Test nouveauté | Look E-765 : électrique certes, mais route ou gravel ?
Par Romain Viret -
La marque française Look offrait déjà trois modèles de gravel dans son catalogue : le 765 Gravel, le 765 Gravel RS, et un modèle électrique, l’E-765. Ce dernier a été entièrement repensé et se décline désormais en deux versions : une version route et une version gravel, que nous avons eu l’occasion de tester à La Clusaz, près d’Annecy. Voici nos premières impressions :
Pour ce nouveau E-765, Look nous explique être parti de zéro avec un cahier des charges assez simple : offrir des matériaux, des composants, une géométrie et une ergonomie similaires à ceux d’un vélo sans assistance. L’objectif était de recréer au mieux les sensations habituelles des utilisateurs, tout en y ajoutant une assistance grâce à l’intégration d’un moteur.
Bien que le E-765 se décline en version Optimum (route) et Gravel, les différences entre les deux modèles ne sont pas si nombreuses, ce qui est un point important, mais nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard.
Les deux versions partagent le même cadre et la même fourche. Si cette dernière peut accueillir des pneus allant jusqu’à 45 mm, la compatibilité du cadre, elle, dépendra un peu du profil du pneu. Look garantit ainsi une compatibilité avec des pneus de 42 mm à l’arrière, mais il est possible d’aller jusqu’à 45 mm selon les profils.
Un des objectifs lors de la conception du E-765 était de maintenir un poids sous les 13 kg (pour la version route), tout en offrant une assistance efficace lorsque l’on en a besoin, et cela sans être plus complexe à utiliser qu’un vélo sans assistance.
Pour atteindre cet objectif, la marque française a opté pour le système Fazua Ride 60, qui nous avait déjà convaincus lors de son installation sur un VTT (lire Test | Fazua Ride 60 : l’empire du milieu). Ce système est alimenté par une batterie de 430 Wh, promettant de bonnes performances en termes d’autonomie et de puissance.
Pour ceux qui se poseraient la question : non, la batterie n’est pas amovible. Comme l’explique Romain Simon, chef produit vélo chez Look : « Nous avons constaté que la quasi-totalité des utilisateurs de notre ancien E-765, ainsi que le public pour ce genre de vélo, ne retirent jamais la batterie. Cela représentait donc un double avantage pour nous : simplicité et gain de poids. Nous n’avons plus besoin d’un tube diagonal ouvert avec une trappe, d’un système de verrouillage ou de racks spécifiques pour maintenir la batterie, ce qui nous permet de gagner presque un demi-kilo ! »
Géométrie et équipements
Côté géométrie, lorsqu’on parle de Look, on imagine généralement une approche axée sur la performance, avec des positions agressives orientées vers l’aérodynamique. Mais ici, ce n’est absolument pas le cas, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne font pas les choses à moitié lorsqu’ils visent une position confortable.
Avec un reach très court (375 mm en taille M) et un stack assez haut (592 mm en taille M), ainsi qu’un tube de selle redressé à 74°, sur le papier, l’E-765 est très accessible et ne semble pas exiger une grande souplesse ou des heures d’entraînement en position aéro pour se sentir à l’aise.
Côté équipements, comme mentionné plus haut, c’est assez simple, le E-765 est disponible en deux déclinaisons :
E-765 Optimum :
- Cadre et fourche carbone
- Mono plateau (44T), cassette 12 vitesses (10-44T)
- Dérailleur Rival Etape XPLR AXS
- Roues carbone Look E-R50D
- Pneus Hutchinson Sector 700×32 mm
E-765 Gravel :
- Cadre et fourche carbone
- Mono plateau (42T), cassette 12 vitesses Sram PG 1231 (10-44T)
- Dérailleur Sram Apex XPLR
- Roues carbone Fulcrum E-Racing 900
- Pneus Hutchinson Touareg 700×40 mm
Le E-765 Gravel sur le terrain
Premières impressions en montant dessus : effectivement, on est sur une position « ultra confort » (entendez par là très redressée). Le vélo se prend très facilement en main, et dès les premiers tours de pédales, on ne peut qu’apprécier le choix du moteur.
Avec seulement une centaine de grammes en plus que son concurrent le plus proche, le TQ HPR 50, le moteur Fazua Ride 60 est bien plus performant dans les accélérations à basse cadence et sur sa capacité à délivrer une forte assistance sans que le pilote ait à fournir beaucoup de puissance. De quoi convenir même à ceux qui ne roulent pas tous les jours.
Comme mentionné précédemment, entre le E-765 Optimum et le E-765 Gravel, les différences sont uniquement présentes au niveau des équipements. Le cadre et la fourche restent identiques, et ce n’est pas pour rien. Look conseille, voire encourage fortement, l’acquisition d’une deuxième paire de roues pour pouvoir passer d’une configuration à l’autre en moins de deux minutes.
Nous nous retrouvons donc dans un premier temps sur notre E-765 Gravel équipé de roues carbone Look de 50 mm de hauteur (montées d’origine sur le E-765 Optimum). Après quelques kilomètres de descentes et de plat sur un bel asphalte (avec tout de même quelques trous qui surprennent), premier constat : le vélo est étonnamment facile à emmener.
Lors des relances sans assistance ou sur des faux plats, dire qu’on ne sent pas le surpoids par rapport à un gravel ou un vélo de route sans assistance serait mentir. Mais une fois lancé sur le plat, même lorsque l’assistance se coupe, la transition se fait en douceur et est presque imperceptible entre ce nouveau E-765 et un vélo de route avec un peu d’embonpoint.
Deuxième constat : l’ensemble est rigide. Trop rigide ? Oui, mais… on s’explique : si la géométrie est très accessible et confortable, le cadre et les roues hautes en carbone ne filtrent pas (ou très peu) les petites aspérités de la route ou les trous. Cette rigidité, couplée à des pneus en 32 mm et au poids de l’ensemble qui plaque le vélo au sol, fait qu’il bute sur les moindres imperfections du terrain au lieu de les survoler.
Après avoir emprunté une courte section de chemin blanc sur le plateau des Glières (comme le Tour de France en 2018 et 2020 ou le Critérium du Dauphiné 2024), ces sensations se sont confirmées. Des sections d’au moins 38 mm auraient tout à fait leur place ici, offrant plus de confort, avec peu de sacrifices en termes de performances pures, ce qui rappelons-le, n’est pas l’objectif principal de ce vélo.
Après cet épisode sur route, il nous a suffi d’un changement éclair de roues pour retrouver la configuration d’origine du E-765 Gravel (roues aluminium Fulcrum E-Racing 900 et pneus Hutchinson Touareg en 40 mm de section).
Une fois sur de vraies sections gravel, le constat reste quasiment le même. La géométrie et la position adoptées sont plutôt réussies pour un usage gravel. Le vélo se montre assez polyvalent et se manie bien, même à faible vitesse. Bien que quelques fois, nous soyons sortis de son programme avec des sections de gravel un peu (trop) engagées, il est resté contrôlable et ne s’est jamais révélé effrayant. Cela est sans doute dû au poids supplémentaire, qui stabilise le vélo (à condition de ne pas trop relâcher les freins), un peu comme un VTT à assistance facilite certaines sections techniques et cassantes en collant le vélo au sol et demandant de plus gros obstacles pour le faire dévier de sa trajectoire.
Malheureusement, les pneus nous semblent encore une fois trop étroits pour permettre un véritable usage gravel, tel qu’on l’entendrait avec une monture sans assistance équipée de même pneus. Dans cette configuration, l’E-765 Gravel est finalement davantage à considérer comme un gros Allroad que comme un véritable gravel.
En fin de journée, après avoir bouclé 100 km composés à 80 % de route et avec près de 2400 mètres de dénivelé positif, il est l’heure de faire les comptes. 20 % de batterie restante, en ayant passé la majeure partie de la sortie en mode breeze (le mode le plus économe), mais en ayant tout de même testé le mode intermédiaire (mode river) et le fameux mode rocket. De quoi constater que l’autonomie est plus qu’honorable sur ce nouveau E-765 !
Le mot de la fin
Pour conclure sur ce E-765 Gravel, la réflexion est finalement presque la même que lors de notre passage sur le BMC Roadmachine X dans notre sujet l’Allroad : qu’est-ce que c’est que ce truc ? La position très confortable et le moteur Fazua Ride 60 offrent une assistance vraiment présente, même pour les cyclistes moins assidus. Cependant, bien que le vélo se comporte très bien sur de l’asphalte parfait (dans sa configuration route Optimum) ou sur des chemins relativement lisses (en configuration Gravel), on regrettera de ne pas avoir des pneus de sections plus larges, qui permettraient de vraiment gagner en confort et ainsi mieux correspondre aux terrains que l’on rencontre réellement dans ces deux pratiques. Malgré cela, ce nouveau E-765 reste un sérieux concurrent sur le segment des vélos de route endurance et des gravel électriques comme le Trek Domane + ou le Cervelo Rouvida avec lequel il partage la même convaincante motorisation.
Photos Ben Becker
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site Look.