Test nouveauté | Orbea Rise H10 aluminium : saveur préservée

Par Olivier Béart -

  • Tech

Test nouveauté | Orbea Rise H10 aluminium : saveur préservée

Vous avez certainement entendu parler de l’Orbea Rise, l’e-bike léger de la marque espagnole. Sur base du succès de la version carbone, Orbea a décidé de sortir une déclinaison en aluminium, qui plus est dotée d’une plus grosse batterie de 540Wh contre 360Wh pour le grand frère. L’esprit « VTT à assistance léger » est-il préservé ? Vojo a eu l’occasion d’essayer l’Orbea Rise H10 aluminium en avant-première, sur les mêmes terrains que ceux que nous avons limés avec la version carbone.

Parce que « toujours plus » n’est pas nécessairement synonyme de mieux, et parce qu’il existait toute une série de bikers (et de bikeuses !) tentés par l’expérience du VTT à assistance électrique tout en ayant du mal à s’identifier aux gros e-bikes classiques, on a vu apparaître sur le marché un nouveau type de vélos à assistance très prometteurs, avec de plus petites batteries et de plus petits moteurs. Specialized Levo SL, BH i-Lynx et bien sûr l’Orbea Rise : on en oublie certainement, mais ils ne sont pas encore très nombreux à se partager ce créneau pourtant très prometteur.

Témoin de cet intérêt de nombreux vététistes pour cette vision « light » et subtile de l’assistance au pédalage, l’Orbea Rise est un énorme succès depuis sa sortie. Orbea a donc décidé de ne pas s’arrêter en si bon chemin et de ne pas se limiter à une version carbone qui reste forcément exclusive au niveau prix. Voilà donc aujourd’hui l’Orbea Rise H (pour « hydroformé ») avec un châssis en aluminium ! Et toute la question est de savoir si malgré la prise de poids fort logique du petit nouveau plus accessible, l’esprit du modèle est préservé. Avant de voir ce qu’il en est sur le terrain, faisons un petit tour de la machine !

Un cadre alu… au look carbone

Au premier regard, on s’étonne : mais où sont les soudures ?! Ils se sont trompés chez Orbea et ils nous ont envoyé un carbone à la place du nouvel alu ? Eh bien non ! Tout simplement, grâce un nouveau procédé de soudure assorti d’un léger ponçage, les jonctions entre la douille de direction, le tube de selle et les tubes diagonal et supérieur sont parfaitement lisses, comme s’il s’agissait d’un cadre en carbone.

La seule soudure visible se trouve au niveau des raccords avec la pièce forgée qui sert de berceau au moteur, où les contraintes de rigidité et de robustesse ont primé sur le côté esthétique. Cela se voit davantage sur des modèles en teintes claires, mais sur notre exemplaire peint en noir à cet endroit, cela passe presque inaperçu et seul un œil très attentif verra la différence entre un Orbea Rise carbone et alu. Autre petit détail, le bouton d’allumage du moteur prends désormais place juste au-dessus du moteur. Le triangle arrière est aussi en aluminium, mais comme pour l’avant, l’hydroformage et les soudures quasiment invisibles donnent un aspect très clean à l’ensemble.

Sur la balance, Orbea annonce un cadre alu à 3,5kg, soit 1,2kg de plus que le poids annoncé pour le cadre seul du Rise alu (sans batterie, ni moteur), mais seulement 100g de plus qu’un cadre d’Occam en aluminium alors qu’il ne s’agit pas d’un VTT à assistance électrique. Au niveau du poids du vélo complet, Orbea annonce entre 19 et 20kg selon les versions. C’est certes un poids qu’atteignent certains VTTAE classiques, dotés d’une plus grosse batterie et d’une motorisation plus coupleuse, mais comme dirait l’autre : tout est relatif ! Sur un « gros » VTTAE, il faut aller vers du très haut de gamme, quasiment deux fois plus cher, pour arriver à ce poids. Ici, si on compare le Rise alu à ses concurrents sur le plan du tarif, on constate qu’il reste une différence significative, de l’ordre de 3 à 5kg. Du coup, même si le poids est plus conséquent, quand on ne s’arrête pas aux chiffres bruts mais qu’on les met en perspective, on se rend compte qu’on reste tout de même bien sur un VTTAE « light ».

Pour le reste, on ne change pas une équipe qui gagne du côté de la géométrie et il n’y a pas de modification de ce côté. Idem pour la suspension, qui est identique.

Le Shimano EP8 RS couplé à une plus grosse batterie

Là où on constate un autre changement de taille, c’est au niveau de la batterie. Si la version carbone veut jouer la carte de la légèreté maximale avec une batterie de 360Wh, on retrouve ici une batterie de 540Wh, composée elle aussi de cellules 21700 (actuellement ce qu’il y a de mieux sur le marché). Orbea a estimé que les potentiels clients de cette version plus accessible seraient peut-être un peu moins aguerris et expérimentés que ceux de la version carbone, et qu’ils ne voudraient pas prendre le moindre risque côté autonomie, même si le Rise est un VAE qui peut très raisonnablement se rouler sans assistance en cas de besoin.

Avec cette batterie plus grande, mais qui reste relativement légère (2,7kg), Orbea a aussi voulu offrir un critère de différenciation supplémentaire entre les châssis carbone et alu, en donnant un côté plus rando au long cours/aventure/marathon au Rise alu, tout en renforçant le profil plus sportif du Rise carbone. Nous avons déjà pu faire plus de 175km et 4000m de d+ avec le Rise carbone, sa petite batterie, et le range extender (+250Wh), et on se demande donc quelles seraient les limites avec la version alu ! C’est l’occasion de souligner que le châssis alu est, lui aussi, compatible avec le range extender, mais il semble qu’il sera moins vite nécessaire que sur le modèle en carbone.

Le moteur est par contre toujours bien le fameux Shimano EP8 en version RS (Rider Synergy), exclusif pour Orbea (pour le moment en tout cas). Pour rappel, le « hardware » est 100% identique à un moteur Shimano EP8 classique, mais la partie « software » est intégralement repensée, avec une programmation qui limite le couple à 60Nm contre 85Nm pour la version standard. Au-delà de ce chiffre brut, cette reprogrammation met aussi tout en haut des préoccupations le côté doux et naturel du moteur, ainsi que l’optimisation de la consommation de la batterie.

Toujours dans cet esprit de vélo très naturel et pas trop électrique, le poste de pilotage est très épuré et se passe, comme sur la version carbone, de tout écran de contrôle. On retrouve tout juste la commande au guidon à main gauche pour naviguer dans les trois modes d’assistance, et un minuscule indicateur accroché aux câbles devant le poste de pilotage pour montrer à l’aide de petites diodes dans quel mode on se trouve et l’état de la batterie. Même si nous aimons le côté sobre, c’est à notre sens trop minimaliste et l’affichage du niveau de batterie manque vraiment de finesse (diode verte, orange puis rouge) pour donner une idée correcte du niveau de batterie restante. Heureusement, comme nous le verrons plus loin, l’Orbea Rise alu est particulièrement frugal et le risque de panne sèche est plus limité qu’avec d’autres modèles. Il y a aussi toujours l’application « Rider Connect », qui permet d’afficher plus d’infos sur un terminal Garmin (GPS, montre, etc). Mais cela nécessite un investissement supplémentaire.

Prix, versions et équipements

L’Orbea Rise alu est disponible dans trois montages et trois couleurs (pas de peinture sur-mesure MyO), avec un premier prix fixé à 4999€ pour le Rise H30, monté avec une fourche Marzocchi Z2 et du Shimano SLX. La gamme est coiffée par le H10, affiché à 6799€ avec un montage XT, des périphériques Race Face et une fourche Fox F34 Factory. Ces deux modèles sont équipés d’une fourche en 140mm de débattement de série, qui correspond au débattement arrière. Entre les deux, le H15 est quant à lui affiché à 5799€ en Fox Performance et avec d’origine une Fox 36 en 150mm de débattement.

Comme toujours chez Orbea, certains postes sont modifiables (moyennant supplément, ou non) pour adapter le vélo à ses besoins. C’est le cas notamment de la taille des disques, de la tige de selle télescopique ou encore de la fourche qui peut passer en 150mm sur tous les modèles, comme sur notre vélo de test.

Orbea Rise H10 : le test terrain

Nous avons passé beaucoup de temps au guidon de l’Orbea Rise carbone, qui est une machine qui n’a cessé de nous surprendre. Facilité de pilotage et de prise en main, côté joueur, autonomie virtuellement illimitée,… il coche quasiment toutes les cases, pour peu qu’on ne cherche pas un VTTAE pour vraiment aller vite et pour monter (presque) aussi vite qu’on descend et pour avaler du gros dénivelé en pente raide (voir notre essai du Rise carbone ici : https://www.vojomag.com/test-orbea-rise-quand-moins-egal-beaucoup-plus/). Nous n’avons reçu l’Orbea Rise que quelques jours avant sa présentation officielle et ce qui suit est donc à prendre comme une bonne première prise en main plus que comme un test complet, même si nous avons eu l’occasion de faire trois belles sorties de 20 à 55km à son guidon.

Tout d’abord, au niveau du look, pas de doute possible, on est bien en présence d’un Rise, et comme expliqué plus haut, faire la différence avec la version carbone est quasiment impossible tant la finition de cette version alu est lisse et propre. Mais ce qui importe, ce sont les sensations ! Et là aussi, on se rend vite compte que le Rise garde toute son âme et que, même avec son châssis alu et sa batterie plus grosse qui occasionnent fort logiquement un poids plus élevé, on reste très clairement sur les sensations d’un VAE très léger. A propos de poids, nous avons pesé notre H10 de test (taille L, avec porte-bidon et option Fox36, mais sans pédales) à 19,910kg.

En roulage mixte et en montée, on retrouve bien le caractère « suffisant » du moteur Shimano EP8 RS. Par là, on veut dire que ce moteur reprogrammé se montre particulièrement naturel, qu’il n’en fait jamais trop, mais qu’on n’a jamais l’impression non plus de manquer de ressources pour faire face à une côte raide ou à un passage un peu plus complexe où le support du moteur est plus que bienvenu pour s’en sortir avec les honneurs. A ce niveau, nous n’avons pas réellement ressenti de différence avec la version carbone, et c’est plutôt une bonne nouvelle. Mais ce n’est pas vraiment une surprise car nous avions déjà constaté avec le Specialized Levo SL que les versions alu et carbone conservaient un comportement fort proche (voir notre test comparatif).

Sa géométrie, avec notamment un tube de selle bien redressé, en fait un excellent grimpeur et un bon pédaleur. On n’a pas peur de l’emmener sur des sorties un peu roulantes, ni même de couper l’assistance de manière très naturelle à de nombreuses reprises. Avec son débattement, il permet aussi de bien s’amuser sur des terrains plus engagés, surtout avec l’option fourche Fox 36 en 150mm de débattement comme sur notre modèle de test (ou comme sur le Rise H15) qui est à recommander aux pilotes plus expérimentés et habitant dans des régions plus exigeantes.

Quand il est question de maniabilité dans des zones sinueuses, de facilité et de fun en descente grâce au poids réduit, on sent par contre que la version carbone pousse les curseurs un peu plus loin que l’alu. Pour un testeur expérimenté, qui a eu l’occasion de rouler sur les deux versions sur les mêmes terrains, c’est perceptible, et nous mettons plus cela sur le compte de la batterie plus grosse, que sur le châssis en alu. On sent notamment que l’avant est un peu plus « chargé ». Mais cela reste de l’ordre du point de détail et, clairement, l’Orbea Rise alu reste un VAE qui donne bel et bien la sensation d’être très léger, surtout quand on le compare à de « gros » vélos à assistance de tarifs comparables, qui frôlent ou dépassent souvent les 25kg.

Au niveau de l’autonomie, nous n’avons pas eu l’occasion de faire des tests aussi poussés et extrêmes qu’avec le Rise carbone, mais cette version alu nous a paru tout aussi inépuisable. Avec sa grosse batterie de 540Wh, nous ne sommes jamais allés dans le rouge, ni même dans l’orange sur la petite diode située devant le poste de pilotage ! Vérification faite sur la montre Garmin, nous avons à peine dépassé les 50% de consommation lors de notre plus longue sortie de 50km et 1300m de d+ ! Bon, ok, nous n’avons pas cherché à rouler vraiment vite (16km/h de moyenne tout de même), mais il y avait des côtes raides et surtout une combinaison froid/boue qui n’est en général pas favorable à l’autonomie.

Verdict

Cette déclinaison alu de l’Orbea Rise était très attendue… et attendue au tournant ! Avec son châssis plus lourd et sa batterie plus grosse, nous étions vraiment curieux de voir si tout ce qui fait le charme du Rise haut de gamme en carbone se retrouvait sur ce modèle plus accessible. Ce premier galop d’essai s’est montré rassurant : il y a bien quelques différences perceptibles quand on y prête vraiment attention, mais les fondamentaux sont préservés et l’honneur de la famille Rise est sauf. Même si nous aurions aimé qu’Orbea laisse le choix de la taille de la batterie (360 ou 540Wh) tant sur le carbone que sur l’alu, ce qui aurait aussi permis de proposer un Rise alu à un tarif encore plus attractif (car une batterie plus petite coûte automatiquement un peu moins cher), force est de constater que ce Rise plus accessible est aussi une belle réussite et on se réjouit qu’il permette d’étoffer et de démocratiser l’offre sur ce segment des e-bikes légers.

Plus d’infos : https://www.orbea.com/fr-fr/velos/montagne/rise/technology#alloy-version
Notre test de l’Orbea Rise carbone : https://www.vojomag.com/test-orbea-rise-quand-moins-egal-beaucoup-plus/

ParOlivier Béart