Test nouveauté | Specialized Turbo Levo Expert 2019 : monsieur… et madame plus ! - Le Levo (presque) Women de madame, l'avis d'Elodie Lantelme
Par Olivier Béart -
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un, mais deux journalistes de l’équipe Vojo qui ont été invités en Croatie pour faire partie des tout premiers privilégiés à prendre les commandes du nouveau Specialized Turbo Levo. Deux ? Oui, un homme, Olivier, et une femme, Elodie, histoire de vous livrer deux ressentis différents mais complémentaires au guidon de la nouvelle version de ce VTT électrique qui fait figure de référence depuis sa sortie. A-t-il charmé tant Mars que Vénus ? Réponse avec ce premier test :
Le Levo (presque) Women de madame, l’avis d’Elodie Lantelme
Initialement, je devais accompagner Olivier pour tester la version spécifique femme du nouveau Turbo Levo. Un modèle qui, comme le Stumpjumper “classique”, voyait sa féminisation tenir dans un ajustement spécifique des suspensions et des points d’appui modifiés (selle, poignées). Finalement, le Turbo Levo féminin n’étant pas encore dispo, nous avons roulé chacun sur Levo Expert 2019 « tout court » et de vous livrer nos points de vue, sans nous concerter au préalable. Voici ce que j’en ai pensé.
Ma dernière rencontre avec le Turbo Levo remontait à… sa sortie, en 2015. Un galop d’essai sur le Roc d’Azur qui avait mis en avant les excellentes qualités dynamiques de l’un des VTTAE précurseurs en matière de design, mais aussi ses quelques défauts de jeunesse, souvent sacrifiés sur l’autel de l’intégration. La chaleur du Sud avait également été rude pour le moteur Brose première génération, alors caractérisé par des problèmes de perte de puissance voire de coupure intempestive en cas de surchauffe. Bref, j’avais vraiment hâte de voir en quel sens la marque américaine avait œuvré pour son “Generation 2” !
Sans revenir sur la présentation statique et historique réalisée par Olivier (voir ici), opérons juste un petit détour quant à la version féminine du Specialized Turbo Levo Gen 2. Celle-ci dispose donc d’un kit de suspensions RockShox aux réglages spécifiquement adaptés : plus de progressivité dans les petits chocs, une courbe d’amortissement plus linéaire comptent notamment parmi les axes de développement mis en avant par les ingénieurs sur ce point.
Elle arborera également la nouvelle selle maison Myth Sport et se déclinera en 2 versions : WMN’S Turbo Levo FSR Comp 29 (coloris Plum Purple/Acid Java, avec cadre alu, combo RockShox Deluxe RT WMN en 150 mm de débattement et fourche Revelation Charger RC 29 Boost en 150 également, Sram GX 11 vitesses, freins Sram Guide en 200 mm, batterie de 500 Wh, décliné en S, M et L, à 5699 euros) et WMN’S Turbo Levo FSR 29 (coloris Marine Blue/Acid Fuschia, amortisseur RockShox Deluxe WMN en 150, fourche Sektor RL Boost en 150, transmission Sram NX, freins Sram Level en 200, batterie de 500 Wh, décliné en S, M et L, à 4499 euros).
Pourquoi pas un cadre féminin, avec notamment un top-tube un peu plus court, une forme plus sloping, correspondant aux moyennes morphologiques des rideuses ? À cette question, les têtes pensantes de Specialized répondent simplement : « Parce que notre base d’études posturales montre que le vélo n’en a pas vraiment besoin. Si nous avions dû sortir un cadre spécial pour les femmes en fonction du programme de ce vélo, nous aurions conçu exactement le même que celui-ci. » Une façon de procéder identique à celle choisie pour le Stumpjumper classique. On déplorera donc juste que les versions féminines ne soient pas déclinées en S-Works ou, au minimum en Expert, c’est-à-dire dotées d’une batterie de 700 Wh. Pour l’instant, il faudra se rabattre sur les modèles mixtes. Et en un sens, ça tombe bien, car c’est celui que nous avons roulé, juste dans des couleurs différentes puisque j’ai hérité du noir/vert quand Olivier a eu droit au bleu/rouge.
En toute discrétion
Première impression au guidon de ce Turbo Levo Expert en taille M, Specialized a entendu les retours terrain sur la nécessité de ne pas tout sacrifier à l’intégration. On presse avec impatience la commande d’allumage sur le top-tube et on voit avec satisfaction l’autonomie de la batterie s’afficher quand, sur la première version, il fallait se pencher pour regarder sur le côté gauche du tube diagonal. Fini les contorsions ! Même chose, on apprécie la présence possible d’un display maison au guidon avec les informations nécessaires. Vitesses max, moyenne, actuelle, autonomie, cadence de pédalage, puissance de pédalage… Classique mais complet. Les amoureux d’un poste de pilotage épuré l’enlèveront aisément car le dispositif est aimanté et clipsé en un tour de main ; les autres – dont nous avons fait partie avec Olivier – le conserveront. Toutefois, au moins, maintenant, c’est le rider qui décide.
Olivier vous a déjà parlé de l’intégration bien pensée des câbles et gaines, j’en remets une louchée : disposer d’une telle épure au guidon et sur le cadre m’a réellement enthousiasmée, tout comme l’impression d’enfourcher un VTT classique tant la compacité du moteur (ajoutée à la batterie effilée) disparaît dans le boîtier de pédalier. Elles seront sans doute des atouts de poids pour faire accepter l’ebike aux plus réticents – VTTistes traditionnalistes comme autorités légiférant sur la pratique et l’utilisation des sentiers. Le Levo espère être un des premiers ebikes à conquérir une marché américain qui s’ouvre tout doucement, ceci expliquant sans doute cela. Afin de tester le vélo dans sa configuration originelle, je choisis pour ma part de laisser durant ces deux jours les modes en programmation classique d’assistance, sans recourir à leur changement (aisé) via l’application Mission Control.
Tout en douceur
Roulant plutôt souple, je dégonfle les pneus, amenant le Butcher arrière à 1,1 kg et l’avant à 1 kg. Le SAG initialement calé à 35 % sera ramené à 30 % après une première matinée de roulage-mise en jambes ayant mis en avant la propension des manivelles à toucher plus facilement que mes confrères. On ne parlera plus de ce souci par la suite. Autre adaptation après ce ride de mise en bouche, la suppression de 3 spacers sous la potence. En effet, dans les petits tracés sinueux de la Riviera croate au revêtement richement pourvu en poussière gravillonneuse, j’avais eu à plusieurs reprises l’impression d’un avant anormalement fuyant. D’où une défiance à l’égard de la proue qui m’avait poussée à me mettre encore un peu plus sur l’arrière. D’où un avant encore plus fuyant, etc. La sortie de ce cercle d’inconfort a donc tenu simplement en 3 spacers ôtés et aux retrouvailles avec la confiance d’un avant solidement rivé au sol.
Ayant eu l’opportunité de rouler sur le BH Atom X Lynx 6 27,7+ Pro (https://www.vojomag.com/bh-atom-x-lynx-6-275-pro-lebike-high-tech-qui-atomise-les-watts-heure/), j’étais curieuse de voir comment, avec les mêmes ingrédients “ebike” de base (nouveau moteur Brose et batterie de 700 Wh), Specialized allait décliner un programme tout à fait différent. Autre point intéressant : la chaleur écrasante de la côte croate en cette fin d’août. Une véritable épreuve du feu pour savoir si le Brose dernière génération avait bien remisé ses problèmes de surchauffe au placard. De ce côté-ci, et tout en gardant à l’esprit qu’il s’agissait d’une prise en main ponctuée de pauses photo et non d’un véritable essai au long cours, nous n’avons relevé aucun problème de perte de puissance au fil de nos deux journées d’essai.
Ultra-silencieux, le moteur accompagne le coup de pédale avec linéarité, ce qui permet d’enclencher le mode d’assistance maximum dans les grimpettes les plus techniques sans se faire totalement jeter de droite à gauche.
En revanche, ce que j’ai réellement apprécié, c’est l’onctuosité du moteur allemand retravaillé par Spe. Dans sa configuration des modes par défaut, il ne délivre pas, même en mode Boost, sa puissance de façon agressive, contrairement aux modes Turbo d’un Bosch et Boost d’un Shimano (également paramétrables par ailleurs, sans qu’on réussisse non plus à changer vraiment leur ADN). Ultra-silencieux, il accompagne le coup de pédale avec linéarité, ce qui permet d’enclencher le mode d’assistance maximum dans les grimpettes les plus techniques sans se faire totalement jeter de droite à gauche.
Question de taille… de roues
Une puissance retransmise au sol par un fonctionnement de la combinaison cinématique/géométrie/amortisseur convaincante. D’où une capacité de franchissement impressionnante, également liée aux roues de 29 pouces. À ce sujet, je ne peux que saluer la décision de Specialized de ne pas avoir reconduit les 27,5+, surtout les 3.0 des débuts (je n’ai jamais testé le Levo en 2.8 et je ne doute pas que c’était déjà mieux). Personnellement, si les sections au-delà de 2.8 évitent que je ne me pose trop de questions quant au choix des trajectoires dans les descentes riches en racines et cailloux, elles me sont souvent trop imprécises et lourdes à emmener, d’où un comportement du vélo rendu plus pataud et moins joueur. Le 29 pouces en 2.6 m’a semblé un excellent compromis, en tout cas, sur le sol croate parfois agressif et fourni en rochers, mais aussi sur les montées en voie romaine pavées parfois bien raides, les chemins carrossables ou dans les sections de racines descendantes.
Sur les parties les plus raides et techniques d’un petit sentier pédestre étroit et jonché de marches (on s’est à peine perdus ! Avec certains collègues, nous avons juste eu envie de prolonger le roulage sur un single qui nous tendait les bras, bon, la suite s’est avérée un peu plus compliquée…), j’ai également apprécié la simplicité d’utilisation de la commande Walk, actionnable en poussant avec le pouce (donc ergonomique avec le sens de la poussée – ça semble logique, mais ça n’était pas le choix des premiers ebikes) sur le nouveau Remote Control au guidon. Contrairement au mode marche du Turbo Levo première génération, celui-ci assiste réellement à la poussée du vélo, comblant bien le poids (allégé) de ce dernier.
Au final, après ce premier galop d’essai sur la côte croate au guidon de ce nouveau Specialized Turbo Levo Expert, j’ai vraiment eu l’impression de retrouver le comportement ludique et polyvalent d’un « Stumpy » classique mais avec l’agrément d’un moteur ultra-silencieux et cohérent avec l’identité de cet ebike. La perspective de profiter de rides plus longs et dans des horizons aux reliefs plus variés, au guidon d’un VTTAE qui pousse encore un peu plus loin le curseur en matière d’intégration et d’autonomie.
Epilogue
Les raisons diffèrent et certains points sont plus importants aux yeux de l’un ou de l’autre, mais les avis s’accordent pour dire que ce nouveau Specialized Levo 2019 est une belle réussite. Plaisir de pilotage, assistance efficace mais discrète, autonomie vraiment au-dessus du lot sont les principales qualités que nous retenons. Vous venez d’acheter un Levo de la génération précédente ? Ne vous morfondez pas, cela reste un excellent vélo et on l’aurait d’ailleurs bien vu rester au catalogue comme une version d’entrée de gamme, un peu à la manière de ce que fait Apple avec ses iPhones quand un nouveau modèle sort. Mais force est de reconnaître que le petit nouveau permet à Specialized de reprendre une belle avance sur pas mal de ses concurrents. Qui ne tarderont pas, c’est certain, de réagir ! Voilà qui promet encore de beaux matches dans les années à venir, et de plus en plus de plaisir pour les utilisateurs de VAE.
Plus d’infos et de détails techniques dans notre présentation détaillée : www.vojomag.com/presentation-specialized-levo-2019-le-benchmark-reprend-de-lavance
La page dédiée au Levo sur le site Specialized : www.specialized.com/fr/fr/shop/bikes/turbo-e-bikes-its-you-only-faster/e-mountain-bikes/c/emountain
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