Test nouveauté | Marin Rift Zone EL : le petit aventurier

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté | Marin Rift Zone EL : le petit aventurier

La marque californienne Marin se lance dans les e-bikes à assistance légère avec le Rift Zone EL (pour Electric Light), une plateforme polyvalente en aluminium, 140/150 mm de débattement et Bosch Performance SX avec batterie de 400 Wh. Nous avons pu le découvrir sur le terrain, voici toutes les informations et nos premières impressions :

Le Rift Zone, c’est le modèle phare de Marin. Disponible du 24″ au 29″ et en carbone ou en aluminium, ce petit tout-suspendu de 130/140 mm de débattement se veut à la fois joueur et accessible. On avait pu essayer la génération actuelle au moment de sa sortie dans une version en aluminium bien équipée (lire Test nouveauté | Marin Rift Zone Alloy 29 XR : le jeu avant tout !) et son caractère ludique nous avait particulièrement marqués, ainsi que sa facilité de prise en main.

Sans grande surprise, le Rift Zone s’est décliné en version e-bike, avec un peu plus de débattement (140/150 mm) et une assistance Shimano EP801 alimentée par une batterie de 630 Wh. Cependant, Marin est une marque qui a pour credo le slogan « Made for fun » et à ses yeux, tout le monde n’a pas envie ou « besoin de la puissance et de la capacité des eMTB traditionnels » pour s’amuser.

C’est dans ce cadre que s’inscrit ce nouveau Rift Zone EL, un Rift Zone à assistance électrique… légère pour compléter la famille et offrir le même plat, c’est-à-dire le caractère ludique et facile d’accès du Rift Zone, en différentes saveurs.

Côté assistance, le vélo est donc équipé d’un Bosch Performance SX (55 Nm, 600 W max à 120 rpm, environ 2 kg) avec une batterie amovible de 400 Wh (2 kg également), à laquelle on peut comme toujours rajouter une rallonge de 250 Wh avec la petite batterie externe PowerMore (vendue séparément) à installer à la place du porte-bidon. Son placement, dans une espèce de « boîte à chaussure » en bas du triangle avant, n’est pas le plus discret qui soit mais on s’y habitue et surtout, nous n’avons pas eu à nous en plaindre sur le terrain… bien au contraire !

Pour le contrôler, on a la très bonne commande Mini Remote à côté de la poignée et le System Controller intégré dans le tube supérieur pour l’information sur le niveau de batterie (par tranche de 10 % grâce aux couleurs diodes) et le mode engagé. Enfin, on a toujours l’application eBike Flow, très complète et agréable à utiliser, pour personnaliser le fonctionnement de l’assistance, suivre son utilisation du moteur et même enregistrer ses sorties.

Comme son grand frère à « grosse assistance », le Rift Zone EL compte 140 mm de débattement à l’arrière avec un suspension en monopivot + biellette et 150 mm à l’avant (sauf un modèle, en 140/140 mm). C’est 10 mm de plus que le Rift Zone sans assistance, mais compte tenu du surpoids amené par le moteur et la batterie, c’est un choix qu’on estime judicieux.

La géométrie est très proche du Rift Zone sans assistance voire identique sur certains points, à l’image du reach de 460 mm en taille M. On relève aussi un stack de 632 mm en taille M (plutôt dans la moyenne haute du segment), un angle de direction de 65°, un angle de tube de selle de 77°, un boîtier de pédalier à -36 mm et des bases de 440 mm dans toutes les tailles.

Par ailleurs, l’angle de direction est ajustable sur ± 0,5° (64,5° ou 65,5°) grâce à des coupelles interchangeables dans le jeu de direction. Cela a aussi pour effet de modifier légèrement le reach (± 2,5 mm), l’angle de tube de selle (± 0,2°) ou encore le stack et la hauteur du boîtier de pédalier (± 1,5 mm à chaque fois), mais ces changements restent minimes. Pour cette courte prise en main, nous avons laissé le vélo dans sa configuration d’origine.

De manière générale, le vélo se veut très simple dans sa conception : le cadre est uniquement proposé en aluminium, avec une finition sobre mais soignée dans cette version XR, les passages internes des gaines sont tout à fait classiques (comprenez qu’ils ne passent pas par l’intérieur du jeu de direction) et on a des inserts pour porte-bidon sur le tube diagonal mais rien de plus.

Cela permet à Marin d’offrir une gamme avec des rapports équipement/prix assez intéressants pour une marque distribuée en magasin :

  • le Rift Zone EL 2 est affiché à 5399 € avec des suspensions Marzocchi Bomber Z1 140 mm et Bomber Air, des freins TRP Slate Evo en disques de 203 mm, une transmission Shimano Cues 10v, des roues Marin et des pneus Maxxis Forekaster MaxxTerra 2,4″ / Minion DHF MaxxGrip 2,5″ en carcasse Exo+ ;
  • le Rift Zone EL 2 coûte 6499 € avec des suspensions Fox 36 Performance 150 mm et Float X Performance Elite, des freins Sram Code Bronze en disques HS2 de 200 mm, une transmission Sram GX Eagle, des roues Marin et des pneus Maxxis Forekaster MaxxTerra 2,4″ / Minion DHF MaxxGrip 2,5″ en carcasse Exo+ ;
  • enfin, le Rift Zone EL XR est à 7699 € avec des suspensions Fox 36 Performance Elite 150 mm et Float X Performance Elite, des freins Magura MT7 (leviers HC3) en disques de 203 mm, une transmission Sram GX AXS, des roues Marin et des pneus Maxxis Forekaster MaxxTerra 2,4″ / Minion DHF MaxxGrip 2,5″ en carcasse Exo+.

Le test terrain du Marin Rift Zone EL XR

Nous avons eu l’occasion de faire quelques sorties avec un Rift Zone EL XR, le montage haut de gamme, dans les jours précédant sa présentation officielle. Trop court pour vous proposer un test complet tel qu’on l’entend habituellement, ce laps de temps nous a cependant permis de nous faire une certaine idée du vélo et de la partager avec vous. Notre vélo d’essai était en taille M et nous l’avons pesé à 20,8 kg sans pédales.

Du Rift Zone, on avait gardé le souvenir d’un vélo moyennement à l’aise dans les sentiers plats et très naturels, la faute à une suspension qui accrochait un peu les obstacles, mais très ludique sur les passages plus pentus ou les pistes tracées pour le vélo, lorsqu’il est plus facile de faire travailler le tout avec des appuis ou des chocs plus importants.

Avec le Rift Zone EL, c’est la même chose… en mieux ! Avec 10 mm de débattement en plus et retravaillée pour convenir aux spécificités de la plateforme, la suspension de notre vélo est bien plus active que celle du Rift Zone sans assistance et les sentiers naturels recouverts de racines ou de petites pierres ne posent plus aucun problème, peu importe le degré de pente.

Pourtant, le pneu Maxxis Forekaster qui équipe notre vélo à l’arrière n’est certainement pas le plus accrocheur du catalogue de la marque américaine. Si son profil « XC polyvalent » serait tout à fait à sa place sur un vélo sans assistance, ici on comprend assez vite que son choix s’est aussi fait afin de conserver un dessin assez roulant pour épargner la batterie. Au passage, on apprécie d’avoir des carcasses Exo+, tout à fait adaptées au programme du vélo, plutôt que des Exo comme sur la version sans assistance.

Si la suspension se montre suffisamment active, elle n’a pourtant rien perdu de son côté joueur : parmi tous les e-bikes que nous avons essayés, le Rift Zone EL est l’un de ceux sur lesquels il est le plus facile de décoller la roue arrière, même à plat et sans vitesse ! Les bunny-hops fonctionnent presque comme sur un vélo sans assistance et on n’a pas du tout l’impression de lutter contre le poids (ou sa répartition) comme sur un e-bike classique. Sur les chemins, avec un peu de vitesse et des appels plus ou moins naturels, on vous laisse imaginer le genre de festival que ça peut donner…

… sauf pour les personnes les plus légères, et c’est peut-être là le seul véritable petit défaut du vélo. En dessous de 68-70 kg, la plage de réglage du rebond de l’amortisseur Fox Float X Performance Elite ne permet pas de concilier un bon sag pour avoir une suspension sensible et un rebond assez rapide pour débloquer ce côté très joueur. Il faut choisir l’un ou l’autre, c’est un peu dommage d’autant que cela se règle « facilement », il s’agit simplement d’une histoire de réglages internes de l’amortisseur.

Au-dessus de 68-70 kg en revanche, aucun problème : la pression d’air nécessaire pour atteindre le sag sera suffisante pour avoir un rebond assez rapide et profiter ainsi de toutes les facettes du vélos.

Autre petit point à revoir, mais spécifique à ce montage, le frein arrière (Magura MT7 en 203 mm) nous a paru trop puissant par rapport au grip du pneu, sur terrain mouillé en tout cas. On bloque la roue arrière trop souvent et trop facilement sur les freinages, et le dosage n’est vraiment pas facile à trouver pour réussir à ralentir suffisamment pour avoir du contrôle sans arriver au blocage. On conseillerait donc un passage vers un disque plus petit… ou un pneu plus agressif que le Forekaster.

Le Rift Zone EL se distingue également par sa maniabilité, en montée comme en descente. Bien que le poids de 20,8 kg sans pédales n’ait rien d’éblouissant sur le papier, l’équilibre est très bien géré et le vélo est facile à placer, le poids ne vient jamais faire de mauvaises surprises.

En montée, cela fait du vélo une machine redoutable dans les sections techniques, surtout quand on lui ajoute un Bosch Performance SX vraiment facile à gérer. Du grip grâce à la suspension, une assistance très naturelle (en Tour+ et sur les chemins, son bruit est couvert par celui des pneus sur le sol et on ne l’entend pas du tout), une bonne répartition du poids et une bonne position du pilote : tous les ingrédients sont là pour venir à bout de n’importe quelle montée, et avec la manière. En effet, le pilotage en montée est bien plus proche de celui d’un vélo sans assistance que d’un VTTAE avec un gros moteur, et ce malgré le poids qui dépasse les 20 kg.

Si elle est techniquement capable de développer la même puissance que sa grande soeur la CX, la « petite » assistance Performance SX fournit cependant un couple moins élevé et, de manière générale, on grimpe moins vite qu’avec un gros e-bike. En revanche, on est beaucoup plus précis et fin dans ses coups de pédale ainsi que dans son placement, même dans les plus hauts modes d’assistance (eMTB notamment). Dans le technique, on joue donc en finesse et pilotage plutôt qu’en puissance et vitesse.

Permise par la qualité du châssis, cette finesse est aussi imposée par la nécessité de gérer la batterie. 400 Wh, ça passe vite si on n’y fait pas attention… et même en y faisant attention, il faut être conscient des limites. On a ainsi pu couvrir une boucle de 25-30 km avec 1300 m D+ en rentrant avec seulement 16 % de batterie, pour un pilote équipé d’environ 65 kg et beaucoup de Tour+ (montée sur route et chemins pas trop raides), une certaine part d’eMTB (montées raides sur chemin) et une pointe de Turbo pour rentrer en fin de sortie.

L’assistance Bosch Performance SX demande aussi une cadence de pédalage plus élevée qu’un gros moteur pour fonctionner, on n’en tirera pas grand-chose en dessous de 80 tours/minute et l’idéal est même de monter plutôt vers 90 ou 95 tours/minute. Résultat, on se dépense plus qu’avec des e-bikes plus puissants, on va moins vite… et on couvre moins de terrain, puisque la batterie est plus petite ! Le très bon comportement dynamique du vélo a un prix, et il faut bien en être conscient avant de craquer pour ce genre de petite machine.

Le mot de la fin

Pour son premier VTTAE à assistance légère, Marin semble avoir vu juste ! S’il n’a rien d’extraordinaire sur le papier, le Rift Zone EL coche toutes les cases sur le terrain avec une plateforme à la fois maniable et joueuse tout en restant facile d’accès, une suspension polyvalente et une assistance discrète à l’oreille mais bien dosée sous la pédale. Avec son débattement de 140/150 mm et sa géométrie qui lui permet de passer partout, on a adoré l’emmener découvrir de nouveaux chemins, sans trop savoir si ça allait passer mais avec l’assurance que ce n’était pas le vélo qui allait nous poser problème : un vrai petit aventurier, qu’on aurait bien aimé garder un peu plus longtemps…

Plus d’informations : marinbikes.com

ParLéo Kervran