Test nouveauté | Moustache Samedi 29 Trail 10 : une certaine idée de l’aboutissement

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Moustache Samedi 29 Trail 10 : une certaine idée de l’aboutissement

Apparu l’an dernier, le nouveau Moustache Trail Saison 10 troque cette année le 27,5+ contre de grandes roues en 29″. Un changement de taille, au sens propre comme au figuré, qui ne transfigure pas le vélo, mais qui lui donne tout de même un petit avantage dans certaines situations. Ajoutez à cela des suspensions revues, tout comme quelques détails d’équipement, et vous obtenez un vélo qui, sans changer fondamentalement du millésime précédent, a tout l’air d’une machine plus affûtée. C’est ce que nous avons voulu voir à l’occasion de deux journées de test, d’abord du côté d’Epinal, berceau de la marque, puis ensuite en faisant un grand tour de plus de 70 bornes tout autour de la vallée de Munster.

On ne présente plus les vélos de la marque Vosgienne qui, en l’espace de 10 ans seulement, s’est forgée une image de marque de référence dans le segment du vélo à assistance électrique, auquel elle se dédie entièrement. Après avoir renouvelé complètement sa gamme VTT lors de la saison passée (la neuvième), pour la saison 10 en cours, on peut plutôt parler de raffinement et de « fine tuning ». Nous allons ici nous attarder sur le modèle Trail, et pour plus d’infos générales sur la dernière gamme, rendez-vous dans cet article très complet : https://www.vojomag.com/presentation-moustache-2021-saison-10-lannee-des-raffinements/

27,5″ ou 29″ : la taille compte

Un modèle subit néanmoins un changement à la fois très simple et malgré tout fondamental : le Moustache Trail passe des roues de 27,5+ à du 29″. A nos yeux, cela a du sens. Pas simplement parce que c’est la tendance, mais parce que pour un vélo qui voit large, qui ne vise pas spécialement un public débutant, mais plutôt des usages très variés et notamment des escapades au long cours, les roues de 29″ nous semblent plus logiques. C’est un passage qui a déjà été fait avec succès sur une des références du segment, le Specialized Levo… un modèle clairement en ligne de mire du Moustache Trail, qui s’adresse au même public.

Cela se comprend surtout quand on replace ce modèle dans la gamme : avec ses 150mm de débattement, le Moustache Samedi 29 Trail se présente comme un bike polyvalent, capable de rouler longtemps et « pépère », comme de s’engager sur des terrains bien techniques ou de permettre à un pilote comme Jérôme Gilloux d’aller chercher deux médailles d’argent en deux championnats du monde de VTTAE, ainsi que de s’aligner sur la version électrifiée des Enduro World Series ou encore au départ d’une Transvésubienne.

Soyons clairs : nous ne changeons pas d’avis sur le 27,5+. Cela reste selon nous un bon choix sur un certain nombre de VTT à assistance électrique, qui privilégient la facilité, le confort et l’accessibilité. Mais si on souhaite davantage miser sur la précision, les capacités de pédalage et l’autonomie, le 29″ présente des avantages qu’il est intéressant d’exploiter sur un vélo comme le Moustache Trail. Par contre, laisser le Moustache Wide (120mm orienté rando, voir notre test ici) en 27,5+ est cohérent.

Ce passage au 29″ se fait avec des jantes maison, en 31mm de large. En alu sur le reste de la gamme, elles passent au carbone sur la version haut de gamme testée ici. Quant aux pneus, il s’agit des excellents, très accrocheurs et très polyvalents Maxxis Assegai en 2.5″ de section, carcasse Wide Trail Exo+ renforcée. Cette carcasse, plus solide que la « simple Exo » n’est montée que sur le Trail 10… et cela nous semble indispensable sur un e-bike. Clairement, c’est un petit upgrade qu’on aimerait voir en série sur le toute la gamme Trail, alors qu’il est actuellement réservé au Trail 10 et aux Game, les « gros » vélos de la famille.

Géométrie

La géométrie du Moustache Samedi Trail joue la carte de l’équilibre et du compromis plutôt que de l’avant-garde et des valeurs extrêmes. L’angle de direction de 66,2° est dans la moyenne du segment, le tube de selle n’est pas particulièrement redressé (mais la suspension compense bien, en n’ayant pas du tout tendance à s’affaisser et à envoyer le pilote trop sur l’arrière), et le reach reste dans des valeurs plutôt courtes, avec 432mm en taille M. Nous sommes d’ailleurs passés avec bonheur sur un L malgré une taille de moins de 180cm. Si on est entre deux tailles, mieux vaut selon nous prendre celle au-dessus chez Moustache. Seuls les très grands risquent de se trouver un peu limités. Dernière valeur intéressante : les bases qui, avec 460mm, sont plutôt longues. Un choix qui s’explique par la volonté de Moustache d’avoir un vélo bon grimpeur et qui procure du grip en côte technique, ce qui est souvent plus difficile avec des bases ultra courtes.

Suspensions

Autre changement sur ce modèle : la fourche. On passe de la Fox 34 à la Fox 36, avec de plus gros plongeurs, donc. Le châssis est renforcé (d’autant plus dans cette version spécifique e-bike), mais avec le renouvellement de la gamme Fox (voir toutes les infos dans cet article) il s’oriente plus vers une pratique trail que pur enduro comme par le passé.

Sur notre Moustache Samedi 29 Trail 10 (tout comme sur le Trail 8), on dispose aussi de la dernière cartouche Grip2. Si elle peut faire peur avec ses réglages de compression et de détente hautes et basses vitesses, elle s’avère en fait très simple à régler, et aussi vraiment facile à prendre en main. Il n’y a pas besoin d’avoir un gros niveau pour sentir qu’elle apporte à la fois énormément de maintien, mais aussi beaucoup de sensibilité sur les petits impacts, ainsi qu’un vrai sentiment de confort et d’accessibilité. Un must.

A l’arrière, si le cadre et l’excellente cinématique de suspension ne changent pas, l’amortisseur maison voit ses réglages légèrement revus pour s’adapter au changement de roues et au comportement un poil différent du 29″. Elles permettent de survoler un peu plus les obstacles, mais les grandes roues avec pneus plus fins donnent aussi un ressenti un poil plus « sec » que le 27,5+ qui offre en soi plus d’amorti. Le setup usine de l’amortisseur vient donc à la rescousse pour compenser cela en partie. L’idée est aussi de s’accorder parfaitement au comportement de la nouvelle fourche. On remarque également qu’on dispose d’un levier de blocage… mais la suspension est tellement efficace et raffinée que nous ne nous en sommes jamais servis.

Vu la présence de grandes roues, le “flip chip” situé au niveau de l’ancrage inférieur de l’amortisseur est désormais placé en position basse. On note aussi l’apparition d’une nouvelle biellette évidée et affinée, plus esthétique et légère que la précédente.

Equipements

Pour le reste, cette version 10 du Moustache Trail se pare de se qui se fait de mieux pour faire honneur à son statut de modèle haut de gamme : en plus des roues carbone et de la fourche Fox Factory dont nous avons déjà parlé, on a droit à une transmission XT/XTR, d’excellents freins XT 4 pistons, une tige de selle KS LEV en 175mm de débattement (variable selon la taille. Nous avons roulé un Large) et un cintre Moustache en carbone. Le tout est affiché au prix de 7399€, mais on trouve déjà un Moustache Trail à partir de 4399€, avec le même cadre/amortisseur arrière, le même moteur et la même batterie de 625Wh. Quant au poids, Moustache annonce 22kg pour cette version haut de gamme et, même si nous n’avions pas de balance avec nous, il ne donne en tout cas vraiment pas l’impression de faire plus.

Ah oui, on allait oublier de parler de l’ensemble moteur/batterie ! Il s’agit, comme toujours chez Moustache, du Bosch Performance CX, monté ici d’office avec la batterie de 625Wh. Nous parlerons plus loin de l’autonomie, mais signalons qu’il dispose maintenant d’une mise à jour qui fait passer le couple à 85Nm et qui offre de petites fonctionnalités en plus, comme l’Extended Boost qui prolonge l’action du moteur pendant 90ms quand on arrête de pédaler, ce qui permet de donner un dernier mini coup de pouce parfois bien utile pour passer tout juste un franchissement. Enfin, sur le Trail 10, on dispose de l’écran de contrôle Kiox en couleurs et archi complet niveau infos, ainsi que d’un « Fast Charger » qui permet de recharger plus vite sa batterie. Reste à voir maintenant ce que tout cela donne sur le terrain !

Moustache Samedi 29 Trail 10 : le test terrain

Après une petite mise en jambe d’un après-midi passé sur les trails autour d’Epinal, berceau de la marque, nous avons pris la direction du col de la Schlucht pour un nouveau petit ride au coucher de soleil et surtout pour un tour complet de la vallée de Munster en guise de plat de résistance. Avec un bon 70 bornes et plus de 3500m de d+ bien technique, la journée a été plutôt chargée et nous avons eu l’occasion de bien cerner le comportement du Moustache Samedi Trail 10, même si nous ne l’avons pas roulé sur nos trails habituels.

Première impression : qu’est-ce qu’on est bien sur un Moustache ! Tout tombe sous la main, le choix des équipements est pertinent et l’ergonomie de chaque pièce réfléchie. Bref, tout cela est pensé par des gens qui roulent, et cela se sent !

L’autre point qui nous a marqués et qui n’a cessé de nous étonner tout au long de notre périple, c’est l’efficacité des suspensions. Nous connaissions déjà les performances de la fourche Fox F36 Factory Grip2 et nous étions aussi familiers de la suspension Moustache avec son amortisseur développé en interne… mais nous avons encore plus été bluffés ici.

Même dans les situations les plus difficiles, l’arrière est impossible à prendre en défaut. La roue est collée au sol en permanence, tout en gardant un vrai sentiment de dynamisme et de vivacité quand on veut donner une impulsion au vélo. C’est à la fois doux et réactif, onctueux et vif… bref, tout et son contraire ! Et ça, très, très peu de suspensions y parviennent. A notre sens, il s’agit sans aucun doute d’une des suspensions arrière les plus abouties du moment, si pas LA plus aboutie. Même dans les plus longues descentes, jamais on ne semble venir à bout du petit amortisseur à air (qui rappelle parfois les meilleurs « coil »), ni du débattement de 150mm qui n’a pourtant rien d’impressionnant.

Le grip en côte est tout aussi impressionnant. On sent qu’on a une suspension hyper active sur les reliefs du sol, et une adhérence absolument parfaite en toutes circonstances, mais en même temps, on ne sent jamais qu’elle s’affaisse. Le vélo garde une assiette parfaite y compris dans les portions les plus raides, et aide le pilote à rester dans une position idéale pour que ses jambes donnent le meilleur et que le reste de son corps soit aussi dans les meilleures dispositions pour guider la machine dans les sections les plus techniques. Un vrai killer de la montée impossible !

Il faut d’ailleurs bien cela pour s’accorder avec le moteur Bosch Performance CX, qui est un des plus musclés du marché. Pourtant, si sa mise à jour récente laisse penser qu’il sera encore plus « violent » avec un couple plus élevé et l’Extended Boost, sur le terrain, il n’en est rien. L’assistance nous a paru plus ronde, plus élastique aussi, notamment aux faibles cadences de pédalage, et l’Extended Boost nous a bien aidés à quelques reprises même si ce n’est pas vraiment une révolution.

Du côté de l’autonomie, l’ensemble s’est montré convaincant. On parle bien d’ensemble, et pas juste du moteur. Car, au-delà du bloc Bosch Performance CX de nouvelle génération avec sa mise à jour, ce sont aussi les roues de 29″ (moins gourmandes en énergie que les 27,5+), la suspension arrière et l’homogénéité globale du vélo qui influencent favorablement ce paramètre. Si, lors de notre premier essai, nous avions trouvé le Bosch encore un peu gourmand, ici, nous sommes arrivés à des valeurs très intéressantes.

Pour notre tour de la vallée, nous avons vidé quasiment tout juste deux batteries. Vu le kilométrage d’un peu plus de 70km, cela peut sembler assez peu, 35km par batterie. Mais quand on regarde le dénivelé, quand on sait que nous avons quasi uniquement roulé en mode Trail et e-MTB, et quand on a vu sur le terrain de quel dénivelé il s’agissait (beaucoup de côtes raides et techniques, sans compter les allers-retours pour les photos), on se rend compte qu’avec plus de 1700m de D+ par batterie, on est sur de très bonnes bases ! Sur des terrains moins exigeants, on pourra donc sans souci dépasser les 50km, voire approcher les 60km de vrai VTT avec une batterie, sans craindre de rentrer à sec.

L’esprit dégagé du stress de la batterie, nous avons vraiment pu profiter à fond du tracé… et des merveilleuses descentes de la région. Que ce soit court et raide ou plus long, rapide ou cassant, le Moustache Samedi 29 Trail 10 s’est montré impérial partout. Rassurant mais aussi particulièrement vivant, il donne surtout une grande impression de légèreté sur les sentiers. Bien posé au sol par ses 22kg, il s’envole malgré tout à la moindre demande et il virevolte d’un virage à l’autre avec une dynamique digne de certains très bons vélos sans assistance. On se demande d’ailleurs ce que le Game pourra apporter de plus tellement ce Trail semble bon partout… mais nous le découvrirons bientôt, puisque nous allons en demander un exemplaire en test début 2021.

Enfin, on termine avec un petit mot sur les équipements pour dire une fois encore qu’on sent que tout a été choisi par des gens qui roulent et qui testent chaque composant avant de le monter sur un vélo. Si tout est bien à sa place, on décernera une mention spéciale aux roues carbone Moustache, qui ne sont pas pour rien dans le dynamisme du vélo et l’impression de légèreté qu’il dégage. Et surtout, elles réussissent à éviter l’écueil de la sur-rigidité, en faisant preuve d’une belle petite élasticité qui aide à dissiper les petites vibrations et à pardonner les erreurs de pilotage. Sur ce dernier point, quelques beaux gros ratés nous ont aussi donné quelques indications niveau solidité. Même si ce n’est pas un test longue durée, cela donne confiance côté fiabilité !

Conclusion

Quelle maîtrise ! Quel niveau d’aboutissement ! Au cours de notre voyage dans la vallée de Munster, nous avons rencontré un petit échantillon d’à peu près toutes les circonstances envisageables, ainsi que des terrains fort variés. Et partout, ce Moustache Trail nous a bluffés. Il n’est pas juste bon partout, il est très, très bon partout. Ses suspensions aux petits oignons, ses roues de 29″, son châssis à la rigidité parfaitement dosée, sa géométrie magnifiquement balancée, ses équipements particulièrement bien choisis en font non seulement un des vélos les plus homogènes que nous ayons roulé, mais aussi un des plus passionnants. En un mot : une véritable réussite.

Retrouvez aussi le grand portfolio de notre tour de la vallée de Munster : https://www.vojomag.com/decouverte-munster-le-petit-vttiste-et-la-vallee-merveilleuse/

Et la vidéo de cet essai :

Plus d’infos : https://moustachebikes.com/velos-electriques/samedi-29-trail/

ParOlivier Béart