Test ride #15 – Syncros | Roues Silverton SL, cintre Fraser iC SL & Tailor IS Cage - Syncros Fraser IC SL
Par Léo Kervran -
Syncros Fraser IC SL : le cockpit façon Nino
Cela fait bientôt deux saisons que Nino Schurter roule avec un drôle de cockpit sur son Scott Spark RC. Il s’agit du combo Syncros Fraser IC SL, sur lequel le cintre et la potence ne font plus qu’un. Poids plume, rigidité améliorée : voilà les arguments sur papier. Mais qu’en est-il sur le terrain ? Nous avons voulu vérifier.
Presque aussi spectaculaire que les roues Syncros Silverton testées également dans ce dossier consacré à la marque, le cintre Syncros Fraser IC SL n’est pas le premier ensemble cintre-potence intégré du marché, loin de là. Souvenez-vous par exemple des premiers VTT Klein du début des années 90′ qui montrent que l’idée n’est pas neuve. Aluminium, acier ou même titane pour quelques artisans (on pense notamment à Morati), il y a déjà eu plusieurs produits du genre dans l’histoire du VTT. Mais la maîtrise sans cesse plus grande du carbone permet aujourd’hui à ce genre de produit d’entrer dans une nouvelle dimension.
Pour créer ce combo d’un nouveau genre, Syncros ne s’est pas juste contenté d’assembler un cintre et une potence existants et d’emballer la jonction dans du carbone comme des scouts le feraient pour lier deux branches d’arbre. Non, ici, c’est la forme du cockpit dans son ensemble qui a été repensée pour en faire un tout cohérent et pour vraiment tirer parti de la réunion de ces deux composants habituellement séparés, notamment au niveau du compromis rigidité/capacité de filtration des vibrations.
C’est à cette démarche de conception qu’on doit la forme particulière de ce cockpit qui ressemble à un oiseau volant dans le ciel. De la potence partent directement deux « ailes » aplaties qui deviennent progressivement rondes aux extrémités pour recevoir les commandes et les poignées. Cela va permettre au cintre de se déformer légèrement sur les impacts, tout en obtenant un gain en rigidité torsionnelle pour donner au pilote la sensation d’avoir un poste de pilotage précis et qui ne fait pas perdre d’énergie lorsqu’on l’essore en danseuse.
Cette forme particulière donne l’impression que le cintre est très courbé vers l’arrière. C’est vrai qu’il l’est, avec un « backsweep » (retour vers l’arrière) de 9°, alors que beaucoup de cintres de XC sont plutôt à 6 ou 7°. Mais cet angle choisi par Syncros n’est pas complètement inhabituel pour autant. Quant à l’upsweet (déport vers le haut), il est de 6°. De quoi donner un angle assez naturel aux poignets. Comme vous le verrez plus loin, nous en tout cas, on apprécie.
Sur la balance, le poids annoncé est respecté, avec 224g. C’est bien, très bien même, mais des potences et des cintres XC à 110g chacun, qui tiennent la route, ça existe. On ne peut donc pas parler d’avantage décisif du combo Syncros sur ce point. A noter aussi que la petite marque espagnole Gemini propose un combo, le Propus, à 164g vérifié par nos soins pour les mêmes dimensions.
Côté dimensions, justement, le Syncros Fraser SL n’existe qu’en une seule largeur, de 740mm (possible de le recouper à 720mm) , mais il y a par contre plusieurs longueurs et angulations pour la potence : 60, 70 (testée ici), 80 et 90mm avec un angle de potence de -8° pour la version classique ; -17° pour la version à potence de 100mm et -25° pour l’édition spéciale Nino Schurter Replica. Attention : comme avec tous les postes de pilotage de ce type, mieux vaut ne pas se tromper au moment du choix…
Côté tarif, l’ensemble n’est pas donné : 349,9€, voire 449,9€ pour les éditions -17° et Nino Schurter -25° produites en plus petites quantités. C’est plus qu’un ensemble classique, et c’est le prix pour avoir un produit original et intéressant sur le plan technique. La potence ayant une forme particulière au niveau du serrage sur le pivot de fourche, l’ensemble est fourni avec un jeu complet d’entretoises et un capot spécifiques. Un porte-GPS spécifique est aussi disponible (monte type Garmin, 59,9€). Signalons aussi pour être complets qu’il existe un autre combo dans la gamme, le Hixon SL, destiné à un usage all-mountain/enduro.
Syncros Fraser IC SL : le test terrain
Avant d’aller rouler, il faut monter cette belle pièce sur le vélo. Et si ce n’est pas vraiment compliqué, cela nécessite tout de même quelques précautions, surtout au niveau de la potence. D’une part, les entretoises à la forme particulière nécessitent un peu d’attention pour être bien alignées et que ce soit esthétiquement harmonieux. Et d’autre part, il faut être très délicat sur le serrage des vis pour ne pas dépasser le couple indiqué.
Bon point par contre pour le revêtement granuleux au niveau des commandes (freins, vitesses, etc), qui évite justement de devoir trop les serrer pour éviter qu’elles bougent. Et dans l’ensemble, la finition apparaît comme aussi robuste que belle.
Dès qu’on se pose sur le vélo, l’angle négatif de la potence donne le ton, on est sur un produit destiné à attaquer et pensé pour un usage compétitif. On peut bien sûr contrer cet effet en mettant plus d’entretoises sous la potence, mais ce n’est pas le but du jeu quand on achète ce genre de cockpit. Pour le reste, la forme est très agréable et même s’il y a toujours une part de goût personnel, l’angle de retour du cintre (backsweep) de 9° et le positionnement du cintre nous ont paru particulièrement ergonomiques en respectant un angle naturel pour les poignets. Heureusement d’ailleurs, car il est évidemment ici impossible de faire tourner légèrement le cintre pour adapter son positionnement à ses goûts.
Et côté rigidité, qu’est-ce que ça donne ? Eh bien c’est un compromis très réussi ! Quand on attaque en sprint, impossible de ressentir la moindre torsion gênante ou le moindre mouvement parasite. Idem en descente, c’est précis et on ne ressent aucune flexion inopportune.
Par contre, quand on fait de longues sorties, on sent que les mains restent alertes, ne s’engourdissent pas et c’est surtout dans les longues descentes très chaotiques qu’on se rend compte qu’en effet, Syncros n’a pas juste voulu faire la rigidité la plus importante possible dans toutes les directions, mais justement trouver le bon compromis et orienter cette rigidité pour obtenir un côté très tolérant sur les obstacles. C’est peu de chose, et cela ne compense pas une fourche mal réglée ou des pneus trop gonflés, mais sur un vélo préparé aux petits oignons, ça apporte une petite touche en plus qu’on parvient à sentir et qui s’apprécie sur la durée.
Verdict
Dans la même veine que les roues Silverton SL, Syncros n’a pas juste fait un produit au look impressionnant, une pièce de show pour impressionner les copains. Non, ce combo Fraser SL apporte bien quelque chose sur le terrain et offre un compromis poids rigidité quasi impossible à obtenir avec un ensemble classique. Au niveau de la rigidité, c’est surtout la dissociation entre le verrouillage qu’on ressent dans les sprints ou au pédalage, et sa grande capacité à filtrer les vibrations et à se montrer tolérante dans le technique qui est remarquable. Dommage que le poids ne soit pas encore un peu plus bas et que ce raffinement technologique, qui améliore le poste de pilotage sans toutefois le révolutionner, ait un prix si élevé.
Syncros Fraser IC SL
349,9€
224g(potence 70mm, -8°)
- Look et finition magnifiques
- Rigide quand on le torture...
- ...mais tolérant sur les impacts
- Tarif élevé
- Possibilités d'ajustement inexistantes
Évaluation des testeurs
- Prix d'excellence
- Coup de coeur
- Rapport qualité / prix