Test nouveauté | Sram XPLR : une certaine vision du gravel - Fourche RockShox Rudy Ultimate XPLR
Par Léo Kervran -
La fourche RockShox Rudy Ultimate XPLR
La RockShox Rudy, clin d’oeil à la Ruby 3 fois sur la plus haute marche de Paris-Roubaix (1992, 93 et 94), est sans conteste la plus grosse surprise de ce lancement. Une fourche suspendue pour du gravel, cela existe déjà (Cannondale avec le Topstone ou Fox avec la 32 SC AX par exemple) mais c’est plutôt rare et réservé à quelques pratiquants. Que RockShox se prenne au jeu est donc surprenant mais peut-être pas si absurde…
Une fourche suspendue pour du gravel ? Quelle drôle d’idée, pourrait-on se dire. Pourtant, quand on a déjà eu les mains fatiguées par la succession des vibrations dans le guidon sur ses sorties en gravel, on comprend l’idée. Il suffit d’ailleurs de regarder le nombre de solutions imaginées par les fabricants pour essayer d’apporter un peu de confort sur ces vélos (la fourche à lames de carbone de Lauf, le FutureShock de Specialized…) pour se dire que ça ne paraît plus si saugrenu. Après tout, aussi bien du point de vue du confort que de l’adhérence et de la sécurité, la fourche suspendue n’a aucun équivalent.
La Rudy est donc une fourche suspendue conçue spécialement pour les vélos de gravel. De toute façon, avec 30 ou 40 mm de débattement (deux versions), vous n’irez pas bien loin sur un VTT… Ici, l’objectif n’est pas la performance comme sur une fourche de VTT, mais bien le confort, c’est-à-dire filtrer les vibrations et les petits chocs. Une bonne racine suffira à la faire talonner ou presque (elle dispose d’ailleurs d’une butée spéciale pour absorber le choc) mais c’est normal avec si peu de débattement et beaucoup moins gênant que sur un VTT au niveau de la variation de l’assiette du vélo.
Sur le plan technique, la Rudy utilise des plongeurs en aluminium de 30 mm de diamètre et des fourreaux en magnésium. RockShox indique que le té et le pivot sont en « alliage », sans donner plus de précisions. A l’intérieur, on retrouve le bien connu ressort SoloAir d’un côté et la cartouche RaceDay de l’autre, la même que sur la dernière Sid Ultimate. Une petite molette sur le té permet de fermer très fortement les compressions (sans aller jusqu’au blocage total) pour les sections les plus roulantes.
Le réglage du rebond est logiquement similaire à celui de la Sid Ultimate : pas de molette sous le fourreau droit mais une petite vis, accessible avec une clé allen de 2,5 mm. De quoi économiser quelques précieux grammes.
Enfin, au sujet des compatibilités, la Rudy adopte le standard Flatmount pour les étriers, accepte des disques en 160 ou 180 mm de diamètre et dispose d’un dégagement suffisant pour des pneus jusqu’à 50 mm de section. Elle est disponible en deux coloris, Kwiqsand (beige) ou Gloss Black. Par ailleurs, comme toutes les fourches RockShox elle dispose de son propre garde-boue à visser sur l’arceau.
Le poids précis ne nous a pas été communiqué mais il se situerait juste au-dessus des 1 200 g, soit un surpoids de 500 à 700 g par rapport à une fourche rigide en carbone.
Prix : 869 €
Comme pour les transmissions, les premières RockShox Rudy Ultimate XPLR sont attendues pour ce mois d’août mais il sera plus facile d’en trouver à partir de septembre.
La RockShox Rudy Ultimate XPLR sur le terrain
Si nous savions à peu près à quoi nous attendre pour les transmissions, nous étions bien plus hésitants et circonspects à propos de la fourche avant de la rouler. En effet, nous nous demandions si 30 mm de débattement pouvaient apporter suffisamment de choses pour nous convaincre de passer outre le surpoids conséquent. Finalement, parmi tous les composants testés, c’est elle qui nous a le plus séduits !
D’abord sur le plan du fonctionnement : bien sûr, on demande moins à une fourche de 30 mm qu’à une fourche de 140 mm ou plus, mais cette RockShox Rudy est parfaite dans son domaine. La rigidité du châssis est suffisante pour les descentes un peu chaotiques sans être excessive et la sensibilité est au rendez-vous. Sur mauvaise route ou chemin large, on a vraiment l’impression d’être au guidon d’un semi-rigide de XC en terme de remontée d’informations dans les mains. On sent ce qu’il se passe mais c’est doux, ça ne surprend pas, ça ne tape pas.
Ensuite, dans son influence sur le comportement du vélo. Ça peut paraître surprenant mais là où nous avons le plus apprécié la Rudy, c’est en montée. En descente, la vitesse suffit à lisser bon nombre d’obstacles et lorsqu’on vient du VTT, le pilotage est une chose aisée. La lecture des trajectoires, sauter par-dessus une rigole ou une racine pour éviter un choc, tout ça se fait naturellement et 30 mm de débattement n’apportent pas grand-chose dans ce domaine. Il faudrait au moins le triple pour vraiment changer la face du vélo.
Sur le plat, c’est déjà plus intéressant pour ce que cela apporte au niveau du confort mais des systèmes concurrents font (presque) aussi bien, comme l’amorti dans le pivot de fourche FutureShock de Specialized. En montée en revanche, la Rudy se révèle. Contrairement à un gravel avec fourche rigide comme l’écrasante majorité du marché, notre vélo ne bute pas dans les obstacles, il absorbe et continue d’avancer.
A nouveau, c’est plus confortable, mais en plus cela permet d’avancer beaucoup plus vite puisque la roue n’est plus sans cesse déviée de sa trajectoire et que sa vitesse reste bien plus constante. Nous avons bloqué la fourche pour voir la différence pendant quelques instants mais ces quelques instants n’ont pas duré bien longtemps, tant l’apport est flagrant et addictif (sur chemin, sur route avec un bon revêtement le blocage est une évidence). Une fois qu’on y a goûté, difficile de revenir sur un gravel en fourche rigide…
D’autant plus que l’absence de blocage au cintre n’est pas rédhibitoire. On bloque la fourche uniquement sur la route et comme on ne change pas de revêtement tous les 300 mètres, ce n’est pas un problème d’aller chercher la molette sur le té de temps à autre.
Plus d’informations : sram.com