Test nouveauté | Rotwild R.X750 : quand l’électrique s’attaque à la montagne
Par Léo Kervran -
Pour le lancement de son nouveau VTT AE, le R.X750, Rotwild a estimé que le qualificatif All-Mountain n’était plus suffisant et a donc créé une nouvelle catégorie : le Big Mountain. Objectif, la (haute) montagne, avec ses chemins techniques et ses gros dénivelés. Simple argument marketing ou véritable intérêt ? Présentation et découverte de ce nouveau vélo en Italie, au pied des Dolomites.
Pour cette pratique Big Mountain, Rotwild a fortement mis l’accent sur l’autonomie de son vélo. Le R.X750 se dote ainsi d’une nouvelle batterie d’une capacité de 750 Wh, démontable à la main. C’est 50 Wh de plus que les batteries Specialized ou BH et 125 Wh de plus que la nouvelle batterie Bosch. Un nouveau chargeur permet de la charger complètement en 2 heures.
Elle a été entièrement développée par Rotwild pour répondre précisément à leur cahier des charges. Vis-à-vis des batteries Brose plus classiques (comme celles utilisées par Specialized), elle est un peu plus large et un peu plus courte. Cela permet de transporter plus facilement une batterie de recharge dans un sac à dos pour les sorties les plus longues. Côté autonomie, la marque allemande annonce avoir fait des sorties de 3000 m de D+ avec une seule batterie, en utilisant intelligemment les différents modes d’assistances.
Le moteur Brose S-Mag est complètement intégré au cadre, enveloppé dans une coque de carbone. Pour optimiser la dispersion de la chaleur, Rotwild a intégré des ailettes directement liées au moteur sur les côtés et la face inférieure. L’application Connect C, reliée par Bluetooth au système d’assistance, donne accès à des informations supplémentaires et à un module de réglage des niveaux d’assistance, pour personnaliser et optimiser le vélo selon son utilisation.
Le deuxième point sur lequel Rotwild a particulièrement insisté lors du développement du R.X750 est l’intégration. En plus du moteur et de la batterie, tous les câbles passent entièrement en interne. La marque Allemande a même développé un cintre et une potence spécifiques pour faire rentrer les câbles électriques directement dans le cintre. Ils cheminent ensuite dans la potence, passent à travers le jeu de direction et descendent droit dans le tube diagonal, juste au-dessus de la batterie. Ils sont ainsi entièrement à l’abri des éléments extérieurs.
Le système de liaison des bases au cadre (sans pont de rigidification et avec des roulements recentrés) permet de faire passer la gaine du dérailleur directement dans le triangle au niveau du point de pivot, derrière une vis qui fait uniquement office de cache. Cela permet d’avoir un trajet de gaine très direct, sans coude et sans allongement excessif lors de la compression de la suspension.
L’autre avantage de ce système de liaison est de pouvoir conjuguer bases courtes et gros pneu sans affiner exagérément les bases. Vendu avec un pneu arrière en 27.5 x 2.6, le vélo est ainsi compatible avec des pneus jusqu’à 2.8 de section.
On retrouve également une tige de selle Eightpins entièrement intégrée dans le cadre. Lancée à l’origine par Syntace et Liteville en 2016, cette tige de selle télescopique dispose d’un plus gros plongeur que ses concurrentes pour améliorer la rigidité et la stabilité. Par ailleurs, on peut facilement réduire son débattement pour adapter au mieux la hauteur de selle.
Petite spécificité côté géométrie, le cadre dispose d’une roue arrière en 27,5″ et d’une roue avant en 29″. De plus en plus populaire sur les VTT AE, ce montage doit permettre de conjuguer capacité de franchissement, stabilité et vivacité. Pour le reste, ce Rotwild est plutôt dans la moyenne avec un angle de direction à 66°, un angle de selle à 74°, des bases à 445 mm (assez courtes tout de même pour un ebike) et un reach à 437 mm en taille M (presque court pour un vélo classique mais dans la moyenne des VTT AE). Le débattement est de 150mm à l’avant comme à l’arrière.
Rotwild R.X750 : le test terrain
Nous avons pu découvrir ce nouveau Rotwild R.X750 sur les trails d’Andalo, dans le massif de Brenta en Italie. Pour notre 1m79, nous faisons le choix de partir sur une taille L (reach à 468 mm) plutôt que sur une taille M bien trop courte (reach à 437 mm), surtout avec la potence en 50 mm.
Dès qu’on se met debout sur les pédales, ce problème de taille disparaît.
Au pédalage, assis sur la selle, cette taille L nous paraît un peu longue, d’autant que la tige de selle Eightpins dispose d’un déport de 25 mm (il existe pourtant une version sans déport au catalogue du fabricant autrichien mais Rotwild ne l’a pas retenue). En montée raide sur du gravier notamment, on a quelques difficultés à garder la roue avant plaquée au sol tout en conservant de l’adhérence sur la roue arrière.
Dès qu’on se met debout sur les pédales, que ce soit en descente ou pour franchir un passage technique, le problème de taille disparaît et on est beaucoup plus à l’aise. Une tige de selle sans déport résoudrait donc très probablement ce problème et nous en avons d’ailleurs fait part à la marque.
Côté assistance, on retrouve avec plaisir les caractéristiques du moteur Brose : silence, douceur et souplesse. L’impression de puissance n’est pas aussi forte qu’avec le Bosch mais elle est délivrée rapidement et sans à-coups, de telle sorte qu’on arrive à se sortir de situations parfois un peu scabreuses facilement. Il est aussi beaucoup moins sensible à la cadence de pédalage que le Bosch (ancienne génération), pas besoin de rester entre 80 et 90 rpm pour en tirer le maximum.
L’écran est placé à gauche du cintre, contre la poignée et il fait également office de bouton de contrôle pour choisir le mode d’assistance. On appuie en haut de l’écran pour augmenter le niveau d’assistance et en bas pour le diminuer. L’ergonomie est bonne et on sent bien un « clic » sous le doigt lorsqu’on change de mode, un peu à l’image d’un pavé tactile d’ordinateur portable. L’avantage de ce système est d’avoir un afficheur très compact et peu exposé aux chocs mais on perd un peu en lisibilité, surtout en plein soleil.
En descente, le R.X750 est très stable et n’invite pas à un pilotage fin et précis. Si une section un peu chaotique se présente, pas besoin de réfléchir très longtemps, on choisit approximativement sa trajectoire et on laisse les suspensions travailler. Couplée à l’angle de direction de 66°, la roue avant en 29″ avale sans encombre les obstacles et la suspension arrière est à la hauteur pour suivre le mouvement. Dès qu’on prend un peu de vitesse, le vélo encaisse tout sans broncher, c’est assez grisant.
Cette stabilité n’empêche néanmoins pas le Rotwild d’être amusant à rouler et on sent l’apport de la roue arrière en 27,5″. Elle permet d’avoir un arrière facile à manier pour contourner des obstacles et on peut sans problèmes envisager de jouer avec les appuis offerts par le chemin ou des appels-contre appels pour faire tourner le vélo sur des virages serrés.
Le Rotwild R.X750 est disponible en 3 montages, de 6 499 € à 9 999 €, soit exactement en face du Specialized Turbo Levo, son concurrent direct sur le papier. Il existe par ailleurs en 4 tailles et le débattement de la tige de selle est adapté à la taille du vélo, de 168 mm en taille S à 228 mm en taille XL.
Verdict
Cet avis est bien sûr à prendre avec du recul car ce n’est qu’une découverte du vélo, loin de nos sentiers habituels et bien trop courte pour tester certains aspects comme l’autonomie. Cependant, ce R.X750 semble bien répondre au cahier des charges de la marque allemande et après l’avoir roulé, on comprend mieux ce qu’entend Rotwild par « Big Mountain ». Très facile à prendre en main, on peut tout à fait l’utiliser pour de la balade mais ce serait dommage de le cantonner à cette utilisation. C’est un vélo qui a besoin de gros dénivelés, de rochers, de chemins techniques tels qu’on en trouve en altitude pour donner sa pleine mesure. Seul point négatif à relever de cette découverte, l’échelonnage des tailles couplé à la tige de selle à déport, qui risque fort de poser problème à certaines personnes.
Plus d’informations : rotwild.fr
Photos : Mountain Bike Connection Summer – Rupert Fowler & Luigi Sestili