Test nouveauté | Santa Cruz Vala : surprendre pour mieux se défendre ? 

Par Paul Humbert -

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Test nouveauté | Santa Cruz Vala : surprendre pour mieux se défendre ? 

Petit coup de tonnerre en Californie : le nouveau VTTAE Santa Cruz s’équipe d’un moteur Bosch et opte pour une architecture four-bar linkage au détriment de sa suspension VPP. Bienvenue au Vala, un vélo très attendu dans les magasins de la marque. Nous avons pu l’essayer et on vous dresse son portrait :

150mm de débattement à l’arrière, 160mm à l’avant, un montage « MX » (29 pouces devant, 27,5 pouces derrière), pas de doute, le Vala joue sur le terrain du Heckler. Mais alors, pourquoi changer ? Pour lancer une nouvelle dynamique d’abord, puisqu’en Amérique du Nord, le Heckler n’a pas rencontré le le succès attendu, et parce que la motorisation change. 

C’est une demande récurrente en Europe : proposer un moteur Bosch Performance CX. Si la dernière évolution de la motorisation Shimano EP801 en fait un très bon moteur (comme on a pu le voir récemment sur le Bullit ), les équipes de Shimano peinent à faire connaître leurs arguments. 

Santa Cruz s’est donc tourné vers le motoriste allemand et présente le Vala au lendemain du lancement de la dernière génération de moteurs Performance CX. 

Autre grosse nouveauté, Santa Cruz quitte son architecture de suspension « maison », le VPP, avec un triangle arrière flottant, au profit d’une construction « four-bar linkage ». On y reviendra, mais l’objectif est de proposer les performances attendues sur ce vélo sans se « bloquer » sur une solution technique qui n’est pas forcement la meilleure dans toutes les conditions. 

Châssis : carbone et garantie à vie 

Si Santa Cruz marque une certaine rupture avec ses précédents développement avec ce nouveau Vala, la marque ne change toutefois pas son positionnement haut de gamme ni sa politique qualité. On retrouve assez logiquement un cadre en carbone (sauf la biellette) qui est garanti à vie au premier acheteur.

On retrouve deux niveaux de gamme pour ce Santa Cruz Vala : C et CC. Les modèles CC s’annoncent plus légers (fibres de carbone plus haut de gamme et moins de résine) et dépourvus de passages internes. Comme sur ses récents Hightower et Bronson, la marque a fait le choix de concevoir ses vélos haut de gamme pour l’utilisation de transmissions électroniques uniquement (supprimant ainsi des entrées de gaines et des « gouttières » à l’intérieur du cadre. 

Pour maîtriser au mieux la rigidité de son cadre, Santa Cruz a opté pour un tube inférieur fermé : il n’est pas possible de sortir la batterie du vélo sans démonter le moteur. C’est un choix fort que la marque assume. 

Au moment de faire ces choix, Santa Cruz a annoncé avoir privilégié la solidité et la durée de vie dans le temps de son cadre au gain de poids à tout prix. La marque annonce toutefois des poids raisonnables pour la catégorie, compris entre 21,4 et 22,4 kg (en taille M). 

Moteur : Bosch Performance CX 

Le timing était choisi soigneusement pour profiter de l’effet d’annonce. Santa Cruz dévoile son Vala au lendemain de la sortie du nouveau moteur Bosch Performance CX. Nous lui avons consacré une vidéo et un article entier mais retenez les points clés : les valeurs de puissance et de couple ne changement pas (600 W et 85 Nm) mais le fonctionnement est « adouci » avec une meilleur analyse du terrain, permettant de gagner en traction. 

On gagne considérablement en silence de fonctionnement, au pédalage comme en descente, avec une élimination des bruits de claquement en descente. Le moteur est également un tout petit peu plus léger sur la balance. 

Dans l’écosystème Bosch, deux batteries sont disponibles : 600 Wh ou 800 Wh (+ 0,9 kg). Santa Cruz a fait le choix de ne proposer qu’une batterie, la 600 Wh, dans tous ses vélos. Pour la marque, c’est bien assez pour la grande majorité des pratiquants, et si vous avez envie de plus, un « range extender » de 250 Wh est disponible en option et s’installe sur les plots de porte-bidon. Sur l’interface de fixation, un porte-bidon peut être glissé quand le « range extender » n’est pas en place. 

Du côté du contrôle du moteur, Santa Cruz a fait le (bon) choix de la commande « Mini Remote » à trois boutons associée à une commande centrale sur le top tube. Il est également possible de venir ajuster les niveaux d’assistance dans l’application Flow du motoriste.

Géométrie 

Tout est une question d’équilibre, et encore plus quand il s’agit d’un VTTAE. Santa Cruz a fait le choix d’un montage MX/Mullet, avec une roue de 29 pouces devant et de 27,5 pouces derrière. C’est un élément à prendre en compte dans la conception du vélo, comme sur le Bronson dont il se rapproche. L’autre élément clé, c’est le centrage des masses et la gestion du poids de la batterie et du moteur. 

Pour pimenter encore un peu tout ça, on retrouve deux flip-chips sur ce nouveau Santa Cruz Vala. Le premier joue sur la progressivité de la suspension, et l’autre sur la géométrie.

Le reach en position « high » est de 460 mm en taille M, associé à un stack de 632cmm, un angle de direction de 64,2° et un triangle arrière de 440 mm de long. En position « low », on passe à 456 mm pour le reach, 636 mm pour le stack, 63,9 pour l’angle de direction et 441 mm pour le triangle arrière. Ça peut paraître peu, mais comme on vous l’explique dans notre section « prise en main », ça se ressent. 

Cinématique et suspension 

Voilà l’autre point clé de ce vélo, qui ne manquera pas de faire réagir les fans inconditionnels de la marque. Jusqu’à présent, à l’exception du Blur de XC, Santa Cruz ne proposait « que » des VPP, une architecture de suspension où le triangle arrière est « flottant », relié à l’avant par deux basculeurs.

Cette cinématique n’a de cesse d’évoluer, au gré de l’amélioration des connaissances de l’équipe de développement et de l’évolution des pratiques. C’est un des points clés des derniers Bronson et Hightower sortis tout récemment. La marque annonce des améliorations au niveau du comportement de la suspension apportés par plus de place, des amortisseurs plus longs et de plus grands basculeurs. 

Problème : avec une batterie et un moteur, Santa Cruz n’arrive pas au même niveau de performance sur son e-bike. Alors comme pour son vélo de XC, les ingénieurs sont sortis de leur cadre habituel de travail pour tenter de répondre au mieux à la problématique : proposer un vélo maniable et performant pour le programme. 

On retrouve donc une architecture un peu plus conventionnelle et très populaire en VTTAE : le Four Bar Linkage. On le retrouve chez presque tous les acteurs majeurs : Specialized, Trek, Cannondale, Moustache… Cette cinématique a la particularité de donner beaucoup de place aux développeurs de la suspension, sans être contraints d’ajouter un basculeur au plus près du boitier de pédalier. 

La marque annonce vouloir réduire l’anti-squat et le kickback, tout en restant actif au pédalage dans les portions défoncées pour conserver du grip. C’est sur l’anti-rise et le comportement du vélo au freinage que la marque annonce avoir le plus progressé par rapport au Heckler, en proposant une suspension plus active au freinage et équilibrée. 

Les amortisseurs sont plus longs (60 mm vs 55 mm) que sur la dernière génération de Heckler. 

Construction 

Sur le Santa Cruz Vala, la marque annonce une augmentation de l’espace disponible pour les tiges de selles, avec 110 mm de gagnés en profondeur, permettant ainsi d’accueillir des débattements jusqu’à 180 mm en taille M et 210 mm en taille L. 

Avec l’apparition d’un nouveau flip-chip (changement de géométrie) au niveau de la connexion haubans – biellette, Santa Cruz répond à un problème avant qu’il ne se présente : il n’est pas nécessaire de dévisser complètement la pièce pour la mettre en rotation (et courir après les petites rondelles qui tombent une fois sur deux). Il suffit de dévisser jusqu’à sortir du cadre, tourner et visser à nouveau. Nous l’avons vérifié sur le terrain. 

Sous le tube supérieur, deux plots permettent de visser des outils ou des pochettes d’outils. On retrouve également des pièces plastiques de protection sous le tube inférieur, et derrière le tube de selle pour éviter l’accumulation de boue au niveau du point de pivot. 

On repère le cache de port de charge « standard » de Bosch. Nous l’avons utilisé sur d’autres vélos équipés du système, et on lui prévoit une durée de vie assez limitée. Mou et fixé au cadre par une simple pression, c’est un élément très « cheap » sur ce vélo haut de gamme. D’autres constructeurs ont depuis opté pour des caches plus rigides et qualitatifs. 

Côté roulements, ils ne seront pas dans la biellette, mais dans le cadre cette fois-ci. Santa Cruz garantit toutefois une facilité d’entretien assurée avec des roulements de bonne taille et l’utilisation d’axes à expandeurs. La marque rappelle que chaque premier propriétaire peut demander un kit de roulements gratuit chaque année. 

Le vélo est conçu pour être utilisé au minimum avec des disques de 200 mm de diamètre. Du côté des pneus, Santa Cruz annonce une largeur maximale de 27,5×2.5 à l’arrière. 

La gamme Santa Cruz Vala : modèles et tarifs 

Dans la gamme de VTTAE Santa Cruz, on retrouvera désormais le Heckler SL sur le segment des « e-bikes lights » équipé d’un moteur Fazua. Vient ensuite ce nouveau Vala qui remplacera progressivement le Heckler en magasin. Vient ensuite le plus ancien vélo de la gamme VTTAE, le Bullit. Quand on interroge l’équipe Santa Cruz à son sujet, le silence se fait et on nous adresse un petit sourire. 

Le Santa Cruz Vala se commercialisera en deux coloris (gris ou vert) et en cinq tailles (S, M, L, XL, XXL). Cinq modèles seront proposés et les premiers exemplaires sont d’ores et déjà disponibles dans le réseau des revendeurs de la marque.

  • Santa Cruz Vala Kit R: 7.499 euros, poids 22,45 kg
  • Santa Cruz Vala Kit S: 8.499 euros, poids 22,24 kg
  • Santa Cruz Vala Kit GX AXS: 9.799 euros, poids 22,37 kg
  • Santa Cruz Vala Kit XO AXS: 11.499 euros, poids 21,47 kg
  • Santa Cruz Vala Kit XX AXS: 12.999 euros, poids 21,47 kg

Santa Cruz Vala CC XO AXS : prise en main à Digne-les-Bains

Direction Digne-les-bains pour une découverte du nouveau Santa Cruz Vala, le temps de deux sorties. De Digne, on connaît ses terres noires, fun et photogéniques, qui se révèlent également être un bon terrain de test pour les franchissements en montée et les enchaînements de chocs en descente. 

Autour de ces terres noires, on traverses de petites vallées abruptes et on monte et descend sans arrêt. De belles boucles sont balisées rando ou enduro et on vous encourage à les découvrir. Le temps de notre prise en main, nous avons suivi Dan Roblin, un des moniteurs de la région. 

On débute notre ride avec le Santa Cruz Vala en position haute (géométrie « High ») et suspension linéaire (« low » progressivity). On découvre un vélo facile, qui monte correctement mais qui cabre parfois un peu vite quand on enchaîne les franchissements. Le vélo absorbe facilement les chocs et reste très stable dans les freinages. On a la sensation d’être sur un bon VTTAE, mais rien ne se dégage particulièrement du vélo qui ne brille ni par sa vivacité, ni par son caractère. C’est une configuration à choisir si on est un utilisateur occasionnel de ces machines ou si on recherche le plus de confort possible. 

La dernière version du moteur Bosch est effectivement plus silencieuse, et on est assez bluffés par le gain de traction dans les portions techniques. On trouve plus de rondeur et de grip, même dans les portions glissantes. 

On bascule ensuite le flip-chip au pied de l’amortisseur en position « high progressivity » et là le vélo se transforme. C’est sensible dès les premiers mètres de montée où le vélo se « tient » mieux et s’affaisse moins. On garde plus de poids sur l’avant et on touche moins les pédales lors des franchissements. 

Sur le plat et en descente, le vélo est plus précis, plus vif et répond beaucoup mieux à nos impulsions quand on vient pousser sur les pédales. On a enfin un très bon vélo moderne entre les mains, et on s’amuse de plus en plus à son guidon. On a également l’impression de moins sentir le poids de la batterie. C’est cette configuration qu’on conseillerait au plus grand nombre d’utilisateurs réguliers. 

Sur notre modèle de test très haut de gamme, on adore le grip apporté par les pneus Schwalbe Magic Mary de dernière génération. C’est d’ailleurs une grosse nouveauté côté fiche technique chez Santa Cruz, qui fait des infidélités à Maxxis pour la première fois depuis longtemps. Ils sont montés sur les roues Reserve qui sont une valeur sûre chez la marque californienne (et elles aussi garanties à vie). 

Côté équipement encore, on adore la Fox 38 équipée de la nouvelle cartouche GripX2 ainsi que les nouveaux freins Sram Maven, parfaitement en phase avec le programme du vélo.

On est bluffés par le changement de comportement du vélo après avoir inversé « juste » un flip-chip, alors on passe au suivant et on bascule le flip-chip de géométrie. On quitte la position « high » pour « low » et on découvre encore un vélo bien différent en descente : on vient assoir nettement le vélo, et gagner en confiance en descente et dans les portions défoncées. On pilote bien plus sur l’arrière, mais le vélo garde son équilibre. 

C’est là où on comprend pleinement le choix du montage MX/Mullet, qui permet d’adapter les tailles des bases à toutes les tailles de cadres, et qui permet de mieux bouger autour du vélo pour les riders les plus petits. C’est également un outil pour contrebalancer le poids d’une batterie, quand le centrage des masses est un élément clé du succès d’un VTTAE. 

La position haute est très équilibrée et polyvalente. En position basse, on vient jouer sur les plate-bandes des enduros. Le vélo est rigide, sans être trop exigeant, et on sent que rien ne bouge. Le Bullit n’a qu’à bien se tenir et la machine nous rappelle l’Orbea Wild. Sans trop de surprise, en montée, on perd un peu en performance et on vient toucher à nouveau un peu plus les manivelles, mais ça n’a rien de rédhibitoire. 

Le Santa Cruz Vala propose une nouvelle plateforme très équilibrée qui offre une belle lecture de terrain. On a l’esprit tranquille à son guidon en toute circonstance puisqu’il nous épargne des surprises quand on rentre dans le débattement ou lors des freinages. Côté géométrie et comportement, il est dans la lignée du nouveau Bronson : prêt à tout sans être réservé à une élite. On est très agréablement surpris par les changements de visages qui peuvent s’opérer en jouant avec les flip-chips. À la différence de certains vélos qui offrent presque trop de possibilités de personnalisation, ici, on ne peut pas se tromper. Santa Cruz réussit sa « sortie » du VPP et si les fans de la marque gardent l’esprit ouvert, ce vélo devrait être un succès en magasin comme sur les sentiers. 

Plus d’infos sur le site de la marque : www.santacruzbicycles.com

Photos : Pierre Vieira

ParPaul Humbert