Test nouveauté | Canyon Neuron:ON 7.0 – une case en plus
Par Pierre Fluckiger -
Il devait initialement être présenté au Portugal, en même temps que le Neuron CF (sans assistance), mais c’est finalement avec un léger décalage et sur des sentiers alsaciens que nous connaissons bien que nous avons découvert et pris en main pour la première fois le Canyon Neuron:ON, le nouveau VTT électrique de la marque allemande en roues de 29″ et 130 mm de débattement. Comment se place-t-il par rapport au Spectral :ON ? Comment se comporte-t-il sur le terrain ? Premiers éléments de réponse à l’issue d’une journée passée à son guidon.
Après avoir présenté il y a peu son Neuron CF classique, dont la prise en main est à retrouver ici, la marque allemande nous dévoile une version à assistance électrique : le Canyon Neuron:ON. Petit Frère du Spectral:ON, il grossit l’offre VTTAE du constructeur, tout en reprenant les ingrédients et la philosophie qui ont dicté le développement de son cousin, le Neuron CF.
En statique
Que ce soit en XC, enduro, descente voire slopestyle, Canyon s’est forgé une solide réputation en compétition. Empreint de cette image forte, la firme de Koblentz a souvent proposé des gammes de VTT orientés vers la performance. Il en a été de même pour leur premier e-bike, le Spectral:ON que nous avions trouvé ultra performant et rapide, mais qui demandait une conduite sportive et technique pour en tirer le meilleur (retrouvez notre prise en main ici et notre essai du modèle 8.0 là).
Le Neuron:ON se veut un e-bike plus accessible et moins typé, susceptible de correspondre à une majorité d’utilisateurs de VTTAE. Le défi relevé par Philipp Klein, chef produit électrique, consiste donc à proposer un VAE avec moins de gènes « Fabien Barel », tout en conservant un standard de performance élevé, indissociable de la marque.
Pour ce faire, le débattement de l’ensemble a été réduit à 130 mm (160 sur le Spectral:ON 8.0). La monte de roues dissociées n’est plus au programme. On retrouve du 29 pouces à l’avant comme à l’arrière dès la taille M, avec des pneus de 2.6 de section. La suspension est revue pour s’avérer plus linéaire, et enfin la géométrie se voit un peu retouchée, avec des valeurs un plus conservatrices, proches du Neuron CF.
Pour le reste, le cadre du Neuron:ON est la copie conforme de celui du Spectral:ON. On retrouve la même architecture, détaillée lors de notre essai longue durée. Equipé d’une batterie semi-intégrée facilement détachable, il supporte le moteur Shimano. Ce dernier est positionné dans le prolongement du tube inférieur et est légèrement incliné, ce qui dégage plus de garde au sol. Canyon a fait le choix de conserver le moteur Shimano E-8000 afin de garantir un haut niveau de performance par rapport à la concurrence. Mais le constructeur aurait pu accentuer le caractère accessible et baroudeur longue distance de son Neuron : ON en lui préférant le Shimano E-7000. De série, la commande de changement de mode au guidon de l’E-8000 équipant notre modèle de test sera remplacée en série par celle de l’E-7000. Une bonne idée : nous la trouvons plus intuitive et plus douce d’utilisation.
La suspension arrière du Neuron:ON perd la glissière supérieure de réglage d’amortisseur permettant de modifier la géométrie. Un petit plus, finalement assez peu utilisé, et qui ne se justifie pas vu la vocation du Neuron:ON.
De façon logique, comme pour son grand frère, 5 tailles sont disponibles, du XS au XL. Les tailles XS et S ne sont proposées qu’en monte de roues 27.5 avec une géométrie conservée. Seul l’angle de direction change, afin d’avoir une équivalence avec les versions en 29 pouces.
La gamme Canyon Neuron:ON comprend 3 modèles hommes et deux modèles femmes. Les prix s’échelonnent entre 3299 €, pour la version 5.0, à 4299 €, pour la version 7.0. Ils sont tous dotés d’une tige de selle télescopique. RockShox et Fox se partagent la partie suspension en fonction du niveau du modèle. Le reste de l’équipement est prioritairement confié à Shimano pour les roues, la transmission et les freins. Les périphériques (cintre et potence) proviennent de chez Race Face.
On retrouve avec bonheur la selle SD : ON. Confortable et vraiment efficace, elle n’a rien d’un gadget. Elle permet de se caler dans la forte pente et ainsi de positionner son corps sur l’avant. Petit plus sur toutes les versions avec la présence d’une prise USB sur le tube supérieur permettant d’alimenter une lampe, un GPS, voire de recharger votre smartphone.
Nous terminerons ce rapide tour d’horizon par la monte de pneumatiques. Canyon a équipé son Neuron:ON de vrais » « pneumatiques Schwalbe Hans Dampf et Nobby Nic avec gomme Addix speedgrip en accord avec le programme. Leurs flancs sont renforcés et équipés d’un Apex pour prévenir des pincements et améliorer la rigidité de la carcasse, même à faible pression. Trop rare pour ne pas être noté. Un montage pensé jusqu’au bout.
Canyon Neuron:ON 7.0 : le test terrain
Si esthétiquement on pourrait facilement confondre le Spectral:ON avec le Neuron:ON, sur le terrain, il n’en est rien. Même si certains gènes propres à la marque se retrouvent à l’intérieur, le Neuron:ON fait preuve d’un caractère assagi par rapport à son aîné, que l’on avait trouvé clairement désinhibé. Pour notre prise en main, nous disposions du Neuron:ON 7.0, le modèle phare de la gamme. Un vélo d’ailleurs en taille XL, un poil trop grand pour notre morphologie, ce qui n’a pas forcement favorisé cette prise en main dans certaines évolutions : nous tempèrerons donc certains critères de notre jugement et il faudra confirmer tout cela lors d’un vrai test sur une plus longue durée.
En selle, la position est neutre. Même si on se sent un peu haut du fait de la taille, on est confortablement installé. On se retrouve rapidement à l’aise, sans avoir le besoin de modifier quoi que ce soit. Le pédalage au train sur la route se fait facilement, sans avoir le besoin d’aller jouer du blocage d’amortisseur.
Très vite, nous empruntons les singles lisses et rapides. Le Canyon Neuron:ON roule vraiment bien et vite. Il emmène facilement jusqu’à la coupure d’assistance sans débordement de nervosité. On « cruise » avec facilité et confiance sans se soucier de la nature du relief, qui devient de plus en plus technique et ascendant.
Le couplage entre les roues de 29 et une suspension arrière à la fois sensible sur son début de course mais qui ne s’affaisse pas à la moindre sollicitation en fait un compagnon idéal sur ce genre de terrain. Les fortes pluies qui ont précédé le jour de ce test ont rendu l’adhérence délicate. Même si le grip des excellents pneumatiques Schwalbe est malmené, le Neuron :ON en fait fi, et la progression s’opère facilement entre boue, cailloux et racines humides.
Pas besoin de dépenser de l’énergie en gestes techniques ni en contorsions, on reste bien calé sur la très efficace selle SD:ON et en adoptant la bonne cadence de pédalage couplée au mode d’assistance ad hoc. On passe sans sourciller. La garde au sol est bonne et le maintien à mi-course de la suspension fait que nous n’avons pas eu à nous soucier d’éventuels contacts sol/manivelles (pourtant en 170 mm longueur).
En raison des bases relativement courtes du Canyon Neuron:ON et d’un angle de selle effectif pas extrêmement droit, on aurait pu craindre un comportement plus difficile à appréhender dans la forte pente. Encore une fois, il n’en est rien. Serait-ce l’effet des roues de 29 pouces ? Toujours est-il que ce Canyon Neuron:ON s’avère très peu sensible au cabrage. Comme quoi, les chiffres et la physique ! L’exercice souvent périlleux du départ arrêté en forte pente s’opère sans encombre : on baisse la selle et c’est parti. Facile, ce Neuron :ON !
Arrivé sur les crêtes, le paysage se dégage, tout comme s’ouvre cette première descente effectuée sur un chemin large et rapide, plutôt typé randonnée. Le Canyon Neuron:ON file droit sans trop se soucier de ce qu’il y a sous ses roues. Plus stable que joueur (peut-être une constatation due à la taille), on est encore une fois en confiance en selle, et ses suspensions travaillent vraiment en accord dans un confort parfait. Ce Neuron:ON donne la sensation de disposer d’un débattement réel plus important que les 130 millimètres annoncés.
La progressivité de la suspension arrière nous paraît bien dosée, et même si nous avons talonné quelque fois sur cette boucle d’essai plutôt typée enduro, nous ne voyons aucun intérêt à avoir quelque chose de plus progressif sur ce Neuron:ON. A l’avant, la Fox 34 équipée de la simple cartouche Grip fait des merveilles : encore une fois, nous sommes fan de cette cartouche, en comportement, nous la préférons à la FIT-4.
Le Neuron :ON n’est pas dur à emmener et pardonne beaucoup. Alors, certes, ce n’est pas un enduro, mais sa rigidité générale et sa facilité d’inscription en virage nous ont beaucoup servi.
Nous attaquons les traces de l’Enduro de Munster en empruntant la spéciale dite « du mémorial ». Tracée d’une main de maître par Nicolas Lau et les trail-patrols, elle est ludique, technique, et pentue. L’encombrement général et la hauteur de selle ne nous ont pas aidé dans certaines portions de la spéciale, notamment dans les virages en dévers glissant. Mais globalement, le Canyon Neuron:ON s’en sort très bien. Il n’est pas dur à emmener et pardonne beaucoup. Alors, certes, ce n’est pas un enduro, mais sa rigidité générale et sa facilité d’inscription en virage nous ont beaucoup servi.
Du coup, il donne l’envie d’attaquer plus que son docile comportement ne le laisse à penser. La « patte » Canyon est bien présente dans ce Neuron:ON et il se plaît à être violenté pour pivoter ou se jeter dans un appui. Les petits sauts naturels sont une formalité. Malmenée par la rigidité et la masse de l’ensemble, la Fox 34 montre des signes de faiblesse en rigidité, mais rien d’alarmant par rapport au programme. On ne se retrouve jamais débordé et aucune réaction nerveuse ne vient perturber l’ensemble.
Seul le freinage avoue ses limites, et c’est vraiment la seule fausse note de cet élogieux tableau. Les freins en eux-mêmes ne sont pas en cause, mais selon nous, des disques de 180 mm de diamètre n’ont pas leur place sur un VAE, qui plus est équipé de roues de 29 pouces, et ce quelle que soit la pratique à laquelle il se destine.
Conclusion
Canyon a fait son entrée dans le monde du VTTAE par l’intermédiaire de son Spectral:ON, un all-mountain qui nous avait séduit par son côté agressif et descendeur, mais que nous réservions plutôt à une clientèle de spécialistes. Avec le Neuron:ON, Canyon étend son offre en proposant un trail /all-mountain qui a tous les atouts pour devenir un best-seller, grâce à un rapport équipement/prix ultra-favorable. Son grand confort et son comportement neutre et équilibré le destinent à la grande majorité des pratiquants ou futurs pratiquants de VAE. Performant et facile en toutes circonstances et n’ayant pas peur d’être poussé dans ses derniers retranchements, le Canyon Neuron :ON saura également séduire les VTTistes exigeants, sensibles aux beaux montages, à la finition soignée… et au fait qu’il ne vous vide pas les poches puisque le haut de gamme est affiché à un tarif où d’autres commencent à peine à proposer des modèles un peu sérieux. De la randonnée dominicale au raid en montagne, tout lui semble accessible.
- Plus d’infos : www.canyon.com/fr-be/e-bike/neuron-on
- Notre présentation et premier essai du Neuron CF : www.vojomag.com/prise-en-main-canyon-neuron-cf-2019-facile-mais-pas-lese
- Notre test du Canyon Spectral :ON : www.vojomag.com/canyon-spectralon-8-0-lebike-debranche