Test nouveauté | Specialized Epic & Epic Evo 2021 : la légende se dévergonde !
Par Olivier Béart -
Véritable référence dans le domaine du XC, le mythique Specialized Epic fait peau neuve pour le millésime 2020/2021 ! Au programme : un cadre encore allégé, une suspension Brain retravaillée et surtout une géométrie qui se dévergonde complètement. Sans oublier l’arrivée d’une vraie version Evo avec un châssis spécifique et un débattement augmenté. En exclusivité francophone, Vojo a eu l’occasion d’essayer à la fois le nouvel Epic XC, mais aussi la version Evo afin de bien voir ce qui les rassemble et ce qui les différencie sur le terrain. En route pour la présentation et notre test complet !
Quand Specialized renouvelle son Epic, c’est un peu comme quand Porsche offre un lifting à la 911 : c’est toujours dur de s’attaquer à une légende pour la renouveler tout en gardant intacte son âme. Pour ce millésime 2021 du Specialized Epic, la marque californienne a clairement voulu conserver le caractère très cross-country de celui qui fut un des premiers vélos à montrer qu’un full suspendu pouvait être très performant dans cette discipline où, à l’époque, les semi-rigides étaient encore très populaires.
Aujourd’hui, la pertinence des fulls ne fait plus aucun doute, ni en XC, ni en marathon. Au point que la concurrence est féroce et chaque marque optimise chaque détail pour sans arrêt chercher à faire la petite différence. Avec déjà plus de 100 victoires et podiums en coupe du monde, on pourrait croire que l’Epic n’a plus rien à prouver, mais en fait c’est tout le contraire : il doit se renouveler pour rester au sommet et garder son image de machine à gagner.
C’est dans ce contexte que, à l’image de plus en plus de modèles légers à court débattement, le Specialized Epic se dédouble, avec une version XC plus que jamais radicalement orientée compétition et toujours les fameuses suspensions Brain à blocage automatique en 100mm de débattement, et un nouveau châssis Epic Evo avec 110mm de débattement à l’arrière et 120mm devant pour être à la fois plus fun, plus débridé, mais aussi plus confortable et accessible. Voyons cela en détails !
Specialized Epic XC 2021
Le modèle de légende, c’est lui ! Il garde toujours un débattement de 100mm à l’avant comme à l’arrière, mais Specialized s’est penché sur son cas avec plusieurs objectifs en tête : gratter encore quelques grammes là où c’est possible, raffiner encore le système Brain de blocage des suspensions, gagner encore en rigidité là où c’est pertinent et revoir la géométrie de manière… assez radicale. Examinons cela point par point.
Un Brain encore un peu plus malin (et plus ferme)
Le Brain, c’est LA spécificité des suspensions du Specialized Epic, et cela depuis toujours. Plus que jamais, le système reste d’actualité sur la version XC en 100mm de débattement. Vu l’apparition d’une version Evo bien distincte qui s’adresse à ceux qui veulent un Epic mais un peu moins typé compétition, le Brain de la version XC a été revu pour être plus ferme et suivre pleinement les demandes des pilotes du team, sans le moindre compromis.
Petit rappel du principe : le système Brain repose sur le principe d’une valve à inertie. Pour faire simple, il s’agit d’une petite masselotte placée près de l’axe de roue arrière. Lorsqu’il n’y a pas d’impact, elle est « inerte » et elle repose, par simple action de la gravité, sur son socle. Elle ferme ainsi le circuit hydraulique et bloque la suspension en compression. Par contre, quand il y a des impacts provenant du sol, cette petite bille est secouée, mise en mouvement, et le circuit hydraulique ainsi que la suspension sont libérés.
Sur cette dernière génération, le Brain a été finement retravaillé au niveau de ses pièces internes pour être à la fois plus ferme, mais aussi pour être plus sensible et s’ouvrir et se refermer encore plus vite que par le passé. La sensibilité du déclenchement est toujours réglable sur 5 positions, plus ou moins ferme selon ses goûts mais, à réglage égal, on sera dans tous les cas toujours un peu plus « dur » que sur le précédent Epic. Des tests ont été menés sur plus de 1850h (soit l’équivalent de 72 fois le Cape Epic) pour s’assurer de la fiabilité de l’ensemble.
C’est discret, mais si le Brain est toujours positionné à l’arrière de l’axe de roue (comme c’est le cas depuis la précédente génération, ce qui avait déjà permis d’améliorer grandement sa sensibilité par rapport à avant, lorsqu’il était situé plus en avant de l’axe de roue), une partie du système est désormais située à l’intérieur même de la base. Cela permet à la fois de réduire les turbulences dans le flux hydraulique en ayant recours à un système à membrane (comme dans les fourches) contenant un piston flottant, mais aussi de donner plus de place pour l’étrier de frein, ce qui permet de mieux doser la flexibilité du triangle arrière, et ainsi d’améliorer le fonctionnement de la suspension.
A l’avant, la fourche bénéficie également de quelques améliorations. Tout d’abord on retrouve le châssis de la toute nouvelle et très légère RockShox SID SL, qui passe sous les 1400g et permet de gagner près de 200g par rapport à la précédente génération de SID. Le Brain intégré évolue aussi légèrement pour rester en parfait accord avec l’arrière. Il est aussi réglable… mais sur près de 30 crans ! Si un peu de finesse est appréciable, ici on n’est pas loin de verser dans l’excès et on risque de s’y perdre. D’autant que le rebond dispose aussi d’une plage de réglage énorme, sur près de 40 clics. L’efficacité des réglages n’est pas remise en cause, mais un peu plus de simplicité serait bienvenue et 10 à 15 clics pourraient largement suffire.
Le poids, toujours le poids (et aussi la rigidité)
En XC, le poids reste un point très important. Logique que le nouveau Specialized Epic 2021 ait été retravaillé à ce niveau afin de gratter encore quelques grammes ça et là. Ainsi, le cadre est toujours entièrement en carbone, FACT 12m sur le haut de gamme S-Works et FACT 11m sur les autres modèles de la gamme comme sur la précédentes génération, mais les formes se font encore plus droites et épurées que par le passé.
Le petit renfort en deux parties entre le tube supérieur et le tube de selle disparaît, le bras arrière s’affine encore un peu, le tube diagonal joint encore plus directement le boîtier et la douille de direction, dans l’optique d’optimiser les formes le plus possible. Au final, même si Specialized annonce un gain de poids, le cadre S-Works est annoncé à 1869g, soit à 1g près ce qui était annoncé pour la précédente génération. Par contre, le cadre en fibres FACT 11m qui équipe les autres modèles de la gamme est annoncé à 1947g, alors que le précédent était plutôt autour de 2050g. Quoi qu’il en soit, malgré son système d’amortisseur spécifique assez lourd (compris dans les poids communiqués), l’Epic reste très léger.
Mais cela n’a pas été le seul axe de travail, puisque la rigidité a aussi été augmentée à certains endroits clés. C’est le cas notamment au niveau du bras arrière et de la connexion avec le triangle avant qui est plus large que par le passé.
A noter aussi que Specialized a travaillé sur chaque taille de cadre pour obtenir le même comportement et les mêmes sensations pour chaque type de morphologie. Cela ne se fait pas au moyen d’une disposition différente des couches de carbone comme c’est le cas la plupart du temps chez les autres marques qui se soucient de ce point, mais au niveau du diamètre des tubes qui est plus important sur les grandes tailles que sur les petites.
Une géométrie… débridée !
S’il y a un point sur lequel Specialized était toujours resté assez conservateur jusqu’ici, c’est la géométrie. Avec, au final, un comportement malgré tout très agréable et qui montrait qu’au-delà des chiffres, Specialized est vraiment un des maîtres pour trouver de parfaites alchimies en la matière.
Pourquoi un tel changement ? En fait, tout est parti d’une remise en question permanente et de tests comme les développeurs en font tout le temps. L’équipe R&D de chez Specialized s’est construit un Epic « Frankenstein » avec une douille de direction ajustable pour tester différentes configurations. Et, alors qu’ils étaient toujours resté sur un angle de direction assez redressé (69,5°). Ici, boum, on perd d’un coup 2° pour passer à 67,5°, soit une des valeurs les plus radicales du segment ! Le tout est combiné à une fourche avec un déport court de 44mm.
Le reach est aussi allongé (445mm en taille M contre 433 auparavant) et la potence raccourcie (60mm en XS et S, 70mm sur les autres tailles), alors que le boîtier de pédalier est abaissé de 9mm. Le but est simple : rendre l’Epic plus rapide, stable et rassurant dans les parties très techniques, sans perdre de sa légendaire maniabilité dans les parties serrées. Nous verrons un peu plus loin que le résultat sur le terrain est assez bluffant et que c’est, selon nous, le changement le plus marquant sur cette nouvelle génération d’Epic.
Specialized Epic Evo 2021
L’Epic Evo existait déjà au catalogue. Il était apparu un an après la version XC et on sentait qu’il s’agissait un peu d’un vélo fait à la va-vite pour suivre la tendance des vélos dits « down-country », à savoir des vélos de XC, légers mais avec un peu plus de débattement pour ouvrir leurs horizons. Specialized s’était en effet contentée de mettre une fourche en 120mm, une tige télescopique et de plus gros pneus sur un cadre d’Epic XC, sans aucune modification du châssis ni du système Brain. Lorsque nous l’avions testé, nous avions d’ailleurs trouvé le résultat un peu déséquilibré, avec un arrière très ferme et un avant bien plus mou. Mais le vélo a malgré tout rencontré un beau succès commercial et ce segment des vélos 120mm légers continue de se développer !
Specialized a donc cette fois pris en compte cette évolution de la demande dès le départ et, dès les premières étapes de conception, il a été prévu qu’une variante Epic Evo spécifique soit développée. L’idée est de garder l’ADN de l’Epic, son côté nerveux en relances, un vélo qui donne une belle sensation de légèreté, mais plus fun, plus à l’aise dans le technique et aussi plus confortable grâce à un débattement plus généreux, à une suspension retravaillée et à des équipements adaptés. Bref, on ne s’adresse pas là aux top compétiteurs, mais plutôt aux gars qui aiment juste s’amuser et se tirer la bourre avec les copains.
Bye bye le Brain !
C’est presque un crime de lèse majesté mais c’est pourtant bien vrai : sur ce nouveau Specialized Epic Evo 2021, on ne retrouve pas le fameux système Brain ! Ce nouveau modèle dispose d’un triangle arrière adapté et d’une biellette supérieure différente, ainsi que d’un amortisseur classique (un RockShox SID Luxe avec 40mm de course).
La cinématique est revue afin d’offrir plus de sensibilité en début de course, tout en gardant une vraie neutralité au pédalage et un vélo qui reste haut dans le débattement, qui ne s’affaisse pas notamment en côte. Le débattement passe à 110mm à l’arrière et 120mm devant. Specialized a fait le choix de ne pas aller jusqu’à 120mm derrière car le gain sur le terrain était peu perceptible mais cela imposait par contre à Specialized des concessions sur la géométrie (boîtier de pédalier plus haut) ainsi que sur l’architecture du cadre. Et ils ont jugé qu’il était préférable de limiter le débattement.
On remarque aussi que le vélo n’est pas doté d’un blocage au guidon des suspensions, ni pour l’avant, ni pour l’arrière. Specialized a préféré rester dans l’esprit de simplicité qui prévaut depuis toujours sur l’Epic et éviter d’encombrer le poste de pilotage de trop de commandes ; préférant se concentrer sur un setup hydraulique fin des suspensions, ainsi qu’un travail sur la cinématique pour l’arrière.
Un cadre encore plus léger que le XC !
Eh oui, on n’y pense pas souvent, mais le système Brain fait un certain poids. Et quand on le supprime, on voit que le cadre de l’Epic est vraiment très, très léger. Jugez plutôt : pour la version S-Works, Specialized annonce un poids impressionnant de 1659g pour le cadre… avec amortisseur ! En version « classique », qu’on retrouvera sur le reste de la gamme, on est à 1757g. On le sait, c’est toujours délicat de dire qu’il s’agirait du cadre « le plus léger du marché », mais force est de constater que ce sont des chiffres impressionnants !
Géométrie modulable
Au niveau de la géométrie, le reach est un peu plus court (436mm en taille M) vu la présence d’une fourche plus haute, et l’angle de direction passe à 66,5°. Un petit « flip chip » permet de rehausser légèrement le boîtier de pédalier (+6mm) et de faire repasser l’angle de direction à 67° pour ceux qui jugeraient la position basse un peu trop extrême. Comme pour le XC, il y a 5 tailles au programme, du XS au XL, de sorte qu’un large éventail de morphologies sera couvert.
Equipements adaptés
A l’image de ce qui se faisait déjà sur la précédente version, les équipements évoluent pour mieux coller au programme. La fourche est une RockShox SID 120 avec plongeurs en 35mm, la tige de selle télescopique est montée de série, le pneu avant est plus accrocheur (Ground Control contre Fast Trak, mais toujours en 2.3), tandis que les freins passent en 4 pistons. Malgré le cadre plus léger, le tout entraîne une différence de l’ordre de 500 à 600g sur la balance entre les versions XC et Evo équivalentes.
Gammes, disponibilité et tarifs
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Les gammes Specialized Epic et Epic Evo sont disponibles dès à présent chez tous les revendeurs de la marque. Vous trouverez tous les détails dans le PDF ci-dessus. Les tarifs débutent à 4299€ pour la version XC en équipement Comp et 4499€ pour l’Evo. Ensuite, on grimpe jusque… 11 599€ pour le modèle S-Works XC ! Globalement, même si vcela peut se comprendre par des équipements revus à la hausse, le prix des modèles a tendance à augmenter par rapport à la précédente génération. En témoigne le modèle Expert XC qui illustre cet article et qui est à présent à 6499€ (avec de meilleurs équipements qui le rapprochent de l’ancienne version Pro, il est vrai) alors qu’il était à 4999€ au moment de sa sortie et 5499€ l’an dernier. Voici la liste complète des tarifs :
EPIC | PRIX |
EPIC S-WORKS | EUR 11,599.00 |
EPIC S-WORKS FRAMESET | EUR 4,999.00 |
EPIC PRO | EUR 8,499.00 |
EPIC EXPERT | EUR 6,499.00 |
EPIC COMP | EUR 4,299.00 |
EPIC EVO | |
EPIC EVO S-WORKS | EUR 11,599.00 |
EPIC EVO S-WORKS FRAME | EUR 3,999.00 |
EPIC EVO EXPERT | EUR 6,499.00 |
EPIC EVO COMP | EUR 4,499.00 |
Specialized Epic Expert 2021 : XC ou Evo, le test terrain
Dans le contexte actuel où les déplacements sont très limités, Specialized a eu la bonne idée de mettre en place une sorte de « lancement virtuel » particulièrement bien organisé qui a permis à un petit nombre de journalistes de par le monde, dont l’équipe Vojo, de recevoir les vélos et de les tester en avant-première environ un mois avant qu’ils soient dévoilés au public. Et pour notre part, en exclusivité francophone, ce n’est pas un, mais deux nouveaux Specialized Epic 2021 que nous avons reçus, puisque nous avons pu tester à la fois la version XC et la variante Evo sur nos sentiers habituels, et nous avons même pu aussi les comparer à quelques autres références du marché !
C’est le niveau de gamme Expert qui nous a été confié pour cet essai. En faisant le tour du propriétaire, on remarque que les deux sont particulièrement bien équipés et corrigent à peu près tous les petits défauts du montage de la précédente génération d’Expert (voir notre test ici). Le dérailleur arrière et le shifter Sram XO1 Eagle assurent une transmission rapide et précise, les roues carbone sont entièrement revues, avec d’excellentes jantes et des moyeux DT350 qui permettent enfin d’avoir des cercles dignes du châssis, et la nouvelle RockShox SID fait merveille à l’avant, tant dans sa version light qui équipe le XC, que dans sa version plus musclée montée sur l’Epic Evo.
On remarque aussi qu’il y a un grand souci du détail sur le cadre, avec notamment la présence d’origine de larges autocollants transparents de protection. En roulant, au fil du temps, on apprécie aussi le gros travail fait par Specialized sur le silence de fonctionnement de ses vélos. Le protège-base avec de petites excroissance, la conception du passage des gaines en interne et la limitation du nombre de câbles (surtout sur le XC) : tout concourt à éviter les bruits parasites, et c’est très agréable. En fait, c’est quand on remonte sur un autre vélo qu’on se rend compte du travail de l’ombre mené par Specialized à ce niveau. Cela peut paraître insignifiant mais, croyez-nous, sur le terrain, on remarque vite la différence. Enfin, pour les longues sorties il est très appréciable de pouvoir monter deux porte-bidons, surtout quand il s’agit des excellents modèles qu’on trouve dans la gamme d’accessoires Specialized.
Avant de rentrer vraiment dans le ressenti du comportement des deux machines, permettez-nous encore de relever quelques détails… mais qui fâchent cette fois. Tout d’abord, malgré l’évolution positive et pertinente des équipements sur ces versions Expert, il reste encore quelques « couacs ». Le plus important, ce sont les freins Sram Level TL qu’on trouve sur la version XC et qui sont tout à fait indignes du niveau de gamme du vélo. Ils freinent, oui, mais juste correctement, et ils n’offrent pas des performances en rapport avec le statut du vélo.
On regrette aussi la disparition des petits « pare-chocs » sous le tube diagonal pour éviter que le poste de pilotage ne puisse tourner trop et entrer en contact avec le tube supérieur. Et il n’y a pas non plus de système équivalent au niveau du jeu de direction pour le remplacer. Bilan, en cas de chute (même bénigne), le shifter ou un levier de frein peut venir taper sur le tube supérieur et l’endommager. Cela nous est d’ailleurs arrivé sur les deux vélos, qui ont très vite vu leur peinture écaillée à ce niveau. C’est d’autant plus dommage que cette même peinture est magnifique et de grande qualité sur les deux modèles (ce qui se remarque notamment à l’heure du nettoyage, où on voit les saletés glisser facilement). Enfin, c’est moins important mais on regrette tout de même que Specialized reste sur un diamètre de tige de selle en 30.9mm. Comme la plupart des vélos du marché sont aujourd’hui en 31.6mm, cela limite le choix et les possibilités, par exemple, de récupérer une tige de selle télescopique d’un autre vélo pour la monter sur le modèle XC qui en est dépourvu à l’origine.
Trêve de discussions statiques, passons à l’action ! Le réglage des suspensions est assez simple. Nous avons suivi les recommandations de Specialized, avec un SAG (enfoncement statique) assez généreux, qui tourne autour de 25% sur des deux modèles. Malgré cela, dans les deux cas, on n’a pas du tout l’impression d’avoir une suspension qui s’affaisse excessivement quand on se pose sur le vélo. C’est évidemment vrai sur la version XC dont le système Brain verrouille automatiquement la suspension quand il n’y a pas de reliefs sur le terrain, mais c’est aussi le cas pour l’Evo, malgré l’absence de Brain.
Une fois ouverte, la suspension arrière de l’Epic XC est vraiment très active et réactive
A propos du Brain justement, on note assez vite qu’il a été raffermi à l’arrière, mais ce n’est pas du tout désagréable car il se montre aussi plus réactif qu’auparavant, tant au blocage qu’au déblocage. Et une fois ouverte, la suspension arrière de l’Epic XC est vraiment très active et réactive, de sorte que son comportement sur sol tourmenté est particulièrement convaincant et contribue à donner à la version XC un comportement assez diabolique en descente.
Trouver le bon réglage du Brain et du rebond sur la fourche s’avère plus complexe. Alors que c’est étonnamment simple à l’arrière, les mollettes de réglage de la fourche comptent tellement de clics qu’on a tendance à s’y perdre. Quand finalement on trouve le bon réglage, par contre, c’est un vrai bonheur. On peut mettre le Brain devant sur une position assez ferme pour profiter pleinement du rendement de la bête, tout en sachant qu’il sera, lui aussi, très réactif au moindre impact venant du terrain. Quant au châssis de la SID SL, bien que très léger, il se montre bien assez rigide et précis pour le programme. Plus même, selon nous, qu’une Fox F32 StepCast.
Sur l’Epic Evo, la suspension arrière a beau être dépourvue de Brain, elle n’en demeure pas moins très peu sensible au pompage et aux mouvements parasites. En montée technique, pas besoin de la bloquer avec le petit levier, elle n’a pas tendance à s’affaisser trop et elle permet de profiter d’un grip diabolique. Pour les portions lisses, la route et les longues ascensions, certains de nos testeurs auraient tout de même aimé avoir une commande de blocage au cintre. Mais cela aurait encombré le cintre inutilement aux yeux d’autres de nos essayeurs. Bref, les avis sont partagés sur ce point, mais une chose est sûre : sans être aussi explosif et pointu que la version XC, le Specialized Epic Evo reste un excellent pédaleur, léger et facile à relancer. En cela, il rappelle très fort l’Orbea Oiz TR.
Par contre, en descente, si le vélo est assez redoutable grâce à sa géométrie fabuleuse et à sa fourche SID 120mm hyper efficace, la suspension arrière nous a laissés un peu sur notre faim. Elle est efficace, elle colle bien la roue au sol et elle donne un vrai confort au vélo sur les impacts petits et moyens. Mais elle nous semble avoir un peu de mal à rentrer dans le débattement et elle donne l’impression d’une certaine fermeté, de sorte qu’on reste assez haut de l’arrière, ce qui ne met pas à 100% en confiance dans les descentes raides. Ou du moins pas vraiment beaucoup plus que la version XC alors qu’on s’attendait à une différence plus marquée.
Pourtant, nous avons vérifié les réglages plusieurs fois et le petit joint placé sur le piston de l’amortisseur montre que nous avons bien consommé tout le débattement, mais on s’attendait à un vélo qui allait se montrer plus « smooth » en descente. Peut-être qu’un petit recalibrage du setting hydraulique d’usine permettrait de l’adapter plus à notre goût ? Car on parle ici bien de goût. Deux de nos testeurs, en ce compris votre serviteur et un autre rider au profil plus enduro, ont moins aimé ce trait de caractère du Evo… alors que le troisième, au profil de pur marathonien, a trouvé que cela permettait à l’Epic Evo de rester un vrai Epic. A vous de voir auquel des trois vous vous identifiez le plus ! Pour mettre tout le monde d’accord et garder la spécificité de l’Epic, on se dit tout de même que cela aurait pu être intéressant de laisser le système Brain aussi sur l’Evo, avec par contre un tarage beaucoup moins ferme et plus sensible que sur le XC.
Par rapport à la concurrence, le nouveau Specialized Epic XC est en quelque sorte « hors classe ». Niveau rendement pur, il se positionne selon nous encore plus en référence du segment, et le fait qu’on ne doive pas s’occuper du blocage des suspensions permet qu’il n’y ait aucune perte d’énergie à aucun moment. En descente, nous avions jusqu’ici préféré des vélos comme le Scott Spark ou le BMC Fourstroke, plus amusants, plus débridés. Mais avec cette nouvelle génération d’Epic, la nouvelle géométrie absolument fabuleuse contribue à le rendre encore plus rapide et efficace en descente ainsi que dans les portions techniques.
Sur papier, l’angle avant de 67,5° peut faire peur, mais en réalité l’Epic XC garde toute la vivacité des anciennes générations dans les portions sinueuses, alors qu’il gagne énormément en efficacité et en sentiment de sécurité en descente raide. Seule une tige de selle télescopique nous a manqué dans ce test pour vraiment exploiter tout son potentiel, mais il figure désormais aussi parmi nos chouchous en terme de plaisir de pilotage en descente. Et ça, c’est nouveau !
Du côté de l’Epic Evo, cela reste clairement un vélo plus « sérieux » que le Kona Hei Hei, qui cultive un côté « enduro à mini débattement » assez décalé. Il se rapproche fort d’un Orbea Oiz TR, qui a aussi des gênes de pur crosseur et de vélo performant au pédalage parfaitement assumés, mais qui nous semble avoir une suspension arrière plus performante dans le cassant. Le châssis de l’Epic Evo nous a par contre paru avoir une rigidité mieux dosée que le Oiz, dont on peut parfois ressentir une différence de rigidité assez marquée entre l’avant fort verrouillé et un arrière plutôt fort souple. Par rapport au Trek Top Fuel, l’Epic Evo parvient à dégager encore plus une impression de légèreté, mais le Trek nous a laissé le souvenir d’un vélo plus « baroudeur » que le Specialized et plus facile dans les descentes raides aussi. Quant au Cannondale Scalpel SE, nous ne l’avons pas encore essayé, mais la comparaison sera intéressante. Enfin, au sein même de la gamme Specialized, pas de risque de confondre l’Epic Evo avec un Stumpjumper ST. Certains chiffres les rapprochent sur le papier, mais la comparaison s’arrête là car sur le terrain, pour avoir roulé les deux, on sent clairement que le « Stumpy » est une version petit débattement d’un vélo all-mountain/enduro, plus capable et plus tolérant en descente, mais qui ne pourra jamais rivaliser avec un Epic Evo au pédalage.
Verdict
Le Specialized Epic Evo est un vélo très agréable, polyvalent et bien né, mais, en l’absence de suspension Brain, il manque peut-être un peu d’un véritable élément de démarcation par rapport à une concurrence féroce et déjà très au point sur le segment des vélos « XC hard » ou « DownCountry ». Par contre, la version XC nous a littéralement épatés. Elle cultive sa différence avec un système Brain plus au point que jamais, en y ajoutant maintenant une géométrie hyper engagée et débridée qui lui permet d’afficher des performances en descente absolument bluffantes. Jusque-là, on achetait un Epic surtout pour son rendement… et désormais avec cette nouvelle version XC, on aura aussi l’assurance d’avoir un des vélos les plus excitants, amusants et performants en descente et dans le technique.
Specialized Epic Expert 2021 (XC)
6499€
10,470kg(sans pédales)
- Rendement de feu
- Suspensions Brain plus intelligentes que jamais
- Nouvelle géométrie osée, mais particulièrement réussie !
- Trop de clics sur les réglages de la fourche (Brain et rebond)
- Plus de dispositif de protection pour éviter les impacts du cintre sur le tube supérieur
- Même s'il peut se justifier sur le terrain, le tarif est élevé
- Freins Sram Level TL indignes d'un tel vélo
Évaluation des testeurs
- Prix d'excellence
- Coup de coeur
- Rapport qualité / prix
Specialized Epic Evo Expert 2021
6499€
11,080kg(sans pédales)
- Excellente géométrie
- Même sans Brain, cela reste un excellent pédaleur
- Montage parfaitement cohérent
- Suspension arrière un peu ferme pour le programme
- Plus de dispositif de protection pour éviter les impacts du cintre sur le tube supérieur
- Tarif élevé
- RAS
Évaluation des testeurs
- Prix d'excellence
- Coup de coeur
- Rapport qualité / prix
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Plus d’infos : www.specialized.com