Test nouveauté | BH Lynx SLS : missile tout-suspendu en approche

Par Adrien Protano -

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Test nouveauté | BH Lynx SLS : missile tout-suspendu en approche

Aperçu au stade de prototype tout au long de la saison au mains des pilotes du team BH Coloma, le BH Lynx SLS se dévoile enfin ! Dans la même philosophie que le Trek Supercaliber et le Specialized Epic World Cup, le nouveau venu de chez BH vient faire la guerre aux semi-rigides avec ses petits 80 mm de débattement résolument orientés vers le rendement et l’efficacité. Nous avons eu la chance de passer plusieurs semaines à son guidon en amont de sa sortie. Voici ce qu’on en a pensé : 

Aperçu pour la première fois sur les courses préparatoires en début de saison (cf. Spyshot | Un nouveau XC chez BH ?), le prototype d’un nouveau modèle XC de chez BH a fait grand bruit… avant de se dévoiler un peu plus encore à l’occasion des Jeux Olympiques tout en conservant le secret sur la zone de l’amortisseur arrière.

Lever de rideau, le BH Lynx SLS de son petit nom est là ! « Le Lynx SLS est un vélo qui marque un tournant en ouvrant une nouvelle catégorie au sein de la vaste gamme de VTT de BH, celle des tout-suspendus à court débattement. Il est conçu pour remplacer les VTT rigides haut de gamme destinés à la compétition », introduit la marque.

Châssis :

Dans cette mission d’aller chasser sur les terres des semi-rigides, BH n’avait pas le choix : le cadre doit être le plus léger possible avec une optimisation du transfert de puissance maximale. Pour y parvenir, le châssis de ce Lynx SLS présente des formes plus fines et étirées qu’aucun autre modèle de la marque… Il faut avouer qu’au niveau des formes, on se rapproche davantage de l’Ultimate EVO que du Lynx Race !

Là où la marque de Vitoria a surtout travaillé, c’est au niveau du poids du cadre, mettant à profit tout son savoir-faire en termes de traitement du carbone. Le châssis de ce BH Lynx SLS bénéfice ainsi du layup « EVO Carbon » de la marque, à savoir le carbone le plus travaillé de chez BH, mais aussi le plus léger et le plus onéreux, combinant des fibres de carbone Toray T1100G et T800.

Le résultat ? Un cadre dont les parties en carbone ne pèsent que 1200 g et le cadre complet annoncé à 1520 g

Le résultat ? Un cadre dont les parties en carbone ne pèsent que 1200 g, très proche du poids d’un cadre hardtail, tandis que le cadre complet est annoncé à 1520 g. À titre de comparaison, le cadre du Trek Supercaliber est annoncé à 1950 g (en taille M prêt à rouler), tandis que Specialized annonce 1765 g pour le cadre de l’Epic World Cup avec amortisseur, peinture et visserie.

En revanche, côté vélo complet, le BH Lynx SLS affiche un léger embonpoint par rapport à ses deux principaux concurrents. Nous avons pesé notre modèle d’essai à 9,980 kg (en taille M, sans pédales), là où le S-Works Epic WC culmine à 9,5 kg (sans tige de selle télescopique, mais avec porte-bidon) et le Trek Supercaliber à 9,450 kg. Ça joue des coudes !

Le BH Lynx SLS bénéfice d’un passage interne guidée dont l’entrée se fait directement au sein du jeu de direction. On notera également la compatibilité avec les transmissions T-Type puisque ce Lynx SLS est doté d’une patte UDH.

BH a également décidé de s’écarter de son système de collier de serrage de tube de selle directement intégré au cadre, pour favoriser une approche plus traditionnelle sur ce Lynx SLS.

Suspensions :

C’est la question qui était sur toutes les lèvres des gens que l’on a croisés au guidon de ce Lynx SLS : « Combien de débattement a-t-il à l’arrière ? » BH a opté pour un débattement arrière de 80 mm, associé au système Split Pivot (notez le point de pivot entre les bases et les haubans, concentrique à l’axe de roue arrière), comme tous les BH tout-suspendus, et non en monopivot + biellette.

Au moment d’apercevoir ce prototype en mars dernier, nous nous étions questionnés sur la voie qu’allait suivre BH quant à cet amortisseur, à l’époque caché sous une chaussette en néoprène… Eh bien la marque espagnole a suivi sa propre voie, tout en restant dans un certain classicisme ! Elle n’a ni opté pour la philosophie du Trek Supercaliber et de sa conception inédite du tube supérieur (et du rôle structurel de son amortisseur), ni pour celle de Specialized avec une forme plus classique (mais une tentative de « réinventer » le fonctionnement de l’amortisseur qui est propre à ce modèle).

Malgré son intégration esthétique, c’est ici bien un amortisseur standard et tout ce qu’il y a de plus conventionnel qui est utilisé par BH… et qui permet d’emblée à la marque d’offrir une version dotée des suspensions électroniques Flight Attendant de chez RockShox, mais également une plus grande facilité en cas de remplacement nécessaire ou de souhait de faire évoluer cet élément.

Toutes les versions de la famille Lynx SLS sont équipées d’une fourche de 110 mm de débattement. Sur notre version de test (Lynx SLS 9.7), Fox est aux commandes des suspensions avec un amortisseur SL Factory et une fourche 34 StepCast Factory.

Géométrie :

Côté géométrie, le BH Lynx SLS se caractérise par des bases très courtes (426 mm dans toutes les tailles), un reach de 445 mm en taille M, un angle de direction assez ouvert (67°) et un angle de tube de selle relevé (76°). Des chiffres bien dans leur époque pour du XC.

Équipements :

C’est un Lynx SLS 9.7 que BH a mis à notre disposition le temps de cette prise en main, une version résolument haut de gamme affichée à 9999 €. Comme expliqué quelques lignes au-dessus, notre modèle d’essai est équipé d’un duo de suspensions en provenance de chez Fox, avec une fourche 34 StepCast Factory de 110 mm de débattement et un amortisseur SL Factory développant 80 mm de débattement.

Sur cette onéreuse version, on bénéfice d’un tout aussi onéreux groupe Sram XX SL, composé d’un plateau de 34 dents et de manivelles de 175 mm (cf. Test | Sram Eagle AXS 2023 : sans égal).

Changement de crémerie côté freinage avec une paire de XTR de chez Shimano, associé à des disques avant/arrière de 180/160 mm.

Le train roulant est maison avec une paire de roues estampillées BH, et plus précisément le modèle EVO carbon SL (28mm de hauteur, 30mm de largeur interne). Celle-ci sont chaussées de pneumatiques Pirelli Scorpion XC RC en 2.4 de section.

Le poste de pilotage est maison également avec un ensemble potence/cintre en une pièce et en carbone (60 mm, 760 mm, 10mm de rise). La tige de selle télescopique est une BikeYoke Divine SL offrant 125mm de débattement et surmontée d’une selle Prologo R4.

Versions et tarifs :

Quatre versions sont au catalogue de la marque : la version la plus onéreuse (Lynx SLS 9.9 – suspensions électroniques Flight Attendant) culmine à 11 999 €, tandis que le ticket d’entrée est affiché à 6299 €. Notre modèle d’essai est l’option intermédiaire haute (Lynx SLS 9.7 – 9999 €), complété par la version 9.0 à 7399 €.

BH Lynx SLS 2025 : le test terrain

Pas de doute ou de faux-semblants, le BH Lynx SLS répond à l’idée qu’on s’en fait au moment de grimper dessus. On est à bord d’une machine pensée et réfléchie pour la performance et ce châssis n’hésite pas à s’en vanter. La position est racée, portée sur l’avant avec ce tube de direction assez court et ce tube de selle relevé, et tout à fait en phase avec le programme du vélo. S’il n’est pas inconfortable, il faut toutefois remarquer que ce positionnement sportif ne plaira pas à tous les pilotes et qu’il se destine à un programme précis. Un rider en bonne condition physique pourra toutefois sans souci envisager un usage marathon/longue distance, mais oubliez la simple randonnée, il n’est pas fait pour cela ! C’est sur un vélo en taille M que nous avons effectué cette prise en main pour des pilotes entre 1m75 et 1m80. C’était parfait, mais au-delà de 180cm nous vous conseillons d’office de passer sur la taille supérieure.

Côté réglages, c’est entre 22 et 25 % de SAG que l’on a trouvé les meilleures sensations. En dessous le châssis apparaît bien trop ferme, au-dessus il a tendance à être source de pompage lors des sections d’ascension et il oblige à utiliser souvent le blocage au guidon, alors qu’un meilleur compromis est possible entre les valeurs citées plus haut. Avec si peu de débattement (80mm), il est d’intérêt – un peu plus encore que d’habitude – de porter attention aux détails afin de les utiliser de manière optimale ! Et si vous éprouvez le besoin de rouler avec plus de SAG pour avoir plus de confort… c’est qu’il faut vous tourner vers un « vrai » tout-suspendu en 100/120 mm comme le Lynx Race.

Le trait de caractère prédominant de ce Lynx SLS est la vivacité de son châssis. Grâce à son poids plume et à sa rigidité optimisée, ce nouveau châssis de chez BH offre un transfert de puissance remarquable. On a constamment l’impression d’en avoir sous la pédale et le vélo nous invite à en donner encore plus ! Mention très bien pour les roues également qui encensent le châssis avec la touche de dynamisme nécessaire. Très clairement, il s’agit d’un des châssis tout-suspendus les plus dynamiques et offrant le plus de rendement qu’il nous ait été donné de tester ! Il rivalise sans aucun mal avec l’Epic WC et le Trek Supercaliber à ce niveau, tout en offrant un rapport poids/équipement/prix plus favorable que ses rivaux.

Il s'agit simplement là d'un des meilleurs grimpeurs du marché actuellement

Jeux dangereux ! Avec cette efficacité et ce sentiment de légèreté, le BH Lynx SLS est un pousse-au-crime dans les phases d’ascension. Il s’agit, là aussi, tout simplement d’un des meilleurs grimpeurs du marché actuellement. En plus d’être simplement efficace, le BH Lynx SLS offre de bonnes sensations dans les montées techniques, avec beaucoup de traction à la roue arrière qui demeure constamment en contact avec le sol. Même avec un SAG relativement faible, on sent bien cette traction et le travail de la suspension pour faire passer toute la puissance au sol ; bien mieux qu’avec un semi-rigide. Par contre, pour éviter au châssis de pomper et pour offrir de telles performances, il faut accepter d’avoir un vélo plutôt ferme de manière générale.

Ce côté « Formule 1 », on le retrouve également en descente… ou plutôt un aspect « karting » devrait-on dire pour être plus exact. On a vraiment l’impression de piloter un missile tant le châssis est réactif et précis. Pour autant, le BH Lynx SLS n’est pas un bout de bois éreintant à piloter, les 80 mm de débattement sont bien présents et font une vraie différence ! Avec la géométrie et la cinématique développées par BH, on a même l’impression d’en avoir davantage sous la pédale. A ce niveau, il fait selon nous un peu mieux que le Specialized Epic WC qui est un poil plus exigeant et il se rapproche plus du dernier Trek Supercaliber.

C’est un constat que l’on avait également fait au guidon du Supercaliber lors de notre test : si le plus petit débattement de ce Lynx SLS est bien géré et permet de pousser sensiblement le curseur dans les descentes, on ne se retrouve pas dans la catégorie des châssis de cross-country en 120 mm les plus agressifs du marché, à l’image d’un Scott Spark RC (cf. Test nouveauté | Scott Spark RC 2022 : la référence reprend un coup d’avance). Par contre, il peut s’aligner face à certains châssis de 100 mm de débattement sans rougir. Tout en offrant un rendement qui se rapproche vraiment très, très fort d’un semi-rigide, avec le grip en plus.

Le revers de la médaille de cette réactivité est sans conteste la nécessité de piloter le vélo, au sens premier du terme ! Il n’est pas question de se reposer sur ses lauriers (ou même sur le vélo), au risque de se faire balader et de partir à la faute. Le BH Lynx SLS se destine à la performance et à la compétition, et cela passe par un pilotage actif et un véritable engagement physique. C’est également une raison pour laquelle on ne conseillera pas ce châssis à tout à chacun pour un usage marathon. Ce nouveau BH Lynx SLS s’avère usant sur du long et nécessite un minimum de forme physique pour affronter de longues distances à son guidon. Mais si vous l’avez, cette forme, vous aurez alors entre les jambes une arme redoutable pour rouler vite et utiliser chaque Watt que vous produisez de manière optimale.

Le tableau est presque idyllique, mais il faut tout de même signaler quelques petits points. L’ergonomie du poste de pilotage nous a semblé perfectible du côté commande de blocage des suspensions/ levier de tige de selle télescopique. Certains testeurs ont eu du mal à trouver une position parfaite dans l’agencement entre les deux commandes (celle de la tige de selle télescopique étant trop éloignée), tandis que la commande du blocage des suspensions a un tirage fort long et se montre dure à actionner. Mention très bien par contre pour le poste de pilotage carbone intégré en lui-même, qui affiche une bon équilibre entre flex et rigidité.

Verdict :

« Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti ça, waw » : voilà les paroles de votre rédacteur en chef préféré, Olivier, après une longue boucle au guidon de ce BH Lynx SLS. Surprenant, ce nouveau modèle de chez BH est une vraie réussite ! Efficace, dynamique, agile, capable… Le Lynx SLS déborde de qualités et donne l’impression d’être dans la forme de sa vie. Avec son très bon transfert de puissance, ce châssis à mi-chemin entre tout-suspendu et semi-rigide donne littéralement l’impression de voler. Attention toutefois, ce tempérament de Formule 1 n’est pas à la portée (ou du moins conseillé) de tous les pilotes. Le Lynx SLS nécessite un véritable pilotage actif et un engagement physique, en phase avec son programme de compétition et de performance. 

Est-ce que le BH Lynx SLS signe la mise à mort des XC semi-rigides ? Sûrement dans une certaine mesure et pour le haut de gamme… Comme ses concurrents directs (Trek SuperCaliber, Specialized Epic WC), le Lynx SLS offre des performances qui vont au-delà des modèles hardtails. Toutefois, cela passe par un investissement financier plus important qui ne sera pas à la portée de tous en comparaison avec les modèles semi-rigides. De plus, les sensations procurées par un bon semi-rigide et la facilité d’entretien font que ceux-ci ont encore de beaux jours devant eux ! 

 

ParAdrien Protano