Test nouveauté | Pivot Switchblade 2020 : la lame du Bouro

Après le Firebird 29 pour l’enduro, Pivot se penche sur son Switchblade orienté vers les pratiques all-mountain (et plus si affinité). Nous avons découvert un vélo complètement repensé, qui développe 142 et 160mm de débattement et équipé de roues de 29 pouces. Avec sa géométrie modernisée et pas mal de beaux arguments, nous l’avons pris en main au Portugal, à Terras de Bouro.

Il faut remonter à 2016 pour retrouver la dernière mise à jour du Pivot Switchblade 29. Il avait su nous séduire à l’époque (malgré son tarif salé) mais son angle de plus de 67 degrés, son débattement de 135mm et sa géométrie plus courte le rendait de moins en moins compétitif face aux nouveautés du marché. Le segment « all-mountain » évolue vers encore plus de polyvalence, et vient flirter avec la limite de l’enduro pour certaines machines. Pivot ne s’est pas laissé prendre de vitesse et a entamé le développement de ce vélo il y a presque 2 ans maintenant.

C’est vers l’avant que la marque originaire d’Arizona a choisi de pousser son Switchblade. Le Firebird 29 est une machine de compétition, raide, faite pour aller vite et pour accompagner les meilleurs pilotes d’enduro. De son côté, le Switchblade se veut plus polyvalent, meilleur grimpeur et prêt à accompagner les riders en descente avec moins d’exigence, jusqu’à des performances assez bluffantes. 

Le Pivot Switchblade 29 gonfle son débattement arrière jusqu’à 142mm et l’associe à une fourche de 160 mm (offset 44mm). Le tout est mis en action par une cinématique DW-Link développée par Dave Weagle et chère à Pivot. Le triangle arrière est complètement flottant et s’articule entre deux basculeurs (approfondissez en retrouvant notre : Lexique). Pour cette nouvelle version, Pivot choisit une nouvelle biellette et l’amortisseur change de position et se retrouve parallèle au tube de selle. C’est cette nouvelle biellette qui assure la liaison haute avec le triangle arrière. 

L’amortisseur adopte une interface Trunnion, ce qui libère de l’espace pour le design du vélo. L’espace dégagé permet d’augmenter légèrement le débattement, et de loger un bidon sur toutes les tailles de cadre. 

Pivot continue sa collaboration avec Fox pour les suspensions et pousse cette dernière un peu plus loin. L’amortisseur DPX2 qu’on retrouve sur de nombreux vélos avec des performances souvent variables et ici complètement retravaillé et équipé du « tuning » interne 2021. Pivot a ainsi la primeur des dernières modifications de ce dernier.

Côté train roulant, le 29×2.5 pouces semble être la solution préconisée mais il est possible de passer à une roue arrière de 27,5 Plus ou au 27,5 à l’avant comme à l’arrière (pneus de section 2.8 max). Ces modifications nécessitent de faire évoluer la position d’ancrage de l’amortisseur (haute ou basse) et, dans le cas de deux roues de 27,5 pouces, il est recommandé d’ajouter une coupelle de 17mm au jeu de direction pour corriger la perte d’angle.

Côté géométrie, le vélo est mis au gout du jour avec un reach qui augmente de jusqu’à 2 cm selon les tailles. On compte 470 mm en taille L. Les bases restent courtes avec 431mm et l’angle de direction s’ouvre jusqu’à 66 degrés en position basse. En position haute, il se referme d’un demi degré et le boitier de pédalier se redresse également. 

Pivot continue de décliner son interface de roue arrière « super-boost » avec un entraxe de 157mm pour un gain de rigidité et une facilité de conception pour des bases courtes (mais ne facilitant pas le choix d’une roue arrière après l’achat). Nous n’avons pas été gênés par des chocs avec les bases ou les haubans pendant notre prise en main. 

Côté construction, les Pivot sont soignés avec de beaux passages en interne et des protections sur les bases, haubans et sous le tube inférieur. On souligne également l’utilisation d’un tube de selle bien droit et court qui permet de sélectionner des tiges de selles à grand débattement. 

Pivot tire les enseignement des précédents développements et certains petites caractéristiques en témoignent. On note cette fois-ci la présence d’un petit trou d’évacuation d’eau sous le pied de l’amortisseur. Un retour réalisé par les équipes européennes de la marque.

On remarque également d’autres plots de fixation, qui permettent d’adjoindre au cadre une pochette ou des outils. Pivot travaille d’ailleurs au développement de sa propre solution. 

Pivot décline toujours une série d’accessoires et de composants sur ses vélos. Nouveauté avec ce Switchblade, le poste de pilotage ne mesure plus que 780mm de large en sortie d’usine avec un nouveau cintre sur lequel sont installées des nouvelles poignées. 

Exit les bout de cintres biseautés pour plus de confort, Pivot développe des poignées de section non homogène. Plus on se positionne à l’extérieur, plus le diamètre augmente,  pour arriver à 32mm, contre 30mm à l’intérieur. Les poignées sont conçues pour être utilisées avec ou sans gant, pèsent 100g et sont disponibles en 6 couleurs pour 29,99 dollars. L’ensemble a été conçu dans un but de confort. 

Le Switchblade 29 se décline en 5 tailles, du XS au XL. La marque réalise un véritable travail d’adaptation sur chaque cadre en faisant évoluer le diamètre des tubes, la forme de ces derniers ainsi que le tuning d’amortisseur. Sur la balance, la marque annonce avoir gagné 257g par rapport à l’ancien modèle (13,260g sur notre modèle de test 2017, en taille M). 

Au total, ce sont six montages qui seront disponibles en 2 couleurs (bleu ou kaki). Les cadres partagent le même cadre tout en carbone et le même amortisseur Fox préparé spécifiquement. Les montages sont commercialisés à partir de 6199 euros jusqu’à 13 999€ avec un groupe AXS 12 vitesses, Live Valve et des roues Reynolds carbone. 

Pivot ayant fait partie des marques partenaires du développement du Fox Live Valve (cette technologie qui permet à vos suspensions de s’adapter electroniquement au terrain et à votre pilotage : notre article), on retrouve des montages qui en sont équipés. 

Prise en main | Pivot Switchblade PRO XT/XTR

C’est le distributeur français Mohawks qui s’est chargé de la présentation de ce nouveau Pivot Switchblade 2020. Nous les avons retrouvés au nord du Portugal, dans le petit village de Terras de Bouro qui abrite des pistes tracées d’une qualité exceptionnelle. De grandes roches granitiques semblent posées dans des vallons battus par le vent sur une terre noire parfaite pour y glisser ses roues. 

La prise en main, très typée enduro, s’est déroulée pendant deux petites sessions qui nous ont permis d’avoir un petit aperçu de l’identité du vélo. On est assis plutôt confortablement sur le Switchblade 29 et la machine offre une excellente motricité dans les montées techniques, mais il ne faut pas s’attendre à des performances exceptionnelles question rendement. La base est posée, le vélo peut aller partout, et c’est certainement en descente qu’il excelle le plus. On apprécie l’installation d’une tige de selle de 175mm de débattement sur notre modèle de test en taille L. 

La suite révèlera rapidement ce Pivot puisqu’on le prend en main très facilement et on s’élance sur les sentiers, parfois piégeurs, sans trop d’arrière-pensées. La cinématique DW-Link associée à l’amortisseur Fox DPX2 (et son fameux setting 2021) fonctionnent à merveille. On conserve un super grip et un bon maintien à mi-course; quand le même amortisseur sur d’autres vélos a parfois du mal à offrir les meilleures performances sur cette plage. Le vélo lit particulièrement bien le terrain et on lui fait vite confiance.

La fourche Fox 36 Grip2 offre des performances du même acabit. Notre modèle PRO XT/XTR est loin d’être le plus haut de gamme face aux autres modèles de cette dernière, mais du point de vue du marché, on peut presque parler d’un sans faute. 

On apprécie le cintre de largeur 780mm, et non 800mm comme chez bien d’autres, mais il faut avouer que le premier ressenti du cockpit cintre/potence est très, voir trop ferme. On a le sentiment de se fatiguer inutilement.

Le vélo conserve la rigidité qui caractérise bien des modèles de la marque, sans toutefois tomber dans l’exigence comme pour le Firebird. Le Switchblade 29 se pilote facilement, même sans trop d’engagement technique ou physique particulier. Il se distingue là très bien de son grand frère en restant progressif et joueur en toute circonstance. On se sent vraiment à l’aise et on enchaîne toute la journée, à condition de ne pas être pressé en montée. Le vélo a été pensé comme accessible et il l’est incontestablement, si vous trouvez le budget pour vous l’offrir. 

Plus d’infos sur le site de la marque : https://www.pivotcycles.com/en/bike-switchblade-2 

Photos d’action : Alexandre Bichard / Mohawks