Test nouveauté | Hutchinson Python 3 : le retour d’une légende
Par Paul Humbert -
Le Python, c’est un reptile un peu particulier chez Hutchinson. Porte-étendard de la gamme VTT pendant de longues années, le pneu de XC polyvalent se dévoile dans une troisième version remise au goût du jour pour répondre aux attentes du XC moderne. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, la marque française dévoile par la même occasion un Python « Race » très exclusif et dédié à la compétition au plus haut niveau. Présentation et premier test :
Souvenez-vous l’été dernier. En bord de piste de coupe du Monde aux Gets, nous découvrions un nouveau pneu sur le vélo de Joshua Dubau de l’équipe Decathlon-Ford : est-ce que c’est le nouveau Hutchinson Python ? L’avenir nous a donné raison.
Joël Balez, en charge du développement du pneu, revient avec nous sur ce premier test en conditions réelles : « Les pilotes roulaient en Skeleton et en Kraken et je suis arrivé en présentant le nouveau Python. J’étais transparent avec eux : c’était des prototypes et tout n’était pas abouti. Stephane Tempier est ensuite venu me voir et m’a annoncé que les pilotes allaient rouler avec le lendemain, pour la course. Je n’avais pas envie qu’ils crèvent, tout n’était pas validé, mais ils m’ont dit qu’ils prenaient leurs responsabilités. J’avais peur d’un incident en direct à la TV mais tout s’est bien passé et les pilotes ont adoré. Ils ont validé le ballon et le volume du pneu. »
Le pneu a bel et bien (re)vu le jour dans une démarche d’adaptation au matériel moderne et pour répondre à la demande des athlètes contemporains. Mais pour comprendre l’avenir, il faut savoir revenir en arrière.
L’Hutchinson Python est arrivé sur le marché du VTT au moment de l’explosion du sport dans les années 1990, en proposant un dessin avant-gardiste, tout en étant ensuite un des premiers pneus à être compatible avec cette technologie naissante : le tubeless.
Pour Joël, le Python est un pneu mythique qu’il a découvert par hasard sur le vélo de son prédécesseur chez Hutchinson alors qu’il roulait paisiblement en forêt de Montargis. Le célèbre reptile s’est démarqué en proposant un profil relativement bas et peu cramponné, qui demandait à être roulé avec une pression plus basse que ce qui se pratiquait à l’époque. Le public était frileux à la sortie du pneu, le marketing aussi, mais l’adoption par les compétiteurs aura suffi à entraîner le grand public derrière eux.
Il n’y a pas que le nom qui traverse les époques, son dessin de la bande centrale également, et Joël nous présente le pneu en détail.
Hutchinson Python 3 : le pneu VTT XC du quotidien
On ne fait pas table rase de tout au moment de re-développer un pneu. Les éléments qui ont motivé le re-design du Python 3 sont l’élargissement des diamètres internes des roues, ainsi que des ballons de 2.4 de plus en plus sollicités dans la discipline.
Le Python 2 étant jugé trop étroit par les coureurs, son successeur sera désormais disponible en 29×2.3 ou 29×2.4. Les deux dimensions ont été conçues sur des jantes d’une largeur interne de 30mm. Le Python 3 affiche ainsi une largeur de 57mm pour 2.4 pouces annoncés. Du côté du développement du dessin, ce volume supplémentaire est vu comme un atout pour espacer les crampons, descendre en pression et gagner en polyvalence (si on parvient à contenir le poids).
La marque a fait le choix de conserver la bande de roulement iconique tout en augmentant l’espace et la taille des crampons centraux, offrant ainsi une plus grande surface d’accroche et de freinage. En plus du freinage, la traction devrait ainsi être augmentée, tout en offrant un meilleur débourrage. Pour Joël, au delà de la marque de fabrique, la force des crampons centraux, « c’est qu’ils permettent une continuité de la bande de roulement. C’est une colonne vertébrale et on n’a pas besoin de monter ou de descendre de chaque pavé. »
Le Python 3 s’arrondit par rapport au Python 2 qui avait les épaules plus solides. Les pilotes de coupe du Monde ont fait part de leur envie de retrouver un pneu progressif et lisible et les crampons latéraux ont été complètement repensés, et taillés dans la courbe.
Du côté d’Hutchinson, l’objectif est de proposer un pneu « polyvalent, mettant l’accent sur la vitesse, l’adhérence et le confort ».
Deux gommes (RRXC) sont utilisées sur le dessin du pneu avec une gomme plus dure sur la bande de roulement, et plus tendre sur les côtés. Côté carcasse, on retrouve une 3x66TPI avec un renfort « Hardskin » de tringle à tringle.
Poids : la marque annonce le 2.3 à 780g et le 2.4 à 810g.
Prix : le Hutchinson Python est commercialisé à 65,99 euros.
Quelle pression : Pour Joël Balez, sur un pneu en 2.4 installé sur une jante de 30mm et pour un pilote d’environ 65 ou 70kg, une pression de 1,25 bar devrait être une bonne base.
Le pneu sera disponible en coloris « noir » ou « tan » aux flancs marrons. Le Python rentre également dans la gamme Racing Lab, fabriquée en France, pour les modèles haut de gamme. Les « autres » modèles, plus accessibles, seront proposés sans renfort Hardskin de tringle à tringle, mais uniquement avec un renfort latéral.
Hutchinson Python Race : le pneu VTT XC des grands jours
Derrière notre « spyshot » des Gets se cachait une seconde histoire. Dès le ballon du Python 3 validé par les athlètes, une seconde demande émergeait : celle d’avoir un pneu encore plus radical, exclusif et compétitif. Joël continue : « Les pilotes me demandaient de simples pointes de diamant pour la bande centrale, un pneu extrême, sans compromis. » L’idée du Python Race venait de germer sous la tente de l’équipe Decathlon-Ford.
Ne nous cachons pas : un pneu radical dédié à la compétition, ça existe chez d’autres marques ( chez Maxxis et Schwalbe notamment), mais tous ne sont pas disponibles à la vente. Avec le Python Race, Hutchinson fait le pari de rendre l’exclusivité accessible à qui veut bien se le permettre.
Pour Joël et le reste de l’équipe, il fallait conserver la confiance des athlètes et leur proposer le produits qu’ils recherchent pour atteindre les sommets et l’or olympique, et il fallait en même temps convaincre la direction d’Hutchinson Cycling de la viabilité d’un tel produit de niche.
Sur le Python Race, on retrouve une bande de roulement minimaliste, avec des crampons de 1,5mm de hauteur, et quelques crampons latéraux un peu plus prononcés. L’objectif : proposer un pneu ultra rapide, ultra léger, à gros ballon. Tant pis pour l’usure.
Le pneu est annoncé à 60mm de large (sur une jante de 30mm) et à 600g sur la balance. Petit clin d’oeil au Python, les légers crampons de la bande de roulement reprennent la forme iconique du pneu XC « polyvalent ». Côté carcasse, on retrouvera une construction 3×127 TPI.
Le pneu proposera toujours le mélange de gomme RRXC qu’on retrouve sur le python mais le pneu ne sera disponible qu’en 29×2.4 et en couleur noir. Il rentre lui aussi dans le programme « made in France » Racing Lab.
Au moment de la présentation du pneu aux médias, le choix du renfort n’avait pas encore été annoncé, la marque étudiant les différentes options pour offrir un rendement optimal, tout en offrant un minimum de sécurité aux athlètes. Les études de rendement ont d’ailleurs poussé Hutchinson à solliciter des tests dans des laboratoires extérieurs à l’usine (qu’on avait visitée) pour arrêter le choix de conception. On imagine ainsi que le pneu arrivera ainsi un peu plus tard dans le commerce.
Poids : 600 grammes.
Prix : 69,99€.
Test | Hutchinson Python 2024
En amont du lancement, nous avons pu rouler près de la rédaction avec les nouveaux Hutchinson Python au format 2.4. Premier constat sur la balance, les pneus que nous avons pesés affichent un tout petit peu moins, ou un tout petit peu plus de 800 g en 2.4, on est donc en phase avec l’annonce de la marque et dans la moyenne haute du marché. Côté taille, on mesure le pneu à 59,5mm sur une jante de 30mm à 2 bars. C’est un « petit » 2.4, mais là encore, on reste en phase avec la concurrence.
Une fois en action, on découvre un rendement très correct pour un pneu de XC grand public. Le Python 3 se montre très polyvalent et offre une bonne traction, à moins d’être poussé dans l’extrême et la grosse boue. Les compétiteurs les plus exigeants pourront lui reprocher d’être un peu trop consommateur d’énergie, mais le grand public amateur de XC y trouvera son compte avec une belle capacité à pousser le pilote vers l’avant, même en terrain relativement gras.
La grande force du pneu, c’est son profil très rond qui permet d’être très progressif et d’accepter la mise « sur l’angle » dans la plus grande douceur. Il n’y a pas de rupture ou d’espace entre les crampons latéraux qui induisent une dose de flou ou de devoir marquer son virage. Avec le Python 3, on est tout en progressivité. On gagne ainsi en lecture de terrain et en confiance, et donc en vitesse.
La bande de roulement conserve son dessin original, tout en se musclant. En découle de belles compétences au freinage, mais on pourra reprocher au pneu de manquer de précision ou de tenue dans la trace, surtout en monte avant. La partie centrale du pneu n’offre pas de réel crampons « guides » et on perd en précision de pilotage, c’est le petit bémol du Python en monte avant.
À la rédaction, on a donc envisagé un combo Hutchinson Python à l’arrière et Hutchinson Kraken à l’avant pour parer à toutes les situations. Quelle place pourrait prendre le Python Race ici ? On espère pouvoir vous donner une réponse très vite.
Durant toute la durée de notre test, nous n’avons pas eu à déplorer de crevaison ou de perte d’étanchéité.
Plus d’infos sur le site de la marque : cycling.hutchinson.com/fr/pneus/vtt/