Test nouveauté | Gamme Moustache 2020 : (r)évolution discrète mais efficace

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Gamme Moustache 2020 : (r)évolution discrète mais efficace

Nouveau moteur Bosch, nouveaux cadres, nouveaux noms, nouvelle cinématique avec un amortisseur maison revu en profondeur : la gamme Moustache 2020 est sans doute une de celles qui changent le plus en profondeur depuis la création de la marque, qui en est déjà à sa 9e saison. Pourtant, extérieurement et esthétiquement, rarement les vélos du spécialiste français de l’e-bike n’ont été aussi discrets. Ensemble, découvrons ce qui se cache sous le voile :

Que de changements depuis notre première visite début 2016. Même si le nom était déjà bien connu à l’époque, au fil des ans, Moustache n’a fait que renforcer sa place de référence sur le marché des vélos électriques. C’est bien sûr dû au fait que la marque française, basée à Epinal, ne fait que des vélos à assistance (sauf une draisienne pour enfant), mais aussi et surtout parce qu’elle a toujours innové et fait figure de pionnière sur ce segment en pleine évolution.

La croissance de la marque ne s’est jamais démentie jusqu’ici, comme en témoigne la toute nouvelle et très impressionnante usine qui vient d’être inaugurée à quelques kilomètres de l’ancienne, ou encore les sympathiques photos d’équipe prises avec les 4 premiers employés, puis l’équipe actuelle. Mais, après 9 saisons, Moustache voit apparaître de plus en plus de concurrents. C’est donc dans une petite révolution, discrète mais profonde, que Moustache s’est lancé pour ce millésime 2020, afin de rester au sommet.

Nous avons eu l’occasion de découvrir tout cela en avant-première cet été et, maintenant que tous les nouveaux modèles sont en ligne sur le site de la marque, mais aussi et surtout en train d’arriver en magasin, nous publions cet article qui a pour but de vous aider à bien voir les principales évolutions de la nouvelle gamme, avant de passer à une prise en main des trois modèles phares de la famille VTT.

La base : le nouveau moteur Bosch Performance CX

Bosch vient de présenter la nouvelle version de son moteur Performance CX, beaucoup plus compact et léger que le précédent. Partenaire exclusif de l’équipementier allemand depuis le début, il est logique de voir Moustache adopter ce nouveau bloc, qui se distingue aussi par une réduction drastique des frottements (voir notre article complet pour plus de détails).

L’encombrement réduit et les dimensions du nouveau Bosch Performance CX ont ouvert des portes en matière de conception du châssis pour les ingénieurs Moustache. Nous en parlerons plus loin, mais les bases n’ont pas pour autant été raccourcies à l’extrême par exemple.

Non, Moustache a plutôt profité de la plus grande compacité du nouveau moteur pour revoir le placement de l’amortisseur (qui ne traverse plus le tube de selle), placer plus finement les points de pivot de la suspension, ou encore abaisser le plus possible la base de la batterie, de sorte à pouvoir utiliser sans souci les modèles Bosch Powertube intégrés de grande capacité.

Batterie : 625Wh et « vraiment » intégrée

Sur la précédente génération, Moustache avait marqué les esprit avec une solution un peu complexe mais esthétique et très efficace au niveau du centrage des masses : l’intégration à même le cadre d’une batterie standard, « non intégrée », de Bosch, moins longue qu’une Powertube (image de gauche). A l’heure où beaucoup de vélos avaient encore des batteries externes, façon verrue posée sur le tube diagonal, c’était impressionnant. Aujourd’hui, la concurrence propose aussi de beaux et bons vélos avec batterie intégrée, et les consommateurs demandent de plus en plus de disposer de batteries de plus grande capacité alors que le concept Hidden Power des millésimes précédents limitait la capacité à 500Wh.

On l’a dit juste avant, grâce au nouveau moteur plus compact que son prédécesseur utilisé sur les gammes Moustache précédentes, le bas de la batterie a pu être abaissé de plusieurs centimètres, de sorte que le sommet d’une nouvelle batterie Bosch PowerTube de 625Wh ne monte pas plus haut que sur les modèles Hidden Power des collections précédentes.

Pour les modèles d’entrée de gamme et pour ceux qui veulent alléger un peu leur monture (600g de différence) pour des sorties plus courtes, il sera tout à fait possible aussi de monter une batterie Bosch Powertube 500Wh, simplement équipée d’un adaptateur mis au point par Moustache pour que cette batterie plus courte puisse prendre place dans le tube diagonal sans souci et sans bouger le moins du monde.

Désormais, l’accès à la batterie se fait par le bas. Elle est protégée par un carter en plastique à haute résistance aux impacts grâce à une structure en nid d’abeilles et au matériau utilisé pour le fabriquer. A noter aussi que, même si le moteur est laissé plus « ouvert » et exposé en bas sur le Moustache par rapport à d’autres modèles équipés par Bosch, on trouve aussi une protection étroite mais d’une belle épaisseur, telle une arête de poisson, pour protéger efficacement le bloc moteur des impacts. Enfin, il faut toujours une clé pour pouvoir sortir la batterie du vélo, mais le système nous semble plus rapide et facile qu’auparavant.

L’arrivée de modèles en 29 pouces

Nés avec une roue de 26, puis 27,5 pouces à l’arrière et une autre en 29″ à l’avant, les VTT Moustache ont été précurseurs de ce qui porte aujourd’hui le nom de « reverse mullet », à savoir le montage de roues de tailles différente à l’avant et à l’arrière. Pourtant, même si cette solution gagne en ce moment au plus haut niveau en DH (avec Loïc Bruni) et en enduro (avec Martin Maes), et si elle a été adoptée par plusieurs marques en e-bike (Lapierre, etc), Moustache s’est tourné cette fois vers des choix plus conventionnels, mais qui ne sont pas pour autant dénués de sens.

Ainsi, le Wide, modèle le plus accessible et grand public de la gamme VTT suspendue, reste équipé de roues en 27,5+, avec pneus en 2.8 de section, à l’arrière… comme à l’avant. Cela a du sens, puisqu’il s’agit d’un format rassurant, plus confort et moins axé sur l’attaque et la recherche des limites de la machine. Le modèle Trail, voulu comme très polyvalent, reste aussi en 27,5+.

Le modèle Game, le gros dur enduro de la nouvelle gamme, passe par contre aux roues de 29″ devant comme derrière. Pourquoi ce choix ? Tout simplement pour privilégier la précision de pilotage, la réactivité et pour séduire des bikers un peu plus pointus avec ce modèle conçu dans une optique de performance sur des terrains bien techniques.

A noter qu’il est toujours possible de monter des roues de 27,5+ ou de 29″ sur n’importe quel châssis car la différence de diamètre reste acceptable, et Moustache joue la carte d’un cadre unique avec un petit flip chip à inverser selon le format de roue choisi, pour adapter la hauteur de boîtier de pédalier et éviter d’être soit perché trop haut ou trop bas.

Moustache ne cache pas non plus que c’est le même triangle avant qui est utilisé sur les Wide 120, Trail 150 et Game 160, mais monté avec des amortisseurs, biellettes et bras arrière différents pour créer la personnalité de chaque modèle et faire varier les débattements. Une solution simple mais efficace qui existe déjà depuis plusieurs années chez Moustache.

Géométrie : moderne, pas extrême

On le voit en prenant pour base l’exemple du modèle Trail en 150mm de débattement, Moustache ne s’est pas lancé tête baissée dans la mode du « longer, slacker » comme disent à tour de bras les américains. La marque Française est restée fidèle à ses valeurs, avec notamment un reach (profondeur du cadre) qui reste identique aux valeurs des modèles précédents. Et si l’angle de direction est un poil plus couché que par le passé, et le tube de selle un peu plus droit, cela se joue sur moins d’un degré. Les bases ne sont pas non plus hyper courtes (460mm) et jouent plus la carte du compromis.

Les grands seront heureux : il y a désormais aussi une taille XL ! Elle permettra également à ceux qui aiment les vélos très longs de trouver leur bonheur en optant pour une taille au-dessus de celle recommandée normalement pour eux.

Une suspension revue en profondeur

Ce n’est pas nécessairement le plus visible, mais on a en quelque sorte laissé le meilleur pour la fin, car il s’agit d’un des points sur lesquels les équipes Moustache ont le plus travaillé, Manu Antonot, le co-fondateur et tête pensante technique de la marque, en tête.
La cinématique reste de type Four Bar Linkage comme avant, mais elle a été entièrement retravaillée avec un centre rotation poussé plus loin en avant, de sorte à donner une suspensio plus neutre au pédalage mais toujours très efficace sur les impacts.

Moustache conçoit depuis quelques années ses propres amortisseurs, et c’est encore une fois le cas ici avec ce tout nouveau modèle à air baptisé Magic Grip Control et développé dans l’optique d’une utilisation « e-bike only ». L’idée est d’avoir quelque chose de sensible, réactif, et qui offre beaucoup de grip ; une caractéristique importante pour un e-bike. Malgré la présence du moteur, il ne faut pas non plus avoir une suspension qui mange toute l’énergie, et le circuit de rebond a fait l’objet d’une attention toute particulière, afin de procurer une sensation de « dynamisme » et d’être comme « poussé en avant » en montée.

Outre le travail fait sur l’intérieur de l’amortisseur, on note aussi qu’il passe en fixation Trunnion sur la partie haute. En plus d’une meilleure rigidité au niveau de la jonction avec la biellette, cela permet un montage sur roulements, synonyme de réduction des frictions et donc d’un meilleur seuil de déclenchement sur les petits impacts.

Les détails

Qui dit nouveau moteur Bosch dit aussi nouvelle commande et display Kiox sur les modèles haut de gamme (les autres restant en Purion). Le capteur de vitesse est désormais intégré dans la pièce forgée qui sert de patte arrière et de fixation pour l’étrier de frein. L’aimant n’est plus sur la roue mais sur le disque pour plus de sécurité et de précision.

Le passage des câbles et gaines dans le cadre est aussi nettement simplifié et plus épuré que par le passé, tant au niveau de la douille de direction, qu’au niveau du tube de selle pour la tige de selle télescopique et de la transition avec le bras arrière. Tout passe en interne, sans oublier les aspects pratiques pour permettre une maintenance facile. Ah oui : vous aurez sans doute remarqué qu’il n’y a plus de cadre carbone dans la gamme. Moustache ne dit pas qu’il n’y en aura plus jamais, mais plutôt que cette nouvelle gamme a demandé tellement de travail que la marque a préféré concentrer toute ses ressources sur la conception de cadres alu parfaitement aboutis plutôt que de se disperser.

Il n’y a plus non plus de plaque carbone rajoutée sur la face externe de la biellette. Celle-ci est désormais entièrement forgée, et il n’y a plus de vides usinés à venir masquer avec un insert carbone comme par le passé. Epurer et simplifier sont les maîtres-mots.

Au niveau des montages, on constate que Shimano fait une véritable razzia au niveau des transmissions et des freins. Dès le milieu de gamme, on retrouve du SLX/XT en 12 vitesses, puis du XTR dans le haut de gamme. Seuls les modèles les plus accessibles restent en Sram (SX ou NX). En suspensions, c’est du Suntour pour débuter, du RockShox en milieu de gamme et du Fox pour les modèles Premium.

Moustache continue d’investir aussi dans sa gamme de composants maison. Les excellentes roues Just alu et carbone sont inchangées, mais la tige de selle télescopique arrive dans une version Evo au mécanisme revu, dont le débattement peut aller de 100 à 170mm (ajusté selon la taille du vélo et le modèle choisi). Cette dernière est présente sur tous les tout-suspendus de la marque, y compris en entrée de gamme.

La gamme Moustache 2020

Avant de passer au test terrain, jetons un œil aux différents modèles de la gamme et aux nouvelles appellations pour bien préciser à quel type de vélo elles se rapportent.

Moustache Samedi 27 Wide

Le Samedi 27 Wide ouvre littéralement une nouvelle catégorie chez Moustache, celle d’un petit 120mm fun, accessible, pensé notamment pour les débutants et ceux qui habitent dans des régions peu vallonnées mais qui pensent, comme nous, qu’un full suspendu est un must en électrique.

Comme les autres modèles plus engagés, il est doté du nouveau moteur Bosch Performance CX, en batterie 500 ou 625Wh avec commande Purion. Pas de concession de ce côté, donc, mais une géométrie plus compacte avec un cadre plus court et plus bas, ainsi que des roues et pneus en 27,5+.

Disponible en niveau d’équipement 2, 4 et 6 sur une échelle qui grimpe jusqu’à 10, il ne vise pas non plus le haut de gamme de ce côté. Les tarifs :

  • Samedi 27 Wide 2 : 3999€
  • Samedi 27 Wide 4 : 4599€
  • Samedi 27 Wide 6 : 5199€

Moustache Samedi 27 Trail

Le Moustache Samedi 27 Trail reste aussi, comme son nom l’indique, en roues de 27,5 pouces avec pneus en 2.8. Il voit par contre son débattement passer de 140 à 150mm et il se positionne entre les modèles Trail et Race de la gamme précédente. Il marque aussi clairement sa différence par rapport au Wide tout en se voulant plus polyvalent que son prédécesseur.

Il souhaite s’adresser aux bikers exigeants qui veulent pouvoir tout faire ou presque à son guidon, depuis une rando relax entre copains, jusqu’à de l’enduro bien engagé. C’est au guidon de cette machine que Jérôme Giloux et Julien Absalon ont décroché les médailles d’argent et de bronze lors du premier championnat du monde de VTT électrique organisé cet été. Ils roulaient à cette occasion en roues de 29 pouces, plus adaptées à ce format de compétition haut niveau type « xc hard ».

On monte plus haut en gamme qu’avec le Wide, et l’offre est plus large, allant du niveau 4 à 10. Les tarifs :

  • Samedi 27 Trail 4 : 4499€
  • Samedi 27 Trail 6 : 5399€
  • Samedi 27 Trail 8 : 5999€
  • Samedi 27 Trail 10 : 6999€

Moustache Samedi 29 Game

Le Moustache Samedi 29 Game n’a pas beaucoup plus de débattement que le Trail, mais il se veut plus pointu, destiné à des reliefs plus prononcés, faisant moins de compromis et s’adressant à des pilotes plus exigeants. Il offre 160mm de débattement, mais surtout des roues de 29 pouces avec pneus en 2.5 qui le placent dans cette tendance des vélos typés enduro à grandes roues et grand débattement.

Pour l’anecdote, il a d’ailleurs failli être équipé d’un amortisseur à ressort hélicoïdal pour encore plus affirmer sa différence avec le reste de la gamme. Puis, finalement, après de nombreux tests, d’excellentes performances ont pu être obtenues avec le nouvel amortisseur Moustache à air, bien plus léger et facile à régler qu’un coil. Mais que ceux qui souhaitent radicaliser encore plus ce vélo se rassurent, ils peuvent toujours le faire et Moustache se fera un plaisir de leur donner les spécifications recommandées pour leur amortisseur à ressort.

Le Game est disponible en quatre montages milieu à haut de gamme. Les prix :

  • Samedi 29 Game 4 : 4999€
  • Samedi 29 Game 6 : 5599€
  • Samedi 29 Game 8 : 6299€
  • Samedi 29 Game 10 : 7499€

Mais aussi…

Les modèles Off semi-rigide sont aussi actualisés avec des châssis qui intègrent le nouveau moteur et la batterie Powertube. On note aussi l’arrivée d’un « quasi VTT » avec un cadre en col de cygne qui offre, selon Moustache, une rigidité hors normes pour ce type d’architecture, ce qui permet d’envisager un usage off-road déjà d’un bon niveau. Enfin, pour les plus jeunes ou les personnes de petite taille, un modèle 26 reste au catalogue, avec le tube diagonal Hidden Power inversé pour cacher sa batterie.

Le châssis du Samedi 27 Wide arrive également sur plusieurs modèles de la gamme X-Road, sortes de SUV du vélo, équipés de garde-boue et de porte-paquet, aussi à l’aise sur route que sur des chemins non asphaltés. On n’oublie pas non plus la nouvelle famille gravel Dimanche 29.

Moustache Samedi Wide, Trail et Game : premier test terrain

La région d’Epinal, où se situe le siège de Moustache, c’est le début des Vosges. Autant vous dire qu’il ne faut pas aller bien loin pour trouver des coins sympas où rouler. Racines à gogo, côtes raides, petites descentes engagées, il y a de quoi se faire plaisir !

Après avoir examiné chaque vélo en statique, c’est sur ces pistes où sont mis au point et roulés les modèles de la gamme, que nous avons pris les commandes des trois plus grosses nouveautés Moustache 2020 durant quelques heures. Ce n’est bien sûr pas un test complet, mais c’est déjà intéressant pour avoir un premier aperçu des spécificités de chaque modèle et pour voir si ce qui est annoncé sur papier se vérifie bien sur le terrain.

Moustache Samedi 27 Wide 6 : l’accessible

Notre prise en main des modèles de la gamme Moustache 2020 débute avec le plus « petit » vélo de la bande, le Samedi 27 Wide. Petit, il l’est un peu dans tous les sens du terme : au niveau de son débattement de 120mm, qui est le plus petit de la nouvelle gamme full suspendue, mais aussi par la taille du seul exemplaire disponible pour le test. Il s’agit d’un taille M, mais le châssis est volontairement plus court sur ce modèle qui se veut plus accessible et axé confort que les autres (reach de 409mm en taille M contre 435mm sur le Trail par exemple). Et pour les 178cm de votre serviteur, c’est fort petit par rapport à ce que nous avons l’habitude de rouler.

Qu’à cela ne tienne, on va se concentrer sur d’autres caractéristiques. A commencer par la suspension. Malgré seulement 120mm, le fonctionnement de l’arrière est bluffant. La notion de confort n’est pas un vain mot et ce Samedi 27 Wide est un vrai pullman, y compris à faible allure. La sensibilité sur les petits impacts est parfaite, les racines sont parfaitement avalées, et même quand on hausse le rythme, l’assiette du vélo reste parfaite et on sent une grande stabilité. C’est un joli tour de force sur un vélo trop petit pour nous et avec lequel on aurait vite fait de survirer ou de tourner de manière saccadée et imprudente.

On ne va pas tirer de grandes leçons en matière de maniabilité, puisque la perception est bien sûr influencée par la taille du cadre, mais ce qu’on peut par contre dire, c’est que le grip est aussi de très haut vol. Dans les fortes côtes, le pneu est comme verrouillé au sol et les roues 27,5+ spécifiques à ce modèle renforcent cette sensation de facilité et cette impression de pouvoir tout grimper sans avoir à être un génie du pilotage. Pour autant, la suspension et même les roues à pneus larges ne donnent pas l’impression d’être collés au sol. Le vélo garde un beau répondant, grâce à une suspension peu sensible au pédalage, qui ne s’affaisse pas et qui donne même l’impression de vous pousser en avant quand vous appuyez fort sur les pédales. Au final, on en oublierait presque son poids, largement au-dessus des 20kg.

Accessible, simple, sans prise de tête, le Moustache Samedi 27 Wide a déjà tout d’un vrai Moustache. Son débattement est réduit mais l’efficacité de la nouvelle cinématique et de son amortisseur dédié est telle qu’on a l’impression d’avoir bien plus que 120mm entre les jambes. Pour celui qui cherche un vélo confortable et sûr, mais qui n’oublie pas d’avoir un peu de caractère quand même, il semble qu’on tient là une future référence. On a hâte de l’essayer dans la bonne taille pour confirmer tout cela.

Moustache Samedi 27 Trail 8 : l’héritier

Le Moustache Samedi 27 Trail ne change pas de nom, car il se veut dans la droite ligne de son prédécesseur : comme une sorte de couteau suisse version e-bike. Avec ses 150mm de débattement devant comme derrière, il se place sur un créneau très concurrentiel et populaire sur lequel on trouve aussi par exemple le Specialized Levo.

Pour tout vous dire, si on comprend que le Wide reste en 27,5+, on s’attendait à ce que le Trail passe en 29 pouces. Mais cela va nous permettre de comparer plus directement le nouveau avec ses prédécesseurs, que nous avons roulés il n’y a pas si longtemps (voir nos essais du Trail 6 2018 et du Race 8 2019) et qui étaient aussi en 27,5+. Ici, nous sommes aussi sur un vélo en taille M, comme sur le Wide, mais le cadre plus long convient mieux à nos mensurations.

Clairement, le Trail 8 2020 est plus vif au pédalage et semble nettement plus léger que son prédécesseur alors qu’il ne doit y avoir qu’un gros kilo d’écart. La suspension est plus neutre, elle donne effectivement l’impression d’être un peu poussé en avant à chaque coup de pédale et cela donne un pédalage très agréable, proche d’un vélo sans assistance, ce qui est rare sur un vélo électrique. Vraiment, ces nouvelles suspensions ne cessent de nous étonner !

En descente, on se rapproche fort d’un modèle Race du millésime 2019. Il n’y a pas de révolution, mais le fait que le modèle polyvalent de la nouvelle gamme descende aussi bien que la version la plus engagée de la collection précédente est déjà un bon signe. Cela reste un Moustache, maniable, facile à prendre en main et assez précis, mais on parvient à voir les limites du 27,5+ devant. Pourquoi pas tenter un mélange 27,5+ derrière/29 devant sur ce modèle ? Cela pourrait être sympa. Même si ce n’est pas prévu de série, rien n’empêche de tester car tout est compatible. Nous le ferons lors d’un test plus longue durée !

Moustache Samedi 29 Game 10 : l’explosif

Le Moustache Samedi 29 Game 10 est intimidant dans sa robe noire, avec ses grandes roues et ses 160mm de débattement. D’autant que nous allons l’essayer en taille Large, comme pour venir encore corser le tout et renforcer son petit côté extrême. Ce n’est pas pour nous déplaire, mais nous sommes curieux.

Magie du moteur et de la nouvelle suspension, le dynamisme au pédalage reste bien présent et il roule largement aussi bien que le Trail 8 essayé juste avant. Les roues de 29 viennent compenser ce que le tarage différent des suspensions, plus axé descente, peut faire perdre. Il donne encore plus envie d’essayer le modèle Trail en 29 ou en 27,5+/29 !

Quand la pente s’inverse, il nécessite plus de concentration mais il est plus précis dans les trajectoires que le Samedi 27 Trail. Les 10mm de débattement en plus ne sautent pas aux yeux, mais les roues permettent par contre d’encore mieux apprécier la rigidité parfaitement dosée du châssis. En l’absence de gros pneus pour absorber une bonne partie des vibrations et des successions de chocs, le cadre joue un rôle plus important et il l’assume parfaitement. Moustache a réussi un subtil compromis et cela mérite d’être souligné.

Dans les changements de direction, il semble un peu plus vif et naturel que le Trail. Il ne donne en tout cas pas l’impression d’être un gros vélo difficile à manœuvrer, même s’il pardonne moins que son petit frère et s’il demande un bon coup de guidon pour en exploiter tout le potentiel. Cela dit, même avec un niveau plus modeste, ce n’est pas un vélo rébarbatif qui ne réserverait ses charmes qu’à quelques experts.

Le Game est une vraie belle surprise, qu’on a envie de prendre plus le temps de découvrir car on pressent un vélo attachant et doté d’une vraie personnalité.

Verdict

Au niveau du design, les vélos Moustache de la saison 9 rentrent un peu dans le rang, et on s’attendait aussi à certains choix techniques plus audacieux (comme un retour à des tailles de roues panachées 27,5/29 par exemple). Mais s’ils se démarquent peut-être un peu moins de la concurrence sur le papier, dès qu’on les emmène sur les sentiers, on prend la mesure de tout le travail qui a été effectué pour le développement de cette collection particulièrement aboutie. Le nouveau moteur Bosch passe presque au second plan, c’est dire ! Sur de plus longues sorties, on appréciera sans doute la plus grande autonomie, mais à l’issue de ces trois prises en main, ce qu’on retient comme traits de caractère qui traversent toute la gamme, c’est avant tout l’équilibre des châssis et cette suspension magique qui est probablement la plus aboutie que nous avons testée à ce jour en matière de vélos à assistance électrique. Rendez-vous est pris très vite pour un essai plus complet de ces nouveautés prometteuses !

Plus d’infos : https://moustachebikes.com

A noter également que, puisqu’il n’y a rien de mieux que de vous forger votre propre avis avant achat, Moustache dispose d’une flotte de test de pas moins de… 800 vélos répartis chez ses revendeurs dans le cadre du programme Test & Smile. Pour réserver un essai près de chez vous, c’est par ici : https://moustachebikes.com/test-and-smile/en-savoir-plus/

ParOlivier Béart