Test | Mondraker Mind : Mondraker ouvre la voie de la télémétrie intégrée

Par Léo Kervran -

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Test | Mondraker Mind : Mondraker ouvre la voie de la télémétrie intégrée

En février dernier, Mondraker lançait le Mind, un système d’acquisition de données sur les suspensions directement intégré à certains de ses vélos les plus haut de gamme. Une petite révolution, dans la mesure où cette technologie est généralement bien plus difficile d’accès et réservée de facto aux professionnels les plus pointus. Comment fonctionne-t-elle ? Est-ce vraiment utile sur le terrain ? Nous l’avons testé :

Le Mind, nous vous l’avions déjà présenté en détail à l’occasion de ce lancement (lire Mondraker MIND : la télémétrie pour tous). Cependant, un petit rappel ne fait jamais de mal.

Physiquement, le système se divise en deux capteurs (un pour la fourche, un pour l’amortisseur) et une unité centrale cachée dans le pivot de fourche. Au total, le système ajoute un peu moins de 200 g au poids du vélo.

Le capteur de la fourche est en deux parties, avec un aimant en haut du fourreau gauche et le capteur en lui-même (« l’aile ») situé sous le té. Lorsque la fourche bouge, l’aimant se déplace donc son champ magnétique et évolue, et le capteur mesure cette évolution que l’unité centrale peut ensuite convertir en millimètres de débattement.

A l’arrière, le principe est similaire mais l’aimant est cette fois caché dans le point de pivot du basculeur et mesure l’angle de ce dernier. Sa relation au débattement de la roue étant linéaire, on retrouve facilement le débattement en millimètres. Ensuite, l’unité centrale transfère via Bluetooth toutes ces informations à l’application pour smartphone myMondraker, qui fait d’office d’interface entre le ou la pilote et le système.

C’est sur cette application qu’on peut démarrer et arrêter l’acquisition, vérifier l’état de charge des capteurs, obtenir des recommandations pour le réglage initial des suspensions mais aussi enregistrer ses sorties, pour relier l’utilisation du débattement au dénivelé et à la carte. Toutes les données consultables dans cette application peuvent être retrouvées sur le site internet myMondraker.com, qui donne accès à des informations encore plus complètes et précises.

Dans le boîtier qui contient l’unité centrale, on retrouve également une puce GPS qui a deux fonctions. La première, c’est d’enregistrer les déplacements du vélo pendant l’acquisition de données, de façon à éviter d’activer la puce de son smartphone. Ça permet d’économiser de la batterie ou de rouler sans son téléphone, puisque une fois lancé, le système peut stocker toutes les informations pendant la sortie et les communiquer seulement à la fin.

L’autre fonction, c’est l’antivol. On peut en effet activer une alarme via l’application et si le vélo venait tout de même à disparaître, Mondraker peut le suivre et communiquer ces informations aux forces de l’ordre pour faciliter la récupération du vélo. La marque annonce 20 heures d’autonomie en fonctionnement et jusqu’à 15 jours en veille, avec une recharge complète en 1h30 (un chargeur spécial avec deux câbles est fourni, ainsi qu’une clé de réinitialisation en cas de problème). Dernière information utile, un Mondraker avec Mind coûte 300 € de plus que son équivalent sans Mind. Sur le millésime 2021, le système était uniquement disponible sur les Foxy Carbon et Crafty Carbon.

Le Mondraker Mind sur le terrain

Pour nous permettre de réaliser ce test, la marque espagnole nous a envoyé un Crafty RR équipé du Mind. Le Crafty, c’est son e-bike polyvalent (160 mm de débattement devant 150 mm derrière) et nous le connaissons bien puisque nous avions pu le découvrir en version très haut de gamme lors de son lancement, avant de le tester plus longuement dans une déclinaison plus accessible.

Notre modèle Carbon RR, le plus haut de gamme, est équipé sur ce millésime 2021 d’un groupe complet (transmission et freins) Shimano Deore XT, de suspensions Fox 36 Fit4 / DPS en gamme Factory, de roues DT Swiss HX 1501, de pneus Maxxis DHF / DHR II 2.6 Exo+ et de périphériques OnOff, la marque d’accessoires de Mondraker.

Puisque nous l’avons déjà testé, nous ne nous attarderons pas sur son comportement dans cet article. Retenez simplement qu’il s’agit d’un e-bike particulièrement bien équilibré, bien plus vif que nombre de ses concurrents et qui se dévoile à mesure qu’on hausse le rythme. Comme l’écrivait Olivier dans sa découverte puis son test, « le coup de force, c’est d’avoir réussi un équilibre absolument parfait en descente, avec un subtil mélange de facilité, de légèreté, de dynamisme et de vivacité ». Le Crafty a un « tempérament de feu qui le rend si atypique dans la production actuelle, et si attachant. […] Si vous savez où vous mettez les pieds et que vous cherchez un e-bike hors normes, façon bête de course sans aides à la conduite, histoire de pimenter chacune de vos sorties, ne cherchez pas plus loin, il n’y en a pas deux comme lui dans la production actuelle. »

Retour sur le Mind. La première chose que propose l’application, avant même d’aller rouler, c’est une aide au réglage des suspensions. On indique son poids, son style de pilotage (Comfort, Standard ou Race) et l’application nous donne les pressions à mettre dans les suspensions, ainsi que le nombre de clics de rebond et de compression. C’est pratique mais jusque-là, rien de bien nouveau.

Les capteurs rentrent en jeu juste après. En effet, le système permet de vérifier que la pression conseillée par l’application donne le sag souhaité. Pour cette étape de vérification, il vaut mieux être deux : vous montez sur votre vélo, vous ne bougez plus et vous laissez votre téléphone à quelqu’un d’autre qui lance le processus. C’est déjà un peu plus intéressant !

L’application permet également de choisir comment on veut paramétrer la mise en pause du système d’acquisition : via l’appli en appuyant sur un bouton ou automatique à chaque arrêt et réveil avec deux chocs rapprochés. Nous l’avons laissé en mode manuel.

Vient enfin le moment d’aller rouler. On lance l’acquisition et c’est parti ! Première remarque, les préconisations de réglage sont excellentes. Le style Race fonctionne très bien pour un bon pilote qui aime engager tandis que le Standard, plus souple, convient parfaitement à quelqu’un d’un peu moins expert mais néanmoins pratiquant régulier. Reste le Comfort mais il a selon nous beaucoup moins d’intérêt, en tout cas sur ce Crafty, tant il est vite dépassé par le poids du vélo. Pour les purs débutants et sur des très faibles dénivelés, éventuellement (mais il peu probable que ces derniers s’intéressent au Mind)…

Une fois la sortie terminée, on arrête l’enregistrement et on accède au résumé, ainsi qu’aux statistiques (un peu) plus détaillées. Comme d’habitude, on voit la distance parcourue, le temps, la vitesse moyenne et le dénivelé. D’autres informations sont uniques et directement liées aux suspensions, comme le débattement utilisé, le nombre de sauts et le nombre de talonnements.

Sur la page des statistiques, l’application nous propose un graphique qui permet de mettre en relation les débattements avant et arrière, ou un débattement au choix, avec le dénivelé. « Cliquer » sur le graphique fait apparaître un point sur la carte pour se situer précisément. On peut également zoomer sur le graphique, pour le regarder de plus près.

C’est très visuel, plutôt bien fait et ergonomique mais malheureusement, ça s’arrête là. Il n’y a aucun conseil pour faire évoluer les réglages de ses suspensions. Même si on dispose des connaissances dans le domaine, les données fournies (l’évolution du débattement dans la sortie) ne sont pas suffisantes pour qu’on puisse en tirer quelque chose de réellement intéressant.

 

En ce sens, le Mind est tout l’opposé du Quarq Shockwiz, son seul véritable concurrent. Ce dernier ne montre aucune courbe mais donne des conseils très précis sur les réglages à faire ou changer, avant et après la sortie.

Mondraker le sait et l’assume, le Mind fait aujourd’hui office de gadget mais c’est volontaire pour le laisser accessible. Pour la marque, l’intérêt est ailleurs puisque cela lui permet de récupérer un volume de données non négligeable (anonymes bien sûr, comme l’exige la législation européenne via le RGPD) sur la façon dont ses clients utilisent leur vélo et leurs suspensions. Comprendre comment ses vélos sont utilisés, c’est pouvoir concevoir des vélos encore mieux adaptés à leur cible donc encore plus appréciés par les pratiquants.

Toutefois, les capteurs sont bien là et il n’y aurait pas besoin de grand-chose pour rendre le Mind bien plus intéressant. Avec une mise à jour du logiciel qui exploiterait un peu plus leurs capacités, on devrait pouvoir obtenir de véritables conseils de réglage évolutifs, basés sur l’utilisation des suspensions au cours des dernières sorties. L’étape suivante, déjà prévue par Mondraker ? On l’espère et c’est probable, mais impossible de dire combien de temps il faudra attendre.

Verdict

Sous sa forme actuelle, le système Mondraker Mind fait plus figure de concept que de réel outil ayant un intérêt pour les pratiquants. Les outils de télémétrie n’apportent au final pas grand chose et si les fonctionnalités annexes sont intéressantes (antivol, aide au réglage initial des suspensions), elles ne justifient pas selon nous l’investissement. Cependant, c’est la première fois dans l’histoire du VTT que la télémétrie est rendue aussi accessible au grand public. En prouvant qu’il est possible d’intégrer assez proprement et à peu de frais (comparé aux systèmes pointus qui dépassent largement les 1 000 €) de la télémétrie de série sur un vélo, Mondraker ouvre une voie. Reste à voir si elle sera suivie ou pas, mais la marque a déjà été en avance sur son temps…

Plus d’informations : mondraker.com

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ParLéo Kervran