Test nouveauté | Rocky Mountain Slayer : pour les plus extrémistes

Par Adrien Protano -

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Test nouveauté | Rocky Mountain Slayer : pour les plus extrémistes

Marque mythique dans le petit monde du VTT freeride, Rocky Mountain continue d’être présent et d’insuffler son ADN dans le domaine. Si la dernière génération ne datait que de 2020, la marque canadienne a tenu à présenter une nouvelle itération pour 2024 de son modèle freeride, le Slayer. Nous avons eu la chance de passer deux journées en sa compagnie sur les pistes du Green Hill Bikepark en Allemagne. Découverte : 

Apparu au sein du catalogue de la marque canadienne en 2001, le Rocky Mountain Slayer n’a cessé de se muscler pour répondre aux exigences toujours plus grandes du public, passant du vélo de cross-country/ trail offrant 100 mm de débattement à ses prémisses jusqu’à devenir le vélo « gravity » que l’on connaît aujourd’hui.

Pour 2024, le Slayer continue sur cette voie du freeride et du vélo destiné à enchaîner les journées de bikepark ! « Le Slayer était présent aux premiers jours du mouvement freeride, et il perpétue la tradition d’exploits. Avec un cadre plus long et un montage de roues « mulet », il donne la confiance nécessaire en haute montagne comme pour s’attaquer aux plus gros sauts du bikepark » explique la marque canadienne.

Châssis

Si le Rocky Mountain Slayer n’était disponible qu’en carbone et doté de roues de 27,5″ il y a quelques années encore, la dernière génération en date avait apporté la possibilité d’opter pour un châssis en aluminium et pour de plus grandes roues de 29″. Avec cette nouvelle version, le choix entre cadre en carbone ou en aluminium demeure à l’ordre du jour. Côté train roulant, le châssis est en mesure d’accueillir des roues de 29″ ou un montage dit mulet, à savoir « uneroue de 29″ à l’avant pour favoriser le franchissement et une roue de 27,5″ à l’arrière pour une meilleure agilité » selon la marque de Vancouver.

De série, les tailles S et M sont en montage mulet, tandis que les tailles L et XL bénéficient de deux roues de 29″. Le passage à une autre taille de roue nécessite le changement de la biellette afin d’obtenir la géométrie optimisée pour la taille de roues en question.

Comme on a pu le voir apparaître chez différents fabricants ces dernières années, le Slayer (uniquement dans sa déclinaison carbone) embarque un rangement au sein du tube diagonal. Cette petite boîte à gants, baptisée « PenaltyBox », est dotée d’un couvercle magnétique et comprend deux sacs de rangement respectivement destinés à accueillir une chambre à air et des outils.

Cet espace de rangement au sein du cadre n’empêche nullement le montage d’un porte-bidon puisque les deux vis de fixations ont simplement été légèrement descendues par rapport au châssis de la précédente génération.

Outre la protection de la base arrière côté transmission, le châssis de ce Slayer est plutôt bien protégé, avec cette protection en caoutchouc tout le long du tube diagonal. En plus de protéger contre les diverses projections sur les sentiers, cela facilite également le transport en pick-up… Ce Slayer a été imaginé et conçu dans le North-shore, cela s’en ressent ! Rocky Mountain explique également avoir utilisé des roulements protégés dans un objectif de durabilité.

Enfin, le cadre a droit à des passages internes guidés pour faciliter l’entretien, ainsi qu’à un support ISCG 05, utilisé sur notre modèle pour monter un petit guide-chaîne, mais amovible si vous n’en voyez pas l’utilité.

Le petit détail qui va bien : le masque de Jason Voorhees dans le film d’horreur « vendredi 13 », signature du modèle. Petite référence au hockey également, très populaire au Canada, et qui explique pourquoi Rocky Mountain a nommé sa boite à gant « PenaltyBox », à savoir le banc de pénalité au hockey.

Suspension

La cinématique reste bien sûr fidèle à un système « 4 bar linkage« , de type Horstlink et baptisé Smoothlink (cf. notre lexique).

« Nous avons amélioré la suspension pour qu’elle ait une cinématique plus linéaire afin d’assurer une performance plus cohérente sur toute la plage de débattement, tout en conservant une progression suffisante pour encaisser les gros chocs » précise Rocky Mountain.

On notera également la comptabilité avec une fourche en 200 mm et en double T grâce à une zone de colonne de direction bien renforcée.

Géométrie 

Avec un reach et des bases allongés (respectivement 455 mm et 439 mm en taille M), ainsi qu’un angle de tube de selle accentué (77,5° en taille M, position neutre), la géométrie de ce Rocky Mountain Slayer se veut moderne et a pour promesse une stabilité accrue.

Comme on peut l’observer dans le tableau de géométrie, plusieurs positions par taille sont prévues. Ce système d’ajustement de la géométrie, dénommée « Ride 4 » par la marque canadienne et que l’on retrouvait déjà sur les Slayer de précédentes générations, se matérialise par ce flip chip au centre du basculeur.

Il est ainsi possible de régler la géométrie au moyen d’une simple clé Allen. Il suffit pour ce faire d’orienter la plaque pivotante sur l’une des quatre positions possibles. « Cela permet des changements subtils sur la géométrie et pratiquement sans effet sur les réglages de l’amortisseur » décrit Rocky Mountain.

Une seconde zone de réglage de la géométrie se trouve au niveau des bases. Cette plaque pivotante permet de faire varier de 10 mm la longueur de celles-ci.

Équipement

Pour cette prise en main, Rocky Mountain a mis à notre disposition la version la plus accessible du cadre en carbone, à savoir le Slayer carbon 50.

Dans cette version, le Slayer est équipé d’un amortisseur Fox DHX2 Performance ainsi que d’une fourche Fox 38 Performance Elite, en cartouche Grip, développant tous deux 180 mm de débattement. L’amortisseur est doté d’un levier permettant de basculer du mode ouvert, dans lequel un réglage de compression basse vitesse et de rebond est disponible (mais cependant non ajustables sans outil), à un mode pédalage, qui offre davantage de fermeté pour une plateforme de pédalage stable.

Côté freinage, on passe sur du Shimano, avec une paire de SLX Trail 4 pistons et disques de 203 mm.

La transmission est du même acabit puisque c’est un groupe Shimano SLX qui est à la manoeuvre, avec une cassette 10-51 et un plateau de 32 dents. Le pédalier provient de chez Race Face, à savoir un Aeffect en manivelles de 170 mm de long et l’anti-déraillement de chez OneUp.

Côté train roulant, on retrouve une paire de roues composées de jantes WTB 30 SL, de moyeux DT Swiss 370 et de rayons DT Swiss Champion 2.0. Celles-ci sont chaussées de pneumatiques Maxiss, à savoir un Assegai MaxxGrip en 2.5 à l’avant et un Minion DHR II MaxxTerra en 2.4 à l’arrière. Tous deux disposent de la solide carcasse DoubleDown, et un insert Cushcore XC est installé de série. Cet insert permet de protéger les roues et d’éviter les crevaisons, ainsi que de rouler avec des pressions plus basses. Pourquoi la marque canadienne a-t-elle choisi le modèle XC dans la gamme de chez Cushcore ? Bonne question !

Côté périphériques, RaceFace s’occupe de la tige de selle, avec une Aeffect de 150 mm de débattement (125 mm en taille S et 175 mm en taille L et XL) sur laquelle on retrouve une selle WTB Volt Race 142 à la finition spécifique « Slayer ». Le poste de pilotage est maison, avec une potence de 40 mm et un cintre de 780 mm de long.

Versions et tarifs 

Dans nos contrées, une seule version disposant d’un cadre en aluminium, le Slayer A50, est commercialisée au prix de 5400 €. Pour les versions en carbone, le ticket d’entrée (C50) est au tarif de 6 900€ suivi du Slayer C70 à 8700 €, et finalement le montage le plus luxueux (C90) est affiché à 11 500 €. Une option kit cadre est également proposée par Rocky Mountain au prix de 4700 €. Deux coloris sont au programme, sauf pour la version C90 et le kit-cadre uniquement disponibles en noir lustré.

Rocky Mountain Slayer : le test terrain 

C’est au Green Hill bikepark que Rocky Mountain nous a donné rendez-vous pour notre tête à tête avec ce Slayer millésime 2024. Situé en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ce bikepark de l’ouest de l’Allemagne a ouvert ses portes en juillet 2022. Au programme, de jolies pistes très bien entretenues, beaucoup de virages relevés, rollers, sauts et drops de toute sorte ainsi que de jolis paysages !

Élancé sur la première piste verte du bikepark, le Slayer est facile à prendre en main. Son comportement est plutôt intuitif et on sent qu’on en a à disposition sous la pédale. Le vélo ne prend pas en traître même lorsqu’on s’écarte de notre trajectoire arrivant un peu trop vite dans un virage.

Les nombreux virages s’enchaînent et même en tentant de mettre un maximum d’angle, le vélo ne bronche pas et reste précis et sécurisant dans les nombreux appuis. Cette rigueur demande par contre un certain engagement physique, ce modèle développant 180 mm de débattement est plus exigeant qu’une série de gros enduros du marché.

Grâce au guidage interne et à l’imposante protection sur la base arrière au niveau de la transmission, le Slayer est extrêmement silencieux, même dans les passages défoncés où l’on n’a pas entendu une seule fois la chaîne claquer contre le cadre.

Dans les passages plus lents, le Slayer fait par contre un peu la moue. S’il passe les différentes sections sans s’avérer dangereux, il est loin d’être aussi dynamique que certains de ses concurrents.

Dès qu’on met du rythme par contre, le Rocky Mountain Slayer est à la maison. Pierriers, racines, dévers… il avale tout sans broncher. Avec cette vitesse, le dernier venu de la marque canadienne se montre joueur et donne envie de décoller au moindre obstacle. C’est grisant, mais attention à ne pas franchir la limite !

Quand la pente s’accentue encore un peu plus, le comportement sécurisant du Slayer se renforce. Il faut dire qu’avec 63° d’angle de direction, il en faut déjà pas mal pour se faire peur… Nous avons principalement roulé en position « ouverte » et « neutre » durant cette prise en main, et sur les pistes relativement flow et rapides du Green Hill Bikepark, c’est la position neutre que nous avons préférée, couplée au réglage « court » des bases. Cela nous a permis d’obtenir un parfait compromis entre stabilité à haute vitesse et polyvalence de la plateforme. Cela est toutefois personnel et nous ne pouvons que vous conseiller d’essayer les différents réglages pour trouver celui qui correspond le plus à vos préférences ainsi qu’à votre type de pilotage.

Petit regret quant à la suspension arrière, manquant un peu de progressivité sur les plus gros chocs. Un amortisseur plus haut de gamme, avec réglage de la compression hautes vitesses, aurait sûrement permis de corriger ça, mais cela nécessite de passer sur le modèle le plus onéreux (C90).

Définitivement plus freeride qu’enduro, ce Rocky Mountain Slayer se destine aux pilotes les plus extrémistes, désirant beaucoup de support sur leurs trails locaux ou s’aventurant régulièrement en bikepark. Avec un comportement très rassurant dans la pente, et plutôt joueur une fois une certaine vitesse imprimée, ce Rocky Mountain Slayer sera votre nouveau meilleur ami pour vous dépasser sur vos pistes préférées. Attention toutefois si vous êtes du genre à aimer les sentiers très techniques, souvent synonymes de rythme moins effréné, le combo cadre + roues assez souple couplé à une suspension très linéaire le rend peu dynamique et cela n’est donc pas l’exercice où il brille le plus. 

Pour plus d’informations : https://intl.bikes.com/slayer

ParAdrien Protano