiques plutôt all-mountain (lire Test nouveauté | RockShox Lyrik Charger 3.1 & SuperDeluxe Ultimate : tout et son contraire) et en attendant de peut-être réussir à mettre nos mains sur une Pike, qui est la fourche qui reçoit le plus de nouveautés, il était temps de se pencher sur la révision de l’offre enduro de l’un des spécialistes américains de la suspension.
Côté fourche, comme on vous l’expliquait à la présentation de ces nouveaux produits (Nouveauté | RockShox 2025 : Charger 3.1, menus raffinements… et un Vivid Coil !), les évolutions sont plutôt discrètes sur le papier : on retenait surtout de nouvelles bagues de guidage et une plage de réglage étendue en compression, permettant à la fois d’avoir plus de freinage dans les positions les plus fermées et moins d’amorti qu’avant dans les positions les plus ouvertes, le tout sans changer le nombre de clics.
Côté amortisseur c’est plus simple avec la sortie d’un tout nouveau modèle, le Vivid Coil, qui remplace le Super Deluxe Coil et reprend les technologies du Vivid Air sorti quelques mois plus tôt. Et une fois n’est pas coutume, c’est par celui-ci que nous allons commencer.
RockShox Vivid Coil Ultimate : un tapis volant option confort
Remplacer un amortisseur dans le catalogue sonne ambitieux sur le papier, mais il faut se souvenir qu’on parle du Super Deluxe Coil. Si on l’a vu sur toutes sortes de vélos, de l’enduro à la DH en passant par le freeride, ce modèle n’avait en lui pas grand-chose pour sortir du lot. C’était un bon amortisseur à ressort hélicoïdal, comme il en existe d’autres sur le marché.
Le Vivid Coil, lui, est brillant. En combinant le TouchDown Damper du Vivid Air aux caractéristiques intrinsèques du ressort hélicoïdal (lire MTB Anatomy #4.1 : l’amortisseur, premier volet), il offre une sensibilité et une douceur de fonctionnement sans pareil. Disons-le, cet amortisseur a la capacité de transformer presque n’importe quel vélo en canapé.
Toutefois, si on s’arrête là cela peut avoir un inconvénient : sans la progressivité naturelle de l’air, on peut consommer beaucoup de débattement avec certaines cinématiques, au point d’aller talonner fréquemment. C’est là que les réglages hydrauliques rentrent en jeu.
En version Ultimate (ou Ultimate DH, sans levier de blocage), la seule proposée au public, on dispose de trois moyens d’intervenir sur le comportement en compression de l’amortisseur : un réglage de compression basses vitesses (BV / LSC en anglais) à 5 clics, un réglage de compression hautes vitesses (HV / HSC en anglais) à 5 clics également et une butée hydraulique réglable, là encore sur 5 niveaux. Les deux premiers font effet tout au long du débattement tandis que la dernière n’agit au mieux que sur les derniers 20 % de celui-ci, la fin de course de l’amortisseur.
Ces réglages ne sont pas réservés aux pilotes pros. Pour nous, pour vous, ils sont la clé pour permettre au Vivid Coil d’exprimer son plein potentiel et il ne faut pas hésiter à les utiliser. Un peu de BV pour contrôler le comportement de base, plus ou moins de HV suivant le terrain et quelques clics de butée hydraulique afin d’affiner le comportement en fin de course et éviter tout talonnage excessif, le tout avec un rebond adapté, voilà la recette qui permet d’exploiter réellement l’amortisseur.
Compressions BV et HV, butée hydraulique : ces réglages ne sont pas réservés aux pros !
Avec seulement 5 positions à chaque fois, le moindre clic se fait sentir donc il n’y a pas forcément besoin de tout fermer mais clairement, laisser tout ouvert en pensant que c’est pour les autres vous fera probablement passer à côté de quelque chose. De même, ces réglages travaillent de concert et il faut les utiliser ensemble : fermer les BV à 4/5 tout en laissant les HV complètement ouvertes ou vice-versa donnera un comportement déséquilibré au système.
Le processus peut être un peu fastidieux si on n’a pas l’habitude mais une fois qu’on a trouvé le bon réglage, le fonctionnement est bluffant. Racines, cailloux, brake-bumps, réceptions de sauts, lignes droites défoncées à pleine vitesse, dévers où on est « sur des œufs »… Le Vivid Coil est bon partout et n’est jamais pris en défaut. Très confortable, il offre des sensations peut-être plus souples qu’avec d’autres amortisseurs mais cela ne se fait pas au détriment du support ou de l’équilibre du vélo.
RockShox Zeb Ultimate 2025 : un peu de douceur dans ce monde
A l’avant c’est un peu plus complexe ou pointu, dans la mesure où la Zeb est déjà connue tout comme la cartouche Charger 3. Ainsi, RockShox annonçait « seulement » de nouvelles bagues de guidage ainsi qu’une petite évolution sur la cartouche, désormais baptisée Charger 3.1 et qui doit principalement offrir une plus grande plage de réglage en compression. C’est tout ?
Oui… mais à notre grande surprise, c’est (très) sensible sur le terrain ! A réglages identiques, la nouvelle génération est plus sensible et consomme plus facilement les premiers centimètres de débattement, elle paraît plus « impatiente » d’entrer en action que l’ancienne Zeb. Cela la rend beaucoup plus confortable, plus accessible aussi, là où la génération d’avant demande qu’on lui rentre un peu plus dedans. En revanche, une fois qu’on travaille dans le débattement, les deux fourches offrent un comportement similaire, il n’y a pas de différence flagrante.
En retournant éplucher les documents officiels, on tombe sur une petite ligne qui avait échappé à beaucoup d’observateurs : en plus d’agrandir la plage de réglage des compressions, la marque américaine a « réduit le degré d’amortissement général de la cartouche en compression ». Combiné aux bagues de guidage retravaillées cela donne logiquement une fourche plus souple, surtout en début de course.
A force de faire des allers-retours entre les deux fourches, on a fini par retrouver des sensations similaires sur la cartouche Charger 3 en ouvrant les compressions basses vitesses (LSC) d’un à deux clics de plus par rapport à la nouvelle Charger 3.1, en gardant les mêmes réglages de rebond et de compression hautes vitesses (HSC). Ce léger décalage nous a ensuite été confirmé par les équipes de RockShox, mais si on peut donc avoir une sensation de souplesse similaire sur les deux fourches, nous avons tout de même préféré la nouvelle génération… sans surprise, nous direz-vous.
Avec un ou deux clics de LSC en plus, on a eu l’impression d’avoir un maintien très légèrement meilleur sans rien sacrifier en confort. Le beurre et l’argent du beurre, d’une certaine façon. Ces impressions rejoignent celles d’Olivier sur la Lyrik et comme lui, on retient ce sentiment d’onctuosité et de douceur. Le maintien est là et au niveau de ce qu’on est en droit d’attendre d’une fourche haut de gamme, mais il est délivré d’une façon plus douce et souple que chez le concurrent Fox par exemple, qui offre des sensations plus précises mais n’a pas ce côté « tapis volant ».
Reste une question : RockShox proposant cette nouvelle cartouche en pièce détachée, l’amélioration est-elle intéressante si on dispose déjà de l’ancienne Zeb avec la cartouche Charger 3 (installée sur les niveaux de gamme Ultimate et Select+) ? Nous n’avons pas de réponse tranchée à vous offrir mais on pencherait plutôt vers le « non ». Ce qui fait l’intérêt de cette nouvelle génération de Zeb c’est un ensemble, la synergie entre les nouvelles bagues de guidage et la nouvelle cartouche. En ne prenant que la seconde, les effets seront moins sensibles et le changement étant tout de même coûteux (386 €), ce serait dommage d’avoir des regrets. Le changement de piston (80 € pour les pièces) est déjà plus intéressant mais cela demande d’avoir de bonnes connaissances en la matière.
Enfin, on a beaucoup apprécié le nouveau format des valves situées à l’arrière des fourreaux, prévues pour évacuer l’excès d’air dans les fourreaux, une situation qui peut intervenir en cas d’usage intensif (longue descente) ou de changement d’altitude rapide. Avant, on avait des petits boutons poussoirs de chaque côté comme chez Fox. Maintenant, ce sont des molettes à dévisser puis revisser une fois que l’air en excès dans la fourche est sorti.
Si RockShox ne le reconnaît pas ouvertement, il y a fort à parier que cette nouvelle conception découle de l’action en justice attentée par Fox contre RockShox à propos de ces valves (article de nos confrères de Pinkbike, en anglais) mais finalement, c’est pour le mieux ! La solution trouvée par RockShox est plus agréable à utiliser, les molettes tiennent bien dans les doigts et l’air sort tout seul une fois qu’elles sont légèrement dévissées, il n’y a pas besoin de maintenir la pression sur le bouton comme avec l’ancien format. Et pour parfaire le tableau, nous avons eu l’impression qu’il y avait moins de « fuite » d’huile de lubrification avec ces molettes qu’avec les boutons.
Verdict
Avec ces nouveaux produits et évolutions, RockShox se place clairement sur le segment du confort en enduro. Si les changements sur la fourche ne sont pas révolutionnaires et qu’on peut vivre sans, ils ont néanmoins du sens car ils permettent à la Zeb de s’aligner sur le comportement très souple des amortisseurs Vivid et Vivid Coil, afin d’offrir de la cohérence entre l’avant et l’arrière du vélo. Plus accessible que par le passé, cette gamme pourra surprendre dans un premier temps celles et ceux qui ont l’habitude d’un comportement plus exigeant mais la performance est toujours là, simplement offerte dans un emballage différent de la concurrence.
Plus d’informations : sram.com/rockshox