Test nouveauté | Mondraker Crafty : un compagnon au caractère bien trempé

Impossible de ne pas penser au Crafty lorsqu’on évoque Mondraker… À l’image du Spark chez Scott, du Stumpjumper chez Specialized ou du Meta chez Commencal, le nom Crafty résonne avec Mondraker tant le modèle a contribué à l’image et à la popularité de la marque auprès du grand public.

C’est également par ce constat que Miguel Pina, CEO de la marque espagnole, nous introduit ce nouveau modèle : « Le Crafty est l’un de nos – si pas notre – best-seller. C’est un modèle très important pour nous, et c’est pourquoi nous avons pris le temps de développer cette nouvelle génération. »

Sur ce coup-là, impossible de contredire le patron… La précédente génération remonte à 2019, et commence à accuser le poids des années. Il faut dire que le domaine du VTTAE est encore en plein boom d’innovation, et donc cruel pour les modèles rapidement dépassés par la dernière nouveauté du marché. « Il est essentiel qu’il évolue, qu’il se mette à jour et qu’il reste le leader du marché dans sa catégorie », ajoute la marque.

Une vérité encore plus vraie lorsqu’on compare avec le premier Crafty, commercialisé en 2016 et que la marque a emporté dans ses valises pour que l’on puisse visualiser l’évolution que le modèle a opérée. « Dès le premier modèle, l’idée n’était pas juste d’avoir un shuttle sur roues, mais bien d’apprécier la montée. C’est la raison pour laquelle on voulait bosser main dans la main avec un motoriste, et pas juste avoir une relation de business », enchérit Miguel Pina. Vous remarquerez que ce premier Crafty est doté d’un moteur Bosch… tout comme ce nouveau modèle, et tous ceux entre les deux. Témoin d’un partenariat réussi ? Sans aucun doute, on y revient plus bas.

Malgré le chemin parcouru, et les évolutions apportées par ce dernier modèle en date, le Mondraker Crafty dernier du nom conserve son ADN : celui d’un e-bike polyvalent et atypique au débattement avant/arrière de 160/150 mm et aux roues de 29″.

Châssis : les traits de son père

Look agressif ? Lignes acérées et tendues ? Tube supérieur sous forme de « fine » lame ? Ouverture au sein du triangle avant… ? Toutes les cases sont cochées pour décrire un châssis provenant de chez Mondraker ! Le Mondraker Crafty a tous les traits de son père, et on reconnaît directement la signature de la marque sur ce châssis.

« On s’est beaucoup inspirés du Neat et du Sly pour le design de ce Crafty », explique Salva Martínez, product manager au sein de la marque.

Côté construction, diverses versions cohabitent au catalogue de la marque : trois modèles affichent un cadre entièrement en carbone, trois autres ont un triangle arrière en alu (et un triangle avant en carbone), tandis qu’une dernière version existe avec un cadre entièrement en aluminium. Notre modèle d’essai, ici en photo, est équipé d’un triangle arrière en alu.

Côté poids, le modèle le plus lourd (Crafty RR – ici en photo) pointe à 24,2 kg, alors que le modèle le plus léger (Crafty RR SL) affiche 21,1 kg sur la balance. Le reste des modèles oscillent autour des 23 kg. Nous ne disposons pas du poids du modèle entièrement en aluminium à ce stade. « Nous avons réussi à conserver un poids similaire pour la version dotée du triangle arrière en alu que pour le modèle entièrement en carbone (environ 3,1 kg sans amortisseur). La différence avec le « rocker » de l’amortisseur en carbone est d’environ 500 g », ajoute Salva.

Comme vous pouvez l’apercevoir, les gaines et Durits passent en interne – complètement guidées – au sein du cadre, avec une entrée située sur le haut du tube diagonal. L’option de les faire passer directement par le jeu de direction pour ceux qui le souhaitent est toutefois laissée par la marque. Joli geste ! Deux emplacements de porte-bidons sont prévus par la marque (ou une batterie additionnelle ainsi qu’un bidon) avec une fixation située sous le tube supérieur.

Mondraker explique également avoir porté une certaine attention à ce que son modèle soit le plus silencieux possible, et cela passe notamment par cette large protection de la base côté transmission. Le moteur/boîtier de pédalier/bas du tube diagonal est également doté d’une large protection en plastique dur. Remarque : les caches définitifs n’étant pas arrivés à temps pour la présentation, cette protection en plastique était en réalité imprimée en 3D sur nos modèles d’essai, et donc (très) fragile. Celui-ci a fini par casser lors d’une de nos sorties et vous pourrez peut-être l’apercevoir sur certaines photos. « Pas d’inquiétude, cette petite faiblesse sera corrigée par les caches en plastique définitifs », affirme la marque.

Assistance : le nouveau Bosch CX est là !

Le premier Mondraker Crafty de l’histoire (2016) était équipé d’une assistance Bosch, le précédent Crafty (2019) a été commercialisé au lancement du Bosch CX de l’époque… Il était donc tout normal au vu de l’histoire du modèle que ce nouveau Mondraker Crafty embarque la nouvelle génération de moteur de chez Bosch !

Ce moteur, on vous en a déjà largement parlé : Test nouveauté | Moteur Bosch Performance CX 2025 : gros dur au coeur tendre. On se contentera donc ici simplement de rappeler les chiffres clés : 85 Nm, 600 W et 340 % d’assistance maximale… soit des données identiques à la précédente génération, mais avec pourtant un ressenti bien différent sur le terrain.

Là où les choses sont plus intéressantes, c’est au niveau des choix effectués par la marque espagnole pour construire son châssis autour de ce moteur. « Sur le premier Crafty, on s’était contentés d’attacher le moteur sur le châssis, à l’image des kits de conversion que l’on peut voir aujourd’hui (les kits permettant de transformer un vélo « classique » en e-bike). Désormais, c’est une véritable osmose entre le châssis et le moteur qui est recherchée. Cela passe par la construction, mais aussi par la cinématique, la géométrie, le choix des composants… », détaille Salva.

« Nous avions beaucoup de demandes concernant une batterie amovible de la part du grand public. Voilà ce qui explique ce choix », ajoute le Product Manager de la marque. Eh oui, sur ce nouveau Mondraker Crafty, la batterie est démontable. Deux options de batteries sont offertes (600 et 800 Wh en fonction des modèles) et sont toutes les deux compatibles avec l’ensemble des cadres. Effectivement, comme Léo vous l’expliquait, lors de la présentation de cette nouvelle motorisation : « La Powertube 800 fait la même longueur que la 600, la même largeur et se fixe de la même façon dans le cadre : la différence se fait sur l’épaisseur de la batterie. Si le cadre est prévu pour, on pourra ainsi choisir d’installer une grande batterie de 800 Wh pour un maximum d’autonomie ou préférer la plus petite de 600 Wh pour gagner un peu de poids. » On notera qu’il est également possible d’opter pour le Range Extender de 250 Wh. Le Crafty est également doté du nouvel écran d’affichage de chez Bosch.

Suspensions : changement de direction

Changement de taille pour le modèle ! Impossible de ne pas le remarquer, l’amortisseur s’est vu déplacé sur ce Mondraker Crafty 2025 par rapport au précédent modèle. C’est une tendance que l’on a pu observer sur certains modèles de la concurrence, le placement de l’amortisseur est abaissé pour se trouver plus proche du boîtier de pédalier et du moteur afin d’abaisser le centre de gravité du vélo autant que possible.

« On a beaucoup appris grâce au prototype en CNC que l’on avait créé pour le Neat. L’amortisseur est légèrement plus petit que sur le précédent modèle, ce qui permet d’avoir plus de sensibilité  et de confort » explique Israël Romero, qui fait partie du pôle « développement produit » et responsable marketing produit et communication au sein de la marque.

Mondraker explique avoir travaillé main dans la main avec Fox pour développer un réglage interne spécifique au vélo et collant parfaitement à sa cinématique. « Nous n’étions pas convaincus par le Float X dans cette dimension pour cette cinématique. Avec ces nouveaux réglages, on a trouvé quelque chose de bien plus convaincant ! Il est possible de monter un autre amortisseur ou même d’opter pour un modèle à ressort, mais croyez-moi vous n’en voudrez pas d’autre », continue Israël.

On rassure les aficionados de la marque, Mondraker a conservé sa cinématique de suspension baptisée « Zero », tout en l’ajustant au vu des critiques émises sur la précédente génération : l’anti-squat a été revu à la baisse tandis que le leverage ratio est plus important selon la marque (si cela ne vous parle pas, le lexique est juste ici).

Géométrie : question d’affinage

Véritable marque de fabrique de Mondraker et signature des châssis de la marque, le Crafty répond évidemment à la « Forward Geometry ». Pour rappel, et en rapide résumé, cette conception de géométrie se matérialise par un cadre au triangle avant (ou plus précisément au reach) important, associé à une potence (très) courte. Mais, pour ce nouveau Crafty, Mondraker a revu les tailles de ses vélos et introduit un nouveau M/L.

En termes de cotes, cela se traduit par un reach de 475 mm en taille M/L, mais également par des bases de 455 mm, un tube de selle de 77,5° ou encore un angle de direction de 64,1°. À titre de comparaison, la précédente génération en taille M affichait les mêmes bases, mais le reach était de 470 mm, l’angle de tube de selle de 76° et l’angle de direction de 65,5°. On notera cependant que la comparaison est biaisée puisque Mondraker introduit sur ce nouveau Crafty une taille supplémentaire intermédiaire entre le M et L, pour les pilotes à mi-chemin entre les deux tailles. Nous l’avons roulé en taille M, parfaite jusque 175cm environ. Au-delà, nous conseillons clairement la taille M/L.

Équipements du Mondraker Crafty

Pour la durée de cette prise en main, c’est la version RR que Mondraker a mise à notre disposition. Dans cette itération, le Crafty est équipé d’une fourche Fox 38 Grip X2 Factory de 160 mm de débattement et d’un amortisseur Fox Float X Evol Factory de 150 mm.

La transmission ainsi que les freins proviennent de chez Sram, avec respectivement un groupe GX Eagle T-Type et une paire de Maven Bronze associés à des disques de 200 mm.

Le train roulant est bleu-blanc-rouge avec une paire de Mavic E-Deemax, chaussées d’un Maxxis Minion DHF (2.6, EXO+, Maxx Terra) à l’avant, et d’un Minion DHR II (2.6, EXO+, Maxx Terra). Crevons l’abcès dès le départ, nous n’avons pas compris le choix de la marque d’opter pour une section de pneu aussi importante… On vous explique en détail dans le test terrain.

Le reste des périphériques est maison, avec un poste de pilotage OnOff en aluminium (potence de 30mm, cintre de 800 mm avec un rise de 25 mm). La tige de selle télescopique est une OnOff Pyja avec un débattement ajustable entre 180 et 155 mm. Celle-ci est surmontée d’une très bonne selle Ergon SM10 qui nous a beaucoup plu ! Mention moins bien pour les grips par contre qui nous ont semblé manquer de confort (épaisseur trop fine ? Matériau trop dur ?) et qui se sont avérés glissants une fois mouillés.

Versions, poids et tarifs du Mondraker Crafty

Mondraker Crafty : le test terrain

Spot de rêve pour découvrir ce nouveau modèle de la marque ! C’est à Finale Ligure que Mondraker nous a donné rendez-vous pour grimper quelques jours sur le Crafty en avant-première. Avant d’attaquer les magnifiques singletracks de la côte italienne, il nous a toutefois fallu effectuer quelques changements du côté des réglages du vélo.

De série, le Crafty arrive avec un poste de pilotage surélevé par plusieurs entretoises. Si cela permet à chacun d’obtenir la hauteur de pilotage qui lui convient le plus, on ne pourra que vous conseiller d’essayer de l’abaisser d’une ou de plusieurs entretoises. Avec sa géométrie spécifique, une hauteur de pilotage plus basse sur ce Crafty permet de charger naturellement davantage l’avant du vélo et d’obtenir un comportement bien plus convaincant. Nous avons également recoupé le cintre de 800 mm de série, pour le réduire à 760 mm, plus en phase avec notre gabarit.

Nous n’avons pas eu l’occasion de les changer durant notre virée en Italie, mais les pneumatiques choisis par Mondraker nous ont par contre posé plus de soucis. Outre l’argument de la traction pour la roue arrière, nous n’arrivons pas à comprendre pourquoi la marque espagnole a opté pour une section de 2.6… Sur le terrain, cela s’est traduit par un sentiment de flou constant et de manque d’accroche. Bref, cela ne nous a pas empêchés d’emmener le vélo sur les spéciales italiennes, mais un remplacement par une monte à la section plus réduite nous semble tout indiqué. Dans la boue belge, où nous avons pu aussi le rouler un peu à notre retour, l’impression est la même et on recommande vraiment un changement.

Malgré cette erreur de casting sur les pneumatiques, le Mondraker Crafty est une véritable bombe en montée ! Le vélo place naturellement le pilote dans une posture idéale pour attaquer les ascensions techniques, avec un tube de selle suffisamment redressé et une roue avant collée au sol. C’est peut-être le point sur lequel le Crafty nous a le plus impressionnés par rapport à la génération précédente… On vous en parlait lors de notre test, le Crafty que l’on connaissait jusqu’à présent n’était pas le plus simple à appréhender dans les montées techniques avec un difficile équilibre ; avec cette nouvelle génération, Mondraker a complètement revu ce défaut et le résultat n’est pas loin d’être parfait !

La nouvelle motorisation de chez Bosch n’est pas étrangère à ce comportement 5 étoiles en montée. Plus silencieux que la précédente génération, le nouveau Bosch Performance XC est également plus doux dans sa manière de distiller sa puissance. De quoi se concentrer sur sa trajectoire et le contrôle de son vélo ! Même avec peu (ou pas) d’assistance, le Crafty offre un très bon rendement et on ne sent pas le poids de la bête. La réduction des frictions opérée par Bosch sur ce nouveau moteur ne doit pas être innocente non plus à ce sentiment.

S’il est vrai que le Mondraker Crafty affiche un certain poids sur le papier (24,4 kg pour notre modèle d’essai), l’impression qu’il donne en descente est tout autre. En plus de la position assez portée sur l’avant, le setting interne de l’amortisseur choisi par Mondraker a un rebond plus rapide de série que la normale, ce qui offre à ce Crafty un vrai caractère « play-bike » super amusant et très agile. En roulant à vue sur les spéciales enduro de Finale Ligure, nous avons pris un malin plaisir à changer de direction en dernière minute, tirer des bunny-hops  pour éviter des obstacles et faire bouger l’arrière du vélo dans les virages serrés. Le revers de la médaille de ce setting interne se trouve du côté de la compression – la pression recommandée est trop faible pour ne pas talonner sans arrêt – et il faut procéder par essais-erreurs pour trouver le juste milieu dans les réglages.

De par sa cinématique et ses suspensions efficaces, le Crafty offre un côté assez sécurisant et donne le change dans les passages défoncés comme un vrai « gros vélo ». Attention, il n’a par contre pas ce côté « posé » comme les modèles purement destinés à l’enduro. Il est confortable et permet de se lancer à l’assaut de n’importe quelle spéciale d’enduro – nous avons pris énormément de plaisir sur plusieurs pistes mythiques de la région – mais ce n’est pas un pur vélo développé pour combattre le chrono. Même si on l’imagine sans mal s’aligner sur une compétition d’enduro à l’occasion.

C’est souvent le cas avec la marque espagnole, le Crafty confirme la règle : le vélo a un vrai tempérament ! On n’est pas installé à bord d’une machine insipide, mais bien au guidon d’un vélo qui affirme ses choix. C’est également la raison pour laquelle on ne conseillera pas ce châssis à tout le monde. Pour que le Mondraker Crafty livre tout son potentiel, il est nécessaire de lui rentrer dedans un minimum… Un peu comme un bon copain têtu ! Par contre, une fois que l’on a saisi le mode d’emploi, c’est un vrai plaisir à piloter.

Côté autonomie, le Mondraker Crafty nous a complètement surpris et on s’est plusieurs fois relancés à l’assaut d’une ultime boucle le soir au coucher du soleil. Il est toujours difficile de donner des chiffres précis tant de nombreux facteurs entrent en compte, mais à titre d’exemple, on est parvenu à effectuer une boucle de 65 km et de 2500 m de dénivelé sans être inquiété par la batterie (notre modèle était équipé de la batterie de 800 Wh).

Tout en conservant un tout petit peu de batterie pour se faire une dernière boucle… avec l’arrivée directement à la pizzeria. Lifestyle italien oblige !

Verdict :

Une véritable réussite, voilà comment on pourrait sobrement résumer ce nouveau Mondraker Crafty ! Modèle phare de la marque, le Crafty conserve son ADN de VTTAE polyvalent et aux choix affirmés, tout en revoyant fortement sa copie. En plus du nouveau moteur Bosch CX, il affiche un nouveau placement de l’amortisseur, une nouvelle cinématique et de petits changements de géométrie… Et le résultat est très convaincant sur le terrain ! Si la précédente génération souffrait de petites lacunes en montée, cette nouvelle génération s’en affranchit totalement et devient une véritable bombe en montée. Avec la dernière génération de moteur Bosch Performance CX, le Crafty semble pouvoir grimper partout. Lorsque la pente s’inverse, il dévoile un vrai caractère agile et ludique, tout en demeurant sécurisant et confortable. Attention, nous ne sommes pas en face d’un véritable modèle enduro réfléchi pour se lancer à l’assaut des chronos avec un châssis qui se pose dans le dénivelé, mais la cinématique et les suspensions sont diablement efficaces et gomment les passages défoncés sans aucun souci. Avec son caractère bien trempé, le Crafty est un vrai plaisir à découvrir et on a pris un malin plaisir à rouler à son guidon !  

Pour plus d’informations : https://mondraker.com/lu/fr/enduro-am-ebike-crafty