Test nouveauté | Focus Jam2 : les détails font la différence

La marque allemande ne partait pas de zéro avec son Jam2. La version équipée du « précédent » moteur Bosch Performance CX avait su nous séduire à bien des égards, mais le poids de la grande batterie, certains points de la suspension et des éléments de finition ont toutefois laissé entrevoir de possibles évolutions. 

Focus a profité du lancement du nouveau moteur Bosch pour revoir sa copie plus en profondeur qu’on pourrait l’imaginer en l’observant. 

Ce qui change, c’est l’approche générale des chefs produits chez Focus, et ça impacte de nombreux points. Au lieu de concevoir des vélos que tout le monde pourra utiliser, Focus a plutôt cherché à adapter ses vélos à un profil type d’utilisateurs, quitte à ne pas plaire à tout le monde. Cela se traduit par des choix techniques, des choix de géométrie et des réglages de suspensions. 

Le Focus Jam2 affiche 150 mm de débattement à l’arrière, 160 mm à l’avant, avec des roues de 29 pouces et mis en musique par le nouveau moteur Bosch Performance CX. 

Châssis : l’aluminium par choix

Carbone ou aluminium ? Focus a arrêté son choix sur l’aluminium pour deux raisons. La première est que la marque a choisi d’investir là où les gains sont ressentis par l’utilisateurs. Et sur un « gros » VTTAE, Focus a jugé que les performances de l’aluminium étaient suffisantes. 

Le second point est l’impact écologique de la production du carbone tel que Focus le faisait jusque-là. La marque ne tire pas un trait sur ce matériau, mais n’ira pas plus loin tant qu’elle n’aura pas trouvé une usine ou un processus de production plus respectueux de l’environnement et en phase avec ses objectifs. 

On a failli se laisser avoir au premier coup d’oeil tant les lignes du cadre sont douces et les soudures invisibles sur l’avant du vélo. La marque a en effet procédé à un « gommage » de ces dernières en ajoutant une résine polie pour un rendu très « carbone ». Pour les pièces moins visibles ou les tubes qui s’assemblent bout à bout, ce n’est pas possible et on retrouve les soudures de l’aluminium. 

Côté design, Bianka Haltenort en charge de ce poste chez Focus précise qu’aux envies de design est aujourd’hui nécessairement associé le besoin d’assurer une production plus « responsable ». Les pièces en plastique suivent la même direction, elles sont mieux « sourcées » et font la part belle aux plastiques recyclés. 

On repère immédiatement que Focus a fait cette fois le choix d’un tube inférieur « ouvert » qui permet d’accéder facilement à la batterie. Pour ce nouveau vélo, on embarque, au choix, une batterie de 600 Wh ou de 800 Wh en utilisant un cache légèrement bombé. Les détracteur de ce choix technique avancent un potentiel manque de rigidité. 

Moteur : Bosch performance CX 

Le nouveau Focus Jam2 est lancé le même jour que la dernière version du moteur Bosch Performance CX. Nous y consacrons un article et une vidéo complète, mais retenez que si le moteur conserve ses valeurs de couple et de puissance, il devient plus souple, plus silencieux (au pédalage et à la descente) et plus résistant à la montée en température.

Le moteur s’allège très légèrement et reprend globalement le même volume, mais son fonctionnement a été considérablement raffiné. Ça se sent dès les premiers coups de pédale sur ce nouveau Focus Jam2. 

On vous le disait, deux choix de batteries sont possibles (600 ou 800 Wh) et elles sont associables à un range extender (en option) de 250 Wh portant l’autonomie totale à 850 ou 1050 Wh. 

Focus fait le choix de conserver un écran sur ses vélos avec le Kiox 300 positionné à droite de la potence. On retrouve beaucoup d’informations (si vous êtes preneurs), et il s’associe au contrôleur « Led Remote » qu’on ne porte pas dans notre coeur. Certes, l’accès aux fonctionnalités et menus de l’écran est facile, mais en utilisation VTT on trouve mal les boutons, on appuie sur les mauvais par mégarde et on s’y perd. Bref, pour nous, c’est la « Mini Remote » qui s’adapte parfaitement à notre pratique et qu’on aurait aimé voir sur ce vélo.

Géométrie : pas de révolution 

Focus a fait le choix de rester proche de ce qui était proposé par son précédent Jam2 avec une géométrie moderne sans être extrême. Le vélo est un tantinet plus court avec un reach de 455 mm en taille M, un stack de 639 mm et un angle de direction qui passe de 64,5 à 65°. 

Le vélo se veut « passe-partout » et sa géométrie est bien conçue pour poursuivre cette ambition. 

Cinématique et suspension

Là encore, pas de révolution. Le Focus Jam2 conserve son architecture « Four bar linkage » et annonce des valeurs d’anti-rise au sag (30%) de 61% et d’anti-squat à 111%. 

Ce sur quoi la marque insiste, c’est le travail fait sur les suspensions. Focus annonce avoir travaillé plus attentivement sur l’adaptation des suspensions au programme du vélo, et à l’utilisateur ciblé. Au lieu d’avoir des amortisseurs qui conviennent « à tous », la marque allemande a choisi de donner plus de caractère à ses vélos avec des suspensions « préparées » avec les fournisseurs. C’est une pratique qui tombe sous le sens pour beaucoup de marques, mais Focus marque ici une rupture avec la démarche choisie jusqu’en 2021. 

Pour les deux chefs produits Tim et Stixie, c’est là que se trouve le coeur de ce nouveau Jam2, et ils ont profité de la sortie de nouveaux amortisseurs à plus gros volume pour jouer sur la progressivité de la suspension.

On retrouve sur notre vélo de test un amortisseur Rockshox SuperDeluxe avec le plus gros volume d’air possible pour jouer sur les compressions. La marque annonce également ajouter des « tokens » dans ses fourches quand c’est nécessaire. 

Construction 

La marque mûrit, les petits défauts disparaissent. Exit le bout de caoutchouc qui se détache du port de chargement, et bonjour à une belle petite trappe en plastique rigide. 

Mario nous présente également la protection de base qui a demandé de nombreuses versions pour construire une pièce creuse, solide et silencieuse. Le même travail a été effectué pour la protection sous le tube inférieur. 

On retrouve toujours les gros roulements protégés. 

On découvre également la nouvelle version de la potence « intégrée » de Focus.  Les câbles ne passent plus dans la potence, mais s’intègrent juste en dessous. Sur notre modèle de test haut de gamme, un cockpit, le CIS 2.0, en une pièce a même été développé. 

À l’intérieur du vélo, quand on retire la batterie, on observe les câbles maintenus au fond du tube par des pièces en plastique. Ces pièces peuvent également maintenir un Airtag (un système Apple, vendu séparément, qui permet de géolocaliser la pièce). 

Sur toutes les tailles de cadre, deux vis permettent de fixer quelques outils, voire une pochette complète sur les grandes tailles (L et XL). 

La gamme Focus Jam2  : modèles et tarifs

On retrouvera quatre modèles. Le Jam 6.7 à 4999 €, le 6.8 à 5999 €, le 6.9 à 6599 € et le 6.0 à 7999 €. Tous seront proposés en quatre tailles, et pour les trois modèles les plus accessibles il sera possible de choisir une batterie de 600 ou 800 Wh. Pour le modèle 6.0, seule une batterie de 600 Wh est proposée. 

Petit détail croustillant, le modèle 6.8 est annoncé, mais pas encore disponible. On repère sur la fiche technique « Sram Eagle 70 transmission – new Sram Eagle transmission », ce qui présage de futurs lancements de produits. 

Sur la balance, Focus ne joue pas dans la catégorie léger puisque c’est toujours 24,9 kg qui sont annoncés en taille M et en batterie de 600 Wh. La marque annonce toutefois un comportement bien différent, mais ça c’est notre passage sur le terrain qui nous le dira.

Focus Jam2 6.0 : prise en main 

Direction la vallée de Munster en Alsace, sur les sentiers façonnés par l’association les Trails Patrols ! Petite aparté avant de filer au guidon du Focus Jam2 : on retrouve la belle vallée alsacienne quelques années après le début du travail de ce groupe de vététistes, l’organisation d’une course d’enduro et l’officialisation d’une première piste (« la mémoriale », sur les champs de bataille de la première guerre mondiale). 

Depuis, l’étincelle créée par Nicolas Lau dans la région a porté ses fruits et les membres de l’association ont oeuvré pour la création de cinq pistes officielles. Ce sont tout simplement de petits bijoux pour les vélos all-mountain et enduro. Le niveau minimum nécessaire reste exigeant (niveau rouge, noir par endroits) mais on s’élance sur des kilomètres de tracés au rythme incroyable et au grip fabuleux. On ne saurait trop vous les recommander. 

Retour au pied des pistes où on part à la rencontre de l’équipe Focus. Hasard du calendrier, nous rendons à peine le Jam2 de test de la « précédente » génération et avec lequel nous avons accompagné Thomas Lapeyrie à Bourg Saint Maurice. Ce hasard nous permettra un bon élément de comparaison. 

Quand on soupèse ce nouveau vélo, nous ne sommes pas impressionnés puisqu’on reste, comme la marque l’a annoncé, au-dessus des 24 kilos. On règle notre SAG à 30%, nos suspensions en suivant les recommandations, et on se laisse rouler jusqu’aux pieds des sentiers. 

La première surprise vient du moteur Bosch Performance CX qu’on découvre pour la première fois. Le silence n’est pas total, mais les décibels chutent considérablement. En montée, la nouvelle « rondeur » apportée par Bosch permet de gagner en traction et le Jam2 conserve un comportement de bon grimpeur. Une roue de 29 pouces derrière, ça aide.

En descente, on est d’abord un peu dérouté par la dernière version de la Rockshox Lyrik et sa cartouche 3.1 qui prend beaucoup plus facilement tout son débattement, associée aux nouveaux pneus Schwalbe à construction « radiale » qui demandent à être utilisés avec un peu plus de pression.

On ajuste la pression de ces derniers et on arrive alors à l’équilibre qu’on recherchait pour aller trouver un bon grip et une bonne précision de pilotage. Un token est installé dans la fourche de ce modèle haut de gamme. 

Le Jam2 conserve un tempérament docile et accessible, mais on doit dire qu’on a été surpris par ses capacités en descente. Le vélo encaisse, et si on arrive au fond du débattement sur les plus gros chocs (parfois hors programme), ça reste avec un bon équilibre et sans fracas. 

Les chefs produits l’ont annoncé, et il faut dire qu’ils ont tenu leurs promesses : les suspensions transfigurent complètement le vélo. Même avec son poids élevé, le Jam2 se révèle joueur et facile. En poussant sur les pieds, on vient facilement changer de direction, le vélo est réactif et devient même joueur, ce qui n’était pas la caractéristique première de son prédécesseur. 

Du grip, un vélo facile, il n’en faut pas plus pour prendre de la vitesse et gagner en confiance dans les portions les plus techniques. Le vélo n’est pas trop souple, ni trop rigide, et s’adapte au programme annoncé. 

Le Focus Jam2 est effectivement plus silencieux en montée comme en descente. Par rapport au modèle précédent de Jam2, la batterie de 600 Wh est positionnée moins haut dans le tube inférieur et est associée à un tuning de suspension plus sensible et plus progressif rendant le vélo encore plus capable et agréable pour tous les pratiquants.

Focus continue de mûrir et de grandir. La marque a toujours su proposer des vélos malins, accessibles techniquement à beaucoup de vététistes. Avec cette nouvelle génération de Jam2 équipée du nouveau moteur Bosch Performance CX, les petits détails font la différence. Moins sur la fiche technique que sur le terrain, le vélo s’ouvre à son plein potentiel avec des suspensions adaptées à une vrai pratique « all-mountain », appelez-la comme vous voulez : vous pourrez passer partout, tout le temps, et avec le sourire. 

Plus d’infos sur le site de la marque : www.focus-bikes.com

Pour contacter l’association des Trails Patrol et découvrir les 5 pistes officielles (Tanet, Gaschney Nord, Gaschney Sud, Mémoriale, Schnepf) : la page Facebook de l’association.