Test | Open UP : le gravel qui ouvre les horizons

Par Olivier Béart -

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Test | Open UP : le gravel qui ouvre les horizons

Vélo de route ? Gravel ? VTT ? Une chose est sûre, le Open UP n’aime pas les classements. Il brouille les pistes… pour notre plus grand plaisir ! Car après tout, quoi de plus intéressant qu’un vélo qui serait aussi bon sur asphalte qu’en dehors des sentiers battus. Comme ce bel objet nous intriguait, nous avons voulu le tester pour voir exactement ce qu’il a dans le ventre et quelles sont ses limites… s’il en a ! Verdict.

Quand les deux larrons à l’origine du Open UP parlent de leur réalisation, ils expliquent qu’il s’agit de « la combinaison d’une géométrie cross/route orientée performance offrant la possibilité de monter tous types de pneus, y compris VTT. De cette façon, vous pouvez aller n’importe où… et vite ! »

Pour arriver à leurs fins, les développeurs ont énormément travaillé sur les formes du cadre au niveau des bases (asymétriques) et sur les possibilités offertes par les nouveaux standards d’axes. Pas de Boost ici, mais du 142×12 issu du vtt au lieu de l’habituel 130mm des vélos de route. Et surtout, au niveau du pédalier, la base droite a été autant affinée en épaisseur (mais pas en hauteur) qu’abaissée pour permettre à la fois le montage de pneus larges et d’un pédalier route, y compris en double plateau !

Oubliez les diamètres de jantes et concentrez-vous sur le diamètre externe du couple roue-pneu que vous utilisez !

La marque suit un raisonnement qui nous semble extrêmement pertinent et dont on devrait de plus en plus entendre parler : oubliez les diamètres de jantes et concentrez-vous sur le diamètre externe du couple roue-pneu que vous utilisez ! Car après tout, c’est bien ce chiffre qui a du sens. Et que constate-t-on ? Que le rayon d’un couple roue de 700/pneu en 28mm est de 341mm… quand celui d’une roue vtt de 27,5 » avec un pneu de 2.1 » est de 342mm !

Le Open UP accepte aussi des roues de 700 avec des pneus de cylocross jusque 40mm de section (rayon de 350mm). Et voilà comment, avec un peu d’ingéniosité et un raisonnement de départ qui s’affranchit des barrières mentales habituelles, on obtient un vélo « 3-en-1″. Par contre, oubliez les pneus VTT sur des roues de 29 » : avec 365mm de rayons, cela ne passera pas. Notez que ce type de design a depuis été repris sur le dernier VTT de la marque, le Open One+ qui est compatible 29″ et 27,5+ (voir ici pour plus d’infos).

Comme toutes les réalisations de la marque, le cadre est en carbone et il est très léger : 1170g vérifiés en taille L (465g pour la fourche). Mais quand on parle de la réalisation à Gérard Vrooment, plutôt que d’utiliser des noms comme HM, Aerospace Grade ou autres, il préfère parler de l’utilisation du bon type de carbone au bon endroit. « Nous utilisons le plus haut module de carbone possible la plupart du temps car c’est lui qui offre le meilleur compromis poids/rigidité, mais quand il le faut, nous utilisons d’autres types de fibres pour augmenter la résistance aux impacts sur les parties critiques, ou encore pour faciliter la déformation de certaines zones. »

Les formes ne sont pas non plus travaillées qu’au niveau des bases asymétriques. Les haubans très fins et larges assurent l’absorption des vibrations, alors que le tube supérieur plat et très large combiné à une douille de direction ainsi qu’à un boîtier de pédalier généreusement dimensionnés assurent le coup pour la partie rigidité et répondant du cadre. Dans le même esprit, le bas du tube de selle est carré et nervuré à l’approche du boîtier de pédalier (au standard 386 EVO, qui accepte les pédaliers de type BB30).

On remarque aussi plusieurs détails, comme la présence d’un petit trou permettant de contrôler que la tige de selle est assez enfoncée, ou encore des vis sur le tube supérieur près de la douille de direction pour permettre le montage d’une petite saccoche et souligner le fait que le Open UP est un vélo parfaitement adapté aux épreuves d’endurance et aux très longues sorties. N’oublions pas non plus le passage interne des gaines et de la Durit de frein arrière, repensé par rapport au premier Open O-1.0. C’est joli, mais en pratique il faut toujours idéalement retirer le boîtier de pédalier pour les grosses opérations de maintenance.

Géométrie

La géométrie du Open UP tire clairement plus vers la route et le gravel que vers le vtt. Encore que : on est sur des valeurs de vélos d’endurance, pas de pures machines de compétition. Le reach est nettement plus court que ce qu’on rencontre sur les vélos de XC de dernière génération, ce qui est logique puisque qu’il faut tenir compte de la profondeur des cintres de route pour lesquels il est prévu. Le montage de potences courtes est par contre vivement recommandé, tout comme celui d’une tige de selle droite vu l’angle de tube de selle assez couché. Enfin, soulignons que la compatibilité avec des roues de VTT en 27,5 » n’a pas eu d’influence sur la longueur des bases qui restent très courte avec 420mm.

Equipements

Nous n’allons pas trop nous étendre sur ce chapitre dans la mesure où le Open UP est vendu en cadre seul. Le montage testé ici présente néanmoins quelques points qui méritent qu’on s’y attarde à titre d’exemple et pour tirer quelques leçons des choix posés ici.

Au niveau de la transmission, on retrouve le Sram Force CX-One en 1×11 avec une cassette 11-36. Si le choix du pédalier mono trouve grâce à nos yeux (avec un Q-Factor étroit qui plaira aux routiers), nous aurions par contre aimé une cassette plus large en 10-42,, car ici nous nous sommes parfois retrouvés trop courts sur la route et à devoir pousser trop dur dans des côtes plus typées VTT. Voilà un élément à ne pas négliger, au risque de brider la polyvalence naturelle de l’engin.

Les roues testées ici proviennent de l’univers du VTT avec les excellentes DT-Swiss 1501 montées en pneus Schwalbe Racing Ralph 650b*2.1. Un excellent combo qui se montre dynamique et vif quel que soit l’usage. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le rendement n’est pas trop entamé sur route et même si des slicks seront plus adaptés pour suivre un peloton de routiers, on peut déjà aller très vite avec ce montage.

Le cadre comme la fourche sont uniquement prévus pour le freinage à disques, et c’est tant mieux ! On a beaucoup de mal à comprendre les réticences de certains routiers à l’égard de ce type de freinage moderne et efficace par tous les temps. Espérons que ce type de machine aide aussi à faire évoluer les mentalités sur ce point. Les freins Sram Force sont plus progressifs que des freins VTT et il faut les aborder différemment, mais la puissance est bien au rendez-vous et ils mettent en confiance.

Enfin, la fourche issue de chez 3T est fournie avec le cadre. Avec son axe traversant 15×100 et son profil typé aéro, elle se montre très rigide. Peut-être même un peu trop quand on envisage un usage off-road plus engagé. les composants proviennent de la même marque et, si on se réjouit de la présence d’une potence courte, il faudra faire très attention au choix du cintre. En effet, le superbe 3T Aéro monté ici a eu la fâcheuse tendance de tourner sur les plus gros impacts, même après que nous ayons pris la liberté de serrer un tout petit peu au-delà du couple préconisé.

Côté budget, on est dans le très haut de gamme : comptez 2900€ pour le cadre avec sa fourche et les axes. Open vise clairement l’excellence et la production en petite série, il ne faut donc pas s’attendre à des versions plus accessibles. Par contre, on espère que la démarche donnera des idées à d’autres car le concept du vélo serait très pertinent en entrée de gamme. A noter aussi que le Open UP a un cousin chez 3T, le Exploro, qui se veut encore plus haut de gamme et qui intègre des préoccupations aérodynamiques dans une optique de performance. Pour la petite histoire, c’est assez logique… puisque Gerard Vroomen est également propriétaire de 3T !

Open UP : le test terrain

Enfourcher un vélo comme le Open UP est un moment assez particulier et tous nos testeurs ont directement eu conscience d’être en présence d’un OVNI dont les lignes pures et la couleur flashy contribuent à renforcer l’attrait visuel. Le poids séduit aussi. Avec 8,6kg sans aucun composant exotique et dans sa configuration la plus lourde avec roues de VTT, voilà qui a de quoi donner des ailes.

Nous avons fait tester le vélo à plusieurs types de riders, depuis le pur vttiste jusqu’à des routiers à l’esprit ouvert qui pratiquent également le VTT. Et là où le Open UP fait très fort, c’est qu’il a été capable de mettre des étoiles dans les yeux de toute le monde ! En usage purement route, le vélo met immédiatement à l’aise et on sent qu’on est sur un cadre très raffiné, digne de ce qui se fait de mieux sur le marché. Même avec les roues VTT, le répondant et les performances en côte sont hallucinants.

Mieux : quand on attaque des revêtements difficiles comme on en rencontre très souvent dans nos contrées où l’asphalte façon billard n’est souvent qu’une vague chimère, on semble flotter sur du velours. Avec les pneus en 2.1 gonflés à un peu plus de 2 bars, on surfe sur les pavés et on peut se permettre d’envoyer la sauce sans se soucier de l’état du bitume. Pendant que vos potes en vélo de route à pneus étroits slaloment entre les trous, vous, vous êtes déjà loin.

Pour un pur vttiste, c’est aussi en quelque sorte le vélo de route idéal. Si vous avez l’habitude de sauter sur les trottoirs, de faire un bunny-up à la moindre taque d’égout et de ne pas trop faire attention où vous mettez des roues même sur la route car vous êtes habitués à rouler avec des gros pneus qui pardonnent bien plus que de fins boyaux, ne cherchez plus, voilà le genre de vélo qu’il vous faut pour avaler les kilomètres sur asphalte. Mis à part ce foutu cintre qui bouge (mais c’est lié au modèle choisi), rien ne vous arrêtera au guidon de ce petit jouet.

Par contre, quand on sort des sentiers battus, on va vite s’apercevoir qu’il ne faut pas le prendre pour un VTT. Car ce n’en est pas un.

Le comportement du Open UP est aussi particulièrement sûr et avec de tels pneus, une géométrie bien équilibrée ainsi que des freins à disques, on domine la route. Par contre, quand on sort des sentiers battus, on va vite s’apercevoir qu’il ne faut pas le prendre pour un VTT. Car ce n’en est pas un. Eh oui, il faut plus que de gros boudins pour s’aventurer dans des chemins plus pentus et de vraies traces off-road.

La position a beau être équilibrée, elle est très allongée et l’emplacement des mains sur un cintre typé route chamboule les repères. On est aussi très bas de l’avant. De suite, on pense aux pionniers du VTT et au mérite (ou plutôt aux « big balls ») qu’ils avaient pour se lancer sur des pistes avec l’avant du corps ainsi positionné. Bon, la forme du cintre 3T Aero n’aide pas et la position mains en haut du cintre, près de la potence, est quasiment inutilisable. Mais même sans cela, c’est clairement le premier élément qui nous freine et qui nous a fait rebrousser chemin dans certains sentiers.

L’absence de suspension vient rajouter au côté délicat du vélo dans les portions techniques. Idem dans les ascensions raides où, au-delà de la cassette 11-36 qui limite les ardeurs, on est aussi dans une posture qui ne favorise pas le choix des lignes au millimètre près. Non, décidément, ce n’est pas un VTT. Mais une fois qu’on l’a compris, on redécouvre le plaisir de rouler sur certains sentiers qu’on avait l’habitude de considérer comme ennuyeux. Ses pneus permettent de voir plus large qu’avec un gravel classique ou un cyclocross et du moment qu’il n’y a pas de trop de pente, les singletracks sinueux sont un véritable régal.

Idem pour des chemins plus larges ou de simples sentiers de remembrement au milieu des champs qui prennent soudainement de nouvelles couleurs et qui offrent un terrain de jeu qu’on ne soupçonnait pas au guidon de VTT contemporains dont l’excellence a hélas aussi pour conséquence de gommer une partie des sensations sur certains terrains. Au guidon du Open UP, on sent qu’on vit et s’il y a bien une chose qu’on ne risque pas, c’est de s’ennuyer !

Verdict

Rouler en Open UP, c’est repenser sa pratique du vélo. C’est rouler sur une machine qui a les défauts de ses qualités, mais qui justement tire parti de ses limites pour vous faire redécouvrir vos sentiers préférés et leur difficulté. Très à l’aise sur route, surtout aux mains d’un pilote habitué à rouler en VTT, c’est aussi une formidable machine à rouler et à faire des découvertes. Oubliez les traces de la mort hyper pentues : avec le Open Up, on peut aussi prendre du plaisir sur le plat et sur de simples chemins de campagne. C’est là sa grande force. Sans compter qu’à son guidon, vous pourrez autant frotter dans un peloton de jambes rasées sur asphalte que partir rouler des heures le nez au vent dans un esprit de découverte. Si, malgré ses pneus, il ne faut en aucun cas le prendre pour un VTT, c’est par contre un complément parfait à ce type de machine que nous possédons tous et il a tous les arguments pour vous faire oublier toute velléité d’achat d’un vélo de route. Une magnifique découverte et un vélo d’exception, réservé hélas à une élite en raison d’un tarif très élevé, d’autant que pour pleinement en profiter il faut envisager l’achat de deux paires de roues.

Lien utile : opencycle.com/up

ParOlivier Béart