Test nouveauté | Bluegrass Vanguard : l’intégral léger sans compromis ?

Par Christophe Bortels -

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Test nouveauté | Bluegrass Vanguard : l’intégral léger sans compromis ?

Un intégral rassurant et protecteur comme un casque de descente mais léger et ventilé comme un casque d’enduro ? Voilà l’ambition affichée par Bluegrass avec son Vanguard, que la marque a développé dans le but d’en faire un produit avant tout taillé pour la compétition. Présentation et impressions après un bon mois d’utilisation :

Pour Bluegrass, la mission était claire : développer un intégral léger pour la compétition d’enduro, qui réunirait dans un même produit la protection d’un casque de descente et la légèreté ainsi que la ventilation d’un casque d’enduro moderne. La marque estime que les casques purement DH sont en effet trop lourds et pas assez ventilés pour l’enduro, alors que le MET Parachute MCR (on rappellera que Bluegrass et MET sont des marques sœurs) avec sa mentonnière amovible est parfois vu comme peu rassurant pour la compétition aux yeux de certains.

Un jugement pourtant sans fondement puisque cet intégral est certifié DH et que, pour avoir assisté nous-mêmes aux tests de résistance, il n’y a vraiment aucune crainte à avoir. Mais voilà, Bluegrass se devait de répondre à la demande du consommateur pour un intégral léger à mentonnière fixe. Après quasi deux ans de développement, voici donc le Vanguard, dont le nom signifie « avant-garde ».

Aux côtés du MET Parachute MCR, le Vanguard ne peut pas cacher sa filiation. L’air de famille est bien là, et pour autant, le petit nouveau se distingue de son cousin par ses aérations encore plus nombreuses et généreuses – tant à l’avant que derrière et sur les côtés -, mais aussi par son look plus rond, plus volumineux, ainsi que par sa mentonnière plus haute de 2 centimètres. La différence est également bien marquée sur la balance puisque là où le Parachute MCR affichait 858 g, notre Vanguard de test en taille M descend à seulement 723 g. Un joli score, même si de l’aveu même de Bluegrass le but n’était pas de faire le casque le plus léger possible.

Étonnamment, la marque a fait des choix esthétiques (dictés par des choix techniques ?) qui peuvent donner l’impression que la mentonnière est amovible – davantage même que sur le Parachute MCR – alors que ce n’est pas le cas.

Bluegrass a poussé le curseur assez loin en termes de sécurité. Le Vanguard satisfait logiquement à la norme ASTM certifiant les casques de descente mais aussi, et c’est plus rare, à la certification ATN qui concerne les casques Speedbikes (e-bikes allant jusqu’à 45km/h) et garantit une meilleur résistance aux impacts à vitesse élevée, une couverture plus étendue du crâne et une plus grande dissipation de l’énergie. Le Speedbike ce n’est pas vraiment de l’enduro, mais cette addition des certifications permet à la marque de « prouver et d’objectiver une protection plus élevée ».

Au-delà de ça, le Vanguard est équipé d’une visière flexible/éjectable et du Core MIPS dans sa version plus haut de gamme, mais il sera également décliné dans une version sans MIPS qui fait également l’impasse sur quelques petites options (on y reviendra un peu plus tard).

Pour le reste, on retrouve comme sur le parachute MCR un système de serrage à 360° réglable en hauteur sur trois positions à l’arrière du crâne afin d’assurer la stabilité, une très pratique boucle magnétique Fidlock (uniquement sur la version Core MIPS), ainsi que deux jeux de mousses de joues d’épaisseurs différentes pour s’adapter aux diverses tailles de visages. Un gros travail a été effectué à ce niveau par Bluegrass puisque non seulement ces mousses de joues sont réglables sur deux positions – plus ou moins en avant de quelques millimètres -, mais elles ont aussi une forme particulière. Toujours en forme de C comme sur le MET Parachute MCR, elles sont cependant plus compactes et, surtout, leur sens est inversé  : l’ouverture du « C » est vers l’avant (à droite sur la photo ci-dessus), là où sur le Parachute celle-ci est vers l’arrière et vient entourer l’oreille (à gauche sur la photo ci-dessus).

Le but ici était d’éviter que les mousses viennent obstruer les ouvertures présentes sur les côtés de la mentonnière. Dans cette même optique, Bluegrass s’est assuré que le bandeau d’un masque ne perturbe pas la ventilation en couvrant des ouvertures sur les côtés ou à l’arrière le casque. Précisons enfin que les mousses sont prévues pour pouvoir se fixer ensemble une fois retirées, afin d’être placée sur le cintre, pour ceux qui voudraient éviter la surchauffe lors de longues liaisons à la pédale par exemple.

La marque s’est par contre dit qu’il pourrait être intéressant de pouvoir « boucher » le gros trou situé à l’avant de la mentonnière, et ce pour éviter que de la boue, des pierres ou des insectes puissent s’y faufiler. La version avec Core MIPS sera donc fournie avec une petite grille amovible que l’on peut facilement placer ou retirer à la main, vers l’avant uniquement pour ne pas qu’elle vienne percuter le visage en cas de gros impact directement sur cette grille.

Comme on l’indiquait plus haut, le Vanguard sera proposé dans deux versions, l’une avec Core MIPS et l’autre sans. La première, nommée Vanguard Core et commercialisée à 330 €, est équipée de la boucle magnétique Fidlock et de la grille anti-boue, tandis que la seconde, sans ces options, annoncée comme 30 g plus légère et simplement nommée Vanguard, sera vendue à 270 €. Chaque version sera déclinée dans quatre coloris spécifiques (Vanguard Core en haut et Vanguard sans MIPS en bas sur l’image ci-dessus), et trois tailles seront proposées : S (52-56 cm), M (56-58 cm) et L (58-61 cm). Le Vanguard devrait être disponible dans le courant du mois de juillet.

Bluegrass Vanguard : le test terrain

Casque dans les mains, le verdict de la balance se confirme : le Vanguard est effectivement très léger, mais pas trop léger non plus. Pas en tout cas de quoi susciter l’inquiétude. Ce casque inspire d’emblée confiance, un sentiment renforcé par la qualité perçue qui est très bonne, avec des finitions impeccables et une peinture satinée du plus bel effet.

Comme avec le MET Parachute MCR, enfiler le Vanguard n’est pas l’opération la plus facile, et n’espérez pas le faire à une seule main façon casque de DH. Il faut s’assurer que la molette de réglage est ouverte au maximum, maintenir le serrage occipital vers l’arrière et écarter les sangles pour pouvoir se frayer un chemin avec la tête. C’est un pli à prendre et finalement on s’y fait assez rapidement.

Une fois la tête dans ce Vanguard, on constate plusieurs choses. Tout d’abord, que ce nouveau modèle est clairement plus imposant que le MET Parachute, le casque d’enduro habituel de deux de nos trois testeurs. On sent qu’il y a davantage de place autour de la tête, plus d’espace pour permettre à l’air de circuler. Ce sont bien entendu les mousses qui sont chargées de maintenir cette distance entre la tête et le casque, il ne faut donc pas s’attendre à une sensation d’enveloppement total comme sur un casque de descente. Le confort est là, il est juste moins « royal », si on peut dire.

Le champ de vision, lui, est excellent. Rien ne déborde sur les côtés et c’est à peine si on voit un bout de visière en haut et la mentonnière en bas. Logiquement, et c’est bien la moindre des choses, la cohabitation avec un masque est optimale.

On se met enfin en mouvement, et le Vanguard se révèle instantanément. Ah oui, de l’air il y en a ! Il ne faut pas aller bien vite pour sentir les flux sur le visage et autour de la tête, c’est assez impressionnant. La mentonnière a beau être imposante, elle ne fait pas obstacle à l’air (y compris avec la grille anti-boue en place), et la ventilation est assurée en permanence. Difficile de pousser ce Vanguard jusqu’au stade de la cocotte-minute, même sur de longs runs enduro avec quelques gros coups de cul – le tout par 25 ° – comme on en a connus à Finale Ligure pendant ce test. Il n’y a que pour les longues journées à la pédale par temps chaud que, personnellement, on lui préférera le Parachute MCR et sa mentonnière amovible. Question de goûts et d’habitude…

Le Vanguard est également un casque particulièrement équilibré et stable. Il est bien aidé en cela par le serrage à 360°, évidemment, mais il faut aussi s’assurer d’y placer la bonne épaisseur de mousses de joues pour que le maintien soit assuré tant verticalement que latéralement, sans pour autant compresser le visage. Zone rapides et défoncées, réceptions de sauts hasardeuses, trous de freinage : rien ne vient perturber sa stabilité et le casque se fait complètement oublier.

Enfin, complètement oublier, ce n’est pas tout à fait vrai. A l’enfilage, nous avions constaté un point de contact entre la coque interne du casque et le crâne, créant un point de pression à l’arrière de la tête, mais celui-ci disparaissait au bout de quelques minutes. Problème : après une heure de ride, il revient et devient vraiment douloureux, tout en s’accompagnant d’une gêne au niveau des mousses de joues qui appuient sur la base des oreilles. Un souci rencontré par deux de nos trois testeurs. C’est d’autant plus embêtant que le Vanguard signait jusque-là un joli sans-faute !

Après avoir fait remonter ces problèmes à Bluegrass, la marque nous a recommandé de passer sur la taille au-dessus, et c’est vrai qu’avec un tour de tête de 58 cm, l’auteur de ces lignes est pile à la frontière entre la taille M (testée ici) et la taille L. Voilà qui expliquerait aussi pourquoi notre 3e testeur, qui porte généralement du S, n’a pas rencontré de souci avec ce Vanguard en M. Bref, en enfilant le casque en taille L cette fois, tout revient dans l’ordre : plus de point de pression ni de mousses de joues qui chevauchent les oreilles, et pour ne rien gâcher le casque est plus facile à mettre sur la tête.

Voilà qui nous permet de rappeler toute l’importance de pouvoir essayer avant achat – a fortiori quand il s’agit de protections – afin de s’assurer que tant le fit que le confort sont bien au rendez-vous !

Verdict

Avec le Vanguard, Bluegrass ne révolutionne certes pas le marché du casque intégral léger, mais la marque arrive avec une proposition intéressante qui tient ses promesses. Léger mais pas trop, parfaitement ventilé, stable, proposant une finition convaincante et inspirant confiance, ce casque conviendra à un public plus large que le pur compétiteur. A nos yeux, il s’agit là d’un casque idéal pour enchaîner les runs enduro à la montagne, mais aussi pour les sorties engagées en e-bike, tout en minimisant les risques de surchauffe. On laisse par contre à ceux qui aiment les longues sorties à la pédale le soin de juger si un intégral à mentonnière fixe peut leur convenir. Les habitudes et préférences des uns ne sont pas celles des autres… Quoi qu’il en soit, comme pour toute protection on vous recommande d’essayer le Vanguard avant de l’acheter pour déterminer quelle taille vous convient, et ainsi éviter les petits soucis d’inconfort que nous avons rencontrés en première partie de test.

Pour plus d’informations : https://www.met-helmets.com/en/shop/gravity/bluegrass-helmets/bluegrass-trail-helmets/vanguard-core/?mc_cid=7d6479c510&mc_eid=fb364ebc99

ParChristophe Bortels