Test nouveauté | Rocky Mountain Powerplay SL : un poids plume qui a de la poigne

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Rocky Mountain Powerplay SL : un poids plume qui a de la poigne

Avec le Rocky Mountain Instinct Powerplay SL, la marque canadienne lance son premier e-bike léger avec 150/145 mm de débattement et un positionnement all-mountain. Comme pour ses autres modèles à assistance électrique, elle a choisi de développer une nouvelle version de sa propre motorisation Dyname, allégée et développant un couple un peu moins important (65 Nm). Nous avons pu le découvrir en avant-première et faire quelques tours de roues à son guidon.

Pour ses vélos à assistance électrique, Rocky Mountain n’aime pas suivre le même chemin que tout le monde. C’est d’ailleurs la seule marque du marché à produire son propre moteur, quand les autres utilisent des unités issues de grands fournisseurs comme Shimano ou Bosch.

Les modèles Powerplay de la gamme Rocky Mountain étaient jusqu’ici connus pour leur puissance et leur couple très généreux, produits par leur motorisation Dyname S4 Pro qui a pour particularité d’offrir l’assistance non pas directement au niveau du plateau du pédalier, mais via un galet spécifique situé juste au-dessus du pédalier. Ici, la marque a gardé son concept fétiche, mais en l’adaptant à la philosophie « light ».

Nouveau moteur Dyname S4 Lite et petite batterie

Pour son premier e-bike léger, Rocky Mountain dote l’Instinct Powerplay SL d’une toute nouvelle motorisation Dyname S4 Lite plus légère et dont la puissance ainsi que le couple ont été recalibrés pour coller avec le gabarit plus fluet de ce type de machine.

Au niveau des valeurs, Rocky Mountain annonce 65 Nm de couple et 550 W de puissance maximale pour son petit moteur S4 Lite, contre 108 Nm et 700 W pour le gros S4 Pro. Qui est aussi quasiment 1 kg plus lourd, puisque le S4 Lite est bien plus compact et ne pèse que 2260 g, contre 3200 g pour la version « full power ».

On le voit , Rocky Mountain a voulu produire un moteur certes léger, mais qui a tout de même de la poigne : « Le segment des e-bikes légers n’est pas encore parfaitement défini, chacun y va un peu de sa propre interprétation. Après avoir testé plusieurs motorisations concurrentes, nous avons trouvé que les plus petits moteurs du marché manquaient cruellement de coffre pour être montés sur un all-mountain en 150 mm de débattement comme l’Instinct. Nous avons donc choisi une sorte d’intermédiaire entre un « full power » et une assistance vraiment « light », en profitant du fait que nous concevons notre propre moteur et que nous sommes donc libres de faire ce qui nous semble le plus judicieux. »

A noter aussi que le boîtier de pédalier pressfit du S4 Lite est situé dans le moteur lui-même et pas sur le cadre comme dans le cas du S4 Pro, ce qui permet de gagner en place et encombrement.

Le positionnement du moteur conditionne le placement haut du point de pivot principal de la suspension Smothlink, qui est une version « maison » du classique 4 Bar Linkage, calibrée ici pour un usage all-mountain. Autrement dit : avec la volonté d’être assez neutre au pédalage et qui s’affaisse peu en montée, du confort avec un début de course assez sensible et un bon maintien en fin de course.

Du côté de la batterie, Rocky Mountain a choisi d’opter pour 480 Wh, ce qui permet d’avoir une autonomie proche de celle de leur modèle « full power » équipé d’une batterie de 720 Wh. En cas de besoin, le Powerplay SL est compatible avec le range extender Overtime de 314 Wh, et la batterie, maintenue fermement par un système à deux vis, est amovible.

L’assistance se contrôle au moyen d’une commande au guidon déjà bien connue sur les autres modèles Powerplay, tout comme l’écran de contrôle placé sur le tube supérieur. Tout se règle à ce niveau et il n’y a (pour le moment en tout cas), pas d’application smartphone chez Rocky Mountain.

Instinct Powerplay SL, le roi de l’adaptabilité

Au niveau du châssis, le cadre de ce nouveau Rocky Mountain Powerplay SL est entièrement en carbone, ce qui aide à arriver à un poids autour de 19 kg pour le modèle haut de gamme. Une version en aluminium est aussi prévue, avec un poids qui tourne plutôt autour des 21,5/22 kg selon les montages.

Mais ce qui fait réellement sa particularité, c’est que, comme sur beaucoup de modèles de la marque, il y a plusieurs options qui permettent au pilote d’adapter le vélo et son comportement à ses goûts. C’est notamment le cas avec le système Ride-4MC, une petite pièce située au niveau de la jonction entre la biellette et l’amortisseur, qui permet d’adapter la géométrie du vélo avec une simple clé Allen.

A l’avant, la douille de direction est ovalisée afin d’accueillir un jeu de direction permettant d’ajuster le reach du vélo sur +/- 5mm. Les câbles ne passent par contre pas dans le jeu de direction, mais rentrent dans le cadre via des orifices classiques sur les côtés. Le cheminement est entièrement guidé en interne pour faciliter la maintenance.

On le voit dans le tableau des géométries, le Powerplay SL adopte des valeurs très actuelles, voire même assez « engagées » pour un petit 150 mm de débattement, ce qui témoigne de la volonté de la marque de faire un vélo joueur par sa légèreté, mais très efficace en descente, y compris pour des pilotes aguerris.

Enfin, si le Rocky Mountain Powerplay SL est monté d’origine en roues de 29 pouces à l’avant, comme à l’arrière, il est possible également de le monter en « mulet » avec une roue de 27,5″ à l’arrière, moyennant un changement de la biellette. Le petit moteur et la petite batterie ont aussi permis de proposer une cinquième taille, en XS, dotée de roues en 27,5 pouces. A noter aussi que la longueur des bases est proportionnelle à la taille.

Deux versions, six montages

Le Rocky Mountain Instinct Powerplay SL sera disponible en trois versions carbone : 90, 70 et 50. Toutes sont dotées du même cadre, avec simplement des équipements différents.

Trois versions en aluminium sont aussi au programme pour les niveaux 70 BC Edition (montage plus musclé avec 160 mm de débattement à l’avant), 50 et 30 qui est le plus accessible.

Rocky Mountain Instinct Powerplay SL 90 : le test terrain

Quelques jours avant le Roc d’Azur 2024, par une rare journée pluvieuse près de Ramatuelle, nous avons eu l’occasion de faire quelques tours de roues avec le Rocky Mountain Powerplay SL, dans sa version 90 haut de gamme. Aucun doute, le vélo dégage une impression de légèreté avec ses lignes épurées qui rappellent celles d’un vélo sans assistance. Posé à côté d’un « gros » Powerplay, la différence est flagrante. Et dès qu’on embarque aux commandes, on sent aussi directement cette légèreté. Avec 19 kg dans sa version la plus luxueuse, il ne bat pas des records, mais il a clairement sa place parmi les e-bike légers.

Ce qui frappe aussi, c’est la poigne de sa motorisation. Bien que plus douce dans ses réactions par rapport à la motorisation S4 Pro des modèles Powerplay classiques, cette assistance S4 Lite n’a rien d’anémique ! Même dans les forts pourcentages, elle ne semble jamais manquer de ressources ; le couple est bien présent même à faible cadence de pédalage et nous n’avons trouvé aucune côte, même très raide, qui lui résiste. Bref, c’est une assistance légère, certes, mais pour les bons côtés (douceur et sentiment de naturel). Et pour le reste, elle se compare plutôt à un bon Shimano EP8, c’est à dire un moteur « full power » à peine dégonflé, qu’à une petite assistance type TQ ou Mahle comme sur le Specialized Levo SL. Seul le Fazua Ride 60 peut éventuellement rivaliser, et encore.

Le souci, c’est que si le moteur Dyname S4 Lite de l’Instinct Powerplay SL est très silencieux en lui-même, ce n’est pas le cas de son galet qui, lorsqu’il entraîne la chaîne en côte et surtout quand on est sur le haut de la cassette, émet un bruit assez marqué et surtout des vibrations assez perceptibles dans les pédales. Nous avons trouvé cela gênant et en décalage avec la philosophie d’assistance discrète et naturelle qu’on recherche en général sur un e-bike à assistance légère. Il semble qu’un rodage permet d’atténuer le phénomène. Ce sera à confirmer lors d’un test plus long, tout comme l’autonomie car nous n’avons pas roulé assez longtemps pour vérifier ce point.

En descente, nous avons adoré l’Instinct Powerplay SL. Le vélo est joueur et il se place très facilement dans les tournants et les appuis. Notre boucle de test comportait une belle section remplie de petits virages relevés zigzaguant entre les arbres : c’était un régal absolu et on a complètement oublié qu’on était sur un e-bike car le poids s’oublie totalement. Dans le défoncé, la suspension arrière est très confortable et efficace. On a l’impression d’avoir bien plus que 145 mm de débattement. Pour autant, sur les portions roulantes, elle ne se montre pas pénalisante et on n’a même pas vraiment envie d’utiliser le levier de blocage de l’amortisseur. Idem dans les fortes ascensions, elle n’a pas trop tendance à se tasser (beaucoup moins que sur un Altitude Powerplay par exemple) et les manivelles viennent rarement taper les reliefs du sol.

Verdict

Avec son Instinct Powerplay SL, Rocky Mountain signe une entrée atypique dans le domaine des vélos à assistance électrique légère. Même après seulement une prise en main d’une quinzaine de kilomètres, on peut dire que le châssis est une réussite, avec un comportement joueur et une suspension hyper efficace. Le choix d’une motorisation légère mais tout de même bien dotée en couple et en puissance nous semble également judicieux car on a bien un vélo qui dégage une impression de légèreté, mais qui ne semble jamais manquer de puissance ou de couple. Reste juste ce souci de bruit et de vibrations liés au concept atypique retenu par Rocky Mountain pour la conception de son moteur Dyname S4 Lite, et on pourrait s’approcher d’une certaine forme de perfection. 

Plus d’infos : https://bikes.com/fr-intl/collections/instinct-powerplay-sl
Photos : Rocky Mountain & Greg Germain

ParOlivier Béart