Test | R.s.p. bike care: prendre soin de son vélo à la maison
Par Jeffry Goethals -
R.s.p. n’évoque probablement pas grand-chose au vététiste moyen. Pourtant, la marque autrichienne est présente sur le marché depuis plus de 30 ans et ses lubrifiants, huiles et produits d’entretien sont largement utilisés par les professionnels dans les coulisses. Nous avons testé leurs produits dédiés à un usage domestique, voici nos impressions :
Sur le site web de r.s.p., disponible en allemand ou en anglais, on ne trouve pas beaucoup d’informations concrètes. Lorsqu’on clique sur leur boutique en ligne autrichienne, on se heurte à un design web démodé qui ne séduit pas vraiment. Leur page Facebook, elle aussi, est plutôt clairsemée. La famille Fernbach, qui dirige l’entreprise, se concentre clairement sur la qualité et le fonctionnement des produits et beaucoup moins sur leur commercialisation ou la communication. Ce constat s’applique également aux étiquettes des produits, simples et peu informatives par rapport aux technologie utilisées.
Au passage, r.s.p. signifie « Reinigen, Schmieren & Pflegen« , « Nettoyer, lubrifier & entretenir » en français. Difficile de faire plus simple et plus clair ! Leur gamme est très complète et avec le peu d’informations à notre disposition, il n’est pas évident de s’y retrouver, mais nous avons heureusement pu compter sur les conseils et les connaissances de Sabma, le distributeur pour le Benelux et la France.
La sélection qui nous a été proposée est destinée à une utilisation à domicile, pour qui veut entretenir son vélo et est parfois obligé de faire un peu de mécanique. Elle comprend – naturellement – les huile Black et Red, le nettoyant pour vélo Muddy Buddy, le dégraissant pour chaîne Jacky Chain mais aussi le nettoyant pour les mains, l’huile d’entretien pour fourche Hyper Wiper et la pâte de montage Creak Freak.
Lubrifiants Red Oil & Black Oil
Chez r.s.p., l’huile rouge est pour les conditions sèches et chaudes et l’huile noire pour les conditions humides et froides. Toutes deux contiennent du PTFE et des additifs antisalissures, mais elles sont clairement différentes, il suffit de mettre une goutte de chaque sur son doigt pour s’en apercevoir. L’huile noire-bleue est plus collante et reste en cercle sur la peau tandis l’huile rouge rose, en revanche, est moins visqueuse et coule. Elle est également plus facile à essuyer, surtout avec un chiffon humide. Les particules de poussière sèches ont tendance à se répandre avec l’huile rouge, tandis qu’avec l’huile noire, il faut ajouter un peu d’eau à la « saleté » et on observe une sorte d’effet hydrophobe.
Voilà pour l’approche théorique, mais c’est la pratique qui compte. R.s.p. conseille de toujours dégraisser la chaîne au préalable avec son nettoyant pour chaîne Jacky Chain. Nous avons l’habitude de dégraisser nos chaînes pendant une demi-heure dans un bain à ultrasons à 50 degrés pour un effet en profondeur, mais il est tout à fait possible de nettoyer » légèrement » la chaîne en vaporisant le produit sur la chaîne et en le laissant pénétrer.
Plus simple et moins coûteuse, cette méthode a toutefois l’inconvénient de gaspiller une quantité relativement importante de produit, pour un résultat en dessous de ce qu’on obtiendrait avec les ultrasons. Mais il faut tout de même reconnaître que « Jacky » fait déjà du bon travail en temps normal. La saleté noire d’une chaîne sale s’égoutte visiblement et après l’avoir laissé tremper pendant 5 minutes, on peut encore enlever beaucoup de saleté avec un chiffon. Un bidon d’un demi-litre de Jacky Chain, comme celui que nous avions, coûte 14,96 euros et dure environ 20 à 25 utilisations.
À la fin des années 80, le fondateur Gerhard Fernbach en avait assez de devoir enlever les marques de chaîne noires de sa tenue blanche et il a ainsi décidé de développer son propre lubrifiant.
En raison des conditions météorologiques hivernales difficiles de ces dernières semaines, nous n’avons pas pu tester la Red Oil dans des situations poussiéreuses. A chaque problème sa solution et c’est notre hometrainer relié à Zwift qui nous a offert une belle alternative. D’une part, la chaîne tourne pendant des heures avec beaucoup de frictions et d’autre part, même à l’intérieur et à l’abri, il y a toujours des particules de poussière qui flottent et viennent se fixer sur la chaîne. Avec de la cire ou de l’huile de chaîne normale, des grumeaux noirs et secs commencent à se former sur la chaîne après 3-4 heures d’utilisation (cumulée, pas de panique, on ne fait pas 3h de home-trainer en une seule séance) puis s’effritent et la chaîne, devenue toute sèche, doit être lubrifiée à nouveau.
L’huile rouge dure jusqu’à 5-6 heures, avant que l’on entende la chaîne frotter un peu plus et que l’on ait l’impression que tout est un peu raide. On voit aussi très peu de « noir », ce qui semble vraiment être la caractéristique de l’huile de chaîne r.s.p. À la fin des années 80, le fondateur Gerhard Fernbach en avait assez de devoir constamment enlever les marques de chaîne noires de sa tenue blanche et il a ainsi décidé de développer son propre lubrifiant.
Nous avons en revanche largement pu tester l’huile noire dans les conditions humides et froides pour lesquelles elle a été développée. Et là aussi, on remarque que le produit dure longtemps et que la chaîne ne devient pas noire au bout d’un certain temps. On peut parfaitement terminer une sortie hivernale normale sans rentrer à la maison avec une chaîne qui s’use ou grince. Dans des circonstances extrêmes – comme une forêt de Soignes bien humide ou la région de Mergel, dans le sud du Limbourg, pendant les jours les plus courts de l’année – la Black Oil est, selon notre expérience, l’une des plus résistantes et persévérantes. Pas de miracle toutefois, après 2 heures la chaîne commence à grincer mais c’est mieux que bien d’autres lubrifiants. L’huile rouge et l’huile noire sont toutes deux vendues à 7,01 euros pour un bidon de 50 ml.
Nettoyant Muddy Buddy
Après la sortie, il faut nettoyer son vélo et à ce titre, un produit dédié est fort utile pour tout mécanicien amateur à domicile. Chez r.s.p., le savon répond au nom de « Muddy Buddy » et comme tout produit de nettoyage, il doit répondre à un certain nombre de critères : efficacité, respect de l’environnement, économie, odeur, impact sur les muqueuses et autres tissus fragiles du corps humain, notamment les yeux et le nez… L’idéal est d’obtenir un nettoyage en profondeur avec le moins de produit possible, qui soit en même temps extrêmement respectueux de l’environnement et qui dégage une odeur tolérable, sans irriter les yeux ou le nez. La tête de pulvérisation joue également un rôle dans la note ; elle est parfois difficile à utiliser, tombe rapidement en panne ou gaspille beaucoup de produit.
Selon l’étiquette, le Muddy Buddy est respectueux de l’environnement et biodégradable (umweltfreundlich et biologisch abbaubar en allemand), ce que nous ne pouvons pas vraiment tester…. mais nous osons espérer qu’en Autriche, mettre un joli petit logo ne suffit pas et que de telles assertions doivent être vérifiées.
Le Muddy Buddy se distingue sur le long terme.
On commence par mouiller son vélo puis on le recouvre complètement de nettoyant. La tête de pulvérisation fait son travail correctement et est assez puissante, mais on ne s’attend pas à la voir durer des années pour autant. On laisse le produit, au parfum d’agrume très reconnaissable, agir pendant environ cinq minutes, puis on rince soigneusement le vélo. Sur un vélo où la boue n’a pas encore séché ou sur lequel il y a des résidus de graisse, nous avons remarqué peu de différences avec d’autres bons produits de nettoyage. En revanche, le Muddy Buddy se distingue sur le long terme. Après plusieurs séances de nettoyage, on constate que la boue séchée ou les traces de boue difficiles à enlever s’en vont beaucoup plus facilement avec ce nettoyant qu’avec d’autres produits.
Un bidon de 500 ml, tête de pulvérisation comprise, coûte 11,95 euros et sans jouer à l’économie, nous l’avons utilisé pour sept séances complètes de nettoyage. Si vous avez un jardin et un jet d’eau, nous vous recommandons d’acheter la version grand volume 10 litres. Celle-ci est plus de 3 fois moins chère au litre (65 euros) et permet théoriquement nettoyer un vélo près de 150 fois.
Tout le monde lubrifie sa chaîne lors du nettoyage du vélo mais les joints de fourche, d’amortisseur ou de tige de selle télescopique sont généralement plus négligés. A tort, et r.s.p. propose justement un produit adapté, censé prolonger la durée de vie des joints tout en améliorant les performances : l’huile d’entretien Hyper Wiper.
Appliquer quelques gouttes sur les joints suffit à obtenir un fonctionnement plus souple.
Il suffit d’appliquer quelques gouttes, de laisser le produit s’imprégner dans les joints et de comprimer la fourche, l’amortisseur ou la tige de selle pour obtenir un fonctionnement plus souple, que l’on sent réellement. Attention, avant d’aller rouler il faut bien penser à nettoyer l’excédent de produit sur l’extérieur des joints, afin qu’il n’attire pas la saleté. Sur une tige de selle télescopique capricieuse, qui a des difficultés à remonter, l’Hyper Wiper peut également donner des résultats intéressants. On ne peut pas attendre de miracle sur le long terme, un entretien complet reste indispensable, mais c’est une solution d’urgence qui peut dépanner temporairement. La bouteille coûte 12,50 euros mais à raison de quelques gouttes seulement par utilisation, elle peut durer longtemps.
Au passage, il est important de noter que le No Stick Slip, dont le nom laisse penser qu’il aurait un effet similaire, n’a rien à voir. C’est un additif céramique ajouté lors du changement d’huile au moment de l’entretien d’une fourche, afin de modifier ses propriétés et le fonctionnement général. Il ne doit donc pas être administré de l’extérieur.
Savon Handreiniger et pâte de montage Creak Freak
Les deux derniers produits sont plus rares dans l’arsenal du mécanicien amateur occasionnel mais ne sont pas moins dignes d’intérêt, surtout si vous commencez à travailler un peu plus souvent vous-même sur votre vélo.
On commence avec le Handreiniger, qui, comme son nom allemand l’indique, est un nettoyant pour les mains. A première vue, il ressemble beaucoup à un nettoyant industriel pour les mains, comme ceux utilisés dans les garages automobiles pour éliminer la graisse noire qui s’incruste partout sur les mains. C’est une substance granuleuse qui a besoin d’eau pour fonctionner.
La première chose que l’on remarque, c’est qu’il fonctionne mieux qu’un savon ordinaire pour les mains, beaucoup mieux. On peut réellement nettoyer ses mains sales et noires pour avoir à nouveau une peau propre, sans traces récalcitrantes. Mais là où la plupart des nettoyants puissants pour les mains stressent la peau et la dessèchent complètement, celui-ci la laisse avec une sensation soyeuse. Résultat, ce savon a désormais trouvé sa place près de notre lavabo, pour toujours et à jamais. Travaux de jardin, de maison… Son champ d’utilisation n’est pas cantonné au lavage des mains après la mécanique sur le vélo.
Rien n’est plus frustrant qu’un craquement sur le vélo. Localiser ce bruit est une tâche de longue haleine en soi, mais une fois qu’on en a trouvé la cause, il reste encore à la résoudre. Bien souvent, une pâte de montage peut être la solution à ce genre de problème, plus encore que l’huile et la graisse qui se répandent plus facilement et attirent davantage les saletés. La Creak Freak est une pâte de montage qui, grâce à un certain nombre de propriétés, doit offrir une solution aux bruits indésirables encore plus efficace qu’une pâte ordinaire. Nous avons testé le grand pot d’un demi-kilo, fourni avec une brosse bien pratique. Proposé à 49,50 euros, il devrait durer les dix prochaines années. Il existe également un plus petit tube de 50g qui coûte 11,50 euros, sans pinceau toutefois. Et ce pinceau est vraiment utile, car cette pâte bleu clair est beaucoup plus sèche, moins grasse et plus collante que les autres. L’appliquer avec les mains, c’est prendre le risque d’en laisser très rapidement des traces un peu partout sur le vélo.
Est-ce que ça fonctionne vraiment ? Nous l’avons eu testé sur deux vélos différents : en premier un e-bike avec un jeu de direction qui grinçait puis sur un XC tout-suspendu avec le même souci au niveau de l’amortisseur. Démontage, nettoyage et application d’une quantité normale (surtout ne pas en abuser) de Creak Freak … Deux mois plus tard, les deux vélos sont toujours exempts de grincement.
Verdict
Que notre avis sur les produits r.s.p. soit positif ne vous surprendra pas après avoir lu cet article. Malgré une image terne et un marketing peu convaincant, l’efficacité des produits sélectionnés est telle que nous avons rapidement été convaincus. Nous avons toute confiance en l’huile noire pour passer l’hiver et nous sommes curieux de savoir comment l’huile rouge se comportera en été, vu les premiers résultats prometteurs sur home-trainer. De son côté, le Muddy Buddy est une bénédiction pour rendre propre rapidement et efficacement un vélo déjà sec. L’huile Hyper Wiper et le Handreiniger sont des produits auxquels on ne pense peut-être pas immédiatement, mais pour quelqu’un qui veut vraiment prendre soin de sa machine et qui se salit les mains de temps en temps, ils sont définitivement recommandés. Enfin, le Creak Freak est un produit dont vous n’aurez (espérons-le) pas vraiment besoin, mais si vous êtes confrontés à un grincement persistant, cette pâte de montage peut vous éviter bien des frustrations.
Plus d’informations : rsp.at ou sabma.com, le distributeur pour le Benelux et la France.