Test nouveauté | Rotwild R.EX : surprise et satisfaction
Par Adrien Protano -

Spécialiste des e-bikes depuis de longues années, c’est en collaboration avec son équipe de coupe du monde d’enduro que la marque allemande Rotwild a développé le R.EX : un modèle all-mountain de 150-160 mm de débattement et à grosse batterie de 820 Wh. Présentation et premières sensations :
Fondée en 1996 par Peter Schlitt et Peter Böhm, Rotwild a été l’une des premières à prendre le virage de l’électrique en s’associant à l’équipementier automobile Brose dès 2013. Depuis, la marque a parcouru du chemin et a largement élargi son catalogue. Le dernier en date dont on vous a parlé, le RX 275 (l’e-bike light de la marque) nous avait laissé un très bon souvenir ! (cf. Test nouveauté | Rotwild RX 275 : l’e-bike au bouton rouge).
Ici, le postulat de départ de la marque est bien différent : développer un VTTAE pour les courses internationales d’enduro avec son équipe de coupe du monde, à savoir le modèle R.EXC, et le décliner en une version All-Mountain, soit le modèle dont il est question ici, le R.EX. La différence entre les deux modèles se trouve dans le choix des composants et dans le débattement : 160/170 mm pour le modèle R.EXC et 150/160 mm pour son petit frère, ce R.EX.
Châssis : silhouette reconnaissable
Avec ce R.EX, Rotwild a pris un véritable parti pris d’un point de vue esthétique. Le cadre est entièrement construit en carbone, à savoir « un layup de carbone haut module, qui offre un équilibre idéal entre durabilité et légèreté », explique la marque. « Chaque cadre est méticuleusement fabriqué à la main et renforcé par une seconde couche de finition », continue-t-elle. Comme à l’habitude de la marque, les finitions sont très soignées et le cadre est du plus bel effet.
Sur la balance, le modèle exposé sur le stand de la marque (en taille L) lors de cette présentation pointe à 21,64 kg. Spoiler : on a ici un moteur Shimano EP801, une batterie de 820 Wh, et des « gros » pneus Schwalbe Albert Trail en carcasse Radial.
Pas de doute, le Rotwild R.EX a de la personnalité et est reconnaissable au premier coup d’oeil, notamment en raison de cet étrange triangle arrière. Baptisée « Elevated Box Design » par la marque, cette construction du cadre affiche un triangle arrière prédominant avec des bases surélevées. « En plus d’offrir une rigidité symétrique, cette construction évite tout claquement de la chaîne, un bonheur pour les pilotes qui aiment les vélos silencieux », explique Jonathan Zimmermann, responsable marketing de la marque.
La marque nous explique également que le renfort entre les deux haubans a été déplacé vers le haut, offrant ainsi à la roue arrière le dégagement nécessaire pour les pneus, ce qui est particulièrement bénéfique dans les conditions boueuses.
On notera également que la marque allemande a fait le choix du montage « mulet » sur ce R.EX, à savoir une roue de 29″ à l’avant pour maximiser les capacités de franchissement et de 27,5″ à l’arrière pour la maniabilité.
Rotwild a également fait le choix du serrage de tige de selle intégré… ou plutôt même de l’intégration de la tige de selle télescopique avec le système de chez EightPins. Lancée à l’origine par Syntace et Liteville en 2016, cette tige de selle télescopique coulisse à l’intérieur du cadre. Celle-ci dispose également d’un plus gros plongeur que ses concurrentes pour améliorer la rigidité et la stabilité. Par ailleurs, on peut facilement réduire son débattement pour adapter au mieux la hauteur de selle, et cela sans outil.
Le tube diagonal est équipé, de série, d’une fixation Fidlock pour recevoir un bidon.
Suspensions : point de pivot haut ou pas ?
Si le Rotwild R.EX a une silhouette bien à lui, son architecture de suspension est bien un traditionnel « 4 Bar Linkage », caractérisé par ce polygone « ouvert » formé par les bases, les haubans, la biellette et le tube de selle, chacun étant relié aux autres par des pivots.
On vous l’a déjà expliqué lors de notre sujet dédié (cf. MTB Anatomy #1 | Le point de pivot haut), il n’existe aucune règle ou standard permettant de jauger la hauteur d’un point de pivot, et de catégoriser les vélos en « point de pivot classique » ou « point de pivot haut ». On peut par contre clairement observer que Rotwild a voulu rehausser son point de pivot sur ce R.EX, tout en l’avançant légèrement au-delà du boîtier de pédalier. « Ce n’est pas aussi extrême que certains modèles du marché, mais c’est un compromis qui permet d’obtenir une suspension très active et réactive, qui préserve la sensibilité du train arrière et assure une bonne traction », explique la marque.
Moteur : Shimano EP801 et grosse batterie
Du connu et reconnu du côté du moteur puisque c’est un Shimano EP801 qui est chargé de donner vie à ce R.EX. Pour rappel, celui-ci développe un couple de 85 Nm et une puissance maximale de 600 W, le tout pour un poids de 2,7 kg : Test vidéo | Shimano EP 801 : rien ne se voit mais tout se transforme.
À une époque où une majorité des modèles du marché optent pour une batterie intégrée, Rotwild prend le contrepied et a choisi l’option d’une batterie amovible. « Cela permet à tout un chacun de faire charger facilement sa batterie, je pense notamment aux gens qui habitent en appartement ou ceux qui n’ont pas d’accès à l’électricité dans leur garage », explique la marque.
La batterie du Rotwild R.EX est un développement exclusif de l’équipe d’ingénieurs de la marque. « Pour la première fois, nous utilisons des cellules haute performance Gen2, type 21700, dans le R.EX. Celles-ci offrent une capacité impressionnante de 820 Wh, établissant une nouvelle référence dans la technologie des batteries. Pour gagner du poids, nous intégrons les cellules dans un boîtier en carbone très léger. Grâce au mécanisme de libération rapide, la batterie peut être retirée et réinsérée en quelques secondes », détaille la marque.
Géométrie
Impossible de nier l’influence de l’équipe d’enduro de la marque sur la géométrie de ce modèle, même si cette déclinaison davantage all-mountain a été tempérée (grâce au débattement réduit) pour coller aux besoins de la pratique : angle de direction de 64°, angle de tube de selle de 77,2°, reach de 461 mm en taille M et bases de 436 mm (pour toutes les tailles).
Équipements du Rotwild R.EX
Sur notre version d’essai, c’est Fox qui est aux commandes des suspensions avec une fourche Float 36 Factory et un amortisseur Float X Factory.
Comme pour le moteur, c’est du Shimano au niveau de la transmission, avec un dérailleur XT Di2 à 12 vitesses. On rappelle que cette version 12 vitesses est compatible avec la fonction Free Shift – changer de vitesse sans pédaler – mais pas avec la fonction AutoShift – à savoir le passage automatique des rapports.
Le freinage est du même acabit avec une paire de Shimano XT, associés à des disques de 203 mm.
Mention spéciale pour le train roulant où l’on a retrouvé une paire de Crankbrothers Synthesis Carbon Enduro que l’on apprécie beaucoup, associée une paire de pneumatiques Schwalbe Albert Trail (carcasse Radial, gomme Addix Soft, section de 2.5).
Le poste de pilotage est caractérisé par un duo de chez E*Thirteen, avec une potence alu de 50 mm et un cintre en carbone de 780 mm de large avec un rise de 20 mm. Celui-ci est équipé de grips de chez Ergon (GD10 Sim). La selle est également signée Ergon, avec une SM Sport.
Versions et tarifs du Rotwild R.EX
Le catalogue de la marque ne propose que deux versions de ce R.EX : le Core et le Ultra, uniquement disponibles dans cette livrée signature de la marque.
La version la plus accessible financièrement est le modèle R.EX Core, commercialisé à 8990 €. Il est équipé comme suit :
- Fourche Fox Float 36 Performance et amortisseur Fox Float X Performance
- Transmission Shimano XT
- Freins Magura MT5
- Roues Crankbrothers Synthesis Enduro
Modèle qui illustre cet article, le Rotwild R.EX Ultra est la version la plus luxueuse (11 490 €), avec un équipement en conséquence :
- Fourche Fox Float 36 Factory et amortisseur Fox Float X Factory
- Transmission et freins Shimano XT
- Roues Crankbrothers Synthesis Enduro Carbon
Rotwild R.EX : le test terrain
C’est sur les trails sinueux du Monte Arsenti à Massa Marittima (Toscane) que nous avons effectué cette prise en main du Rotwild R.EX. Pour notre mètre 78, c’est sur une taille M que nous avons grimpé, et sur lequel nous avons (très) rapidement pris nos marques. Mention spéciale pour le réglage de la hauteur de la tige de selle télescopique intégrée, qui s’est avéré intuitif et très facile à modifier sur le terrain, sans même nécessiter de sortir le multioutil.
Ce n’est pas la première fois que l’on vous parle des sentiers de ce joli village de Toscane. Entretenus par les « Trail Brothers », les singletracks sont sinueux et très ludiques. Toutefois, la pente n’est pas énorme et les nombreuses précipitations durant les semaines précédant notre arrivée ont rendu le terrain gras, collant… Bref, armé de notre machine de plus de 20 kg, on appréhende un peu de devoir se battre pour placer le vélo, et surtout pour prendre du plaisir.
Ces a priori vont être rapidement dissipés ! Ici, pas besoin du mode d’emploi pour comprendre comment fonctionne le vélo, cela se fait naturellement et on se sent tout de suite à la maison. Cerise sur le gâteau, avec ses bases assez courtes, et malgré son poids, le Rotwild R.EX brille par son agilité et se dévoile comme un châssis amusant, même sur ce terrain pas tout à fait idéal. Côté réglages, on a uniquement rehaussé un poil la vitesse de rebond de l’amortisseur par rapport à ce que la marque préconise.
Le vélo apporte beaucoup de confort sur les petits chocs, avec une bonne sensibilité de l’ensemble roue/triangle arrière et de l’amortisseur. À ce sujet, il nous faut aussi souligner l’apport du très bon train roulant de chez Crankbrothers, qui nous avait déjà surpris par son agréable tolérance sur d’autres vélos.
Pas de surprise du côté de l’assistance où on retrouve le caractère assez doux du Shimano EP801 que l’on a aussi déjà expérimenté sur toute une série de modèles concurrents. La puissance est délivrée de façon plutôt naturelle, tout en permettant des pics de puissance plus costauds si nécessaires (notamment en mode Boost).
Par contre, vous l’aurez peut-être aperçu sur la photo du dessus, et c’est encore plus distinctif lorsque le vélo est propre : le port de charge est situé sous le tube diagonal… Un endroit où les projections de boue et de pierres sont légion ! Un point qui nous fait sourciller et qu’il faudra bien garder à l’oeil lors d’un éventuel test longue durée.
Associé à la bonne balance du châssis, on parvient à mettre suffisamment de poids sur la roue arrière pour conserver l’adhérence nécessaire et pour s’attaquer à des montées techniques avec confiance.
De quoi donner le sourire et l'envie de tourner encore et encore sur ces jolis sentiers !
De quoi donner le sourire et l’envie de tourner encore et encore sur ces jolis sentiers ! Difficile d’en dire davantage au terme de cette première prise en main, mais la conclusion est positive et on a envie de repartir pour une boucle à son guidon.
Verdict
Avec un produit haut de gamme comme à son habitude, Rotwild est parvenu à nous impressionner ! Destiné à un usage All-mountain, ce R.EX reprend le même châssis que son grand frère développé par et pour l’équipe e-enduro de la marque, mais sous une version assagie avec un débattement plus contenu (150/160 mm). Équipé d’une grosse batterie maison de 820 Wh, le Rotwild R.EX n’est pas le plus léger du marché (environ 21 kg) mais s’en accommode très bien sur le terrain. Le vélo est agile et amusant à piloter, avec une très bonne sensibilité sur les petits chocs. En montée, on retrouve le tempérament du moteur Shimano EP801 associé à une bonne traction du vélo. Bref, on a hâte de le retrouver à la maison pour un test longue durée et voir ce que ce Rotwild R.EX a vraiment dans le ventre !
Pour plus d’informations : https://www.rotwild.com/en/r.ex-ultra/20392
Crédit Photo : Bike Connection Agency / Rupert Fowler