Test | Rockrider Fast 500 & 900 : polyvalence et prix serrés pour le XC
Par Adrien Protano -
Si l’on connaissait déjà les pneus Grip chez Rockrider, la marque française a récemment élargi sa gamme avec la famille Fast destinée au XC. Sur base d’un dessin commun, on y retrouve trois versions commercialisées à des tarifs très alléchants, entre 29 € et 40 €. Alors, 500 d’entrée de gamme, 900 Light ou 900 Reinforced ? Vojo les a testés pour voir les différences et ce que valent ces Rockrider Fast sur le terrain.
Si Rockrider nous a habitué à équiper ses VTT de pneus Hutchison en première monte ces dernières années, la marque française avait récemment présenté une première famille de pneumatiques baptisée Grip, destinée à une pratique All-Mountain/Enduro. Cette fois, c’est au cross-country que la marque VTT du géant du sport Decathlon s’attaque, avec la nouvelle famille Fast.
La nomenclature est assez simple et similaire à ce que Rockrider propose d’accoutumée : un modèle qui se veut financièrement accessible dénommé Fast 500, suivi de deux modèles 900, où l’accent est davantage mis sur la performance.
Rockrider a également tenu à ce que ces pneumatiques soient 100% fabriqués en France
Rockrider a également tenu à ce que ces pneumatiques soient 100% faits en France : « Du cahier des charges jusqu’à la production, tout est français. On a collaboré avec Hutchinson pour offrir le meilleur de la technologie et de l’expérience de nos deux marques », explique Rockrider. Cela mérite d’être souligné.
Autres points communs à tous les pneus Rockrider Fast : leur section de 2.3’’ et leur dessin. Pour ce qui est de la section, les développeurs de chez Rockrider partagent un sentiment que nous avons déjà souvent eu : le 2.4 est adapté à certains usages, notamment XC compétition sur des circuits limés par les passages et aux reliefs saillants, mais cette grosse section avec peu de crampons donne des pneus qui peuvent se montrer « flous » et donner l’impression de « surfer » quand le sol est plus meuble et fuyant. Le 2.3 apparaît donc comme une forme de compromis avec un beau volume, mais quelques millimètres de moins en largeur qui peuvent permettre d’obtenir un peu plus de polyvalence. Cette section permet aussi un montage sur des jantes entre 25 et 30 mm de large.
Affichant un profil de crampons assez bas, la bande de roulement rappelle celle d’un Maxxis Rekon Race avec une alternance de deux rangées de crampons en ligne pour maximiser le rendement. Le dessin de ces Rockrider Fast est également composé de crampons latéraux plus hauts et marqués pour favoriser la tenue en courbe. On remarquera la légère découpe au sein de chacun des crampons afin de permettre à ceux-ci de se déformer davantage pour « mordre » le terrain.
Rockrider Fast 500 : le pneu cross-country accessible
Dans cette nouvelle famille Fast, le Fast 500 est l’option qui se veut la plus accessible financièrement avec un tarif de 29 €. En comparaison avec le reste du marché, ce tarif agressif le place environ 25% moins cher que le reste des pneus VTT offrant des caractéristiques similaires sur le marché actuel (et généralement affiché aux alentours de 40 à 45 € sur les sites de vente).
Sur cette version 500, les crampons mixent deux types de gomme (là où les deux versions plus onéreuses utilisent trois types de gommes différentes). Ce Fast 500 bénéficie d’une carcasse de 60 TPI avec renfort additionnel contre les crevaisons sur les flancs. Côté poids, il est annoncé à 865 g par le fabricant, mais nous avons pesé nos deux exemplaires à 895 et 910 g, ce qui commence à faire lourd pour un pneu de XC. Mais il faut se rappeler de son prix et aussi de l’accent mis sur la durabilité dans sa conception.
Il est disponible tant en 29’’ qu’en 27,5’’, et seulement en flancs noirs.
Fast 900 Light : de la légèreté !
Tout en reprenant la base du Fast 500, la principale mission du Fast 900 Light est d’optimiser encore un peu plus le rendement avec une construction plus légère. Ce Rockrider Fast 900 Light pointe ainsi à 720 g sur la balance (soit un bon 180 g de moins que le Fast 500, et 70 g plus léger que le 900 Reinforced). Contrairement au 500, c’est clairement un joli score que le 900 Light réalise et il est bien placé par rapport à la concurrence.
Sur ce Fast 900 Light, Rockrider a suivi la tendance de ses concurrents d’affiner le diamètre des fils qui composent la carcasse de leurs pneus XC (afin de gagner en souplesse notamment) et on retrouve ainsi une carcasse en 120 TPI. Si cela ne vous parle pas, (re)découvrez notre lexique : Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre
Au-delà de cette différence de carcasse, le Fast 900 Light se distingue également par l’utilisation de trois types de gommes au niveau des crampons (contre deux seulement pour le Fast 500). Affiché à 39 €, ce Rockrider Fast 900 Light n’est disponible qu’en 29’’ et 2.30 de section.
Fast 900 Reinforced : pour les usages plus engagés
Troisième et dernier modèle de la famille Fast, le 900 Reinforced se veut être l’arme idéale pour un usage XC engagé, avec un pneu léger et optimisé pour offrir un maximum de rendement, tout en disposant d’une protection supplémentaire.
Ce Rockrider Fast 900 Reinforced est en effet le même en tout point que le Fast 900 Light présenté juste au-dessus… à l’exception près que ce modèle « Reinforced » bénéfice d’un renfort tringle à tringle qui lui assure une protection maximale.
Ce renfort n’est pas sans conséquence sur le poids du pneu, qui affiche un embonpoint de 70 g (790 g) par rapport à la version 900 Light… Quelques dizaines de grammes supplémentaires pour éviter une éventuelle crevaison ? À chacun son choix !
Pour marquer visuellement ce renfort supplémentaire, Rockrider a choisi de doter ce Fast 900 Reinforced de flancs beiges, seul modèle de la gamme à ne pas être en flancs noirs. Celui-ci est commercialisé au tarif de 40 € et est uniquement disponible en 29″ et 2.3 de section.
Rockrider Fast 500 et Fast 900 : le test terrain
Pour la durée de ce test, nous avons monté les pneus sur différents vélos XC, principalement en 120 mm de débattement : Santa Cruz Blur, Megamo Track, Specialized Epic Evo de la précédente génération et Scott Spark RC. Différentes paires de roues ont aussi été utilisées, avec des largeurs allant de 26 à 30 mm : Prymhal A30 en aluminium, Roval Control carbone et alu, Zipp 1Zero HiTop, Duke Lucky Jack et EvoRide EvoCross.
Si le test d’une gamme complète de pneumatiques peut être une tâche ardue et de longue haleine, celui-ci a été légèrement facilité… étant donné que les trois pneus partagent un profil parfaitement identique ! Reste qu’il faut encore comparer les différences de gommes et de carcasses.
De manière générale, le dessin du pneu est assez consensuel et passe-partout. Il s’en sort aussi bien sur le sec que dans des conditions plus humides, mais il y a clairement mieux si on va vers des pneus plus spécialisés proposés par d’autres marques.
Le choix de la section de 2.3 nous a vraiment convaincus et cela semble effectivement un bon compromis. Il n’y a pas cette sensation de flottement qu’on peut avoir avec certains 2.4 (notamment le Maxxis Recon Race auquel le Rockrider Fast ressemble pourtant un peu) et cela lui donne aussi plus de polyvalence.
Sur terrain meuble, les sensations étaient bonnes et nous étions assez convaincus du grip offert par ces deux rangées de crampons parallèles. Par contre, nous nous sommes faits surprendre à plusieurs reprises au niveau de la monte avant, lors de virages sur terrain (très) sec. Le problème ? L’espace entre les crampons centraux et latéraux se traduit par un ressenti assez flou et peu prévisible lorsqu’on met de l’angle. Lorsque les premiers décrochent, il faut attendre un certain temps, tout en continuant à mettre de l’angle, pour récupérer les crampons latéraux. Un geste qui n’est pas donné à tout le monde et pas tout à fait instinctif.
C’est clairement plus notable sur le Fast 500 à la gomme plus dure et à la carcasse plus raide qui se déforme moins. Sur le Fast 900 Reinforced, c’est aussi assez perceptible, mais sur le Fast 900 Light, la plus grande souplesse de la carcasse permet au pneu d’avoir un grip latéral globalement plus convaincant et de limiter ce ressenti de « trou » entre les rangées de crampons. Même s’il reste présent.
Par contre, rien à redire du côté du rendement : le Rockrider Fast (que ce soit en déclinaison 500 ou 900) est facile à emmener et offre une bonne efficacité au roulage. Sur terrain dur et sur asphalte, on sent très peu de résistance au roulement. Assez logiquement, le 900 Light est celui qui offre la meilleure réactivité au vu de son poids nettement plus faible. Quant au 500, on peut clairement ressentir son inertie en côte et dans les relances.
En montage arrière, le Rockrider Fast offre une très bonne traction et permet de passer toute la puissance au sol, y compris quand le sol est chaotique (racines, pierres, etc). Des performances qui se maintiennent étonnamment lorsque le terrain devient humide, et même lorsqu’il y a quelques passages de boue, le Fast n’a pas à rougir.
Bon, il n’est évidemment pas optimal pour la boue, et ce n’est pas un pneu que l’on recommandera pour l’hiver dans les régions pluvieuses, mais il parvient à s’en sortir de manière correcte. C’est surtout vrai pour les deux versions du Fast 900 dont les trois gommes plus souples offrent clairement une accroche bien supérieure aux deux gommes plus dures utilisées sur le Fast 500, qui s’en sort moins bien sur les rochers et racines humides.
Côté durabilité, nous roulons les différents modèles de Fast depuis plus de 6 mois en version de pré-série, puis nous avons reçu les versions définitives. Nous avons donc pu accumuler pas mal de kilomètres, surtout avec les Fast 500 et les 900 Light. Clairement, le Fast 500 est un pneu particulièrement durable. L’usure est quasiment invisible sur la bande de roulement du pneu arrière, les crampons ne sont pas du tout marqués et la carcasse est intacte après plus de 1500 km !
Sur le Rockrider Fast 900 Light, avec un kilométrage comparable, on commence à voir un peu d’usure à l’arrière, mais cela reste particulièrement raisonnable. Nous avions quelques craintes vu son côté « léger » assumé, mais au final, bonne surprise : nous n’avons pas connu de crevaison.
Enfin, c’est paradoxalement avec le Rockrider Fast 900 Reinforced que nous avons connu la seule crevaison de ce test. Il a été moins utilisé que les autres, mais il a notamment roulé aux mains d’un de nos testeurs les plus rapides, qui roule habituellement en enduro et qui a fait du XC vraiment (très) engagé avec cette monte. Pour reprendre ses mots : « Je n’ai crevé qu’une seule fois, et pourtant je leurs en ai fait voir de toutes les couleurs », explique Jacques à propos de la paire de Fast 900 Reinforced qui a connu une petite déchirure. Si elle est un peu plus lourde et même si elle n’est pas infaillible, cette version renforcée permet tout de même bien une tranquillité d’esprit supplémentaire.
Verdict :
Comme c’est l’habitude avec les produits Decathlon en général et aussi Rockrider pour le VTT, le rapport qualité-prix est très intéressant pour cette nouvelle gamme de pneumatiques XC. Avec des tarifs entre 29 et 40 €, ces pneus sont particulièrement bien placés et offrent globalement des performances convaincantes. Ils sont tous assez irréprochables en montage arrière grâce à une bonne combinaison de grip et de rendement, mais nous avons regretté un « trou » entre les crampons qui est perceptible en montage avant et qui nécessite d’oser piloter de manière engagée, en mettant de l’angle, pour aller faire vraiment mordre les crampons latéraux. Ce n’est pas dangereux, mais cela induit parfois un petit flou dont on se serait bien passé.
Quid des différences entre les versions ? Très durable mais assez lourd et doté d’un mélange de gommes moins haut de gamme, le Rockrider Fast 500 est à voir comme un bon pneu d’entraînement ou pour des raids/épreuves bikepacking où on roule chargé. Le Fast 900 Light est celui qui nous a le plus convaincus. Seulement 10 € plus cher que le 500, il est beaucoup plus léger sans que cela nuise vraiment à la solidité et son mélange de gommes plus haut de gamme apporte un vrai plus en accroche. Quant au 900 Reinforced, il offre des caractéristiques proches de celles du 900 light, avec toutefois une carcasse un peu plus raide, ce qui se sent sur le terrain. A conseiller à ceux qui roulent sur des terrains agressifs et/ou qui veulent une tranquillité d’esprit maximale.
Pour plus d’informations : https://www.decathlon