Test nouveauté | Atherton Bike S150 : l’élégance de la technique, au service de chacun

Le nom ne vous est pas inconnu : avec sept titres de champion du monde et au moins autant de victoires au classement général de la coupe du monde de descente, les Atherton n’ont plus besoin d’être présentés. Rappelez-vous, en 2019, la fratrie annonçait son départ de chez Trek pour lancer sa propre marque de vélo, sobrement baptisée Atherton Bikes.

Depuis, la petite marque a fait du chemin, dévoilant plusieurs modèles, du trail jusqu’à la descente. Si le catalogue est désormais bien fourni, une remarquable caractéristique commune demeure : le processus de fabrication unique, associant des tubes à des raccords soit en titane imprimés en 3D, soit en aluminium usiné CNC.

C’est une technique qu’on aperçoit aussi chez d’autres fabricants de vélos, mais spécifiquement réservée aux prototypages, que ce soit pour les équipes professionnelles ou de développement, à l’image du Specialized de Loic Bruni ou du Pivot Phoenix DH de Bernard Kerr.

Cette technique, Atherton Bike l’a élargie au commun des mortels en l’intégrant à sa production de série. Si les premiers modèles de la marque étaient uniquement disponibles avec des tubes en carbone, la marque a par la suite dévoilé le S170, premier modèle bénéficiant de tubes en aluminum, avant de le décliner dans d’autres versions de débattement (S200, S150, S130).

Voilà qui permet de dresser un tableau récapitulatif de la gamme offerte par Atherton Bikes : d’un côté, les modèles estampillés « A » pour ceux bénéficiant de tubes en carbone et raccord en titane imprimés en 3D, et les modèles « S » pour ceux en aluminium et raccords en aluminium usinés CNC ; tandis que le chiffre qui suit désigne le débattement à la roue arrière…  donc pour le S150 : modèle avec tube en aluminium et 150 mm de débattement arrière. Facile !

Châssis :

La marque a emmené de drôles de choses dans ses valises pour nous illustrer le processus de fabrication de ses cadres. C’est Jamie Kirkbride, responsable de la production, qui nous explique : « On a deux types de production : les modèles « A », qui signifie « Additif », et « S » pour « Soustractif ». Pour tous les modèles A, la matière est ajoutée par impression 3D, tandis que pour les modèles S, la matière est enlevée par usinage CNC. Cela permet aussi de déduire plus facilement le matériau utilisé puisque « A » fait référence aux modèles à tubes en carbone, tandis que « S » à ceux en aluminium. »

Ce bloc tout droit sorti de l’imprimante 3D permet de visualiser à quoi ressemblent les raccords bruts en titane. Après l’impression, un travail humain est encore nécessaire pour parvenir à la pièce finale. C’est notamment le cas pour ces filaments de part et d’autres qu’il faut retirer, ou encore pour le logo qu’il faut poncer. « C’est un vrai travail d’artisan, ça prends beaucoup de temps », explique la marque.

Le manchonnage de tube en lui-même est une technique que l’on retrouvait déjà il y a plusieurs années dans le monde du vélo, mais que l’on a vu disparaitre suite à des soucis de fiabilité. Les techniques et matériaux ont évolué et Atherton Bikes est serein quant à la durée de vie de ses cadres : tous sont certifiés catégorie 5 (descente) du certificat EFBE, un standard de résistance basé sur de multiples tests et plutôt répandu dans le milieu du vélo. De plus, Atherton Bikes étend la garantie à vie du premier propriétaire à l’utilisation en bike-park et en compétition, ce qui est suffisamment rare que pour être souligné.

Les modèles S sont entièrement fabriqués en aluminium, et plus précisément en alliage 7075, connu pour sa robustesse et rarement utilisé dans le monde du VTT. La raison ? Le matériau est difficile à souder, car la chaleur générée pendant le processus peut le rendre cassant et compromettre l’intégrité de la soudure. Une difficulté qui importe peu chez Atherton Bikes puisque ceux-ci font fi des soudures.

Suspensions :

Si le cadre fait tourner les têtes par son design peu habituel, son architecture de suspension est bien plus ordinaire puisque l’on retrouve une construction DW4, là où la version en carbone (A150) utilise la plus complexe construction DW6. N’hésitez pas à jeter un coup d’oeil à notre lexique si cela ne vous parle pas : Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre

Géométrie :

Voilà peut-être le moment le plus difficile de l’aventure Atherton Bikes : choisir sa taille ! La marque a pour philosophie d’offrir un nombre impressionnant d’options pour que chacun puisse trouver le vélo qui lui correspond le mieux. « Les Atherton ont été habitués à avoir des vélos sur mesure dans leur carrière, et ils voulaient offrir quelque chose qui s’en rapprochait le plus au plus grand nombre. On fait également du cadre sur mesure pour les personnes intéressées, mais même pour les versions de série, on voulait quelque chose de large », explique Horacio.

Pour ce S150, c’est ainsi 12 tailles de cadre que l’on retrouve, échelonnées en fonction du reach du vélo, les valeurs augmentant par intervalles de 10 mm entre les tailles de cadre. De quoi choisir un reach idéal en fonction de sa taille et de ses préférences, allant de 415 mm à 525 mm. Les bases grandissent également avec la taille du cadre, mais pas dans toutes les tailles – il existe trois longueurs de bases différentes pour les 12 tailles de cadre. Notre vélo d’essai en taille 5 affiche des bases de 435 mm.

On notera que la marque dispose d’un guide de taille assez précis, intégré à son site internet, et qui permet de savoir vers quelle taille de cadre se tourner sur base de sa taille, de sa hauteur de selle et de la longueur de ses bras. Une bonne base à ajuster ensuite si on le désire en fonction de ses préférences personnelles.

Atherton Bikes S150 : le test terrain

Pour notre taille d’un mètre 78 et nos préférences personnelles, c’est sur une taille S5, soit un reach de 455 mm, que nous avons grimpé pour cette première prise en main du S150. Mais avant de descendre les amusants singletracks qui nous entourent ici à Massa Marittima, il faut y accéder !

Si l’Atherton S150 peut faire peur de prime abord avec son poids conséquent (16,2 kg), force est de constater qu’il parvient à bien s’en défaire une fois en action. Évidemment, il n’est pas ici question de s’élancer dans des sprints à répétition ou à faire la course à la montée, mais ce n’est pas le programme. Une fois son rythme trouvé, le S150 permet de pédaler longtemps, et dans une position efficace pour grimper. La suspension reste assez neutre, ne pompe pas à outrance, même debout sur les pédales. Bref, on n’a pas hésité à remonter une fois de plus en fin de journée pour se refaire une dernière spéciale, et on s’imagine bien de longues journées en selle à son guidon.

Cela étant dit, c’est bien en descente que la magie opère ! C’est plus précisément une expérience en deux temps que l’on a vécue à son bord. D’abord, la découverte du vélo, et sa manière de fonctionner, avec les premières spéciales et ainsi les premiers passages techniques à son guidon. À ce stade, un seul mot : confiant. L’Atherton S150 est un vélo qui place son pilote dans une parfaite configuration pour affronter les spéciales avec sérénité. Difficile d’identifier si ce caractère vient de la géométrie, de la cinématique de suspension… ou des deux à la fois, mais on a l’impression d’avoir déjà roulé ce vélo dans une autre vie tant il est facile à prendre en main et à en comprendre le fonctionnement.

Après quelques spéciales débute le second temps dans notre prise en main de ce S150 : on a compris le mode d’emploi du S150 et on parvient à exploiter davantage le vélo, à en faire façon. Là, c’est une autre réalité qui s’ouvre à nous. La cinématique progressive et la bonne géométrie permettent d’avoir un joli mix entre grip, agilité, fun et stabilité. Sur les spéciales plus roulantes, on bascule d’un virage à l’autre avec aisance, on jette le vélo et tire des bunny-hops au-dessus d’obstacles pour jouer avec le terrain, c’est un vrai plaisir.

Quand les choses se corsent, on laisse davantage les roues au sol, on vient pousser sur le vélo pour maximiser le grip, et le S150 nous le rend admirablement. La suspension est active et permet de coller la roue arrière au sol, ce qui a pour conséquence d’offrir une stabilité et un contrôle du freinage très appréciables.

C’est ce côté caméléon qui nous pousse à penser que ce modèle est idéal pour une grande majorité de personnes : le S150 s’adapte très bien à son pilote. Pour ceux au bagage technique moins important, à la recherche d’un vélo confortable et qui met en confiance, le Atherton S150 sera un véritable compagnon de choix. De l’autre côté du spectre, le S150 s’accommode très bien d’un pilotage bien plus agressif, aves des réactions très saines même à haute vitesse. Pour les plus compétitifs à la recherche d’une véritable arme pour le chrono, son cousin en carbone (A150) sera peut-être une bonne option à considérer.

Verdict :

Il y a dans ce S150 quelque chose de singulier, un savant mélange entre tradition artisanale et modernité technique, entre lignes brutes et savoir-faire maitrisé. Sa fabrication singulière et son positionnement atypique en font un modèle à part sur le marché, sans pour autant tomber dans l’excentricité. Avec ce S150, Atherton Bikes signe un vélo étonnamment polyvalent, à la fois accessible et efficace, qui parvient à conjuguer caractère affirmé et facilité de prise en main. Bien campé sur ses 150 mm de débattement et son châssis en aluminium, il s’adresse autant aux pilotes en quête de confiance et de confort qu’à ceux qui aiment hausser le rythme et chercher les limites. Un vélo équilibré, franc et agréable, qu’on aurait volontiers emporté pour quelques tours de plus. Pour un test longue durée cette fois ? 

Pour plus d’informations : https://www.athertonbikes.com/bike/150-travel.html