Test nouveauté | Haibike FlyOn XDuro AllMtn 8.0 : le vttae de tous les superlatifs

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Haibike FlyOn XDuro AllMtn 8.0 : le vttae de tous les superlatifs

Le Haibike Flyon est un engin atypique à plus d’un titre. Avec lui, la marque allemande s’aventure sur un terrain où elle est presque seule pour l’instant, et qu’on pourrait qualifier de « super e-bikes ». Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est une sorte de « monsieur plus » : plus puissant, plus lourd et plus impressionnant aussi que n’importe quel vtt électrique que nous avions eu l’occasion d’essayer jusqu’ici. Le plaisir est-il au rendez-vous ? Réponse après deux jours passés à son guidon du côté de Dijon.

 

Châssis

Le Haibike XDuro Flyon garde des lignes qui rappellent les autres modèles de la gamme, mais c’est un peu comme s’il avait pris des stéroïdes. Le triangle avant en carbone a des lignes massives et le volume du tube diagonal en impose franchement. La finition de l’ensemble est parfaite et donne tout de même une certaine classe à l’ensemble.

Quand on laisse glisser le regard sur le cadre, on se rend compte qu’il y a une série de petits détails assez inhabituels sur un vélo, fut-il à assistance électrique. Les surprises commencent au niveau de la douille de direction, sur laquelle on retrouve deux petites grilles d’aération, censées apporter un peu d’air frais à la batterie, mais qui sont aussi clairement des appendices esthétiques. Sur le cintre, on remarque aussi la présence d’un éclairage intégré (alimenté par la batterie du vélo mais amovible) de… 5000 Lumens !

A l’arrière aussi, il y a des feux de position rouges intégrés dans les haubans. Cela positionne clairement ce Haibike XDuro Flyon non pas comme un simple VTT, mais comme une sorte de SUV (sport utility vehicle) qu’on peut également utiliser comme moyen de transport toute l’année.

Au niveau de la suspension, la version AllMtn que nous avons testée ici offre 150mm de débattement à l’avant comme à l’arrière avec une cinématique de type 4BarLinkage. Le triangle arrière est en alu et l’amortisseur un Fox Float DPX2. A noter qu’il existe aussi un XDuro NDuro avec 180mm de débattement.

Autre subtilité : on constate la présence de tailles de roues différenciées. L’avant est en 29 pouces avec pneu en 2.5″ et l’arrière en 27,5+ avec une section de 2.8″. Une solution intéressante sur un VAE, qui permet de donner plus de grip/traction à l’arrière, ainsi que plus de tolérance, alors qu’on joue sur la précision de l’avant.

Moteur et batterie

Le moteur est sans aucun doute ce qui fait en grande partie la singularité de cet Haibile Flyon XDuro. Il s’agit d’un moteur développé par une autre société allemande, TQ, et dont Haibike détient actuellement l’exclusivité. Sa force ? Son couple qui dépasse tout ce qu’on trouve ailleurs sur le marché, avec pas moins de 120Nm annoncés, quand un Shimano ou un Bosch arrivent tout juste à 70Nm, ou un Brose à 90Nm.

Ce moteur se reconnaît à sa forme ronde, soulignée côté droit par une finition à ailettes argentées, à laquelle répond le plateau côté transmission. Il s’agit d’une couronne de grande taille, 34 dents. Les manivelles Haibike sont en 165mm de long pour éviter de (trop) taper au sol quand on pédale dans des zones techniques et des montées où cela serait impossible avec un vélo classique. A noter que, malgré les impressionnants chiffres annoncés, ce moteur est pleinement homologué et respecte la législation en vigueur pour les vélos limités à 25km/h.

La cartographie moteur de ce moteur TQ HPR 120S est spécifique à Haibike, tout comme l’écran de contrôle et son interface. A l’allumage, le vélo vous dit bonjour de manière personnalisée et l’affichage des infos qui apparaît ensuite est à la fois clair, complet et bien lisible, notamment grâce à une bonne définition et à une taille d’écran supérieure à la moyenne. Le placement sur le dessus de la potence est aussi idéal pour la lisibilité.

Une commande complète située à gauche du cintre permet de contrôler l’ensemble. La molette en haut sert à naviguer dans les menus, les boutons centraux servent pour l’éclairage et le mode walk, alors que la gâchette en bas permet de passer d’un mode d’assistance à l’autre (il y en a 5 au total). Chaque mode est associé à une couleur, qui habille l’écran de contrôle et qui dispose d’un rappel sur la commande.

Très séduisante en statique au premier abord, cette commande s’avère en fait trop sensible sur le terrain. Il n’y a pas assez de retour dans les doigts pour vraiment sentir si on a bien activé la fonctionnalité souhaitée et l’amplitude des mouvements à effectuer est trop faible, de sorte qu’il est difficile de faire preuve de finesse et qu’on va régulièrement trop loin dans les menus ou les niveaux d’assistance.

L’imposant tube diagonal renferme une batterie de 630Wh. C’est un peu au-dessus de la moyenne de 500Wh qui avait cours jusqu’ici, mais cela prend des airs de minimum syndical sur un tel engin. Comme nous le verrons plus loin, l’autonomie est bonne, mais sans plus.

La charge peut s’effectuer sur le vélo, mais la batterie est aussi amovible. Pour cela, il suffit d’enlever un cache situé entre le moteur et le bas du tube diagonal, puis d’ouvrir la trappe de sécurité au moyen de la clé fournie avec le vélo. L’opération est simple, mais on regrette que le cache externe ne tienne pas très fort. Résultat, nous l’avons perdu plusieurs fois sur le terrain… sans conséquence sur le fonctionnement et nous avons toujours entendu quand nous l’avons perdu, mais voilà un point qui mériterait d’être corrigé à l’avenir.

Un imposant chargeur 10A (fourni avec le modèle haut de gamme, en option sur les autres) permet d’obtenir 80% de charge de la batterie en seulement 60min.

Enfin, petit détail sur lequel Haibike a travaillé : le senseur de vitesse. Il s’agit de ce petit aimant situé sur la roue ou au niveau du disque de frein et qui sert à mesurer la vitesse de manière précise afin de couper l’assistance au-delà de 25km/h. Ici il ne s’agit pas d’un seul aimant, mais de pas moins de 18 petites pièces magnétiques réparties sur un cercle qui vient se placer sur les 6 vis d’attache du disque arrière. Cela permet une mesure plus précise et une coupure plus souple du moteur, qui est plutôt agréable et doux lorsqu’il s’arrête de procurer de l’assistance au-delà de 25km/h.

Géométrie

Au niveau de la géométrie, rien de très particulier à signaler, le Haibike Flyon XDuro joue bien la carte du All-Mountain avec un angle de direction dans la moyenne de la catégorie (65,5°). Le cadre n’est pas très profond au niveau du reach (437mm en taille M), ce qui montre une volonté d’être assez universel à ce niveau et de ne pas partir dans des valeurs extrêmes.

Par contre, le vélo est assez haut et il joue sur des bases longues (470mm), a priori bonnes pour le comportement en côte et la stabilité, mais moins pour la maniabilité. On semble donc plus sur un vélo rassurant et consensuel à ce niveau que sur quelque chose de radical.

Equipement, gamme et tarifs

Notre modèle de test est le Haibike Flyon XDuro AllMtn 8.0, situé en milieu de la gamme 150mm de débattement. Proposé à 6999€, il est prêt pour un usage intensif avec une Fox 36 Performance, une transmission XT 11 vitesses, une tige de selle télescopique XLC simple mais efficace et des roues maison avec jantes Rodi robustes et bien finies.

La gamme AllMtn comporte deux autres modèles, le 5.0 à 5999€ qui est en suspensions RockShox, freine Magura et transmission Sram GX, ainsi que le luxueux 10.0 en suspensions et roues DT, avec une transmission 12 vitesses Sram XX1 Eagle.

La série Flyon compte aussi une déclinaison NDuro 180mm avec 3 montages similaires à ceux de la version AllMtn, ainsi qu’un AllTrail semi-rigide en deux montages, avec un prix qui démarre à 4999€.

Il s’agit de tarifs de vélos haut de gamme, certes, mais l’ensemble est plutôt bien voire très bien placé par rapport à la concurrence. Haibike ne profite pas des caractéristiques uniques de ses modèles Flyon pour faire exploser les prix et c’est plutôt une bonne nouvelle. Sans compter qu’on bénéficie d’extras comme l’éclairage intégré. Bon, le vélo est prêt, il nous attend sur le pied d’atelier, c’est l’heure de voir ce qu’il vaut sur les sentiers !

Haibike Flyon XDuro AllMtn 8.0 : le test terrain

Vous l’avez sans doute déjà constaté, nous n’apprécions guère quand on rapproche un vélo électrique d’une moto car c’est, selon nous, à côté de la plaque. Ici, on est bien face à un vélo, il faut bel et bien toujours pédaler, mais on doit vous avouer que cet Haibike Flyon nous a obligés à revoir quasiment tous nos repères et à envisager sa prise en main totalement différemment de celle d’un VTT classique.

A son guidon, on se sent haut perché, et le cadre impressionne par ses proportions. De l’épaisseur de ses tubes jusqu’aux pneus, tout est superlatif, musclé, hypertrophié. Le poids de l’engin, plus de 28kg, est aussi impossible à ignorer. Sans assistance, il nécessite de très grosses cuisses pour être mis en mouvement. Par contre, il a le moteur qui va avec ! Car quand on met le courant, ça envoie !

La puissance du moteur du Flyon est immédiatement perceptible. Sur asphalte et chemins faciles, c’est un dragster qui pourrait rivaliser avec Usain Bolt sur un 0-25km/h. Bref, pour jouer au king du parking, y a pas mieux. Par contre, quand on l’emmène dans de petits singletracks bien techniques, on fait moins le fier. Imaginez-vous au guidon d’un Hummer turbo sur les petites routes du Tour du Corse. Vous voyez ? Eh bien nous ça nous a fait pareil avec le Haibike Flyon dans les combes au-dessus de Dijon.

Très franchement, lors de la première après-midi passée à son guidon, on n’a pas compris grand chose et on s’est même demandé si on savait encore rouler à vélo. Tirages tout droit en virage, cabrage quasi systématique en côte quand on ne perdait pas l’adhérence de l’arrière, freinages régulièrement à la limite : on a mis un paquet de temps à comprendre l’engin et à essayer de le dompter.

Puis, petit à petit, c’est venu. Et, finalement, c’est lors de la deuxième journée que nous avons réussi à vraiment trouver ça fun. Pour y arriver, on a abaissé le poste de pilotage au maximum pour arriver à charger un minimum l’avant – même si le vélo dans son ensemble reste selon nous bien trop haut ; on a fait passer le flipchip en position haute, mis un peu plus de pression dans l’amortisseur arrière pour éviter que le vélo ne s’affaisse trop et qu’on tape les pédales sur le sol à chaque gros caillou, on a baissé un peu la selle, et surtout on s’est mis à essayer de le piloter comme un vrai engin motorisé, une sorte de mini moto à pédales, presque un OVNI cycliste, plutôt que comme un VTT à assistance électrique classique. Et là, on a enfin pu commencer à prendre du plaisir.

Soyons aussi très clairs : il ne faut pas rechercher les mêmes saveurs que sur d’autres ebikes avec cet Haibike Flyon. Il ne se pilote pas en finesse, on ne s’amuse pas à filer de manière souple et fluide. Ici, le jeu, c’est de le dompter, de réussir à freiner au bon moment pour remettre la sauce en sortie de courbe, en ayant la banane quand on sent la puissance du vélo nous pousser en avant et nous jeter dans le virage suivant. Tant qu’à faire, c’est le genre de bike qu’on pilote quasi tout le temps dans les modes d’assistance les plus élevés car c’est comme cela qu’on peut en tirer le meilleur ; les modes inférieurs étant un peu trop anémiques à notre goût et imposent de rouler de façon trop linéaire, voire aseptisée à notre goût.

On s’amuse aussi quand on arrive à le maîtriser en côte raide, à garder le grip. C’est possible et finalement pas si dur que cela avec un peu d’habitude. Et quand on a compris le mode d’emploi, le Haibike Flyon et son moteur hors normes permettent de s’attaquer à des pourcentages assez incroyables, dans lesquels d’autres VTT électriques plus classiques rendront l’âme. Bref, on repousse ses limites, on s’amuse à les apprivoiser et c’est là que nous avons trouvé du plaisir avec cette machine.

Au fil des kilomètres, on a réussi à commencer à le trouver vraiment plaisant et à nous intéresser à la partie cycle au-delà du moteur. Cela aurait été dommage de passer à côté, car cet Haibike Flyon est doté d’une excellente suspension arrière, dont le fonctionnement colle parfaitement au caractère du Flyon. C’est souple, confortable, et le vélo est bien collé au sol… ce qui est plutôt pas mal car ce monstre de 28kg n’est pas vraiment du genre qui se pilote de manière aérienne en sautant d’un caillou à l’autre.

La rigidité du cadre mérite aussi des éloges. Heureusement d’ailleurs car avec une telle puissance à faire passer et un tel poids, cela aurait été la cata s’il avait été mollasson.

Ici, on rentre dans les obstacles et la fourche, comme les roues, le cadre et la suspension arrière encaissent tout sans broncher. La rigidité du cadre mérite aussi des éloges. Heureusement d’ailleurs car avec une telle puissance à faire passer et un tel poids, cela aurait été la cata s’il avait été mollasson. Ce n’est pas le cas, tant mieux, et cela permet donc de vraiment caler le vélo dans les appuis ainsi que de tenir les lignes quand on l’a inscrit en courbe. La finition de l’ensemble est aussi très soignée.

Par contre, au-delà des questions de goût sur le style de vélo et le pilotage qu’il impose, plusieurs défauts méritent d’être signalés et corrigés. On commence par un petit, mais assez agaçant : la plaque qui vient combler le vide entre la batterie et le moteur est maintenue par un simple système d’aimants bien trop faible, ce qui fait qu’il arrive qu’on perde ce cache (quand une pierre vient taper dedans par exemple). L’autre défaut est lui vraiment dérangeant : c’est le bruit du moteur, entre le vieux sèche-cheveux et la turbine à gaz. Allez, d’accord, on exagère avec la turbine mais vous comprenez l’esprit de sifflement permanent et de plus en plus présent quand on pédale fort.

Enfin, même si le moteur est puissant et ne manque pas de souffle, il manque par contre cruellement de reprises à bas régime. C’est un peu comme dans les premières voitures de sport à moteur turbo. Au début, rien ne se passe, puis toute la puissance déboule d’un coup. Le souci n’est pas ici tellement quand la puissance arrive, mais plutôt quand elle tarde à arriver parce qu’on a été surpris par un petit raidillon en sortie de virage ou qu’on veut négocier un passage technique à une faible cadence de pédalage. Là, on aimerait qu’il montre sa poigne, mais il faut attendre trop pour qu’il le fasse et c’est régulièrement pénalisant quand on évolue sur terrain technique. Quant à l’autonomie, elle est correcte, mais la batterie de 625Wh a quand même tendance à se vider assez vite car le vélo incite à un pilotage sportif ainsi qu’à l’utilisation des modes d’assistance les plus élevés. Comptez donc 35km et 1000/1100m de d+ en usage intensif, pas plus. Ce qui est comparable à un ebike plus classique en Shimano ou Bosch, avec une batterie de 500Wh.

Que retenir de cet essai ?

On ne va pas vous le cacher, ce genre de vélo n’est pas vraiment notre tasse de thé. On a roulé le Flyon une fois, c’était sympa, on a vu ce que c’est et on se dit il y a certainement un public pour ce genre de vélo atypique. Juste que ce n’est pas vraiment nous. Parce que si on s’est bien marré, c’est vrai, on n’a pas complètement accroché. On n’a rien contre ce genre de machine par principe et il faut bien préciser que, malgré tout ce qu’on a dit plus haut, oui, le Haibike Flyon reste un vélo, parfaitement homologué comme tel, et pas un objet motorisé débridé qui fait de vous un terroriste des sentiers. L’assistance coupe toujours à 25km/h et il est même plus dur d’aller au-delà qu’avec d’autres vélos électriques. On ne risque pas non plus de faire plus peur à d’autres usagers de la forêt qu’au guidon d’un VTT classique et c’est toujours le pilote qui est à blâmer plus que l’engin en cas de souci. Par contre, on imagine que son comportement devrait davantage plaire à des gaillards qui ont un background dans les sports mécaniques (enduro moto, motocross,…) qu’à de purs vététistes, surtout s’ils viennent du XC et qu’ils ont eu l’habitude par le passé de rouler avec des vélos à moins de 10kg…

Ce test du Haibike Flyon s’est avéré très instructif à plusieurs égards. D’une part parce qu’on a testé un ebike tout à fait hors format et hors cadre, impossible à comparer avec quoi que ce soit d’autre que nous ayons déjà essayé auparavant. D’autre part car cet essai montre – si certains en doutaient encore – que ce n’est pas parce que c’est le plus puissant, le plus musclé et qu’il a une plus grosse batterie, que c’est forcément le meilleur VTT électrique de tous les temps. Pour bien nous faire comprendre, on va vous resservir une de ces métaphores culinaires qu’on aime tant : ici, ce n’est pas le restaurant gastronomique où on va apprécier la finesse de mets délicats préparés en petites quantités. C’est plutôt le buffet à volonté, le « all you can eat » ! Alors, les plats que nous sert cet Haibike Flyon sont plutôt bons, mais c’est un vélo riche, opulent, avec le supplément crème fraiche inclus.

Pour notre part, l’histoire s’est bien terminée, on gardera un souvenir sympa de cet essai, mais des machines plus légères, moins bruyantes et à l’assistance électrique bien présente mais plus subtile ont tendance à nous parler bien plus que le Flyon. Cela dit, tous les goûts sont dans la nature et on comprend que Haibike ait eu envie de conquérir un nouveau créneau quasiment pas exploité avec ce Flyon, d’autant qu’il y a bien d’autres modèles dans la gamme de la marque et des autres enseignes du groupe Accell (Lapierre en tête) pour ceux qui, comme nous, ne se reconnaîtraient pas vraiment dans ce genre de machine.

Plus d’infos : https://www.haibike.com/be/fr/flyon/modeles

ParOlivier Béart