Test nouveauté | Lapierre Zesty CF 7.9 : un bon fond

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté | Lapierre Zesty CF 7.9 : un bon fond

Le Lapierre Zesty fait peau neuve ! Devenu au fil des générations et depuis sa première apparition sur le marché en 2007 un incontournable des vélos polyvalents all-mountain, le modèle « bon à tout faire » de Lapierre n’avait pas changé de plateforme depuis 2018. Un renouveau était donc attendu et pour cette quatrième génération, la marque de Dijon a cherché à le remettre au goût du jour sans perdre ce qui a fait le succès de son prédécesseur. Nous avons déjà pu l’essayer, voici nos premières impressions :

Intemporel, le Zesty ? Depuis son apparition au catalogue Lapierre en 2007, il y a 17 ans, le vélo n’a connu que trois générations soit une tous les 6 ans environ. Malgré ce renouvellement plutôt lent pour le milieu du VTT, il a rencontré un véritable succès dans nos contrées. Qui n’a jamais croisé un Zesty sur les sentiers ou lors d’une rando ?

Pourtant, le Zesty n’est pas un vélo sans âme ou sans prise de risque, conçu uniquement dans le but de convenir au plus grand nombre et de durer longtemps. Avec des technologies comme la gestion électronique de l’amortisseur e:i Shock ou la plateforme partagée avec le Spicy, Lapierre a aussi pris des risques.

A cet égard, cette quatrième génération s’assagit : sur le papier, elle ne propose rien de réellement original ou révolutionnaire. Néanmoins, n’allez pas croire qu’elle devient banale ou ennuyeuse pour autant ! Pour ce nouveau modèle, Lapierre a souhaité corriger les défauts de l’ancien modèle plutôt que repartir de zéro, et ce faisant, la marque est arrivée à certaines choses qui devraient encore donner un beau caractère au vélo.

L’ancien modèle, on le retrouve dans les lignes de ce nouveau Zesty. En effet, le précédent avait plutôt bien vieilli et il n’a pas fallu grand-chose pour le remettre entièrement au goût du jour. Des volumes un peu plus gros, des lignes un peu plus droites, des arêtes un peu plus arrondies et le tour est joué !

On remarque à cette occasion que Lapierre a conservé exactement la même architecture de suspension, un 4 bar linkage où l’amortisseur, qui traverse le tube de selle, est monté « flottant » entre les bases et le basculeur. Il apparaît cependant mieux caché que sur la génération précédente, avec un garde-boue en plastique beaucoup plus petit que par le passé.

Suspension et géométrie

Avant de plonger plus en détails dans les caractéristiques de ce Zesty, il faut signaler un changement de taille dans l’esprit de la plateforme : adieu le cadre commun avec le Spicy, et même les concepts similaires si on en croit nos spyshots (cf. L’heure du renouveau pour le Lapierre Spicy ? et Dans les paddocks EDR de Finale Ligure). Désormais, le Zesty a son propre cadre ! Il garde cependant quelques possibilités d’évolutions, mais cela retire des contraintes dans la conception de la machine.

Côté suspension, ce nouveau Zesty développe principalement 150 mm de débattement, avec une fourche de même taille à l’avant. « Principalement », car Lapierre a opté pour un amortisseur en 205 mm d’entraxe et ce format est disponible dans de nombreuses courses différentes. En passant de l’une à l’autre, il est donc possible de modifier le débattement du vélo sans rien changer d’autre… et la marque ne s’en prive pas !

Le catalogue compte ainsi un modèle en 140/140 mm (amortisseur en 205×57,5, à l’image ci-dessus) et Lapierre nous glisse qu’il est aussi possible de faire le chemin inverse et de monter jusqu’à 160 mm de débattement avec un amortisseur en 205×62,5 (contre 205×60 pour le 150 mm), à condition de faire évoluer la fourche en même temps pour équilibrer l’assiette et les capacités du vélo.

Au-delà de ça, la marque nous explique qu’elle a cherché à améliorer le fonctionnement la suspension en tirant parti des enseignements du E-Zesty, qui nous avait justement paru réussi sur ce point (et bien d’autres, lire Test nouveauté | Lapierre E-Zesty AM). Sur ce nouveau Zesty, elle doit donc être plus sensible en début de course et plus progressive sur l’ensemble de la course que sur le précédent modèle afin de mieux contrôler le comportement sur les derniers millimètres du débattement. Comme point de départ pour les réglages, Lapierre conseille un sag de 30 %.

Côté géométrie, le Zesty évolue beaucoup sur certains points… et beaucoup moins sur d’autres. En effet, certaines cotes affichaient déjà des valeurs tout à fait cohérentes pour le programme et il y a donc assez peu de changement à leur niveau : de 65° à 64,5° pour l’angle de direction, de -28 à -26 mm pour le boîtier de pédalier (pas trop bas pour le dégagement dans les passages techniques) et de 433 à 432,6 mm pour les bases en taille M (leur longueur varie désormais suivant la taille du cadre).

En revanche, l’angle de tube de selle se redresse de façon importante pour atteindre 77° (+2,5°) tandis que les reach se « décalent » d’une taille : 435 mm en taille S, 460 mm en taille M, 480 mm en L et 505 mm en XL. Au total, l’empattement augmente d’environ 30 mm sur chaque taille.

Monté d’origine en 29″, même en S, le vélo reste néanmoins compatible avec une configuration mulet (roue arrière de 27,5″ et roue avant de 29″) grâce à une pièce réversible au pied de l’amortisseur.

 

Construction et détails

Au-delà des évolutions de géométrie et de suspension pour perfectionner le Zesty, Lapierre a aussi tenu à moderniser le cadre dans son ensemble. Ainsi, la mini-boîte à gants qui équipait le modèle précédent, conçue autour d’un léger renfoncement dans le cadre, devient une ouverture de pleine taille dans le tube diagonal.

On y accède par en dessous et le matériel vient se loger juste devant le pédalier afin de respecter au mieux les principes du Gravity Logic Project, l’idée d’abaisser et de centraliser au maximum les masses qui guide la conception de tous les « gros vélos » de la gamme jusqu’au fameux GLP3 à assistance électrique.

L’espace est généreux et on apprécie que la trousse (manquante sur ces photos) soit sécurisée par deux scratchs, mais attention, cette dernière est presque plus grande que la place réellement disponible dans le cadre et on vous conseille de ne pas la remplir au maximum de ses capacités. Pas de problème pour des outils de dépannage et le petit ravitaillement mais une veste coupe-vent, même petite, peut facilement poser problème pour la fermeture du système.

Cette ouverture permet aussi d’accéder aux câbles et Durits qui passent dans le tube diagonal (où ils sont guidés dans de petits tubes intégrés au cadre) pour faciliter le trajet vers le triangle arrière ou la remontée vers la tige de selle télescopique. C’est bien vu mais on regrette comme toujours le choix de passages internes via le jeu de direction, joli mais tellement peu pratique.

En plus de cette boîte à gant désormais pleinement fonctionnelle, Lapierre a ajouté des inserts sous le tube supérieur pour y fixer un support d’accessoires. Avec tout ça, plus de risque de manquer de quoi que ce soit !

Enfin, notez que le cadre est uniquement proposé en carbone et ce n’est pas une question de lancement décalé : la marque nous a confirmé que l’aluminium n’était pas au programme pour ce vélo et qu’elle ne travaillait pas dessus. Annoncé à 2470 g nu, le cadre est aussi présenté comme plus rigide que le précédent, notamment au niveau du triangle arrière.

Lapierre Zesty 2024 : poids et prix

Cette famille Zesty CF compte cinq modèles, quatre en 150 mm de débattement et un en version « allégée » 140 mm. Ils s’échelonnent comme suit :

  • Zesty CF 6.9, 4499 € :
    suspensions Fox 36 Rythm & Float Performance, freins Shimano Deore M4100 4 pistons, transmission Shimano Deore/SLX, roues Rodi Tryp30 Evo/Shimano TC 500, pneus Maxxis Dissector 2,4″ et Assegai 2,5″ Exo+
  • Zesty CF 7.9, 4999 € et 15,28 kg en taille M (poids vérifié) :
    suspensions Fox 36 Performance Elite Fit4 & Float X Performance Elite, freins Shimano Deore M6100 4 pistons, transmission Shimano Deore/SLX/Deore XT, roues Rodi Tryp30 Evo/Shimano TC 500, pneus Maxxis Dissector 2,4″ et Assegai 2,5″ Exo+
  • Zesty CF 8.9, 5999 € :
    suspensions Fox 36 Factory Fit4 & Float X Factory, freins Shimano Deore XT 4 pistons, transmission Shimano Deore/Deore XT, roues DT Swiss XM 1700, pneus Maxxis Dissector 2,4″ et Assegai 2,5″ Exo+
  • Zesty CF 9.9, 7299 € et 13,04 kg en taille M (poids vérifié) :
    suspensions Fox 34 Factory Fit4 & Float Factory, freins Shimano XTR 4 pistons, transmission Shimano SLX/Deore XT/XTR, roues DT Swiss XMC 1501, pneus Schwalbe Wicked Will & Nobby Nic en 2,4″ et SuperTrail
  • Zesty CF SE, 9299 € :
    suspensions RockShox Lyrik Ultimate & Super Deluxe Ultimate avec Flight Attendant, freins Sram Level Silver 4 pistons, transmission Sram X0 AXS, roues Lapierre AM Carbon, pneus Maxxis Dissector 2,4″ et Assegai 2,5″ Exo+

A la lecture de ces fiches techniques, quelques choix de composants interpellent vis-à-vis du programme de ce Zesty : les roues Rodi Tryp 30 des deux premiers modèles, que nous avons trouvé totalement inadaptées sur d’autres vélos testés par le passé (lourdes, peu dynamiques et pas solides du tout) ; les freins Sram Level 4 pistons sur le modèle le plus haut de gamme, prévus pour un programme XC/rando, et la cartouche Fit4 sur les fourches Fox (sauf le premier modèle).

Que le vélo ne soit pas équipé des dernières cartouches Fox ne nous dérange pas (lire Fox 36 GripX & 38 GripX2 : petits détails, grands changements), car elles viennent de sortir et le fournisseur américain n’est peut-être pas encore en mesure de livrer suffisamment de pièces pour un vélo aussi populaire que le Zesty. En revanche, on ne comprend pas pourquoi Lapierre a reculé en passant d’une 36 Grip sur l’ancien modèle à une 36 Fit4 sur le nouveau.

Très répandue en XC, la Fit4 fonctionne de façon acceptable jusqu’à 130 mm de débattement à nos yeux. Au-delà, elle manque cruellement de support pour qu’on puisse qualifier son comportement de « convenable ». Or, le Zesty est équipé d’une fourche en 140 ou 150 mm… A l’inverse, la Grip se montre tout à fait satisfaisante sur ces débattements et, sans atteindre les performances des cartouches haut de gamme, elle sait bien mieux que la Fit4 trouver un équilibre correct entre sensibilité et support.

Clairement, ce choix d’équipement est selon nous une faute de la part de l’équipe produit de Lapierre, qui dégrade les performances du Zesty sans rien lui apporter en retour et on espère que ce sera corrigé sur les prochains millésimes. Notez aussi qu’il est possible de faire soi-même un « upgrade » de la cartouche vers des modèles plus performants (la Grip est un choix évident mais on verrait bien une cartouche GripX sur ce Zesty !), sans toucher au châssis. Cela représente un coût supplémentaire dont on aurait aimé pouvoir se passer, mais sachez simplement qu’il ne faut pas changer toute la fourche pour améliorer ce point.

Test du Lapierre Zesty CF 7.9 : les premiers tours de roue

Une fois n’est pas coutume, Lapierre nous a laissé la possibilité d’essayer ce Zesty dans une version intermédiaire et non dans l’édition la plus luxueuse. On apprécie le geste ! Affiché à 4999 €, le Zesty CF 7.9 devrait être l’un des modèles les plus populaires de la famille avec son amortisseur Fox Float X parfaitement adapté au programme et son dérailleur Shimano Deore XT qui plaît à l’oeil. Les freins Deore sont un peu plus embêtants à ce tarif côté image mais, dans l’absolu, ils offrent un comportement très correct. Plus que l’ensemble levier-étrier, on a l’impression que c’est surtout le disque de cette gamme qui affecte les performances et le toucher.

Au pédalage, on remarque tout de suite les progrès fait au niveau de la position du pilote. Dans ce montage milieu de gamme le Zesty n’est pas un foudre de guerre (15,28 kg et des roues pénalisantes) mais on est très bien installé et on n’a plus l’impression d’être assis sur la roue arrière dès que la pente se cabre. Le pompage est également maîtrisé et s’il y en a bien un petit peu (revers de la médaille d’une suspension sensible pour avoir du grip), il n’est pas gênant et il n’y a que sur route qu’on tend la main vers le levier de blocage pour avoir un peu plus de répondant.

Avec seulement deux sorties au guidon du vélo avant la parution de cet article, il est encore tôt pour s’étendre en détails sur tous les aspects du fonctionnement de la suspension. Néanmoins, on a eu l’impression qu’en montée comme en descente le Zesty s’accommodait mieux d’un vrai sag à 30 % plutôt que de quelque chose entre 25 et 30 %. La suspension apparaît plus active, plus souple et confortable sur les sentiers techniques et plus en phase avec l’esprit du vélo avec ce réglage.

En descente, le vélo fait figure de (très) bon passe-partout. Le mode d’emploi est clair, évident, et on ne passe pas des kilomètres à chercher ses réglages ou le style de pilotage qui lui convient. Face aux autres all-mountain du marché, le Zesty se place comme un vélo plutôt dynamique et joueur mais juste ce qu’il faut pour qu’il reste facile à prendre en main, pour que ce ne soit pas déroutant pour des pilotes moins expérimentés.

Dans les passages plus raides ou défoncés, on peut choisir d’y aller lentement et de se reposer sur la géométrie généreuse pour rester en sécurité (angle de direction de 64°, reach de 460 mm en taille M) ou de mettre plus de vitesse si on veut un peu plus de sensations. Il faudra alors tenir un peu plus le vélo, car ce n’est pas un « mini-enduro » qui peut tirer tout droit dans les pierriers sans trembler mais, encore une fois, c’est juste ce qu’il faut pour amuser les pilotes chevronnés.

Si on devait le comparer avec des vélos connus et que nous avons pu tester ces dernières années, on le rapprocherait du Santa Cruz Hightower ou du Scott Genius, avec un peu plus de tenue que ce dernier dans le rapide et défoncé. La suspension est plus équilibrée que celle de l’Orbea Occam, très dynamique mais où on talonnait un peu facilement à notre goût, et plus dynamique que sur un Specialized Stumpjumper Evo tandis que le vélo en lui-même apparaît plus facile d’accès et moins « enduro » qu’un Scott Genius ST.

Toutefois, ceci serait valable sous réserve d’avoir des composants qui permettent réellement de s’exprimer. La cartouche Fit4 de la fourche est vraiment limitante et oblige à sacrifier toute sensibilité et confort pour avoir un support digne de ce nom, au point que ça en devienne fatigant sur les longues descentes. Sans ça, on se fait peur avec l’impression que la fourche se dérobe sous le vélo à chaque franchissement ou virage un peu appuyé. Le cadre est bon, ou au moins prometteur (gardons en tête qu’il s’agit d’une prise en main et non d’un test sur plusieurs semaines), mais devoir passer par une opération aussi impressionnante pour les néophytes et coûteuse (environ 250 € pour la cartouche seule sur internet) qu’un changement de cartouche est quelque chose qui sera difficile à faire accepter.

Le mot de la fin

Retour réussi pour le Lapierre Zesty ! Si le vélo garde en apparence la ligne de son prédécesseur, il s’agit bien d’une toute nouvelle machine avec tous les ingrédients d’un vélo moderne, qui peut regarder dans les yeux et sans faiblir les références de la catégorie. Dynamique et plaisant à rouler, il a un grand spectre d’utilisation et répond bien à cette définition du « vélo à tout faire » pour celles et ceux qui roulent dans des régions avec un peu de dénivelé. Mieux encore, il reste réellement facile à prendre en main ce qui lui promet à nouveau un beau succès… une fois que certains soucis d’équipements seront corrigés. On sait que le métier de product manager n’est pas facile et que certains arbitrages sont compliqués mais dans les configurations qui nous sont présentées aujourd’hui, le Zesty est pénalisé par un équipement inadapté sur les postes les plus importants.

Plus d’informations : lapierrebikes.com

ParLéo Kervran